Héberger son cheval à la maison fait-il toujours rêver?

Organisation, investissement, terrain, connaissances spécifiques: accueillir son cheval chez soi est un rêve pour beaucoup, mais nécessite d’assumer l’entière responsabilité de son animal. La charge en vaut-elle la peine? Quelles sont les difficultés rencontrées? Plus de mille lecteurs ont accepté de répondre au sondage en ligne proposé sur ce thème par GRANDPRIX, en partenariat avec Horse Development, agence de conseil en marketing et en stratégie spécialisée dans le monde équin.



L’alternance entre box et prairie constitue le logement majoritaire pour les chevaux des lecteurs sondés.

L’alternance entre box et prairie constitue le logement majoritaire pour les chevaux des lecteurs sondés.

© Cheval Liberté

Plus de la moitié des 1020 lecteurs ayant répondu à un questionnaire en ligne publié sur le site de GRANDPRIX accueillent actuellement des chevaux chez eux (55%), contre 36% qui aimeraient mais ne peuvent pas, et enfin 9% préfèrant que leurs chevaux restent en pension. “Le désir d’héberger un cheval chez soi peut être motivé par plusieurs facteurs: le désir de l’avoir à proximité pour nouer une relation plus profonde, la volonté de l’inclure dans sa famille, l’insatisfaction du service des pensions voisines, un manque de confiance envers ces dernières ou encore un désir de changer de vie. On a noté que près de 70% des cadres ont émis le souhait de s’installer à la campagne après les épisodes de confinements liés à la Covid-19 et, parmi eux, les cavaliers urbains qui peuvent désormais envisager leur monture à la maison”, débute Alice Monier, gérante de Horse Development, agence spécialisée en marketing et stratégie dans la filière équine. “La confiance en la structure accueillante devient quasiment le premier critère de sélection aujourd’hui, avant même l’évaluation des installations”, poursuit-elle. “Premièrement, certains propriétaires ont pu être déçus par le passé, et deuxièmement, à la suite de l’évolution de leurs attentes, ils ne retrouvent pas toujours une offre correspondant à leurs envies et à proximité de chez eux.” “Avoir un cheval à la maison permet d’effectuer une gestion individualisée aux besoins de chacun, et de s’affranchir du risque d’un personnel peu, voire non qualifié dans certaines écuries”, amorce Marie, une des lectrices sondées. “En outre, je note dans ces dernières que l’emploi de temps de l’animal – nourrissage, interactions, repos et sorties – est plus souvent calqué sur le temps de travail de l’humain que sur les réels besoins du cheval.” Même son de cloche pour Audrey et Marie-Anne, qui prônent une gestion de A à Z: “Cela représente beaucoup de boulot, mais on a l’esprit plus tranquille. On ne s’inquiète pas de savoir si notre cheval a été bien traité selon nos critères (voire monté à notre insu...) et on peut tout gérer, du box aux pâtures, de l’alimentation aux soins, en passant par le choix du compagnon adapté à notre cheval.” L’assurance du respect des besoins fondamentaux “permet d’avoir un cheval plus serein et bien dans ses sabots. On n’est plus systématiquement associé au travail puisque l’on peut multiplier les visites “gratuites”, ce qui est moins possible dans une pension”, appuie Héloïse. La gestion du foin (en qualité, quantité et avec possibilité de le mouiller) est aussi mise en avant comme déclencheur dans la prise de décision d’accueillir son cheval chez soi, appuyé par un besoin d’horaires plus flexibles – pas d’heures d’ouverture de pension à respecter – et par un gain de temps et d’argent en évitant les trajets jusqu’à la pension. 

À l’inverse, plusieurs personnes ont soulevé les contraintes associées à ce mode d’hébergement, et à l’instar de Frédérique et Marion, certaines ont préféré retourner en pension pour n’avoir “plus que les bons côtés de la pratique”. “C’est comme avoir un deuxième travail”, résume Nina. “C’est bien si l’on est en télétravail ou à temps partiel, mais quand on part au travail vers 8h00 et que l’on revient à 19h30, l’ajout de ces tâches rend les journées très longues... En outre, monter à cheval demande des installations et donc un investissement important.” Plusieurs lecteurs et lectrices soulèvent aussi un temps de monte réduit et l’obligation de pouvoir se libérer facilement en journée pour pallier à une urgence, ou, plus souvent, pour accueillir un intervenant (maréchal-ferrant, vétérinaire, etc.), sans compter la nécessité de trouver une personne remplaçante en cas d’impossibilité ou de départ en vacances. Pour Isabelle, Sarah ou encore Morgane, “héberger un cheval reste un métier et beaucoup de professionnels savent très bien le faire”. Maëla apprécie également de pouvoir compter sur l’appui d’une pension: “Je sais que mon cheval voit d’autres chevaux et humains tout au long de la journée, qu’il est sorti au paddock, rentré en cas de mauvais temps, nourri en plusieurs fois, etc. Le gérant veille sur lui au quotidien lorsque je suis absente. En prime, j’apprends à bien m’occuper de lui sous l’encadrement du gérant car il s’agit de mon premier cheval.” 

