Gulliver des Lones, incontestable champion de France des six ans avec Alexis Goury
En tête dès l’épreuve de dressage, Gulliver des Lones, monté par Alexis Goury, a remporté le titre de champion de France des chevaux de six ans, point d’orgue de la Grande Semaine de l’élevage de concours complet, organisée à Pompadour par la Société hippique française.
À la sortie de la carrière de saut d’obstacles, les mêmes émotions que pour n’importe quel grand championnat. Des accolades, des poignées de mains, des regards embués. Des larmes aussi dans les yeux des membres du clan d’Alexis Goury. “Ton fils, c’est un crack cavalier, il n’y a que lui qui ne l’a pas encore compris.” Le message adressé à la mère du cavalier est celui de Laurent Ballot, propriétaire de Gulliver des Lones, un fils d’Upsilon et de Poésie des Lones (SF, Hoggar Mail). Difficile en effet de demander à Alexis, tout juste âgé de vingt-sept ans, également quatrième du championnat avec Golden des Frottards, lui aussi propriété de Laurent Ballot, de parler de lui. La star c’est son cheval. “Gulliver est exceptionnel et je voulais vraiment être à son niveau”, confie le cavalier établi à Morannes-sur-Sarthe dans le Maine-et-Loire, présent aux championnats d’Europe Longines de Luhmühlen en 2019 avec Trompe L’œil d’Emery. “Je n’ai pas encore beaucoup de métier, je n’ai pas monté autant de chevaux que Thomas (Carlile) ou Maxime (Livio), mais je suis sûr qu’eux aussi diraient qu’il a un truc en plus que les autres. J’avais envie de montrer ce qu’il y avait de mieux chez lui. Je l’ai eu à cinq ans, en milieu de saison. Il n’avait rien fait à quatre ans.”
Malgré les parcours fautifs de ses principaux rivaux, Alexis Goury est resté fidèle à son objectif et cette volonté d’être à la hauteur du superbe gris. “J’ai vu qu’il y avait eu pas mal de barres avant moi et que j’avais un peu d’avance”, confirme-t-il. “Mais je ne voulais pas fauter car ce n’est pas au niveau du cheval. Il est tellement génial: il a un sens de la barre, qu’il n’a pas envie de toucher, et une énergie exceptionnelle. Il y a des chevaux guerriers, mais lui joue avec les obstacles: avec les directionnels des cross comme avec les barres. Ça l’amuse. J’espère qu’il aura envie de jouer longtemps.”
Rendez-vous au Mondial du Lion… ou pas
Si Gulliver des Lones est bien le nouveau champion de France des six ans avec un total de 28 points (26,1 au dressage, “maxi” au le cross, sans faute à l’hippique et une note de modèle de 16,2), ce succès confirme également le talent de son cavalier. “J’aime la compétition et la victoire”, consent-il timidement. “Cela fait pas mal de temps que je monte des jeunes chevaux. Je me suis inscrit dans ce circuit et j’aime ça. Pouvoir concrétiser avec un cheval de six ans, c’est une récompense pour tout le monde à commencer par le propriétaire et tous les gens qui sont derrière. Avec les chevaux de quatre ans, c’est plus aléatoire. À cinq ans, ce sont encore de gros bébés, mais à six ans, c’est le début de la suite. On commence à les maîtriser et on est capable de prévoir leurs performances. Cela fait quinze jours, depuis le Grand National du Pin, que je le préparais et en sachant qu’il pouvait gagner. Il a réussi une bonne saison mais sans gagner (n° 9 du top cent SHF). Là, je savais qu’il était capable de l’emporter. Au dressage, ce n’est pas toujours facile, il y a encore du travail. Il a une attitude très haute et peut vite se fermer, ce qui n’est pas toujours apprécié. Je dois encore trouver de la longueur et de la propulsion. J’ai rempli le contrat que je m’étais donné. Je voulais un top trois mais au fond de moi je savais qu’il devait gagner. Et il l’a fait avec la manière avec 74% au dressage, un cross magnifique, même avec une chaussure en moins dès l’obstacle 2, et aujourd’hui, il a sauté de façon irréprochable.”
