L’Allemagne triomphe, Yasmin Ingham arrache l’or individuel et Gaspard Maksud sauve l’honneur français à Pratoni
Les championnats du monde de concours complet se sont achevés selon un scénario absolument dingue cet après-midi à Pratoni del Vivaro, en Italie. Le parcours de saut d’obstacles a joué un rôle crucial. Yasmin Ingham a été sacrée individuellement avec Banzaï du Loir. Elle a devancé l’Allemande Julia Krajewski et Amande de B’Neville, championnes olympiques en titre, et le Néo-Zélandais Tim Price sur Falco. Gaspard Maksud s’est classé sixième sur Zaragoza. Par équipes, l’Allemagne a sauvé sa médaille d’or malgré les deux fautes de Michael Jung et Chipmunk. Dans un mouchoir de poche inimaginable, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande ont arraché l’argent et le bronze, boutant les Britanniques hors du podium pour deux dixièmes de point!
Lors de la dernière journée des championnats du monde de concours complet, l’équipe d’Allemagne a régné en maître tandis que la Britannique Yasmin Ingham a réalisé une nouvelle performance époustouflante avec Banzaï du Loir, son hongre Selle Français de onze ans, pour remporter le titre individuel devant l’Allemande Julia Krajewski, en argent avec sa championne olympique SF Amande de B’Neville, et le Néo-Zélandais Tim Price, en bronze sur Falco. Au total, soixante-huit couples ont pris le départ du test hippique sur la magnifique piste en herbe du domaine militaire de Pratoni del Vivaro, à Rocca di Papa, en Italie.
Après un test de dressage marqué par des records et performances de très haut vol, un cross mi-figue mi-raisin, le parcours de treize obstacles imaginé par le chef de piste italien Uliano Vezzani a donné lieu à une conclusion passionnante pour ces Mondiaux. De fait, seuls douze concurrents ont bouclé un sans-faute dans ce qui s’apparentait à un Grand Prix de luxe à 1,35m, ce qui a eu une influence significative sur les classements. Alors que l’or individuel semblait destiné à Michael Jung pour la deuxième fois dans la carrière de ce cavalier légendaire, l’Allemand, solideleader depuis le dressage, a dû se contenter de la cinquième place après avoir concédé deux fautes avec Fischer Chipmunk sur le premier élément du double placé en 11 et la palanque finale 13. Sa note finale de 26,8 points a tout de même été prise en compte dans le total de l’Allemagne (95,2), avec celles de Julia Krajewski et Christoph Wahler (Carjatan S), tous deux sans faute, écartant les 12 points de Viamant du Matz et Sandra Auffarth, sacrée championne du monde en 2014 en Normandie.
Après un excellent cross, Tamra Smith (Mai Baum), Boyd Martin (Tsetserleg TSF), William Coleman (Off the Record) et Lauren Nicholson (Vermiculus) avaient hissé les États-Unis à la deuxième place provisoire, juste devant la Grande-Bretagne, en tête après le dressage. Mais les Britanniques n’ont pas tenu le choc. Même si les revirements de fortune les ont temporairement fait remonter cet après-midi, ils ont finalement été dépassés par la Nouvelle-Zélande, échouant au pied du podium. Les époux néo-zélandais Tim et Jonelle Price, associés à Falco et McClaren, ont tous deux réussi des performances spectaculaires en saut d’obstacles, tandis que Monica Spencer (Artist) a justifié son long voyage depuis l’hémisphère Sud en rejoignant Clarke Johnstone (Menlo Park) sur la troisième marche du podium. Les sept places qualificatives pour les Jeux olympiques de Paris 2024 en jeu à Pratoni ont récompensé l’Allemagne, les États-Unis, la Nouvelle-Zélande, la Grande-Bretagne, l’Irlande, la Suède et la Suisse, qui a réussi une très belle opération.
Troisième titre par équipe
C’est le troisième titre par équipes de l’Allemagne en quinze éditions des championnats du monde. L’Allemagne avait remporté son premier titre à Aix-la-Chapelle en 2006 et avait récidivé en Normandie en 2014, avec Auffarth et Jung dans l’équipe. Pour le Kaiser du complet, cette journée a été marquée par des émotions contradictoires. “Perdre et gagner en même temps m’a procuré un sentiment étrange. Pour autant, je suis très heureux. C’était un grand jour: mon cheval a sauté de manière incroyable, il était en super forme, nous étions tous bien préparés et je veux juste remercier toute notre équipe derrière nous qui nous a aidés à venir ici et à réussir une bonne performance collective. Gagner la médaille d’or avec toute l’équipe est incroyable!”
Sandra Auffarth a trouvé cette dernière journée très excitante. “C’était cool pour tout le monde à regarder parce qu’il y avait tellement de hauts et de bas pour toutes les équipes. Je n’ai pas réussi le meilleur tour. Viamant est un très bon sauteur, mais il n’était pas très concentré aujourd’hui dans cette atmosphère. Après cela, nous nous sommes battus, et nous sommes très heureux d’avoir réussi collectivement”, a-t-elle souligné. Le sans-faute des championnes olympiques a contribué à la victoire et a procuré une énorme satisfaction à Julia. “Elle a magnifiquement sauté! Mon objectif était de terminer sur ma note de dressage et je l’ai fait. Je savais qu’Amande pouvait sauter sans faute, mais il fallait vraiment tout donner, car le parcours était difficile”, a déclaré la médaillée d’argent.
