Pour l’histoire, Punch de l’Esques signe la der des ders à Bordeaux

Incroyable scénario! Le jour où le bouillonnant Punch de l'Esques raccrochait les guêtres définitivement, hasard ou coïncidence, il s'est imposé ce soir dans le cross indoor de Bordeaux pour la quatrième fois de l'histoire du concours! Un surplus d'émotions fortes pour son cavalier Karim Laghouag, qui a entendu plusieurs milliers de spectateurs entonner la Marseillaise en son honneur... quelques minutes avant de chanter a capella "Salut" de Michel Sardou, pour célébrer les adieux à la compétition du petit alezan.



Quelle plus belle façon de tirer sa révérence que de gagner l'ultime compétition de sa carrière? C'est ce qu'a réalisé ce soir le formidable Punch de l'Esques dans le cross indoor du Jumping international de Bordeaux, accompagné de son cavalier de toujours Karim Laghouag. Même s'il manquera un véritable titre au petit alezan, qui aura tout de même décroché une médaille de bronze par équipes aux championnats d'Europe de Malmö en 2013, Punch de l'Esques a marqué toute une génération de passionnés. Parmi ses principaux faits d'armes, on compte également une septième et une dixième places au CCI 5* de Pau, une huitième place au CCIO 3* d'Aix-la-Chapelle, et une victoire individuelle dans la Coupe des nations du Grand Complet, au Haras du Pin... Mais ce n'est pas tant cela que l'on retiendra du fils d'Hermès d'Authieux! C'est son coeur, son petit caractère, ses facéties, sa longévité aussi - vingt ans ce soir ! - que tous les supporters et amoureux des chevaux conserveront en mémoire. "J'ai eu un vrai coup de coeur pour ce cheval”, s'est exprimé son cavalier au micro pendant la cérémonie d'adieux de son partenaire, organisée dans la foulée de la remise des prix. “J'ai senti quelque chose d'extraordinaire sur son dos. C'est un cheval intelligent, fin, sollicitant... On doit être à 100% pour le monter, sinon, il prend le dessus. Agnès Célérier, sa propriétaire, l'a acheté aux ventes aux enchères de Pompadour. Il a été formé par Amélie Billard, qui avait remarqué qu'il n'était pas doté de toutes les allures pour le dressage... et elle avait un peu raison (rires)! Je l'ai eu dès ses trois ans et il m'a suivi toute sa carrière. Sa propriétaire tient à remercier le staff de l'équipe de France pour tout le soutien." Après la diffusion d'un film émouvant sur les écrans géants, Michel Asseray, directeur technique national en charge du concours complet, s'est lui fendu d'un texte drôle, délicat, riche en anecdotes, imaginant le récit de Punch lui-même, confié le matin même au box. Punch possède cette personnalité propre aux chevaux d'exception auxquels on s'attache. Un cheval “attachiant”, comme l'a qualifié Michel Asseray.



Une victoire de haut vol!

Karim Laghouag et Punch de l'Esques.

Karim Laghouag et Punch de l'Esques.

© Scoopdyga

Comme l'a rappelé très justement l'animateur de la soirée Jean-Baptiste André, ce derby indoor n'est ni du saut d'obstacles, ni du cross. C'est du spectacle! Une adaptation destinée à divertir le public néophyte et à montrer un bref aperçu de ce qu'est le concours complet - les vertes prairies et l'air frais en moins. Bordeaux Expo en a fait le plein lors de cette première soirée sportive, tant dans les tribunes que sur la piste. La salle était très en forme dès le premier couple, formé par François Pons et Venus de Bordenave, un produit né à la maison et une petite-fille de Daguet du Rochau, jadis monté par Gilles Pons, le père de François. Le duo a terminé le tour en 115“90 sans aucun incident, sous la clameur des spectateurs. Les bordelais n'ont pas non plus ménagé leurs efforts pour soutenir le seul Espagnol au départ. Malheureusement, Albert Hermoso Farras n'a pu éviter une dérobade sur le directionnel installé trois foulées derrière le contre-bas Devoucoux. À sa décharge, il était l'un des deux seuls à présenter un cheval de moins de dix ans, Keenabout Wonderland, le second étant le Normand Sébastien Cavaillon avec Black Pearl; tous les deux sont âgés de neuf ans. À l'inverse, neuf des dix-huit engagés avaient au moins quatorze ans, le doyen étant bien sûr Punch de l'Esques!

Les femmes n'ont jamais remporté l'épreuve (tout comme le Grand Prix Coupe du monde de Bordeaux de jumping), mais elles ont tout tenté! Julie Simonet, associée à son fidèle Sursumcord'Or, et encouragée par son fidèle fan-club, banderole à l'appui, ont littéralement enflammé l'arène, levant le poing au-dessus du dernier obstacle sous les hourras de la foule. La surprise est surtout venue du Français Benjamin Massié et son bondissant fils de Rock'n Roll Semilly, Cupidon du Cardonne. Le couple a établi un nouveau temps de référence à 111“34, quatre de moins que François Pons. Victorieux à Genève, Stuttgart et Saumur, Maxime Livio a lui manqué de peu le quadruplé, une petite barre à terre le privant d'une victoire certaine (106“89). Le scénario de cette soirée s'est emballé lorsque Punch de l'Esques et Karim Laghouag ont abaissé le chronomètre d'une seconde! Le couple allait-il remporter son quatrième succès bordelais (et le cinquième pour le cavalier)? Politesse ou non, ni Stéphane Landois, avec Atos Barbotière, ni Michael Jung, sur Kilcandra Ocean Power, n'ont détrôné le roi de la soirée. Le petit Anglo-Arabe au grand coeur et au caractère bien trempé n'a peut-être pas gagné toutes les médailles, mais il a gagné le coeur de tous, et c'est là une bien plus belle victoire!

Toutes les épreuves (sauf celles de la Coupe du monde) du Jumping international de Bordeaux sont retransmises en direct sur GRANDPRIX.tv