Scarlett du Sart Z, une Ch'ti teintée de rouge ardent
Samedi dernier, l'Irlandais Darragh Kenny a remporté le Grand Prix du CSI 3* de Wellington avec Scarlett du Sart Z. Une première victoire en Grand Prix international pour une jument bien française, née dans le Nord chez Carole et Éric Fontaine et aux origines maternelles normandes.
Une jument qui va sauter au plus haut niveau
À l'issue de sa victoire dans le derneir Grand Prix CSI 3* du Winter Equestrian Festival, samedi dernier à Wellington, Darragh Kenny n'a pas tari d'éloges sur sa partenaire, Scarlett du Sart Z, âgée de dix ans. «C'est une jument que Teddy Vlock et son propriétaire ont achetée pour moi, et nous l'avons fait progresser doucement. Elle est vraiment en train de franchir un cap. Je pense que c'est une jument incroyablement talentueuse qui va finir par sauter au plus haut niveau.»Enregistrée au stud-book Zangersheide, Scarlett du Sart est bel et bien française. Elle est née chez Carole et Éric Fontaine, à Deûlémont, un village du Nord frontalier de la Belgique et situé à une quinzaine de kilomètres de Lille. Scarlett est une fille du Hanovrien Stakkato et de la Selle Français Quareka Rouge (First Bride), achetée chez Fernand Leredde.
«Nous connaissions bien Fernand Leredde et cela faisait un moment que nous voulions lui acheter une jument pour notre élevage. Un jour, nous avons eu l'occasion d'acquérir une pouliche, Quareka, que nous avons mise à l'élevage à quatre ans. Elle nous a donné une fille de Lord Z, Vive la Vie du Sart, qui concourt en Amateurs, puis Scarlett l'année suivante. Difficile à féconder, Quareka ne nous a plus donné qu'un autre poulain, Fernando du Sart, un fils de Kannan nommé ainsi en hommage à Fernand et qui est actuellement chez Xavier Hazebroucq. Quareka Rouge avait un modèle hors norme de belle jument normande, avec de la taille et de l'os. Scarlett est grande, mais on dirait un peu une Pur-sang. Elle ne ressemble pas physiquement à sa mère, qui est alezane avec une vraie bonne tête de normande», explique Carole Fontaine.
Descendante de la souche d'Olga
Fille de First Bride (SF, Paladin des Ifs x Sans Souci) et Eureka Rouge par Papillon Rouge, Quareka a pour grand-mère Tosca Ardente (SF, Kougloff II), que Fernand Leredde avait achetée à Pierre Lepelley.Tosca Ardente a donné plusieurs bons chevaux à Ferand Leredde, dont Dragonne Rouge (ISO 164, SF, Thoas du Theillet), qui a réussi une bonne carrière avec Patrick Poletto.
Tosca est une petite-fille de la fameuse Olga (Juriste), l'une des plus fameuses matrones de l'élevage Selle Français, grâce à laquelle Pierre Lepelley a bâti le succès de son élevage Ardent. Olga est la mère d'Ardente B (ISO 157, Red Star II, Ps) et de Nestor Ardent (Grand Veneur), très bon gagnant international avec le Portugais Manuel Malta da Costa. Par le biais de ses filles, Olga a engendré une multitude de grands gagnants et de nombreux champions, à l'instar d'Hello Pierville (ISO 172, Olisco), Arpege Pierreville (ISO 167, Uriel), Opium de Rêve (Quidam de Revel) bon gagnant avec le Belge Philippe Le Jeune, Urleven van de Helle (Esprit de Conquête) avec la Finlandaise Maiju Mallat et l'Australien Matt Williams, Donald Rouge II (ISO 164, Thoas du Theillet), Epsom Rouge (ISO 172, Papillon Rouge), Olympique Libellule (ISO 171, Jarnac), Gracieux Ardent (ISO 165, Quougloff Rouge), champion de France avec Jacques Bonnet, Mélodie Ardente (ISO 179, Apache d'Adriers), excellente avec Simon Delestre, ou encore Myrtille Paulois (ISO 187, Dollar du Mûrier), avec laquelle Roger-Yves Bost a été sacré champion d'Europe individuel en 2013 à Herning .
Initiée à quatre ans par Xavier Hazebroucq, qui l'a montée à dix reprises en concours, Scarlett du Sart est ensuite passée sous la selle de Cyril Fontaine, fils de Carole et Éric, avec lequel elle a réussi un double sans-faute au championnat interrégional des quatre ans puis des cinq ans, sans participer à la finale nationale de Fontainebleau. Après avoir passé la majeure partie de sa saison de six ans avec Cyril, Scarlett a retrouvé Xavier Hazebroucq pour quelques parcours, dont le CIR de Compiègne, où elle a signé un nouveau double sans-faute pour un joli triplé. «C'était une jument qui a énormément de sang et qui avait déjà une classe au-dessus des autres à six ans», se souvient Xavier Hazebroucq.
?Cyril l'a remontée à sept ans dans des épreuves à 1,35m et 1,40m avant sa vente. «Nous l'avons venduz à Chantilly, par l'intermédiaire de Roger-Yves Bost. Cyril, ingénieur commercial dans l'informatique, est amateur et ne se sentait pas forcément apte à exploiter la jument à huit ans dans de plus grosses épreuves, donc nous avons décidé de la vendre quand nous avons eu cette proposition. Elle est tout de suite arrivée chez Darragh Kenny, aux États-Unis, et ils ont gagné leur première épreuve qui n'était autre que la finale des sept ans de la côte Est. Notre plaisir est de voir Cyril monter nos chevaux. Je n'aime pas les vendre, mais dans ce genre d'écurie ils sont bien gérés et soignés, alors je suis plutôt contente qu'elle soit arrivée là», se réjouit Carole Fontaine.
Les concepteurs de Tokyo du Soleil
Si Scarlett est la première jument de ce niveau née à l'élevage du Sart, qui s'appelait précédemment l'élevage d'O - «À la mort du père d'Eric, nous avons repris l'affixe de son élevage», précise Carole -, un autre grand champion a été conçu dans cette petite exploitation nordiste, Tokyo du Soleil, champion d'Italie et gagnant notamment des Coupes des nations de Rome et Saint-Gall et membre de l'équipe italienne aux championnats d'Europe Longines de Göteborg et Rotterdam ainsi qu'aux Jeux équestres mondiaux de Tryon avec Lucas Marziani.«Nous avions acheté Irlande (SF, Papillon Rouge x Uriel), qui nous a donné plusieurs pouliches (dont Maowi d'O, mère de Québec un Prince, ISO 157 avec Lalie Saclier, ndlr). En 2006, j'ai fait saillir Irlande par Montender et j'ai vendu la jument pleine à Marianne Eichenberg, ce qui a donné Tokyo du Soleil. Là, nous n'avons plus fait naître de poulains depuis quelques années, mais nous avons deux petites-filles d'Irlande, avec lesquelles nous allons continuer l'élevage.»
Carole rêve également de pouvoir un jour récupérer Scarlett. «C'est une pouliche qui a toujours eu un peu de tempérament et qui était très attachante. Elle est très maligne, intuitive, rapide au sol et hyper respectueuse. Elle a toujours été chouette, un peu chaude parce qu'elle a énormément de sang, mais très gentille. Elle a une particularité: quand elle saute, elle a toujours les oreilles complètement vers l'avant, quasiment à l'horizontale. Je ne voudrais faire naître que des chevaux comme elle et j'aimerais un jour pouvoir la retrouver à l'élevage quand elle aura fini sa carrière sportive», conclut Carole.