En remportant cette finale du Cycle Classique, Gulliver des Lones gagne également sa qualification pour le Mondial du Lion-d’Angers, prévu du 20 au 23 octobre en Anjou. Pas certain néanmoins de le voir au départ. “J’ai aussi des chevaux de sept ans et je ne sais pas ce que je vais faire”, explique le cavalier, sachant que le règlement dispose qu’un cavalier ne peut engager que deux chevaux en tout. “Le Mondial est une épreuve difficile à six ans. Comme ce n’est pas un cheval destiné à la vente, en tout cas tout de suite, si j’ai deux candidats sept ans sélectionnés, je les privilégierai car je suis certain que Gulliver sera de la partie là-bas l’an prochain. Nous allons nous donner un peu de réflexion et attendre la sélection des sept ans par Thierry Touzaint. En revanche, si je n’ai qu’un cheval de sept ans en lice, je pense que nous l’emmènerons et qu’il peut être sacré champion du monde.”
Un coup de cœur et une belle histoire
À quelques mètres de là, Laurent Ballot et son épouse, propriétaires de Gulliver, ont du mal à cacher leur immense émotion. “Ce parcours, c’était une grosse pression”, raconte Monsieur. “Peut-être plus pour nous d’ailleurs que pour les cavaliers, qui sont rôdés à ça. À l’arrivée, toute la famille est en larmes. J’ai déjà eu de grandes émotions avec mes filles. Par exemple, Zoé a déjà couru à deux reprises les championnats d’Europe Poneys (en 2021 et 22 avec Voltair de Lalande, ndlr), mais c’était très particulier aujourd’hui. Gulliver est un cheval que nous avions choisi pour ma fille, mais elle avait déjà craqué pour Golden des Frottards. Après avoir essayé Golden, nous avons quand même essayé Gulliver. Zoé m’a redit sa préférence pour Golden. Pourtant, le lendemain matin, en partant travailler à 5h du matin, j’ai appelé ma femme pour lui dire que nous ne devions pas laisser passer ce cheval-là. Elle était d’accord avec moi, alors nous l’avons acquis. C’est une belle histoire. Bien sûr, on nous l’a déjà demandé, mais non. Nous voulons vraiment vive une belle histoire de famille, de partenariat et maintenant d’amitié avec Alexis. Advienne que pourra!”
Alexis Goury veut lui aussi croire en un avenir commun avec Gulliver. “On ne sait jamais trop à l’avance”, admet-il. “Mais aujourd’hui, notre relation va bien au-delà de celle d’un propriétaire et d’un maréchal puisque Laurent est aussi le maréchal de mes écuries. Les propriétaires ont envie de rêver un peu. Si une vente doit arriver, il faudra un prix record et que cette transaction leur change la vie. Quelque chose d’historique dont on parlerait dans les journaux! Au fond de moi, je pense vraiment qu’il n’est encore qu’à 50% de ses capacités et qu’il va faire de grandes choses.” Il aura douze ans en 2028, l’année des Jeux olympiques de Los Angeles…
Respectivement deux et troisième, Golden Boy Quesnay (SF, Chacco Rouge x Sourinette du Quesnay par Qredo de Paulstra), monté par William Messelet (neuvième avant le saut ; 33,60 pavec 30,8 au dressage, 0,4 sur le cross, 0 à l’obstacle et une note de 15,2) et Guess Star (AA, Upsilon x Kassia de Ranville par Chronos de Nabout) monté par Benjamin Massié (dixième avant le saut; 33,70 pts avec 31,4 au dressage, “maxi” au cross, 0 à l’obstacle et une note de 15,4), repartent eux aussi avec un sésame pour le Lion-d’Angers. Ayant mené Invictur for Fly et Hermès Gay aux titres respectifs de champions des quatre et cinq ans, Thomas Carlile a cette fois dû se contenter du sixième rang du avec Golden de Béliard (AA, Upsilon x Jalienny), pénalisé d’une faute à l’hippique (35,40 pts).
À noter l’élimination à l’inspection vétérinaire du matin, de Gadjo Amayou (AAC, Grafenstolz x ULTRA de Rouhet), deuxième après le cross. Conduit dans un premier temps vers la zone d’attente, il n’a finalement pas été représenté par Maxime Livio.
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