En dernier lieu se trouve le désir d’accueillir son cheval chez soi, mais l’impossibilité de le faire. Le principal problème concerne le terrain adéquat, qui nécessite un espace rural et des hectares d’herbage, suivi de près par l’investissement financier requis et la gestion des soins de l’animal en l’absence du propriétaire. Viennent ensuite une impossibilité ou une difficulté à développer des infrastructures, le manque crucial de temps et, enfin, des lacunes sur la connaissance des soins quotidiens. “Il y a une réelle attente d’enseignements sur la gestion du cheval au quotidien, propositions qui sont encore insuffisantes voire inexistantes auprès de nombreux centres équestres”, commente Alice Monier, de Horse Development. “L’envie n’est plus seulement d’apprendre à monter, mais aussi de connaître les besoins du cheval liés à son bien-être et sa santé, dans l’espoir souvent de devenir propriétaire.”

Il est important de budgétiser correctement son projet d’hébergement de son cheval à la maison, le coût des équipements nécessaires pouvant rapidement grimper.

Il est important de budgétiser correctement son projet d’hébergement de son cheval à la maison, le coût des équipements nécessaires pouvant rapidement grimper.

© Pixabay



D’autres formes de logements émergent

Plus de la moitié des sondés estime que les clôtures en bois couplées d’électricité s’imposent comme le meilleur choix possible.

Plus de la moitié des sondés estime que les clôtures en bois couplées d’électricité s’imposent comme le meilleur choix possible.

© Environnement équestre

“Depuis sept ou huit ans, la tendance à l’écurie active s’accroît”, poursuit Alice Monier. “La notion de bien-être et de respect des besoins des équidés ne colle plus avec un cheval cloîtré au box 23h/24h. Les propriétaires veulent désormais leurs chevaux en mouvement, que ce soit en prairie, en box/paddock, en box-terrasse, ou bien en écurie active et autres systèmes associés. Nous recevons à notre bureau d’études de plus en plus de demandes pour la création d’écuries actives, qui sont encore minoritaires en France à ce jour (on en chiffre une cinquantaine environ, ndlr). Les confinements dus à la Covid-19 ont accéléré la tendance et ont montré les limites de certains systèmes de logement quand l’humain n’est plus là pour en assurer le fonctionnement.” En écurie active, les chevaux sont en effet logés sur une surface stabilisée et organisée en différentes zones d’activité – fourrage, alimentation, couchage, roulage –, en utilisant parfois l’automatisation pour gérer l’accès à certaines ressources alimentaires. Il existe également les logements dits sur pistes, incitant l’équidé à circuler dans des couloirs reliant différentes zones d’activité (souvent connus sous le nom de la marque associée, Paddock Paradise). La majorité des sondés fait vivre ses équidés en alternance pré (ou paddock)/box, quand l’autre moitié table sur un pré intégral, avec abri. Une minorité seulement s’est tournée vers les écuries actives (7%) et 40% des lecteurs ne sont pas enclins à ce genre de logement. La domotique utilisée pour nourrir est souvent pointée du doigt pour ses supposés effets néfastes sur l’animal, à savoir déclencher des stéréotypies (appelées communément tics d’écurie) et appauvrir le lien avec l’humain.

