“Cette finale a été extrêmement disputée, nous avons vu des chevaux et des reprises exceptionnels”, Isabelle Judet
Isabelle Judet a passé quatre jours à Leipzig à l’occasion des finales des Coupes du monde, où elle a officié autour du rectangle de dressage. Habituée aux grands rendez-vous, la Française a attribué les notes en C dans le Grand Prix et en H dans la Libre aux dix-sept concurrents en lice. Comme le reconnait la fondatrice de Pamfou dressage, Jessica von Bredow-Werndl et sa formidable TSF Dalera BB ont survolé la compétition, tandis que la bataille à leurs trousses a été passionnante. Rencontrée à l'issue de l'épreuve, Isabelle Judet revient en détail sur la Reprise Libre en Musique, qui a livré son lot de moments extraordinaires et de surprises.
L’impression générale
“Cette finale a été extrêmement disputée, nous avons vu des chevaux et des reprises exceptionnels. Cela a donné lieu à une épreuve vraiment passionnante. Jessica (von Bredow-Werndl, ndlr) est largement en tête, mais la bataille derrière elle a été très serrée. Ses poursuivantes se sont battues comme des lionnes (rires) ! L’écart entre Jessica et les cavalières qui suivent (Cathrine Dufour et Isabell Werth, ndlr) s’explique car nous pouvons faire quelques petites remarques à ces dernières. Quant à Jessica, nous n’avons pas grand-chose à reprocher à ses prestations. Le pas n’est pas parfait, mais le reste est tellement fluide. Il y a aussi tout une histoire autour du couple, puis tout est vraiment beau, que ce soit sur le plan artistique ou technique”.
Cathrine Dufour, deuxième de la finale avec le jeune Vamos Amigos
“J’ai adoré la dernière partie de sa reprise, que j’ai trouvée incroyable. Il y a quelques petites remarques faites par les deux juges placés sur le côté de la piste au niveau technique. Leurs notes sont un peu plus basses car le cheval n’est pas toujours dans une attitude suffisamment soutenue. Évidemment, lorsqu’on est placé sur le petit côté, ce genre de chose est moins visible. Par exemple, j’ai vu tous les changements de pied de dos et il se trouve qu’ils étaient très droits donc réussis de la position où je me trouvais. C’est ce qui peut en partie expliquer les écarts de note”.
Isabell Werth et Weihegold pour une dernière danse
“Isabell a tiré le meilleur de sa jument et a monté pour obtenir le meilleur classement. C’était du grand Isabell ! Il est formidable de voir Weihegold conclure sa carrière de cette façon (à dix-sept ans, la fille de Blue Hors Don Schufro va désormais se consacrer à l’élevage, ndlr). Sa reprise était très bien sur le plan technique, même si elle n’a plus tout à fait le brillant qu’elle avait à une époque. Il n’y a rien à redire !”
La prestation réussie de Carina Cassøe Krüth et Nanna Skodborg Merrald
“Heiline’s Danciera a réalisé une très belle reprise. Il est dommage qu’elle ait commis des fautes dans les lignes de changements de pied, car sans cela, elle aurait eu une chance de se glisser dans le trio de tête. Je crois d’ailleurs que certains juges la placent un peu mieux que quatrième (les juges en K, E et M la plaçaient troisième, tandis que la juge en B Annette Fransen Iacobaeus la voyait deuxième, ndlr). J’ai par ailleurs trouvé la prestation de Nanna Skodborg Merrald très énergique et excellente”.
La septième place de Morgan Barbançon-Mestre
“Nous avons vu une bonne performance de Morgan, ce qui est vraiment bien. Elle a une jolie musique, qui est très originale (celle-ci est composée de plusieurs morceaux de Céline Dion, ndlr)”.
“J’étais heureuse de voir une telle diversité de drapeaux”
Les jeunes prennent le relai
“Le dressage s’est beaucoup rajeuni ces dernières années, il y a beaucoup de cavalières qui ont la petite trentaine et Juan Matute Guimón qui est aussi très jeune (quinzième de la finale avec Quantico, l’Espagnol aura vingt-cinq ans en novembre, ndlr). Cela donne du pep’s à la discipline !”
Un peu de tourisme entre les épreuves
“Il y a eu une excellente ambiance entre les juges, l’équipe était bonne. Le président du jury Henning Lehrmann a tout fait pour que nous fassions des choses ensemble, ce qui était vraiment sympathique. Il faut dire que nous sommes là pendant quatre jours et que nous n’avons que deux fois dix-sept chevaux à juger, ce qui est peu. Nous avons donc eu la chance d’aller voir les étalons du haras de Saxe, de visiter un peu la région, d’aller à Dresde. Il s’est bien occupé de nous, nous avons vécu des moments particuliers dont nous nous souviendrons”.
Des drapeaux dont on a peu l’habitude
“Il est chouette de voir des gens qui ont obtenu une qualification dans leur ligue même s’ils ne sont peut-être pas tout à fait au niveau d’une telle finale. Pour eux, cela est très profitable et il s’agit d’une expérience formidable. J’étais heureuse de voir une telle diversité de drapeaux, que ce soit le Maroc avec Yessin (Rahmouni, ndlr), les Américains etc. J’ai d’ailleurs été un peu étonnée que les Néerlandais ne soient pas plus présents. Thamar (Zweistra, ndlr) a présenté un cheval de neuf ans (Hexagon's Ich Weiss, onzième de la Libre ndlr), ce qui est très jeune pour un tel rendez-vous. Il s’est très bien comporté mais il n’est pas encore suffisamment aguerri pour exprimer pleinement son potentiel. C’est en tout cas un peu surprenant que les Néerlandais n’aient pas aligné plus de chevaux dans la série Coupe du monde. Je n’en connais pas les raisons, j’ai jugé un très bon cheval concourant pour les Pays-Bas la semaine dernière en Belgique mais sa cavalière n’a pas couru ce circuit. Pour jouer à la fois le championnat de l’année et le circuit de la Coupe du monde, il est nécessaire de compter une certaine relève. Ils traversent peut-être actuellement un creux, ce n’est pas impossible. Edward Gal ne concourt plus beaucoup alors qu’il a des chevaux, Hans-Pieter Minderhoud, qui participe d’ordinaire à la Coupe du monde, n’est pas là… Il y a des raisons de s’interroger”.
La contre-performance de Charlotte Fry
“La contre-performance un peu triste de la soirée a été la reprise de Charlotte Fry. Son cheval avait déjà peur de la caméra jeudi et elle n’a rien pu faire. Il était très inquiet et a fait des demi-tours. Il s’agit d’une véritable surprise car cette cavalière est exceptionnelle, elle a encore réalisé une démonstration avec un autre cheval la semaine passée. C’est le sport, nous ne sommes jamais accrochés aux premières places pour toujours ! Pour elle, la soirée a dû être difficile et je lui transmets toute ma sympathie”.
Le courage des chevaux
“J’ai trouvé les chevaux très courageux car ils n’évoluent pas dans un milieu très naturel pour eux. Lorsqu’ils entrent en piste, le public applaudissait le couple sortant, et malgré cela, ils se sont comportés de façon incroyable. Ils sont merveilleux, car l’ambiance était très électrique (samedi soir, les tribunes pouvant accueillir huit mille personnes étaient pleines et l’ambiance survoltée, ndlr). Ils ont besoin d’une confiance incroyable en leur cavalier”.