“C’est pour moi une grosse motivation d’imaginer retourner à Pratoni del Vivaro en septembre”, Nicolas Touzaint
Avec Absolut Gold*HDC, son cheval de tête, et Diabolo Menthe, Nicolas Touzaint a connu un très bon début de saison en CCI 4*. Ravi d’avoir désormais deux montures à ce niveau et de voir le travail initié avec toute son équipe pour le test de dressage payer, le champion olympique et double champion d’Europe dresse le bilan des dernières compétitions qu'il a disputées avec ces deux montures. Toujours en train de former sa relève, il fait le point sur la progression des autres chevaux qui composent son piquet.
Vous avez débuté la saison 2022 sur les chapeaux de roues en terminant 3e du CCI 4*-L de Saumur avec Diabolo Menthe (SF, Scareface de Mars x Caesar van de Helle) et du CCIO 4*-S de Pratoni del Vivaro avec Absolut Gold*HDC (SF, Grafenstolz x Verglas). Quel bilan tirez-vous de cette première partie de saison?
Il est vrai que pour le moment, tout se passe plutôt très bien J’ai la chance, cette année, d’avoir deux chevaux à ce niveau-là, ce qui est déjà formidable puisque depuis deux ou trois ans, je n’avais qu’Absolut pour concourir au plus haut niveau. Diabolo n’a que neuf ans, mais je fonde en lui beaucoup d’espoirs. Il a disputé son premier CCI 4*-L à Saumur et nous essayons de le faire avancer sur les trois tests. Quant à Absolut, il a redémarré en Italie après dix mois sans compétition à cause de l’hiver et de l’annulation de Pompadour (où l’étape du Grand National FFE - AC Print avait dû être interrompue avant le cross en raison des conditions climatiques, ndlr), donc cela nous a fait du bien de reprendre. Ce début de saison est parfait et j’essaye de profiter d’Absolut, avec lequel nous essayons encore de nous améliorer en dressage. Nous avons mis en place tout un système avec Amélie Billard, Jean-Pierre Blanco et Philippe Limousin qui a l’air de vraiment porter ses fruits, ce qui est motivant pour moi.
Les notes d’Absolut sur le dressage semblent en effet s’améliorer, et il est d’ailleurs sorti de piste avec seulement 26,4 pénalités lors du premier test des championnats de France Pro Élite, ici à Vittel. Vous le présentez également maintenant en filet alors que vous utilisiez une bride jusqu’à la saison dernière. Qu’avez-vous mis en place pour arriver à ce résultat?
C’est le résultat de toute une progression dans le travail. Le cheval avait des soucis de mise en main, en raison desquels je lui mettais une bride, et je peux maintenant le présenter en filet car nous n’avons plus ces problèmes-là. Les changements de pied, qui n’étaient pas calés, sont encore à améliorer (le couple a connu un petit accrochage lors de l’exécution de cet exercice à Vittel, ndlr) mais ils se mettent vraiment en place. C’est clairement le travail d’Amélie, qui monte régulièrement le cheval, de Jean-Pierre et de Philippe qui paye, je ne m’en cache pas. Je suis bien sûr également partie prenante de cette évolution. Absolut avait réalisé une assez bonne reprise à Pompadour, où il avait pratiquement atteint les 70 %, et il était presque à 72 % à Pratoni. Ici, il a obtenu plus de 73 %, donc à chaque sortie cette année, les résultats s’améliorent et cela fait maintenant trois reprises de suite, alors nous pouvons commencer à tirer des conclusions de notre travail. Nous sommes dans le vrai, même s’il reste encore du boulot et des choses à affiner. Amélie m’aide aussi avec Diabolo et c’est grâce à elle que le cheval commence à être bien calé. J’ai eu envie de mettre les bouchées doubles pour gagner des points sur le plat avec mes propriétaires, le haras des Coudrettes, Édith Mézard et puis Mme Niclaus pour Diabolo, et j’ai également mis en place ce travail avec d’autres montures. Je sais les présenter, mais dans le travail au quotidien, j’ai besoin d’être aidé car je n’ai pas forcément ni les compétences, ni le temps et la disponibilité nécessaire pour les faire évoluer étant donné que je suis quand même souvent en concours. Nous avons remis notre système en question et j’ai la chance d’avoir une équipe qui me soutient, la fédération qui m’aide avec les entraîneurs et mes propriétaires qui m’épaulent financièrement.
“Le championnat Pro Élite était l’un des objectifs d’Absolut cette saison”
Quels étaient vos objectifs en engageant Absolut et Diabolo ici dans le championnat de France Pro Élite?
Il s’agissait de donner de l’expérience à Diabolo, qui a raté une combinaison difficile (le gris a écopé d’une désobéissance sur l’obstacle cinq, composé d’un panoramique suivi à trois ou quatre foulées d’un triple brush directionnel dans un virage à 90°, ndlr), ce qui ne m’inquiète cependant pas du tout parce que je n’ai même pas pu me présenter devant le deuxième élément. Ce n’est donc pas une dérobade de sa part, mais je suis rentré trop fort et je n’ai même pas pu tourner derrière donc j’ai en quelque sorte fait une volte, et lorsque je suis revenu tranquillement, il a très bien sauté. J’ai ensuite continué le parcours tranquillement (le couple a dépassé le temps optimal de quarante-neuf secondes, ndlr) car c’était bien pour lui de faire le tour complet de ce cross, et en plus, il est cinquième quand même donc cela reste intéressant. Concernant Absolut, ce championnat était l’un de ses objectifs cette saison. Il a gagné le dressage et est maxi sur le cross, qu’il a couru tout aussi bien que d’habitude (en raison d’une faute commise sur le dernier test le lendemain de cette interview, le bai foncé a finalement obtenu la médaille d’argent, ndlr).
Qu’avez-vous pensé du cross construit par Pierre Michelet pour cette échéance?
La combinaison numéro cinq était quand même assez difficile, si bien qu’avec Absolut, mon passage n’a pas non plus été simple et je crois que nous sommes cinq à être passés à côté (trois couples ont accusé une désobéissance, un cavalier a chuté et un autre a abandonné sur cet obstacle en raison d’un problème physique de sa monture, ndlr) sur douze engagés donc c’est quand même embêtant. Je pense qu’elle arrivait un peu vite et elle n’était pas hyper claire pour les chevaux, ni pour les cavaliers. Je l’ai trouvée un petit peu trop difficile (le premier élément de l’obstacle a d’ailleurs été supprimé pour l’épreuve Pro 1 qui se déroulait ensuite, ndlr), mais il y a quand même des cavaliers qui n’ont pas eu de problème avec cet obstacle.
Quel devrait ensuite être le programme de vos deux chevaux de tête?
Le programme d’Absolut est assez clair. Il ira courir le CCIO 4*-S du haras du Pin mi-août, de façon à ce qu’il ait un certain temps de récupération. À la suite de cela, nous rentrerons en stage de préparation (en vue des championnats du monde, ndlr) si tout va bien pour le cheval. Pour Diabolo, les choses sont plus floues, et j’en parlais d’ailleurs avec Thierry Touzaint (le sélectionneur national de l’équipe de France, ndlr) il y a quelques minutes. Il pourrait aller à Jardy dans quatre semaines (où six CCI du 1* au 4*-S seront organisés du 14 au 17 juillet, ndlr) car il n’a jamais couru là-bas donc cela serait une prise d’expérience supplémentaire pour lui, et en plus il y a une dotation intéressante. Je pourrais aussi l’emmener au CCIO 4*-S du haras du Pin, ou sur l’étape du Grand National qui aura lieu au même endroit trois semaines après.
Vous connaissez bien le terrain de Pratoni del Vivaro pour y avoir été sacré champion d’Europe en 2007 avec Galan de Sauvagère. A-t-il connu des modifications majeures depuis quinze ans?
C’est exactement le même terrain que celui que nous connaissions avant, et ce sera d’ailleurs assez rigolo d’y retourner. Je pense que nous sommes tous d’accord pour dire que c’est un site magnifique, qu’ils ont remis à neuf et qui fait partie des plus beaux endroits dédiés au concours complet en Europe. C’est pour moi une grosse motivation d’imaginer retourner là-bas avec Absolut au mois de septembre. J’espère qu’il sera en bonne condition car cela va être une épreuve de cross, très adaptée à mon cheval. On a bien vu là (lors du CCIO 4*-S organisé sur la piste italienne, ndlr) que le chronomètre était difficile à atteindre.
“Fibonacci de Lessac*HDC est également un cheval sur lequel je compte beaucoup”
En mai, Calipsso de l’Illon a également fait ses débuts au niveau Pro Élite sous votre selle. Pouvez-vous nous parler un peu de lui?
C’est un cheval que j’ai eu à sept ans et que j’ai ensuite vendu à Camille Collet Vidal, qui a pris part à quelques concours avec lui l’année suivante. Le cheval avait ensuite manifesté un petit peu de caractère, donc ils m’ont demandé de le remonter un petit peu pour continuer à lui donner de l’expérience. Le but était qu’elle le récupère après, mais en fait, depuis qu’il est revenu chez moi, il a très bien gravi les échelons jusqu’à disputer sa première Pro Élite au Lion-d’Angers. Il y a dérobé sur le cross mais c’était de ma faute car j’ai fait un mauvais choix technique dans une combinaison, et il a très bien couru. Il a peu d’expérience mais beaucoup de qualité, et il pourrait donc participer à toutes les épreuves auxquelles j’envisage éventuellement d’emmener Diabolo.
Au palier inférieur, Drakar de Nyirang et Fibonacci de Lessac*HDC, que vous montez respectivement depuis leurs 5 et leurs 6 ans, ont montré de très bonnes choses dans la Pro 1 de l’étape du Grand National du Lion-d’Angers et dans le CCI 3*-S de Saumur. Êtes-vous content de leur évolution?
Drakkar a en effet réalisé un double sans-faute dans sa première Pro 1 au Lion, où il s’est classé (septième, ndlr). Ici, je l’ai redescendu d’un cran (il était engagé à Vittel dans l’épreuve Pro 2, dont il a couru le dressage et le cross avant d’être non partant sur le dernier test, ndlr) pour ne pas aller trop vite, car il n’a que neuf ans. C’est un cheval qui progresse à chaque sortie, saute bien et prend du métier. Il fait partie de mes montures prometteuses. Fibonacci est également un cheval sur lequel je compte beaucoup. Il a réalisé une bonne saison à six ans, avec un bon Mondial (le bai a terminé deuxième du championnat du monde des chevaux de sa génération au Lion-d’Angers, ndlr), et nous préparons celui de cette année.
Eboli, qui avait notamment terminé sixième du CCI 4*-L de Lignières fin 2020, n’a plus concouru en concours complet depuis le CCI 2*-S du Pin en août dernier. Comment va-t-il?
Eboli a eu des soucis de santé en fin de saison, donc je l’ai remis en route sur des concours de saut d’obstacles, et il est possible qu’il reprenne le complet à Jardy en juillet.
Depuis mars, Debby, qui vous avait permis de terminer cinquième du championnat de France Pro Élite à Lamotte-Beuvron en 2016 et de terminer deuxième du CCI 4*-L du Pin l’année suivante, a repris la compétition en saut d’obstacles après avoir été arrêtée durant quatre ans. Quels sont désormais vos objectifs avec elle?
C’est une histoire de cœur avec Édith Mézard, sa propriétaire. Debby était une jument très performante et a ensuite eu des problèmes de santé à répétition. Nous en avons eu marre et avons donc décidé de la faire pouliner. Elle a eu une très belle pouliche d’Upsilon (née en 2021 et nommée La Vie Est Bella, ndlr). Elle a pris quatorze ans cette année mais n’est pas usée étant donné qu’elle a longtemps été arrêtée, donc cet hiver, nous nous sommes dit que nous allions la remettre en route et que nous verrions ensuite. Je pense qu’elle ne prendra part à aucun concours complet cette saison, parce qu’elle s’est très bien comportée dans quelques épreuves de saut d’obstacles à 1,30m et je vais disputer mon premier CSI 1* dans quinze jours à Royan, où je veux essayer de courir le Grand Prix à 1,35m avec elle, pour me faire plaisir et m’amuser. Si elle fait une saison de saut d’obstacles correcte, j’essaierai de disputer un ou deux cross indoor cet hiver avec elle.