“Quand je monte Usual Suspect ou Safari d’Auge, je veux qu’ils aient confiance en moi”, Bilal Zaryouh

Âgé de vingt-cinq ans, Bila Zaryouh a rejoint en janvier les écuries de Julien Épaillard. Depuis lors, le cavalier n’a cessé de s’illustrer en épreuves internationales jusqu’au niveau CSI 3*, s’offrant notamment deux victoires sur 1,45m avec Quincy Lady et Safari d’Auge. Ce week-end encore, il est monté sur le podium des deux épreuves qualificatives pour le Grand Prix du CSI 3* de Nancy. Rencontre.



Vous avez un parcours très singulier puisque vous avez découvert l’équitation vers l’âge de neuf ans chez le père de Julien Épaillard, Philippe, lors de vacances organisées par le Secours Populaire. Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce sport?

Ma rencontre avec les chevaux a été un pur hasard, mais je les ai tout de suite adorés. Ensuite, cela s’est fait tout seul, au fur et à mesure que je pratiquais l’équitation. En plus, c’est une activité qui réunit les animaux, que j’adore depuis que je suis tout petit, et le sport, que j’ai toujours pratiqué.

Par la suite, vous avez travaillé chez Philippe Épaillard, d’abord en alternance puis à temps plein, et avez ainsi monté beaucoup de chevaux différents. Est-ce pour vous une condition sine qua non pour se former?

Selon moi, c’est effectivement super important. Avant tout, il faut avoir de bonnes bases, sinon cela complique les choses, mais monter énormément de chevaux différents permet de s’adapter à n’importe lequel d’entre eux, de ne pas avoir un style de monture particulier. Chez Philippe, la plupart étaient des chevaux de commerce. Certains étaient des jeunes, à partir de cinq ans, mais j’en montais aussi des plus expérimentés. Cela aide aussi à forger son œil, même si les qualités d’un cheval dépendent de plein de critères différents.

Une partie de votre activité consistait donc à présenter des jeunes chevaux en compétition. Trouvez-vous le circuit de la Société hippique française adapté à leur formation pour le haut niveau?

Oui et non, cela dépend vraiment des chevaux. Pour certains, les épreuves sont trop dures, mais c’est super pour les personnes qui veulent commercialiser les leurs rapidement, à quatre, cinq ou six ans. Dans l’optique du haut niveau, par contre, ce circuit n’est pas forcément intéressant car les chevaux débutent les grosses épreuves à neuf ou dix donc nous avons du temps pour les former.

Considérez-vous que les montures destinées au grand sport doivent tout de même sortir en compétition lorsqu’elles sont jeunes?

Oui! Le travail à la maison est super important et ne doit pas être négligé mais les chevaux ont besoin de sortir, de voir des pistes, plusieurs environnements. Il faut qu’ils apprennent leur travail.

Le commerce est-il une activité qui vous plaît?

Depuis que j’ai commencé ma carrière de cavalier, le commerce a toujours été l’objectif, donc c’est naturellement une chose qui me plaît. Avec tous les chevaux que j’ai montés, le but était d’abord de les valoriser, de leur faire prendre de l’expérience, pour les commercialiser ensuite.



“Julien fait attention à tous les détails”

En début d’année, vous vous êtes rendu au Mediterranean Equestrian Tour d’Oliva, en Espagne, durant sept semaines. Qu’avez-vous pensé de ce concours?

C’était génial, et super pour former les chevaux, car ils y courent beaucoup de parcours, régulièrement, sur des bonnes pistes. Il y a beaucoup de monde, donc de la concurrence, et les épreuves sont très formatrices. Cela permet à de jeunes montures de passer un cap très rapidement, par exemple, mais aussi de remettre des chevaux en route et de faire un point en début de saison.

Comment s’organise votre collaboration avec Julien Épaillard, dont vous avez intégré les écuries cette année?

Je travaille chez lui depuis le 15 janvier. La tournée à Oliva m’a permis d’apprendre à connaître son système, mais aussi plein d’autres choses. Autrement, il m’encadre à la maison, en concours, sur les détentes... Il fait attention à tous les détails, ce qui est très intéressant.

Vous semblez comme lui avoir un don pour la vitesse … Forme-t-il ses cavaliers à cela?

J’adore aller vite! Je n’ai pas vraiment reçu d’entraînement particulier pour cela, mais ma capacité à être rapide est venue au fur et à mesure de mon parcours. J’ai notamment disputé énormément d’épreuves de vitesse quand j’étais chez Philippe.

Combien de chevaux montez-vous pour Julien Épaillard à l’heure actuelle? Sont-ils destinés à rester sous votre selle?

Actuellement, j’en ai huit. Pour le moment, je vais garder Safari (d’Auge, SF, Diamant de Semilly x Papillon Rouge, ndlr) et Usual (Suspect d’Auge, SF, Jarnac x Papillon Rouge, ndlr). Julien ne récupérera pas non plus les chevaux de commerce que je monte, mais après, cela sera au cas par cas. Par exemple, en ce qui concerne Quincy (Lady, ex- Quitara, Han, Quitender x Lordanos, ndlr)) et Cheyenne (d’Auge, SF, Guarana Champeix x Diamant de Semilly, ndlr), nous allons alterner. Je vais reprendre cette dernière juste après ce concours (de Nancy, où elle a terminé douzième d’une épreuve CSI 3* à 1,50m avec le numéro un français, ndlr).



“J’aimerais bien évoluer en CSI 5* un jour”

Est-ce que vous ressentez plus de pression en entrant en piste avec Usual Suspect d’Auge, par exemple, qui a remporté deux Grands Prix CSI 5*, qu’avec un autre cheval?

Il y a quand même un peu de pression, oui. Usual ou Safari sont des chevaux qui ont beaucoup d’expérience et un grand cœur, donc on n’a pas envie de les tromper. Quand je les monte, je veux qu’ils aient confiance en moi.

Quel va être votre programme dans les semaines à venir?

Le week-end qui arrive je vais disputer un concours national à Deauville, et ensuite j’irai à Opglabbeek (où un CSI 3* puis un CSI 4* seront organisés durant les deux dernières semaines de mai, ndlr). J’essaye d’alterner entre les concours nationaux et internationaux car les premiers permettent de valoriser les chevaux de commerce et ceux qui débutent. 

Vous avez disputé votre première épreuve en CSI 3* fin février, et ici, vous êtes sur le podium des deux épreuves qualificatives pour le Grand Prix. Avez-vous, à plus long terme, l’objectif de disputer des épreuves encore plus importantes?

Oui! J’aimerais bien évoluer en CSI 5* un jour, et concourir en équipe de France me plairait également.

Hormis Julien Épaillard, y a-t-il des cavaliers de haut niveau que vous admirez plus que d’autres?

Il y en a plein, comme Marcus Ehning, Henrik von Eckermann ou encore Steve Guerdat. Il y en a dont j’admire le mental, pour d’autres c’est leur équitation ou encore leur façon de gérer leurs chevaux. J’essaye de prendre le meilleur de tout cela.

Vous inspirez-vous aussi d’autres sportifs?

Je suis énormément de sports, dont le football, la Formule 1, la boxe, le judo que j’ai pratiqué très longtemps…. Je trouve la carrière de Teddy Riner (judoka notamment quintuple médaillé aux Jeux olympiques, ndlr), par exemple, absolument incroyable.