Maëlle Martin, sa Bise prometteuse et son nouveau départ à la Chesnaye

Cinquième du Grand Prix CSI 3* de Royan il y a trois semaines avec Bise des Bardellières, sa jument de tête, Maëlle Martin a entamé la saison 2022 avec beaucoup de satisfaction et d’enthousiasme. Une nouvelle année qui rime également avec déménagement puisque la trentenaire originaire de Bourg-en-Bresse, précédemment installée au haras de Bory, dans les Yvelines, a décidé de poser ses valises au haras de la Chesnaye, en Normandie, avec son compagnon suisse Romain Duguet.



Début mars, vous avez terminé cinquième du Grand Prix CSI 3* de Royan avec Bise des Bardellières (SF, Lamm de Fétan x Persan II). Comment s’est déroulée l’épreuve et dans quel état d’esprit étiez-vous en sortie de piste?

C’était un Grand Prix assez raisonnable dans les cotes mais très subtil, comme le sont toujours les parcours du chef de piste Cédric Longis. Au barrage, j’ai eu de la chance de passer à la fin, ce qui m’a permis d’identifier les endroits fautifs. En vue de la suite de la saison, j’ai choisi de ne pas prendre tous les risques et d’essayer de réitérer un sans-faute avec le manière, afin d’obtenir un bon classement. À la fin de mon tour, j’étais ravie d’avoir atteint cet objectif. La jument a bien sauté. Elle n’a pas beaucoup d’expérience à ce niveau, donc le but était de la classer dans un Grand Prix et de lui faire prendre un peu de métier.

Vous avez passé deux semaines à Royan et participé à des épreuves de niveau 1*, 2* et 3*. Êtes-vous satisfaite de vos prestations?

Dans l’ensemble, oui, plutôt. Il s’agissait surtout de remettre les chevaux en route, donc nous avons vraiment cherché à valider ce qui avait été travaillé en amont plus qu’à être compétitifs à chaque épreuve. Il est toujours très intéressant de voir le travail hivernal porter ses fruits. Cela permet de se donner des objectifs pour la suite de la saison. Et dans l’ensemble, ils m’ont quasiment tous offert des classements donc je suis assez contente de nos prestations.
Outre Bise des Bardellières, ma jument de tête, je peux également compter sur Tempo du Plix (SF, Conterno Grande x Narcos II), que je monte depuis cinq ans et que je connais par cœur. Je le déclasse un peu car l’objectif est d’être compétitif à 1,40m, voire 1,45m. Quant à Bacchus du Moulin*SBH (SF, Fidelio du Donjon x Dandy du Marais II), onze ans, je ne le connais pas encore bien car nous l’avons acquis cet hiver, mais je pense pouvoir l’engager rapidement à 1,45m. J’ai aussi monté Praco van’t Vossenhof (BWP, Darco x Ramiro), un cheval de sept ans qui manque cruellement d’expérience, qui a sauté des petites épreuves et terminé sans faute à 1,30m, comme je l’espérais. Epsy Mouche (SF, Quintus D’09 x Kannan), une jument de huit ans très tardive, n’a participé qu’aux CSI 1*, se classant dans le Grand Prix de la première semaine et réussissant de bons parcours en deuxième semaine. Je pense qu’elle a toutes les qualités pour sauter de belles épreuves à l’avenir.

Comme toujours, vous formez aussi des jeunes chevaux pour la suite.

Oui, car j’évolue dans un système où je suis obligée de vendre mes chevaux un jour ou l’autre. La pratique de notre sport est onéreuse, alors le commerce demeure indispensable pour pouvoir en vivre. Cette année, je monte de super jeunes dont deux très bons âgés de cinq ans, Helma Mouche (SF, Candy de Nantuel et Quartz du Chanu) et Cisko MN (Cicero Z x Corrado), qui nous appartiennent avec mon compagnon (Romain Duguet). J’ai également deux très bons chevaux de six ans: Gota Mouche (SF, Up To You x Diamant de Semilly) et Gemme d’Amaury (SCSL, Giovani de la Pomme x Royal Feu). Je n’ai pas un gros piquet car j’essaie vraiment de bien m’appliquer avec chaque cheval. Et une dizaine, c’est déjà beaucoup de travail.

Quels sont vos ambitions pour la suite de la saison? Avez-vous à cœur de concrétiser certains projets?

Sportivement, mon ambition est d’être performante en Grands Prix CSI 3 et 4* avec Bise. Le championnat de France Pro Élite arrivera un peu trop tôt dans la saison (fin avril à Fontainebleau, ndlr) pour être un véritable objectif. Bise manquera certainement d’expérience pour être compétitive. J’aimerais aussi qu’elle obtienne un bon classement en Grand Prix CSI 4*, à Bourg-en-Bresse ou Grimaud, par exemple, et pourquoi pas sauté une Coupe des nations de CSIO 3*.
Par ailleurs, Romain et moi venons d’acheter une maison – un projet personnel important qui se concrétise. Nous venons d’arriver en Normandie alors l’objectif est de nous bien installer dans la région et de mettre en place des partenariats.

Maëlle Martin et Giovani de la Pomme au salon des étalons de sport à Saint-Lô en février dernier.

Maëlle Martin et Giovani de la Pomme au salon des étalons de sport à Saint-Lô en février dernier.