Une récente étude sur le bien-être équin en écurie active et logements sur pistes, menée par Maïlis Humbel, Noriane Martin, Marc Vandenheede, Jean-François Cabaraux et Christine Briant en 2020, a montré la tendance inverse: si, en effet, certaines écuries actives équipées de distributeurs mécanisés ont vu apparaître des stéréotypies envers ces derniers, ce cas était loin d’être généralisé et peut sans doute se solutionner avec un meilleur réglage des rations. L’étude révèle aussi que le lien à l’homme n’est en rien amoindri car le soigneur a plus de temps libre pour chaque cheval. Elle a également évalué les critères de bien-être associés à chaque logement. Ainsi le box apporte du confort, un abri et une eau propre, mais montre de sérieuses restrictions des contacts sociaux, des mouvements et du fourrage, ce qui porte atteinte à la santé physique et mentale de l’animal, avec les conséquences qui s’ensuivent, comme l’agressivité, l’apathie, l’hyper-vigilance ou le développement de tic. Le pré intégral en troupeau stable couvre parfaitement les besoins sociaux, de déplacements et alimentaires, mais peut amener à quelques légères blessures – poil dépilé – ainsi qu’à un confort de couchage relatif. Enfin, les logements sur pistes et les écuries actives présentent des résultats proches: les besoins primordiaux sont bien couverts, mais certains chevaux peuvent présenter des signes d’hyper-vigi- lance ainsi que quelques légères blessures quand le troupeau n’est pas stabilisé ou que l’espace ne permet pas une fuite. 

En dernier point, on peut évoquer le cas de l’écurie ouverte, qui nécessite peu d’aménagement sur une structure traditionnelle déjà formée. Les chevaux vivent la moitié du temps au box, et sont laissés libres de faire seuls le trajet jusqu’au pré ou paddock via des couloirs pendant l’autre moitié. “C’est une idée toute simple et déjà beaucoup utilisée, mais il est juste de la rappeler”, souligne Justine, une lectrice. “Les chevaux n’ont plus besoin d’être tenus en main pour y aller et apprennent vite à se déplacer calmement. Ils s’approprient davantage l’espace et cela nous fait gagner du temps.”



Est-il possible de concilier aménagement et écoresponsabilité?

“Dans le cas d’une construction ou d’un aménagement de structures au sein de sa propriété, le cavalier pense avant tout au bien-être de son cheval, selon ses problématiques et ses besoins propres, ce qui est bien normal”, relève Jessica Viel, consultante auprès du cabinet INECA Conseil & Développement, spécialisé dans la filière équestre et agro-touristique. “Viennent ensuite des réflexions environnementales, notamment sur le choix des matériaux de construction, de l’alimentation et des litières: comment consommer local et en circuit court, réfléchir à des aménagements écoresponsables, choisir des matières premières non traitées, etc. Les solutions écologiques ne sont pas toujours les plus coûteuses, et permettent même souvent des économies à moyen et long termes!” Le budget moyen annuel d’achat d’équipements d’écurie – râtelier, objets pour manutentionner le fumier, seau, etc. – est surtout à lisser sur plusieurs années car il est rare de renouveler régulièrement de gros achats, comme un râtelier par exemple. Ainsi, dans la majorité des cas, notre panel de lecteurs estime majoritairement dépenser entre 0 et 600 euros par an, et une plus petite partie du lectorat avance un chiffre oscillant entre 600 et 3000 euros. On note également que 14% déclarent ne pas connaître ce chiffre en absence d’un compte tenu à ce propos. Au final, le lectorat de propriétaires considère qu’il y a un réel bénéfice financier à avoir un cheval chez soi à moyen et long termes, à condition toutefois d’accepter de faire des dépenses plus importantes lors de l’installation. 

“Le particulier qui gère les boxes de ses chevaux se retrouve rapidement avec des problèmes de professionnel: quelle litière choisir? Où la stocker? Comment l’évacuer?”, reprend Jessica Viel. “Le choix de la litière s’effectue selon les besoins du cheval (absence de poussière, capacité d’absorption, etc.), puis la facilité d’achat, le coût et le stockage. Les litières organiques utilisées actuellement pour les équidés sont toutes biodégradables à plus ou moins grande vitesse: paille, copeaux de bois non traités, lin, granulés de bois, litière de chanvre, ou encore litière de miscanthus.” Il existe à ce propos des activateurs de compost sous forme de poudre ou liquide destinés à accélérer le processus de décomposition et la transformation de la matière organique en humus. “La paille reste la litière la plus répandue car elle se procure localement et est facilement acceptée par les agriculteurs sous forme de fumier. Pour faire un choix écologique, il faut tenir compte des conditions de production, de transport, de conditionnement, ou encore de décomposition. Être écoresponsable, c’est réfléchir à ce qui pourrait avoir un impact moindre sur notre environnement, tout en choisissant une solution adaptée à son équidé.” À ce sujet, le projet Val’fumier, financé par le conseil scientifique de la filière équine et le Fonds Éperon, vise à optimiser la gestion des effluents équins en mettant notamment en relation demandeurs et pourvoyeurs. “Le particulier fait également rapidement face à des déchets agricoles, à l’instar des sachets d’alimentation et des ficelles de ballot (qui peuvent être recyclées à 100%, ndlr). La filière ADIVALOR est étudiée à ce sujet et désigne les points de collecte et les matériaux acceptés. Le recyclage de textile équestre (recyclhorse.fr) se développe aussi”, complète Jessica Viel, d’INECA Conseil & Développement. Se pose également la question des déchets vétérinaires, appelés déchets d’activités de soins (DAS), et surtout des DAS à risques infectieux (DASRI) (pansements et compresses souillées, seringues, etc.). Les DASRI doivent être collectés dans des récipients adaptés, des sacs ou caisses jaunes, avec un logo avertisseur sur le côté. En théorie, car dans la pratique, cette réglementation est inconnue de la plupart des propriétaires et n’est quasiment jamais respectée, faute de véritable éducation populaire sur le sujet. Le plus simple reste de confier ces déchets à son vétérinaire, s’il les accepte!