Quant à l’équipe américaine, elle n’était plus montée sur le podium des Mondiaux depuis leur deuxième victoire dans l’histoire de l’épreuve, en 2002 à Jerez, d’où la fierté des cavaliers de l’Oncle Sam. Comme l’a dit Boyd Martin, “C’était génial d’avoir cinq sans-faute au cross-country hier. J’ai fait partie de beaucoup d’équipes de championnats et c’était si serré encore et encore aujourd’hui que c’est un énorme soupir de soulagement de finir sur le podium.” Deux fautes ont coûté cher à Tamra Smith, passée de la trois à la neuvième place finale, mais elle était tout de même satisfaite de son résultat et de la performance des États-Unis. “Nous sommes venus ici pour faire de notre mieux et nous savions tous que nous pouvions obtenir une médaille, mais nous sommes agréablement surpris. En regardant les résultats, nous sommes seulement à 0,4 point de la troisième place, ce qui démontre la qualité de la concurrence. Je suis honorée d’être ici”, a-t-elle déclaré.
La dernière fois que les Kiwis avaient remporté une médaille mondiale par équipes, c’était le bronze en 2010 à Lexington, donc le bronze d’aujourd’hui a été un grand moment pour eux aussi. De même que pour Tim Price, bronzé en individuel. “Ce n’est pas une position à laquelle nous avons été habitués depuis un certain temps”, a-t-il déclaré. “Andrew Nicholson est venu me voir et m’a dit: ‘Vous avez attendu assez longtemps pour ça, bravo!’ C’est incroyable, nous avons eu une grande semaine, tout était très solide, et quelle final!” Et il était très fier de son cheval, Falco, impressionnant aujourd’hui. “Nous avons eu foi en lui depuis le début. Il a toujours été un sauteur hors pair, et utiliser cette qualité de la meilleure façon est tout simplement incroyable. Nous avons travaillé si dur pour cela. Nous nous sommes concentrés là-dessus pendant des années. Ce genre d’événement majeur avec l’équipe et toute une nation derrière nous, cela veut tout dire!”
Un exploit incroyable
Pendant ce temps, Yasmin Ingham, la nouvelle championne du monde, a réfléchi à son incroyable réussite pour ses débuts en championnats. “Je suis très fière de gagner pour la Grande-Bretagne, mais aussi pour l’île de Man”, a-t-elle déclaré aujourd’hui. La cavalière de vingt-cinq est née et a grandi sur cette petite île située entre l’Angleterre et l’Irlande, qui couvre une superficie de 572 kilomètres carrés et compte 85.000 habitants. Elle a connu une très grande réussite sur les circuits Jeunes et avait déjà été couronnée sportive de l’année sur l’île de Man en 2013 après avoir remporté l’or par équipes et en individuel aux Européens Poneys d’Arezzo, en Italie déjà. En 2018, elle a obtenu son premier classement dans le top dix d’un CCI 4*-L à Bramham, à l’occasion du Mondial non officiel des cavaliers de moins de vingt-cinq ans. Cette année-là, elle a remporté la Godman Cup pour avoir été la Britannique de vingt et un ans et moins gagnant le plus grand nombre de points en concours complet. Victorieuse du CCI 4*-L Blenheim en 2021 puis deuxième du CCI 5*-L de Lexington cette année avec Banzaï, la cavalière, établie avec Sue Davies et Janette Chinn dans le Cheshire, a déjà le monde à ses pieds.
“C’était incroyable d’avoir l’occasion de concourir ici avec une équipe britannique composée de professionnels chevronnés. J’ai beaucoup appris. L’équipe de soutien a été fantastique et je leur adresse un grand merci. Banzaï est le meilleur cheval sur lequel je me suis assise et je ne pense pas en trouver un autre comme lui. Il est incroyable en dressage, avec tellement de présence; il est rapide, agile et courageux au cross; et au saut d’obstacles, il a montré à tout le monde toute l’étendue de ses qualités aujourd’hui. Je ne voudrais pas être assise sur un autre cheval”, a-t-elle déclaré, tout sourire. Avant son export en Grande-Bretagne, ce Selle Français a été essayé par plusieurs grands cavaliers tricolores, qui se mordent peut-être les doigts de ne pas avoir su miser sur lui… Ainsi va l’équitation. Comme un clin d’œil, l’honneur de la France, dont l’équipe avait été éliminée hier, a été sauvé par un Mayennais établi de longue date en Grande-Bretagne, Gaspard Maksud, sixième au mérite d’un sans-faute épatant avec Zaragoza, une jument… britannique idéalement taillée pour les trois tests de ce sport qui n’a pas fini de nous passionner.
Le classement individuel
Le classement par équipes
Les parcours des championnats du monde de concours complet sont à revoir en intégralité sur ClipMyHorse.tv