“Désormais, il va falloir passer à l’étape supérieure avec Byron”, Jérôme Hurel

Reconnu comme un excellent formateur de jeunes chevaux, Jérôme Hurel a également défendu les couleurs françaises aux rênes d’un certain Quartz Rouge lors des championnats d’Europe à Aix-la-Chapelle en 2015. Associé à Byron du Telman, un hongre de onze ans, le Francilien a terminé cinquième du Grand Prix CSI 3* de Compiègne Classic et ambitionne de retrouver le haut niveau, voire d’endosser de nouveau la veste de l’équipe de France. Doté d’un piquet de jeunes chevaux prometteurs, le cavalier de cinquante-quatre ans espère gravir les échelons avec ceux et les présenter en Grand Prix CSI 3*.



Jérôme Hurel et Byron du Telman à l'occasion de leur premier CSI 5* à Chantilly l'an passé.

Jérôme Hurel et Byron du Telman à l'occasion de leur premier CSI 5* à Chantilly l'an passé.

© Scoopdyga

Dimanche dernier, vous avez terminé cinquième du Grand Prix de Compiègne Classic avec Byron du Telman (SF, Lamm de Fetan x Dollar du Mûrier). Quel bilan tirez-vous de cette performance?

Je suis satisfait de ce résultat. Byron est un cheval assez fiable et régulier, qui ne cesse de progresser, concours après concours. Parfois, il peut passer à côté d’un Grand Prix, mais il termine majoritairement sans-faute ou avec quatre points de pénalité. Les épreuves de vitesse sont par contre un peu plus difficiles pour lui parce qu’il n’est pas très rapide, mais il s’améliore. Vendredi, dans l’épreuve au chronomètre ( à 1,50m, ndlr) qui comptait pour le classement mondial Longines des cavaliers, il a d’ailleurs terminé septième.

Comment l’épreuve s’est-elle déroulée?

Je portais le numéro un, donc je n’ai pas pu prendre de point de repère en regardant les autres concurrents. Une fois la reconnaissance terminée, je savais cependant exactement ce que j’aillais faire et j’ai suivi mon plan. Je connais assez bien ce cheval puisque cela fait déjà plus de trois ans que nous évoluons ensemble. C’était un beau Grand Prix et lorsque l’on regarde les résultats, les quatre meilleures montures de l’épreuve (Mr. Tac, Ilex VP, Urdy d’Astrée et Dialou Blue PS, ndlr) concourent également en CSI 5*, donc il fallait des chevaux de ce niveau-là.

Qu’avez-vous pensé de la grande première de Compiègne Classic? 

C’était fantastique! Nous connaissons l’organisation de GRANDPRIX, qui est toujours très bien et rodée. Il y a toujours des CSI 1* et des épreuves réservées aux jeunes chevaux au programme, ce qui est parfait car ainsi, le CSI 3* s’ouvre aux montures moins expérimentées et on peut également emmener des clients. De plus, je connais bien le stade équestre de Compiègne puisque j’ai réalisé beaucoup de parcours sur ce terrain-là dans des épreuves jeunes chevaux, et les aménagements réalisés sont magnifiques. Cette piste peut être utilisée quel que soit le temps ou l’époque de l’année, ce qui la rend attractive. En revanche, ce qui est dommage, c’est qu’il n’y avait pas beaucoup d’étrangers. Les Belges n’étaient notamment pas beaucoup représentés car CSI 4* se déroulait le même week-end à Opglabbeek. 



“Je trouve qu’il n’y a plus un cavalier qui peut affirmer que son cheval n’est pas à vendre”

Jérôme Hurel et Elektra du Val Henry à Grimaud en avril dernier.

Jérôme Hurel et Elektra du Val Henry à Grimaud en avril dernier.

© Sportfot

Qu’envisagez-vous avec Byron du Telman? 

Il avance bien et prend de la maturité. Il a déjà réalisé un sans-faute dans un Grand Prix CSI 4* (à l’Hubside Jumping de Grimaud l’an passé, ndlr) et à terme, je pense qu’il est capable de disputer des Grands Prix CSI 5*, mais il faut d’abord qu’il soit régulier à l’échelon inférieur. Lorsque l’on est un peu loin au classement mondial, ce n’est pas facile d’avoir accès au plus haut niveau, mais je suis persuadé qu’il est en capacité de concourir à ce niveau-là. Il faut que je puisse y accéder pour lui faire prendre de la maturité et qu’il soit en mesure d’être performant dans ces épreuves-là.

Pourrait-il être vous permettre de retrouver l’équipe de France? 

C’est aux sélectionneurs d’en décider (rires)! À l’époque où j’étais au plus haut niveau, mon problème était que je n’étais que rarement dans le temps imparti (notamment avec Quartz Rouge, ndlr) mais ce souci est presque résolu. La fiabilité n’est pas encore parfaite mais c’est de mieux en mieux. Avec Byron, nous sommes performants sur des CSI 3* et 4* mais désormais, il va falloir passer à l’étape supérieure. Ensuite, les instances fédérales verront si elles ont besoin de nous. 

Qui sont ses propriétaires et quels sont les objectifs à long terme avec ce cheval? 

Il appartient aux écuries Horse Élite, qui sont gérées par Guillaume Geneste, avec lequel je collabore depuis plusieurs années. L’objectif est commercial mais Byron est plus ou moins sur le marché. Il me sert dans mon piquet de chevaux, donc nous pesons le pour et le contre afin que chacun y trouve son intérêt. 

Sur quels autres montures pouvez-vous compter? 

