“Lorsqu’on rate son début de saison, on fait profil-bas, on travaille et on verra courant juillet”, Olivier Robert

Après une année 2021 couronnée de succès et marquée par une première victoire en Grand Prix CSI 5* et une toute première participation en championnat, Olivier Robert a débuté une nouvelle saison avec ses fidèles chevaux. Le cavalier de quarante-cinq ans ambitionne de retrouver les victoires au plus haut niveau, tout en préparant en parallèle une relève qui pourrait l’accompagner aux Jeux olympiques de Paris 2024. Rencontré le dimanche 17 avrilà l’Hubside Jumping de Grimaud, le Girondin a répondu aux questions de GRANDPRIX.



Quel bilan tirez-vous de votre début de saison pour vous et vos chevaux? 

Il y a des hauts et des bas. L’année dernière, à cette même période nous étions en haut de la vague. À l’issue de Doha et Madrid, c’était une période fantastique (notamment marquée par cinq classements au CSI 5* de Doha dont une deuxième place dans le Grand Prix avec Vivaldi des Meneaux et une victoire dans son premier Grand Prix CSI 5*, au Longines Global Champions Tour de Madrid, ndlr). Ensuite, il y a eu un petit coup de mou qui a duré environ deux mois. Vivaldi des Meneaux (SF, Chippendale Z x Bamako) a gagné un Grand Prix il y a quinze jours (en Pro Élite, au Grand National de Barbaste, ndlr) mais nous ne sommes pas tout à fait au point pour les Grands Prix de niveau CSI 5*. Je pense qu’il me faut encore un ou deux concours pour réaliser à nouveau de bonnes performances à ce niveau. Désormais, je me demande si je dois refaire un concours avant La Baule (le mythique CSIO 5* se tiendra du 5 au 8 mai. Olivier Robert est engagé avec son bai brun dans le championnat de France Pro Élite, ndlr). Je ne fais pas trop le malin, nous sommes dans le ventre mou. Pour être réaliste, le sentiment de confiance n’est pas à cent pour cent. Le cheval se porte bien mais il est très frais et presque un peu trop en forme. Nous allons analyser tout ça en rentrant en regardant les vidéos pour comprendre pourquoi nous sommes un peu moins bons actuellement, deux mois après un bon début de saison. J’espère retrouver les bonnes performances d’ici quinze jours ou trois semaines mais je pense que nous sommes sur la bonne voie. 

Quels sont vos ambitions cette année avec Vivaldi des Meneaux?

Les ambitions ne sont pas les mêmes après avoir fait huit points cet après-midi (entretien réalisé le dimanche 17 avril, ndlr) qu’elles n’étaient il y a quinze jours à Barbaste où j’avais un bon mouvement dans le saut. En revanche, nous ne remettons pas tout en question sur un parcours avec une faute que j’ai commise. Je ne vais pas me prononcer en termes d’objectifs puisque je n’ai pas entendu parler d’ambition pour mon couple cette année. Ainsi, nous ne sommes pas dans une totale confiance. À partir de là, il faut analyser ce qui est bien et trouver un programme qui va plus s’appuyer sur le Global Champions Tour puisqu’on n’aura probablement pas besoin de moi tout de suite en Coupes des nations. J’espère reprendre avec une belle performance au championnat de France la semaine prochaine (à Fontainebleau, ndlr) et à La Baule. 

Olivier Robert et Vivaldi des Meneaux à l'Hubside Jumping de Grimaud

Olivier Robert et Vivaldi des Meneaux à l'Hubside Jumping de Grimaud

© Sporfot



“Vivaldi est un cheval tellement fantastique”

Olivier Robert et Vangog du Mas Garnier au CSI 5* de Doha.

Olivier Robert et Vangog du Mas Garnier au CSI 5* de Doha.

© Sportfot

Portez-vous un regard différent sur Vivaldi des Meneaux, qui vous a permis de décrocher une première victoire symbolique dans un Grand Prix CSI 5*? 