Encore méconnues en France, les clôtures en plastique recyclé avancent une solution supplémentaire pour construire une barrière physique.

Encore méconnues en France, les clôtures en plastique recyclé avancent une solution supplémentaire pour construire une barrière physique.

© Hahn France



La valse des clôtures

Héberger son cheval s’accompagne d’une obligation de détention. Attention aux dramatiques fuites, en particulier quand elles finissent sur la route.

Héberger son cheval s’accompagne d’une obligation de détention. Attention aux dramatiques fuites, en particulier quand elles finissent sur la route.

© David Mark/Pixabay

Plus des trois-quarts du panel de lecteurs ayant répondu l’an dernier au sondage sur ce même thème se sont déclarés autonomes sur la pose de clôtures et leur choix. Les pourcentages se répartissent comme suit pour notre récent sondage: 58% des lecteurs considèrent que les clôtures en bois couplées avec de l’électricité sont le meilleur choix, 24% croient aux clôtures tout électriques, 11% penchent pour des clôtures entièrement en bois et, enfin, 5% et 2% choisissent les clôtures en plastique recyclé, respectivement avec électricité et sans électricité. 

Matériau traditionnel utilisé dans le cadre de clôtures physiques fixes, le bois est plébiscité pour son esthétisme, sa robustesse et sa composition naturelle. Si les clôtures entièrement faites en bois sur deux ou trois niveaux sont rares et plutôt réservées aux écuries disposant de gros moyens, le bois se retrouve néanmoins régulièrement dans les poteaux d’angles, qui supportent une forte pression, ou encore en tant qu’élément de premier niveau dans le cadre d’une clôture électrique pour les chevaux habitués à passer la tête par-dessus leur enclos. Depuis quelques années, bien qu’encore méconnu, le plastique recyclé creuse sa place dans la catégorie de matériaux pour les barrières physiques. Tout comme les clôtures en bois, l’élément en plastique recyclé peut constituer une clôture complète et peut être doublé d’une clôture électrique si besoin, ou remplacer plus simplement les piquets en bois ou en plastique léger classique que tout cavalier connaît. Ce matériau présente l’avantage de ne pas se corroder sous les intempéries, et, sous forme de piquets, d’être facile à déplacer et installer avec une simple masse; une particularité bien utile lorsque des clôtures mobiles sont nécessaires. Bois ou composite, le matériau destiné à clôturer un enclos doit, dans tous les cas, résister aux morsures et ne pas présenter de toxicité ni de bord irrégulier et contondant. 

