Ayant fait souffler un vent de fraîcheur sur Pratoni, Yasmin Ingham et Banzai du Loir sont le couple de l’année en concours complet

Durant la période des fêtes, GRANDPRIX revient sur les événements, les faits, les femmes, les hommes et les équidés qui ont marqué 2022. Il était bien sûr impossible de faire le bilan de cette année sans évoquer Yasmin Ingham et Banzai du Loir, sacrés champions du monde de concours complet en individuel à Pratoni en septembre. Également deuxièmes du CCI 5*-L de Lexington plus tôt dans la saison, ils forment le couple de l’année dans cette discipline.



Au moment du coup d’envoi des championnats du monde de concours complet de Pratoni del Vivaro, l’équipe britannique semblait être la grande favorite de la compétition collective. Finalement, il n’en a rien été, puisque les représentants de l’Union Jack ont terminé avec une médaille en chocolat, mais l’un des couples venus de Grande-Bretagne a su se démarquer pour remporter l’or en individuel et rendre ainsi un bel hommage à la femme de cheval qu’était la reine Elizabeth II, disparue dix jours auparavant. Ce duo, c’est bien sûr celui formé par Yasmin Ingham et le Selle Français Banzai du Loir.

Le premier jour des Mondiaux, déjà, tous deux ont réalisé une excellente reprise de dressage, la meilleure de leur carrière internationale. Obtenant plusieurs fois la note de neuf et un total final de vingt-deux pénalités, ils n’ont été battus ce jour-là que par leurs compatriotes Laura Collett et London 52, vainqueurs en mai 2022 du CCI 5*-L de Badminton. Le lendemain, seuls le multi-médaillé allemand Michael Jung et son fischerChipmunk FRH ont réussi à faire mieux, repoussant ainsi Yasmin Ingham et son Banzai au troisième rang provisoire. Le samedi, jour de cross pour lequel le président du Comité international olympique, Thomas Bach, avait fait le déplacement, le couple britannique n’a certes pas réalisé le sacro-saint maxi, mais n’a dépassé le temps imparti que de trois secondes et est ainsi remonté d’une place. 



Une médaille obtenue au bout du suspens

Yasmin Ingham ont réalisé un sans-faute lors du test de concours hippique des Mondiaux pour s'imposer.

Yasmin Ingham ont réalisé un sans-faute lors du test de concours hippique des Mondiaux pour s'imposer.

© FEI / Richard Juilliart

Le dernier jour, alors que le test de saut d’obstacles n’en finissait plus de rebattre les cartes dans la course aux médailles par équipes, la cavalière britannique, qui ne faisait pas partie du collectif de sa nation et passait en avant-dernière position, a mis la pression sur Michael Jung, alors en lice pour un doublé en or, grâce à un superbe sans-faute. Le cavalier, habitué à concourir en saut d’obstacles jusqu’au plus haut niveau, avait le droit de faire tomber trois barres sans compromettre la victoire de l’Allemagne par équipes, mais une seule s’il voulait devenir le troisième cavalier à remporter deux titres individuels mondiaux en concours complet. Après avoir passé le début du délicat parcours dessiné par Uliano Vezzani sans encombre, son Chipmunk s’est laissé piéger sur l’entrée du double numéro onze... puis sur le tout dernier obstacle du parcours! Ainsi, Yasmin Ingham a récupéré l’or, devenant la première concurrente à s’imposer dans un championnat du monde sans faire partie d’une équipe! “Je ne m’imaginais absolument pas devenir championne du monde”, a-t-elle réagi en conférence de presse. “Bien sûr, cela a toujours été un rêve d’être capable de venir ici. Banzai est incroyable en dressage, avec tellement de présence; il est rapide, agile et courageux au cross; et au saut d’obstacles, il a montré à tout le monde l’étendue de ses qualités aujourd’hui. Je ne voudrais pas être assise sur un autre cheval.”



Un parcours sans fausse note jusqu’au titre

Yasmin Ingham et Banzai du Loir sur le cross des championnats du monde.

Yasmin Ingham et Banzai du Loir sur le cross des championnats du monde.

© FEI / Massimo Argenziano

Le sacre de Yasmin Ingham et Banzai du Loir a pu paraître surprenant, d’autant qu’à vingt-cinq ans, la cavalière ne faisait encore pas partie des têtes d’affiches les plus connues du public. Pour autant, au printemps déjà, le couple n’avait été devancé que par Michael Jung et Chipmunk lors du CCI5*-L de Lexington, où l’Allemand avait tout bonnement établi un nouveau record du meilleur score jamais obtenu dans une telle épreuve. “Si l’on m’avait dit que je finirais deuxième derrière Michael Jung, je ne l’aurais pas cru”, s’était alors exprimée sa concurrente britannique. “Je dois remercier toutes les personnes impliquées auprès de Banzai. Il est si spécial et mérite vraiment ce résultat. Sans notre équipe, ce serait impossible.” Quelques semaines plus tard, pour leur dernier concours avant les Mondiaux, la native de l’île de Man et le fils de Nouma d’Auzay avaient terminé quatrièmes du CCI 4*-S d’Alnwick, en terres britanniques.

La jeune femme et son alezan se connaissent bien, puisque c’est en 2019 qu’ils ont fait leurs débuts en compétition ensemble. “Il est le meilleur cheval que j’aie monté et je ne pense pas en avoir un autre comme lui dans ma vie”, avoue d’ailleurs Yasmin Ingham à propos du hongre né en 2011 chez Pierre Gouyé, dans la Sarthe. Les deux partenaires ont connu un parcours net et sans bavure: en treize épreuves internationales courues, Mondiaux compris, le hongre a terminé le cross sans faute aux obstacles à douze reprises, et en a fait de même onze fois lors du test de saut d’obstacles. Preuve, s’il en fallait une autre, de sa progression, il a remporté le CCI4*-S de Burnham Market réservé aux chevaux de huit et neuf ans en 2020, puis le CCI 4*-L de Blenheim en 2021 avant de créer la surprise cette année lors des championnats du monde...et ce, à chaque fois le troisième week-end de septembre!



Depuis leur victoire à Pratoni, tous deux ne sont pas ressortis en compétition, mais leur triomphe a permis à Yasmin Ingham de se voir remettre le trophée en mémoire de Raymond Brooks-Ward par S.A.R. la Princesse Anne d’Angleterre lors du concours de Londres en décembre. Portant le nom de ce célèbre et regretté présentateur anglais surnommé “la voix des sports équestres” outre-Manche, cette distinction est remise chaque année au cavalier britannique de vingt-cinq ans ou moins qui a montré le plus haut potentiel pour l’avenir dans l’une des trois disciplines olympiques. “Je me sens très honorée, a déclaré la native de l’île de Man. C’est un trophée historique et je suis extrêmement fière de voir mon nom gravé dessus à côté de toutes ces icônes des sports équestres.” Par ailleurs, combinée aux autres performances obtenues par l’amazone cette année, dont une quatrième place dans le prestigieux CCIO 4*-L de Boekelo début octobre avec Rehy DJ, la médaille d’or décrochée en Italie permet à Yasmin Ingham de pointer au sixième rang du classement mondial de concours complet.   



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