Bien évidemment. Vivaldi est un cheval que je monte depuis qu’il a cinq ans. Il est donc rentré dans mon cœur et il y est encore plus rentré depuis qu’il m’a permis de remporter notamment le titre de champion de France (en Pro Élite à Fontainebleau en 2018, ndlr). Puis, l’année dernière, il m’a également offert trois podiums en Grand Prix CSI 5* à Doha, de remporter le Grand Prix CSI 5* de Madrid et de participer aux championnats d’Europe (le premier grand championnat du cavalier, ndlr). De même, j’ai participé à mon premier Grand Prix de Genève où nous finissons classés (neuvièmes, ndlr). C’est un cheval tellement fantastique. Bien que nous concluions aujourd’hui notre parcours avec deux fautes dans le Grand Prix – qui vu le nombre de sans-faute n’était pas bien difficile – (dix-neuf parcours sans pénalités, ndlr) il faut redresser les épaules, regarder vers l’avant et en haut des obstacles. 

Vangog du Mas Garnier (SF, Cornet Obolensky x Quidam de Revel) a réalisé une remarquable saison l’année passée avec en point d’orgue une victoire dans la Grand Prix CSI 5* de Rome. Cette année, il a obtenu trois classements lors de la première étape du Global Champions Tour à Doha. Comment définiriez-vous ce cheval? 

C’est un peu l’opposé de Vivaldi, mais avec ces deux chevaux, nous avons formé des supers couples depuis que je les monte. Vangog est un cheval qui peut être un peu tempétueux, tout en restant génial dans sa tempête. En 2021, nous avons vécu de belles émotions. Désormais, vivement le printemps avec ces deux chevaux et tout ira bien. Il a en tout cas déjà été très performant. La période de mars-avril est un peu difficile pour les étalons, mais tous les ans à cette période nous y allons doucement pour l’avoir en forme fin mai et réussir une belle saison extérieure, comme nous l’avons fait l’année dernière. 

Qu’envisagez-vous avec lui? Pourrait-il vous accompagner en championnat? 

Non, probablement pas. Si ça avait dû se faire, cela se serait déjà passé. Maintenant, Vangog a treize ans et a couru de très belles Coupe des nations pour l’équipe de France, comme Aix-la-Chapelle et Calgary en étant performant. Mais si nous avions déjà dû le mettre en avant, cela se serait produit. Il a été le meilleur cheval du Global Champions Tour sur tous les Grands Prix l’année dernière, remportant ainsi un remarquable trophée. Si on réussit quelque chose de similaire cette année, j’en serai très heureux. De même, s’il m’accompagne lors de compétitions comme Aix-la-Chapelle ou Calgary, ce serait fabuleux aussi. 

Comment se porte Velvote des Aubiers (SF, Jaguar Mail x Duc de Ferce) qui n’a plus concouru depuis janvier?

Elle fait des transferts d’embryon depuis février. Nous accordons une priorité à l’élevage lors des premiers mois de l’année.

Comment se compose votre piquet de chevaux actuellement? 

Careca LS Élite (SLS, Carusso Ls la Silla x Rebozo la Silla) est venu renforcer mon effectif, j’en ai fait l’acquisition en décembre. C’est un cheval en qui je crois et en lequel je compte beaucoup. Pénélope Leprevost et Michel Robert ont effectué un travail remarquable avec ce cheval. Nous l’avons moins vu pendant dix-huit mois puisqu’il a été vendu à Cian O’Connor. J’ai un sentiment extraordinaire avec lui, nous allons nous battre pour progresser et les feux sont plutôt au vert. Ensuite, Iglesias D.V. (KWPN, Quasimodo van de Molendreef x Indorado) représente ma relève dans les chevaux de neuf ans ; il obtient de très bons résultats et a été troisième de sa première 1,50m il y a quinze jours, mais aussi super la semaine dernière ici, à Grimaud. Ça sent bon, il faut faire le dos rond pour le très haut niveau et progresser encore puisqu’il y a une bonne marge pour passer un cap supérieur. 

Ne montez-vous plus Ilena de Mariposa (BWP, Berlin x For Pleasure)? 

Elle est repartie chez ses propriétaires l’année dernière au courant de la saison après le CSIO de La Baule pour tenter des transferts d’embryon. D’après ce que j’ai compris, on devrait la revoir en compétition sous couleurs étrangères.



