“Sertorius est une leçon de vie à lui tout seul”, Pauline Basquin
Représentations du Cadre noir, formations, recherche et compétitions, Pauline Basquin exerce toutes les missions des écuyers. Avec Sertorius de Rima Z*IFCE, elle a retrouvé le haut niveau cette année, en participant notamment à la Coupe des nations de Compiègne. Un retour que la cavalière de quarante-trois ans doit sa patience, son travail et la complémentarité de ses missions.
Quel est le bilan de votre première partie de saison ?
Le bilan est plutôt positif puisque notre objectif était de dépasser les 70% pour rentrer dans le Groupe 2. Maintenant, l’objectif est d’intégrer le Groupe 1, avec 70% en Coupe des nations (le couple est sélectionné pour le CDIO 5* de Rotterdam la semaine prochaine, ndlr) et sur un concours à l’étranger. Sertorius a vraiment progressé. Alors qu’il n’avait pas fait beaucoup de Grand prix avant, il a su être performant dès le premier concours de la saison. Il est plus facile, plus posé. Il reste plein de choses à améliorer encore, mais nous y arrivons progressivement. Je ne suis pas pressée, mes objectifs sont plus à long qu’à court terme.
Quel a été votre parcours avec Sertorius de Rima Z*IFCE ?
Lui et moi avons une belle histoire. Je l’ai depuis qu’il a trois ans. Il a été acheté par l’établissement car ils appréciaient son énergie, mais compte-tenu de sa petite taille, aurait sûrement été trop petit pour faire le manège. Avant de le donner aux sauteurs, ils me l’ont confié parce que je suis moins grande que les garçons. J’ai toujours aimé ce cheval. En fin de cinq ans, il s’est mis à vraiment bien trotter, et je me suis dit “Je le garde, je ne le laisserai pas filer !” Nous avons commencé tranquillement. Il n’a fait qu’un concours à quatre ans, histoire de lui faire prendre de l’expérience et aucun à cinq ans. C'est à six ans qu’il a commencé à concourir un peu plus. Il a ensuite gagné le championnat des sept ans, le championnat Pro 2 à huit ans et le Pro 1 à neuf ans, mais a été malheureusement victime de coliques. Cela a entrainé une pause de quasiment deux ans. Nous sommes repartis l’an dernier sur les Pro 1, qui a été bonne saison de remise en jambe sans pression. Il a pu fait ses premiers Grands prix en 2021 et sa première Coupe des nations en 2022.
Revenir à haut niveau faisait-il parti de vos objectifs ?
Cela faisait bien sûr parti des objectifs, je crois en ce cheval depuis le début. Avec mon ancien cheval Liaison (ENE*HN, Han, Londonderry x Graelswaechter), j’avais eu l’opportunité d’aborder un peu le haut niveau (entre 2012 et 2017, ndlr). Il était assez âgé et particulier à monter alors je n’ai pas pu aller au bout. Sertorius, c’est mon cheval de cœur, le premier que je forme à ce niveau-là. Avec Laura (sa soigneuse, ndlr), nous formons une véritable équipe. Avec l’épisode des coliques, il nous a montré son caractère de guerrier, son envie de se battre. Ce cheval, c’est une leçon de vie à lui tout seul. Tout en le respectant, nous essayons d’atteindre le haut niveau.
“Il en est là parce qu’il a un mental incroyable”
Comment est suivi Sertorius dans le cadre de votre préparation ?
Je travaille beaucoup avec Xavier Goupil (vétérinaire sur le site IFCE de Saumur ndlr). C’est vraiment lui qui m’a donné l’aval pour recommencer, il le connaît très bien. Sertorius a un suivi régulier tant en locomotion avec Xavier, qu’en ostéopathie avec Isabelle Burgaud (vétérinaire sur le site IFCE de Saumur ndlr). Sertorius n’est d’ailleurs pas le seul à être suivi, je fais moi-même de la préparation physique !
Pour vous, la compétition est-elle un plus pour vos autres missions en tant qu’écuyer ?
Dans notre métier, tout est lié. Les galas préparent à la compétition, la compétition prépare aux galas et enseigner améliore notre pratique. Les trois missions sont hyper complémentaires. Je participe aussi à la recherche avec le plateau technique. Nous nous sommes par exemple intéressés au cardio des chevaux avec Sophie Biau (ingénieure de recherche IFCE ndlr). Cela a été très intéressant et utile pour orienter le travail avec mon cheval.
Quel est votre objectif sportif à plus ou moins long terme, notamment avec Sertorius ?
L’objectif de cette année serait de pouvoir être sélectionnés pour les championnats du monde à Herning (du 6 au 14 août, ndlr). Et évidemment, il y a Paris 2024 en ligne de mire. Nous verrons si cela est réaliste, mais c’est évidemment l’objectif de tout sportif. De toute façon, ce ne sera pas coûte que coûte, mais toujours dans le respect de mon cheval. Avec ce qu’il a vécu, j’ai davantage appris à l’écouter.