Avec un très beau résultat, seulement 3% du panel de lecteurs a indiqué souffrir d’un manque de connaissance sur les clôtures équestres. Le choix d’une clôture n’est pourtant pas chose aisée et doit tenir compte de plusieurs facteurs: l’effet barrière – physique ou mentale – désiré, la potentielle dangerosité, la durabilité, la nature du terrain, le budget, la visibilité, les conditions météorologiques et enfin l’esthétisme. La perméabilité de la clôture est également sujet à discussion car elle avance deux contre-arguments: soit la clôture est suffisamment souple pour laisser passer un cheval qui force, évitant ainsi au maximum blessures et dégâts matériels, soit elle empêche totalement le passage, au risque de blesser l’animal. La première option est possible si l’équidé n’a pas un tempérament fugueur et bagarreur, et surtout s’il est ensuite retenu par un sas de sécurité. En effet, un cheval échappé de son enclos relève de la responsabilité de son détenteur qui doit alors répondre des éventuels dommages causés par son animal, ces derniers pouvant rapidement chiffrer... Sans compter qu’un cheval échappé de son enclos peut aller se servir dans une graineterie ou une sellerie mal fermée, ou plus simplement aller brouter dans des endroits peu adaptés (plantes toxiques non éliminées, présence éventuelle de déchets contondants et/ou toxiques, etc.). Une barrière imperméable limitera par ailleurs la présence d’animaux sauvages dans l’enclos pour les zones rurales, à condition toutefois d’y être adaptée (pose de barrière et/ou fils électriques bas, terrain peu meuble et ne permettant pas le passage après grattage, etc.). Si les bondissants chevreuils ne causent généralement pas de dégâts ni d’agitation auprès des chevaux, le constat est différent pour les redoutés blaireaux et sangliers, qui saccagent les prairies et provoquent des mouvements de panique... 

Le nombre d’équidés, leur taille, leur tempérament, ainsi que la ressource alimentaire disponible sont également à prendre en compte. Un troupeau stable dans sa hiérarchie, composé d’individus de taille moyenne et dont tous les besoins sont couverts dans l’enclos – eau, nourriture, abri, présence de congénère – nécessitera a priori un niveau de clôture standard. Prudence vis-à-vis des étalons, hélas souvent seuls dans leur prairie et parfois confrontés à la présence de juments voisines, ou encore vis-à-vis des poneys de petite taille! Pour ces derniers exemples, un renforcement de clôture devient indispensable. Le respect des clôtures n’est pas inné et fait partie de l’apprentissage du cheval domestiqué. Dans la plupart des cas, ce processus se passe bien et la barrière mentale produite par une clôture électrique est vite acquise et peu remise en question. Néanmoins, certains chevaux comprennent rapidement qu’une clôture peut avoir des failles, et savent les exploiter au maximum, ce qui devient un enfer pour les propriétaires... Le bon respect des clôtures constitue dans ce cas un puissant argument de vente pour les chevaux de sport ou loisir destinés à vivre dehors! Concernant les chevaux très respectueux, de taille moyenne et dans le cadre d’une clôture intermédiaire, il est possible de n’installer qu’un seul fil à 90cm de hauteur. Il est cependant d’usage d’en installer deux, voire trois ou quatre, si l’on est face à des étalons ou des chevaux qui fuguent en sautant ou se glissant sous les fils. Ainsi, pour un cheval standard, on estime que deux fils à 80 et 140cm sont nécessaires, et que trois fils à 20, 50 et 80cm sont conseillés pour les petits poneys, pour s’adapter à la hauteur du poitrail des animaux. Pour les étalons ou les chevaux “sauteurs”, on peut monter jusqu’à quatre fils avec une hauteur finale d’1,70m. Enfin, la question de la couleur de la clôture n’est pas tranchée, et il ne semble pas y avoir de visibilité meilleure qu’une autre, même si l’on note que certains chevaux sont plus sensibles à tel ou tel coloris, sans doute par habitude. 

Les clôtures électriques présentent l’avantage d’offrir une forte barrière mentale mais nécessitent un minimum de connaissance concernant la conductibilité de l’électricité et la résistance des matériaux face au vent ou aux intempéries. Il est ainsi conseillé d’augmenter la conductibilité quand la prise de terre est connectée à un sol sec ou rocailleux, de couper toute végétation qui pourrait faire obstacle et d’être attentif au choix des métaux conducteurs et des isolants. Concernant l’implantation des piquets, il est avisé de ne pas dépasser cinq mètres entre ces derniers, voire de réduire à moins de trois mètres en cas de grands vents. Néanmoins, certains propriétaires vont justement rechercher ce mouvement de ruban qui fasèye comme une voile car il est plus visible et dissuasif. Le ruban électrique, plus large et donc plus visible, est souvent considéré comme choix le plus évident. Pour autant, il présente l’inconvénient d’offrir une plus grande prise au vent, à la pluie, au gel et à la neige. Les propriétaires familiers de ce genre d’intempéries se tourneront davantage vers des clôtures électriques en fil ou bien vers des clôtures physiques, en bois ou en plastique recyclé. Il est possible de constituer des clôtures mixtes, où la barrière physique est renforcée par une clôture électrique, que ce soit en amont, pour tenir l’animal à distance, ou sur la clôture physique même, pour inciter le cheval à ne pas s’y appuyer. 