“L’année dernière a été un feu d’artifice !”

Les victoires au plus haut niveau l’année dernière vous ont-elles permis de gagner davantage en assurance? 

Oui, mais on remet vite les pieds sur terres (rires)! Surtout lorsque les défaites se profilent comme aujourd’hui. Les chevaux nous remettent bien à notre place au quotidien. Bien sûr, nous avons marché sur un nuage l’année dernière, c’était une saison juste incroyable et on espère faire aussi bien cette année. 

Les Mondiaux d’Herning constituent-ils un objectif? 

Je n’y pense plus du tout. Je vais me focaliser sur moi afin de retrouver un bon mouvement avec Vivaldi. Je ne veux pas y penser trop en avance. L’année dernière, nous avons pensé aux Jeux olympiques à cette période de l’année, puisque nous avions réalisé de très bonnes performances à Doha et à Madrid mais nous n’y avons pas participé. Nous avions eu la chance d’avoir deux championnats dans l’année avec les championnats d’Europe auxquels j’ai eu la chance de participer et lors lesquels Vivaldi a été très performant. La route semblait tracée pour penser aux championnats du monde, mais lorsqu’on rate son début de saison, on fait profil-bas, on travaille et on verra courant juillet. 

Quels chevaux préparez-vous en vue de Paris 2024? 

Nous avons réorganisé des choses bien spécifiques en vue de cet objectif. Nous avons réalisé des investissements vraiment intéressants, mais nous pensons d’abord à 2022 et à bien faire sauter les chevaux.

L’année dernière, vous avez réalisé une remarquable saison dans le circuit du Longines Global Champions Tour, terminant troisième. Quel regard portez-vous sur vos performances? Quels sont vos objectifs cette année dans ce circuit?   

Je n’ai pas véritablement d’explication. L’année 2020 a été une ralentie avec la pandémie de Covid-19. Vivaldi et Vangog ont concouru les épreuves du Grand National et ont pris un bon bol d’oxygène. 2021 a été leur année et j’espère que ce sera le cas encore cette année. C’est très étonnant, je n’avais pas prévu de gagner tout cela l’année dernière, surtout avec trois chevaux différents tels que Velvote, Vangog et Vivaldi. Ça a été un feu d’artifice. Désormais, je pense que les choses vont venir naturellement ou pas… Mais il ne faut pas s’inquiéter lorsqu’il y a une demie contre-performance, il faut rester confiant. J’ai beaucoup confiance en mon équipe et en mes chevaux. À ce jour, je fais moins le malin que je le faisais au mois de novembre, voire après Prague où Vangog était encore classé dans le Grand Prix (terminant dixième, ndlr). De même, Vivaldi qui n’est pas un cheval d’indoor s’est classé dans le Grand Prix de Genève (terminant neuvième, ndlr). C’était étonnant! J’aimerais repartir avec le même état d’esprit que j’avais en février. 

Le premier tour de l’élection présidentielle est bouclé, dans quelle mesure cela vous intéresse-t-il? Avez-vous suivi de près le premier tour de cette élection? 

Je m’y intéresse beaucoup, je suis très malheureux que l’on puisse imaginer aller dans les extrêmes. J’ai pleins d’amis étrangers et je suis très malheureux que l’on en vienne à ça. Mais nous devons respecter les choix faits dans les urnes. Quasiment une personne sur deux va voter à l’extrême et il y a des raisons pour lesquelles nous en sommes là. Cela me rend triste, mais je pense que tout n’est pas perdu, on peut réconcilier tout ce petit monde. On ne peut plus revenir en arrière concernant l’Ukraine et les malheurs qui s’y déroulent, mais ce qui se passe en France est encore entre nos mains. Il y a encore beaucoup d’espoir. 

Olivier Robert et Careca Ls Élite, la nouvelle recrue du Girondin à l'Hubside Jumping de Grimaud.

Olivier Robert et Careca Ls Élite, la nouvelle recrue du Girondin à l'Hubside Jumping de Grimaud.

© Sportfot