J’ai deux huit ans prometteurs. Élios du Marais (SF, Kannan x Lamm de Fetan), d’abord, est une petite-fille de Perle du Marais (qui a évolué jusqu’en épreuves à 1,60m sous la selle du Tricolore Julien Mesnil, ndlr). Il appartient à Gilles Achille et Grégory Vidal et je fonde beaucoup d’espoirs en lui. J’ai également Elektra du Val Henry (SF, President x Diamant de Semilly), qui appartient à Ar Tropig (société gérée par Alix et Marwan Lahoud, fidèles propriétaires de Jérôme Hurel, ndlr) et qui concoure déjà sur 1,45m et dans des épreuves comptant pour le classement mondial Longines des cavaliers. Elle rentre également dans un piquet de chevaux qui vont courir des Grands Prix CSI 3* rapidement. Je pense que ce sont deux bons chevaux, mais je ne suis pas un cavalier qui va affirmer avoir un crack. Il faut d’abord que les chevaux soient performants étape après étape.

La commercialisation de ces chevaux-là est-elle également envisagée?

Aujourd’hui, je trouve qu’il n’y a plus un cavalier qui peut affirmer que son cheval n’est pas à vendre. Nous avons une écurie à faire tourner et des propriétaires à satisfaire. Personnellement, tous mes chevaux sont à vendre et ensuite, nous avons des objectifs à plus ou moins long terme en fonction de chacun. 

Quel bilan tirez-vous de votre début de saison?  

J’ai moins de chevaux qu’à une certaine époque puisque mon fonctionnement est différent de celui que j’avais il y a dix ou quinze ans. J’ai beaucoup moins de jeunes chevaux, et également un peu moins de montures plus âgées. Plusieurs chevaux que j’avais ont, en plus, été vendus l’année passée et Byron, qui a onze ans, est désormais le plus âgé de mon piquet. Ensuite, j’ai mes huit ans, un neuf ans qui est un peu en retard et des sept ans. L’objectif est donc de faire avancer ce lot de chevaux dont Byron est la locomotive. Je voudrais disposer, l’année prochaine, d’un piquet de trois chevaux de Grand Prix pour concourir sur le Grand National FFE – AC Print ou en CSI 3*, selon la maturité des chevaux. 

Quel est votre programme de compétition pour les semaines à venir? 

En juillet, il n’y a pas trop de CSI 3* ou 4* accessible. Ainsi, je vais un peu suivre le circuit du Grand National. Ensuite, je reprendrai à Deauville (où un CSI 3* est programmé du 11 au 14 août, ndlr) ou peut-être à Saint-Lô (où un concours de même niveau se tiendra du 5 au 7 août, ndlr). Je souhaiterais également aller à Grimaud pour y disputer des CSI 4* voire des CSI 5* à l’automne si le cheval continue d’avancer.



“Former mes chevaux est ce qui m’a toujours plu dans ce sport”

L’an passé, vous avez remporté le circuit de Grand National associé à votre frère, Cédric Hurel. Avez-vous pour objectif de reproduire cette performance en 2022?

C’est surtout Cédric qui a pris beaucoup de points! Mais effectivement, notre équipe s’est imposée. Cette saison, nous avons moins de chevaux prêts à courir des Grands Prix, donc ce n’est pas le principal objectif de l’année. Mon frère va davantage concourir à l’étranger et jusqu’à présent, je n’avais que Byron qui était prêt à sauter des Grands Prix à 1,50m, donc j’ai surtout utilisé le Grand National, sur lequel j’ai concouru tous les ans depuis sa création en fonction du piquet de chevaux que j’avais, pour préparer des CSI 3* et 4*. 

Associé à Fantasio Floreval (Z, Florian de la Vie x Une Dame du Seigneur), votre frère connaît beaucoup de succès actuellement Tous deux ont notamment terminé deuxièmes du Grand Prix CSI 3* de Nancy, troisièmes de celui de Royan et dernièrement quatrièmes de l’épreuve majeure du CSIO 3* de Lisbonne. Quel regard portez-vous sur ce couple?

C’est un cheval rare et exceptionnel que Cédric a formé, et ils se connaissent donc très bien tous les deux. Ce sont toujours de belles histoires lorsque l’on gravit les échelons avec des chevaux que l’on a formés, alors quand on arrive à disputer des Coupes des nations et des Grands prix CSI 4*, cela crée davantage d’émotions et souvenirs. J’ai toujours fonctionné comme cela, en formant mes chevaux, et c’est ce qui m’a plu toujours dans ce sport. Marche après marche, déception ou succès après succès, on les fait progresser et on peut atteindre le haut niveau.  

Rêvez-vous de faire un jour équipe avec votre frère en Coupe des nations?

Oui, cela serait une chouette expérience qui ferait plaisir à nos enfants et nos parents. 

Comment se porte Ohm de Ponthual (SF, Voltaire x Calypso d’Herbiers)?

Ohm se consacre actuellement à la reproduction dans l’Orne, après avoir passé l’hiver chez ses propriétaires, Alix et Marwan Lahoud. L’an passé, il a fait la monte en Suisse par l’intermédiaire du Groupe France Élevage. Il est en pleine forme et sa longévité de performeur a été assez exceptionnelle!

Suivez-vous les performances d’As de Mai (SF, Apache d’Adriers x Kannan), que vous avez formé jusqu’en 2019, avec son cavalier japonais Mike Kawai? 

Oui, mais je ne regarde pas tout dans le détail. C’est un cheval rare avec un gros potentiel, ce qu’il a prouvé avec Mike.