“Trouver des investisseurs pour pouvoir garder Viking”, Kevin Staut
Présent à Doha depuis le week-end dernier, Viking d’la Rousserie fait parler de lui en s’étant jusqu’alors classé dans trois des quatre épreuves auxquelles il a pris part. Monté par Kevin Staut depuis août, le Selle Français n’est pas sans rappeler une certaine Ratina d’la Rousserie, qui n’est autre que sa propre sœur. Avec le numéro un français, l’alezan pourra-il marcher dans les pas de son ainée ? Pour cela, il faudrait que Kevin Staut parvienne à trouver des partenaires pour le conserver sous sa selle…
Après avoir engrangé une expérience précieuse sur des pistes indoor de CSI 5* cet hiver, le Selle Français a retrouvé ses terrains de jeu favoris, les pistes extérieures. “Ici à Doha, il revient dans une configuration de concours qui lui correspond. Il a une grande galopade et a besoin de s’exprimer avec du rythme. La saison indoor lui a fait du bien pour prendre de l’expérience, d’autant plus qu’il n’en avait jamais fait. Il a d’ailleurs pris part à des concours difficiles comme les CSI 5* de Paris et Hong Kong, ou encore le CSI 5* de Treffen. Aujourd’hui, on bénéficie du travail fait pendant l’hiver. Viking a beaucoup de moyens et de force, et il ne peut bien s’exprimer que lorsque l’on respecte sa galopade”, souligne Kevin Staut. Des qualités qui pourraient bien le mener vers quelques-uns des plus beaux concours du monde… “Sans parler de championnats pour le moment, c’est un cheval que l’on imagine très bien sur des pistes comme celles d’Aix-la-Chapelle ou Calgary. Il a d’ailleurs super bien concouru à Dublin et Gijón l’an passé”, affirme le Normand.
“Énormément de similitudes avec Ratina”, Kevin Staut
Tant ces deux-là se ressemblent, il est impossible de ne pas comparer Viking d’la Rousserie à sa propre sœur, Ratina d’la Rousserie. Gagnante du Longines Global Champions Tour de Cannes en 2015 ou encore double sans-faute dans la mythique Coupe des nations d’Aix-la-Chapelle et celle de Lummen – le tout sous la selle de Pénélope Leprevost – la petite baie malheureusement arrêtée pour blessure depuis l’été 2017 possède de nombreux points communs avec son cadet, comme le note le numéro un français. “J’avais évidemment discuté avec Pénélope lorsque j’ai récupéré Viking. J’ai été présent dans plein de compétitions où elle montait Ratina, et même si je ne suis pas très branché génétique habituellement, nous avons noté énormément de similitudes entre les deux. Ce sont des chevaux que l’on pense un peu froids, car de l’extérieur ils donnent l’impression de manquer un peu de tonicité dans le mouvement sur le saut. Mais le sentiment du cavalier est complètement différent ! Viking me donne une impression de grande facilité. C’était drôle d’échanger avec Pénélope à ce sujet, car Ratina est une jument avec qui elle a cartonné, et pour laquelle elle avait beaucoup d’affection en raison de son caractère si spécial. Je ressens d’ailleurs un peu la même chose avec Viking…”S’il de l’avis général Viking possède les plus grandes qualités d’athlète, l’alezan en fait parfois voir de toutes les couleurs à son entourage, qui apprend progressivement à composer avec son tempérament de feu. “À chaque entrée de piste je dois rester sur mes gardes. Une fois qu’a débuté le parcours il est sage, même s’il reste bien sûr des points techniques à régler. Mais avant cela, il faut vraiment s’en méfier car il essaie de me mettre par terre assez régulièrement”, glisse le numéro un français dans un sourire. Son tout premier cavalier Stéphane Dufour avait d’ailleurs remarqué sa grande personnalité alors que l’alezan n’était qu’un poulain. “Je travaillais avec son éleveur Michel Roger donc je connais Viking depuis sa naissance. Je me souviens d’être allé le voir au pré quand il était poulain, et il nous faisait toujours un festival en partant à fond à travers le champ, avec sa mère qui tentait de le suivre. C’était déjà un personnage !”, se souvient celui qui a également débuté Ratina d’la Rousserie.
“Beaucoup ne croyaient pas en lui”, Stéphane Dufour
Approuvé avec les meilleures notes à l’obstacle à trois ans, Viking n’a pourtant pas convaincu tout le monde dans ses jeunes années. “Beaucoup ne croyaient pas en lui, car il ne montrait pas toujours l’étendue de ses capacités. C’était un surdoué et tout était facile pour lui, mais il n’en faisait jamais de trop. J’ai toutefois senti dès le départ qu’il pourrait sauter tous les plus gros parcours”, se souvient Stéphane Dufour, qui a aussi formé Quismy des Vaux ou Old Chap Tame notamment. Et les offres n'ont pas tardé à arriver : “Alors que Viking avait quatre ans, nous avons été approchés, notamment par Bertrand Baldeck, à Sainte-Cécile. Je lui avais dit que le cheval n’était alors pas à vendre. Nous avons attendu jusqu’à la fin de son année de six ans, et ils sont venus l’essayer avec Fabrice Schmidt, qui l’a formé avant que Mathis Burnouf (qui a monté le hongre quelques mois, ndlr) puis Kevin ne le récupèrent”. Castré depuis, Viking d’la Rousserie a quelques produits à son actif, dont Fulloption de Blehème, qu’a fait naître Stéphane Dufour. “La copie conforme de Ratina, une vraie vedette !”, assure le cavalier qui croit beaucoup en cette baie de quatre ans avec une mère par Cornet Obolensky.Par l’intermédiaire de Kevin Staut, Stéphane Dufour suit par procuration la carrière de l’alezan : “Kevin et moi sommes en contact, et il m’avait notamment appelé avant le CSIO 5* de Dublin afin de savoir comment le cheval sautait sur l’herbe. Je lui avais assuré qu’il n’avait rien à craindre, Viking ne regarde rien et pourrait aller au feu. Il l’a donc engagé dans des épreuves à 1,50m et 1,55m et tout s’est bien déroulé. Viking est un guerrier, et lorsqu’il a envie de se livrer il donnerait n’importe quoi pour son cavalier”.
Si la trajectoire de Kevin Staut et de Viking d’la Rousserie semble prometteuse, leur histoire commune pourrait bien s’arrêter, le hongre étant sur le marché. “Viking appartient à des investisseurs, et l’objectif est de le commercialiser. J’espère pouvoir trouver de mon côté des gens qui vont pouvoir investir afin que je puisse le garder”, espère le champion olympique par équipes. En charge de la carrière de Viking aux côtés de son père pour le compte des propriétaires, Maxime Baldeck ne cache en effet pas l’objectif de commercialisation. “Nous sommes des marchands, et il s’agit en effet du but des propriétaires”, rappelle le jeune homme. “Toutefois, l’objectif serait évidemment que le cheval reste sous la selle de Kevin”, complète-t-il. De son propre aveu, Stéphane Dufour croise lui aussi les doigts pour voir son protégé continuer aux côtés du Normand. Affaire à suivre donc… En attendant, Viking sera au départ du Grand Prix CSI 5* de Doha cet après-midi pour tenter de s'inviter à un quatrième tour d’honneur dans la gigantesque piste d’Al Shaqab.
Ci-dessous en vidéo, Stéphane Dufour & Viking à six ans aux Journées du Selle Français de Saint-Lô.