Pour finir, un point sur la réglementation en vigueur s’impose. Interdit au sein des établissements accueillant du public, le fil barbelé ne l’est pas pour les particuliers, bien que fortement déconseillé. Son électrisation, par contre, n’est pas légale, quelle que soit la situation. Dans la même veine, le grillage à mouton n’est pas officiellement interdit, mais est également fortement déconseillé car il se transforme rapidement en un dramatique piège si le cheval y passe le pied. Une barrière électrique située le long de voies de circulation doit, quant à elle, être signalée tous les cinquante mètres par un panneau réglementaire bien visible. En parlant visibilité, prudence concernant celle des électrificateurs de clôture, car il y a hélas souvent des vols, y compris en dehors des voies passantes. Enfin, concernant les lices en bois, attention aux poteaux traités à la créosote car c’est une substance toxique interdite à la vente, à l’installation et au réemploi depuis 2019!



Un point sur la réglementation

Détenir un équidé chez soi est soumis à plusieurs réglementations. Il est requis dans un premier temps de déclarer via le système d’information relatif aux équidés (SIRE) le lieu de détention de l’animal, qu’il y soit de manière permanente ou temporaire. Cette démarche gratuite, qui peut se faire en ligne, est destinée à aider les services sanitaires en cas d’épidémie ou les services d’urgence, l’identité et les coordonnées de la personne en charge y étant collectées. Dans le cas de trois équidés ou plus, le détenteur est également dans l’obligation de déclarer un vétérinaire sanitaire, une réglementation connue par 62% du panel des sondés. Cette déclaration peut de même s’effectuer en ligne auprès de l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE). Le vétérinaire sanitaire sera l’interlocuteur de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) afin de mettre en place la police sanitaire requise et peut être amené à faire des contrôles pour vérifier le respect des bonnes conditions de vie des équidés. La liste des vétérinaires sanitaires en exercice est consultable sur le site de la préfecture du lieu de détention ou auprès de la DDPP. 

Si la détention d’un cheval en milieu rural ne pose généralement pas de problème, la situation se corse en milieu urbain. Dans tous les cas, il est nécessaire de consulter la mairie de la commune de détention afin de connaître les règlements attachés à cette dernière – distance avec le voisinage, minimisation des nuisances sonores, olfactives et liées aux insectes, et bien sûr, gestion du fumier. Cette dernière est soumise à réglementations quel que soit le lieu de détention, mais est peu appliquée par les particuliers dans les faits. Officiellement, le fumier doit être collecté dans une fumière, une aire étanche retenant tout écoulement dans l’environnement. Les textes pouvant changer d’une région à l’autre, seule la mairie du lieu en question pourra fournir les lois en vigueur via le réglement sanitaire départemental (RSD). Dans la grande majorité des cas, le propriétaire habitant en zone rurale s’arrangera avec un agriculteur voisin pour lui donner constamment son fumier. La valorisation du fumier peut se faire par épandage, méthanisation ou encore lombricompostage. Cette dernière – et excellente – solution, qui commence à être intégrée auprès des particuliers dans leur vie quotidienne, tend à s’accroître pour les équidés mais ne peut malheureusement effectuer à l’heure actuelle un maillage complet de l’Hexagone. 

Enfin, une récente réglementation concernant la détention d’équidés entrera en vigueur cette année! Publiée au Journal Officiel le 1er décembre 2021, la loi dite Dombreval (n°2021-1539), du député de La République En Marche Loïc Dombreval, s’inscrit contre la maltraitance animale et prévoit pour tout détenteur d’un équidé “l’obligation d’attester de sa connaissance des besoins spécifiques de l’espèce”. Applicable à partir du 30 novembre 2022, le décret précisant les modalités de la loi est toutefois toujours en cours d’élaboration et n’est pas encore paru à ce jour. En dernier point, si la Suisse interdit la détention d’un équidé seul, sans congénère, la France n’a pas – encore? – statué sur ce point, pourtant primordial au respect du bien-être du cheval...

Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX.

Passer plus de temps avec son cheval est l’un des premiers critères lorsqu’il est question de l’héberger chez soi.

Passer plus de temps avec son cheval est l’un des premiers critères lorsqu’il est question de l’héberger chez soi.

© Waldemar Zielinski/Pixabay