Respect et éducation, les maîtres-mots d’une bonne formation au Stud-book Selle Français
Organisme de sélection et de représentation, le Stud-book Selle Français joue également un rôle important dans la formation des jeunes chevaux à travers les événements qu’il organise aux quatre coins de la France. Pascal Cadiou, président de l’association nationale de race, et Élisa Pautex, chargée de mission, livrent leurs objectifs en la matière, notamment vis-à-vis du bien-être animal.
Ayant pour principale mission la représentation de la race Selle Français, ainsi que l’orientation, la sélection et l’amélioration génétique des équidés, le Stud-book Selle Français joue également un rôle important dans la préparation du jeune cheval. En effet, l’association nationale de race organise de nombreux concours d’élevage réservés aux foals et poulains de deux et trois ans, constituant souvent des étapes importantes du début de leur formation. “Les événements Selle Français, qui servent d’évaluation de la population via le contrôle de performance, sont aussi l’occasion pour les éleveurs de parfaire l’éducation de leurs produits et voir où ils en sont”, confirme Élisa Pautex, chargée de mission pour les approbations étalons et l’appui technique auprès du Stud-book Selle Français. En effet, entre la manipulation, la présentation ou le transport en camion ou en van, les jeunes sujets doivent avoir déjà entamé leur éducation. “Il y a aussi le volet plus technique, voire sportif, pour les deux et trois ans avec le saut en liberté”, ajoute la représentante du Selle Français. “Aussi, les chevaux doivent bien savoir s’arrêter pendant la présentation du modèle et marcher à côté du meneur.”
Premiers maillons de la chaîne de production d’un cheval de sport, les éleveurs sont, en règle générale, ceux qui accompagnent les premières étapes de leurs produits. “Nous avons deux types d’éleveurs parmi nos adhérents : ceux qui participent à ces concours d’élevage depuis très longtemps et qui en ont l’habitude, et ceux qui sont plutôt novices et demandeurs de conseils. Ces derniers peuvent faire appel à des professionnels, mais sont souvent preneurs d’informations techniques afin d’effectuer cet apprentissage eux-mêmes.” Pour les accompagner, le Stud-book Selle Français a mis à disposition des compétences sous forme de services. “Dans nos magazines, nous faisons régulièrement paraître des articles avec des conseils techniques”, cite, comme exemple, Élisa Pautex. En interne, un groupe de travail, composé d’administrateurs du Stud-book, travaille sur la préparation et la formation des jeunes chevaux. Il a notamment travaillé sur le quatrième colloque, organisé en décembre lors des approbations des deux et trois ans, à Saint-Lô, dont découleront notamment des fiches techniques. Aussi, les éleveurs peuvent consulter les règlements des concours Selle Français, “dans lesquels on retrouve les distances et la hauteur pour le saut en liberté, par exemple, et le détail des ateliers. Nous avons aussi publié un guide du jugement, qui livre à la fois ce qu’attendent les juges et des conseils. La façon de présenter son cheval est important car cela peut rapporter quelques points! Grâce à ces outils, les éleveurs ont toutes les clés pour savoir ce qui les attend”, décrit Élisa Pautex. “Par exemple, le positionnement du cheval sur l’atelier du modèle est très important pour que les juges puissent évaluer correctement la conformation.”
Un maillage territorial qui permet d’accompagner la formation
Pour faire découvrir de nouveaux environnements à leurs protégés, les éleveurs peuvent participer à des entraînements en région, organisés par les associations régionales. “À travers notre maillage territorial dans tout l’Hexagone, les événements Selle Français permettent de faire découvrir à des foals ce à quoi ils vont être confrontés par la suite”, rappelle Pascal Cadiou, président de l’association nationale de race. “Quand on emmène des poulains à n’importe quel événement, on les fait sortir de leur zone de confort, et le transport peut générer du stress, de même que la musique, le public et tout ce à quoi ils ne sont pas habitués. Au-delà de l’événement en lui-même, cela va aussi leur apprendre à dédramatiser un déplacement, ce qui est important pour de potentiels futurs chevaux de sport. De fait, avoir suivi ce cycle d’initiation est un apport énorme sur le plan psychologique. Toutes ces découvertes font partie des premières étapes de la vie d’un poulain entre zéro et trois ans. Nous avons des retours extrêmement positifs de la part des éleveurs, car il s’agit in fine de temps gagné dans l’éducation d’un cheval!” Aussi, selon Élisa Pautex, il est question d’organiser des formations de personnels de ronds en régions d’ici ces prochains mois. “C’est un peu ce qui pèche dans certains territoires, donc nous nous organisons pour que davantage de gens bien formés puissent faire sauter les chevaux en liberté.”
Le bien-être comme valeur cardinale
Devenu un véritable sujet dans l’opinion publique, poussant toutes les instances fédérales, sportives et d’élevage à le mettre en exergue, le bien-être animal est intrinsèquement lié à l’éducation des jeunes chevaux. Au-delà de sa valeur éthique, il est surtout primordial pour de futurs chevaux de sport, qui doivent être bien dans leur tête et dans leur corps pour pouvoir, à terme, performer et parfois être commercialisés. “C’est devenu un véritable axe de travail au sein du Stud-book Selle Français comme ailleurs, y compris à la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH), travaillant beaucoup sur le sujet en ce moment”, confirme Élisa Pautex. “L’an dernier, lors de notre colloque de décembre, nous avions fait intervenir Vanina Deneux Le-Barthe, ingénieure de recherche en sociologie à l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), qui nous avait longuement parlé des mouvements sociétaux à propos du bien-être. En mettant l’accent sur l’éducation des jeunes chevaux et en partageant les bonnes pratiques avec les éleveurs, nous voulons que les chevaux se sentent bien et que l’opinion publique voie notre secteur d’un bon œil.”
Président du Stud-book, Pascal Cadiou partage évidemment ces objectifs, qui passent notamment par l’assurance qu’il n’y ait pas de “sur-préparation” des jeunes équidés avant des événements jugés importants par leurs naisseurs. “Sur le plan physique, les événements permettent aux poulains d’effectuer un peu de gymnastique. Naturellement, c’est important qu’il n’y ait pas de sur-travail en amont, mais je dois dire que nos éleveurs savent très bien voir si un poulain est prêt à découvrir un nouvel environnement et faire en sorte de l’y préparer; la longévité des chevaux français en est la meilleure preuve! Ces professionnels ont également conscience que s’ils veulent vendre des poulains, ces derniers doivent être en pleine possession de leurs moyens physiques et psychiques. De toute manière, un cheval ne peut performer, ou plutôt performer à long terme et de manière régulière, que s’il est bien dans son corps et dans sa tête! Par rapport à nos voisins ou à d’autres pays, il faut avouer que nous sommes plutôt protégés vis-à-vis de la sur-préparation.”
Afin de lutter contre de potentielles dérives, le Stud-book œuvre avec ses juges afin qu’ils puissent détecter de mauvaises pratiques et expertiser en conséquence. “Lors d’un séminaire sur le saut en liberté, nous avons défini des observables, c’est-à-dire des signes qui peuvent traduire une sur-préparation ou une sous-préparation, car les deux existent et sont néfastes pour les chevaux”, déclare Élisa Pautex. “Par exemple, une crispation trop intense et trop longue dans le mouvement, un geste trop exagéré pendant le saut ou la perte de trajectoire peuvent être des signes de sur-préparation. Cela n’a pas été facile de mettre des mots dessus, mais nous pensons que cela sera très bénéfique pour les chevaux et nos événements. Notre objectif est avant tout que les équidés reviennent d’un événement avec un sentiment positif.”
Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX.