“Une performance à Göteborg est un objectif réalisable”, Olivier Robert

En se classant huitième de la Coupe du monde Longines de Leipzig hier après-midi avec Tempo de Paban, Olivier Robert a composté son ticket pour la finale du circuit, qui se tiendra du 3 au 7 avril, à Göteborg, en Suède. Deuxième Tricolore à se qualifier après Kevin Staut, le sympathique Aquitain a confié sa joie à GRANDPRIX, ne tarissant pas d’éloges sur son Anglo Arabe de douze ans. Bien décidé à briller en Scandinavie, il a livré son plan de bataille, mais s’est aussi s’est confié sur l’éviction de Philippe Guerdat et en a profité pour annoncer la fin de carrière de Quenelle du Py. Entretien. 



Quenelle du Py fera un dernier tour de piste le mois prochain.

Quenelle du Py fera un dernier tour de piste le mois prochain.

© Scoodpyga

GRANDPRIX-Replay.com : Après huit étapes courues, vous êtes désormais qualifié pour la finale de la Coupe du monde Longines de Göteborg, une excellente nouvelle en ce début d’année!
Olivier Robert : En effet oui, le bilan est bon! Tempo a fait quatre sans faute sur six Coupes du monde courues, donc si la qualification est avérée, elle est méritée pour mon cheval. Je suis extrêmement satisfait à titre personnel puisque l’année dernière, en ayant couru six étapes, j’avais un beau zéro pointé au classement général. Mon affaire n’était pas bien au point, tandis que cette année, j’ai senti que Tempo a bien mûri. Pour l’heure, c’est une belle saison hivernale, ce qui me rend très heureux. 
 
GPR. : Aujourd’hui âgé de douze ans, Tempo de Paban semble en effet avoir franchi un véritable cap cet hiver. Comment jugez-vous son évolution et le trouvez-vous plus à l’aide en indoor? 
O.R. : Absolument, il a eu un sacré déclic cette année et c’est indiscutable, il est bien plus à l’aise en indoor. Toutefois, maintenant qu’il saute très bien le bleu (les rivières et les bidets, ndlr), rien ne me dit qu’il ne va pas également exploser en extérieur…
 
GPR. : Savez-vous déjà quelle stratégie adopterez-vous pour la finale de la Coupe du monde Longines de Göteborg? 
O.R. : Je dois encore y réfléchir un peu, mais ce qui est sûr c’est que Tempo va se reposer. Il sautera le deuxième week-end de février à Bordeaux car c’est chez moi, et au cas où je doive grappiller encore quelques points. En attendant, il va avoir une bonne période de break lors de laquelle nous pourrons encore peaufiner les derniers détails et lui apporter des soins si nécessaire. L’an passé, il avait fait quelques petits parcours au Sunshine Tour afin de le garder en forme. En rentrant, il s’était directement classé quatrième du Grand Prix CSI 5* du Saut Hermès, à Paris. Je ne sais pas encore quel sera le programme exact avant la finale, mais les discussions ont débuté ce matin. 
En réalité, ce n’est pas une fin en soi d’être qualifié. J’estime que mon cheval est exceptionnel et qu’il sort de l’ordinaire, je ne veux donc pas aller à la finale de Göteborg juste pour participer, je veux y faire une performance. Mon regard est tourné vers cette échéance, la balle est dans mon camp pour réussir à transformer l’essai de la meilleure des manières. Faire une grosse performance à Göteborg, c’est mon objectif! Et pour moi, c’est indiscutablement réalisable. 


“Participer à la finale avec Eros et Tempo serait idéal”

GPR. : Le format de la finale de Coupe du monde Longines permet de compter sur deux chevaux. Pensez-vous seulement emmener Tempo de Paban en Suède? 
O.R. : Non, dans l’idée, Eros l’accompagnerait car il est très rapide et pourrait donc faire une belle ouverture. Avec Martine Leguille-Balloy, sa propriétaire, nous avons choisi de lui laisser un mois de break. Il a eu de beaux résultats au mois de décembre (le fils de Querlybet Hero a remporté l’épreuve majeure du vendredi au CSI 5*-W de La Corogne, avant de se classer quatrième d’une épreuve à 1,60m le lendemain, ndlr) alors que j’imaginais cela impensable pour lui en indoor. Tempo est quant à lui toujours un peu crispé en début de concours, ce qui pourrait lui permettre de prendre ses marques plus gentiment. Dans mon esprit, participer à la finale avec Eros et Tempo serait idéal. Nous allons tenter de garder les chevaux en former et de mettre en place le programme le plus cohérent possible pour être performant. Je n’ai pas l’expérience de Kevin (Staut, ndlr) pour savoir exactement quoi faire, mais je vais écouter les conseils que l’on me donne et tout mettre en place pour réussir. 
 
GPR. : Vivaldi des Meneaux, le champion de France Pro Élite en titre, et Vangog du Mas Garnier ont désormais dix ans. 2019 devrait être une année charnière pour eux… 
O.R. : Absolument oui! Tous deux ont déjà été assez incroyables à neuf ans... Vivaldi est lui aussi au repos depuis le CSI 5*-W de Madrid, en novembre. Je devrais l’avoir en pleine forme en faisant régulièrement des pauses de deux mois ou deux mois et demi, ce qui a été le cas pour Eros l’an dernier. Mes chevaux sont frais et prêts, c’est tout ce qui compte!


“La nomination de Thierry Pomel est une très bonne nouvelle”

Aux côtés de Philippe Guerdat, Olivier Robert assure avoir passé six excellentes années.

Aux côtés de Philippe Guerdat, Olivier Robert assure avoir passé six excellentes années.

© Sportfot

GPR. : Ces dernières semaines ont été marquées par l’éviction de Philippe Guerdat du poste de sélectionneur de l’équipe de France de saut d'obstacles et son remplacement par Thierry Pomel. A posteriori, comment avez-vous vécu cette période? 
O.R. : J’ai très mal vécu le départ de Philippe. Nous avons passé des moments exceptionnels ensemble et étions passés au-delà de la simple relation sélectionneur-cavalier. Il était extrêmement présent et j’ai passé six excellentes saisons avec lui. Lorsqu’il est arrivé en poste, je manquais de chevaux mais il m’a aidé à prendre des décisions très fortes. Il m’a par exemple incité à me séparer de propriétaires ou de chevaux avec lesquels ça ne matchait pas. Il fallait faire le tri, et il m’a fortement conseillé de bien m’occuper de Raia d’Helby et Quenelle du Py lorsqu’elles avaient huit et neuf ans. Nous avons construit un programme qui a mené ces juments à être performantes en Coupes du monde. J’ai constamment suivi ses conseils, même s’il ne m’a pas toujours ménagé. Il y a eu des moments durs, tout n’a pas toujours été rose. Je n’ai par exemple participé à aucun championnat. Quoi qu’il en soit, je ne retiens que des moments exceptionnels, à pied comme à cheval. Pour moi et pour certains de mes coéquipiers, son éviction a donc été très dure à vivre. Il faut toutefois aller de l’avant ! 
Je n’ai pas connu Henk Nooren (nommé formateur de l’équipe de France, ndlr) en tant que sélectionneur français puisque je n’avais fait aucune Coupe des nations à l’époque. Quant à Thierry Pomel, nous avons fait plein de Coupes des nations avec lui car il était le bras droit de Philippe ces dernières années. S’il y avait quelqu’un à choisir, c’était bien lui car il est connu des cavaliers français. Il est franc et a des objectifs très élevés, ce qui nous plait beaucoup. Il y a donc une continuité, et sa nomination comme sélectionneur français est une très bonne nouvelle. 
 
GPR. : Vous parliez de Quenelle du Py, que l’on n’a pas revue en compétition depuis bientôt un an. Comment se porte-t-elle? 
O.R. : Encore récemment, je n’avais pas pris de décision concernant la suite de sa carrière. C’est désormais chose faite, puisqu’elle fera ses adieux à Bordeaux. Elle est en pleine forme et en parfaite santé mais j’ai la chance d’avoir un piquet de chevaux suffisamment fourni. Notre avant-dernier concours à Bâle avait été exceptionnel (le couple s’était classé deux fois sur des épreuves à 1,50m, ndlr) mais je l’avais blessée quelques semaines après dans la Coupe du monde de Bordeaux. Je n’en étais pas fier… Nous l’avons soignée et cela a porté ses fruits, mais si je venais à la blesser à nouveau en piste ce serait catastrophique. En me qualifiant pour la finale de la Coupe du monde hier, Tempo m’a donc permis de tourner la page Quenelle...