© Tiffany van Halle/GFE



“C’était un vrai bonheur de retrouver Giovani et de le voir en pleine forme”

Que retiendrez-vous de votre saison 2021?

Ce fut un saison assez compliquée. Elle a été rythmée par l’arrivée de nouveaux chevaux, dont Bise, tandis que ma jument de Grand Prix, Ubiana d’Albain (SF, Kannan x Laudanum, Ps) s’est blessée, et que j’ai vendu Chabada de l’Esques (SF, Quebracho Semilly x Apache d’Adriers), un cheval sur lequel je comptais beaucoup (il évolue désormais en CSI 5* avec le Néerlandais Jur Vrieling, ndlr). J’ai donc vécu une année de transition durant laquelle j’ai dû me réorganiser, acheter des jeunes et trouver des chevaux plus mûrs et compétitifs en parallèle. 

Vous vous êtes récemment installée au haras de la Chesnaye, près de Deauville, après avoir passé plusieurs années au haras de Bory, dans les Yvelines. Qu’est-ce qui a motivé cette décision? 

Nous avons saisi l’opportunité offerte par Grégoire Oberson (directeur du haras de la Chesnaye, ndlr), qui nous a proposé de nous installer chez lui et de commercer un peu ensemble. Les infrastructures sont vraiment incroyables: pour pratiquer ce sport et entraîner des chevaux, c’est idéal. De plus, la Normandie est une terre de cheval très dynamique où il est intéressant de travailler, ce qui nous a vraiment attirés. À l’inverse, l’Île-de-France manque de concours nationaux pour entraîner les chevaux, si bien que nous passions beaucoup de temps sur la route. Ici, tout est plus accessible avec de très belles pistes, de très bons chefs de piste et des organisateurs qui ont envie de faire progresser leurs concours. Pour le commerce aussi c’est plus intéressant car il y a beaucoup plus de passage. Pour autant, venant d’arriver, nous sommes encore en phase de découverte. 

À l’occasion du Salon des étalons de sport, en février à Saint-Lô, vous avez pu remonter Giovani de la Pomme, le cheval qui vous a permis d’accéder au plus haut niveau avant sa vente à Sadri Fegaier. Comment cela s’est-il organisé? Que cela représentait-il pour vous?

Fabrice Paris (du haras des Forêts, ndlr) me l’a proposé environ quinze jours avant l’événement. J’ai évidemment sauté sur l’occasion car c’était un vrai bonheur de retrouver Giovani, et plus encore de le voir en pleine forme. Contribuer à promouvoir sa carrière d’étalon est un juste retour des choses vu tout ce qu’il m’a apporté. C’était un week-end très sympa et rempli d’émotions. Giovani a permis à ma carrière de décoller. J’ai eu de la chance de tomber sur un tel crack alors que j’étais encore jeune. Grâce à lui, j’ai pu fouler les plus belles pistes, dont celles de Genève, Paris ou encore Stuttgart. Il m’a permis de réaliser, plus vite que prévu, des rêves que j’avais en tête, alors il aura toujours une place spéciale dans mon cœur. 

Cet hiver, vous avez également coaché des cavaliers lors de stages. Quelle place occupent ces activités dans votre système?

L’hiver est plus propice au coaching car j’ai plus de temps à consacrer stages. Transmettre est un réel plaisir, ce n’est pas mon activité principale. Enseigner est très chronophage, et je trouve qu’il est difficile de conjuguer cela avec le travail des chevaux et les concours. Pour autant, j’entends développer davantage cette activité à l’avenir, et pourquoi pas accueillir quelqu’un avec ses chevaux pour l’entraîner. C’est un projet que j’aimerais beaucoup concrétiser.

Et vous, qui vous entraîne et sur quoi travaillez-vous particulièrement?

Mon entraîneur de cœur, chez qui je retourne toujours un jour ou l’autre, c’est Thierry Rozier. J’adhère complètement à sa méthode qui est très moderne, dans le galop et surtout sans chichi. J’ai l’impression que nous parlons le même langage. Dès que j’ai besoin de retrouver mes marques, je l’appelle et file enchaîner quelques obstacles chez lui. Il est toujours disponible et prend le temps de me recevoir dès que j’en ai besoin, ce qui est vraiment formidable. Il n’y a pas d’exercice précis, c’est plutôt une façon de faire. Monter seul n’est pas toujours évident et, même si nous nous entraidons énormément au quotidien avec Romain, pouvoir bénéficier de l’œil de Thierry et de ses précieux conseils est très appréciable.

Qui dit 2022 dit aussi élection présidentielle. Vous intéressez-vous à la politique? Certaines thématiques vous tiennent-elles à cœur?

Je m’y intéresse mais pas au point de suivre les débats. J’irai bien sûr voter, mais je trouve les hommes politiques assez déconnectés de la réalité, donc ce n’est pas quelque chose qui ne me passionne. L’écologie et l’environnement sont des thématiques qui m’intéressent… et je trouve qu’il reste encore beaucoup à faire pour que nous soyons tous au point.


Retrouvez ci-après la vidéo du barrage de Maëlle Martin et Bise des Bardellières dans le Grand Prix 3* de Royan à l’issue duquel le couple a décroché la cinquième place.