Sophie Dubourg, une brillante cadre technique face au plus grand défi de sa carrière
Avant-hier, le président de la Fédération française d'équitation Serge Lecomte a annoncé au quotidien sportif L'Équipe que la directrice technique nationale Sophie Dubourg allait reprendre elle-même les fonctions de sélectionneur national jusqu’alors accomplies par Philippe Guerdat. Après plus de sept ans de travail au service de la FFE, cette discrète quadragénaire, pivot de sa politique sportive et jugée irremplaçable par ses élus, va prendre une nouvelle dimension. Portrait.
Après des semaines de silence, Serge Lecomte, président de la Fédération française d'équitation, a déclaré avant-hier soir dans une interview accordée à nos confrères de L'Équipe que Sophie Dubourg allait finalement remplacer Philippe Guerdat au poste de sélectionneur national de l'équipe de France de saut d'obstacles. Plus exactement, l'actuelle directrice technique nationale en récupère les attributions et sera épaulée par un entraîneur, dont l'identité sera annoncée début janvier, de même que la nouvelle stratégie de la FFE. "Nous allons chercher parmi les meilleurs entraîneurs", a notamment déclaré Serge Lecomte à L'Équipe. "Des discussions sont en cours, mais des techniciens de ce type sont peu nombreux sur le marché mondial. Nos contacts vont plutôt vers des étrangers, même si certains Français sont très bons."
Si elle est encore assez peu connue du grand public, Sophie Dubourg œuvre déjà depuis très longtemps auprès de la FFE. Cadre technique régionale de 1996 à 2002 en Picardie, en Auvergne et dans le Centre, puis membre de la direction technique nationale en charge des officiels de compétition, de la formation et de la compétition, cette quadragénaire passionnée de sport a été nommée directrice technique nationale adjointe au saut d'obstacles en janvier 2011. Deux ans et quelques mois plus tard, la fonctionnaire a endossé le rôle de directrice technique nationale de la FFE, succédant à Pascal Dubois.
Si cette ascension semble à la fois linéaire et logique compte tenu des qualités qu'elle a démontrées tout au long de son parcours, rien n'était gagné selon elle, qui plus est pour une femme dans un monde très masculin... "En face de moi, il y avait effectivement beaucoup d'hommes", avait-elle raconté dans l'émission On passe à table, produite par nos confrères de l'Éperon. "Quand j'ai été nommée, il y avait un peu d'inquiétudes vis-à-vis de mon charisme et de mon autorité..."
Si elle est encore assez peu connue du grand public, Sophie Dubourg œuvre déjà depuis très longtemps auprès de la FFE. Cadre technique régionale de 1996 à 2002 en Picardie, en Auvergne et dans le Centre, puis membre de la direction technique nationale en charge des officiels de compétition, de la formation et de la compétition, cette quadragénaire passionnée de sport a été nommée directrice technique nationale adjointe au saut d'obstacles en janvier 2011. Deux ans et quelques mois plus tard, la fonctionnaire a endossé le rôle de directrice technique nationale de la FFE, succédant à Pascal Dubois.
Si cette ascension semble à la fois linéaire et logique compte tenu des qualités qu'elle a démontrées tout au long de son parcours, rien n'était gagné selon elle, qui plus est pour une femme dans un monde très masculin... "En face de moi, il y avait effectivement beaucoup d'hommes", avait-elle raconté dans l'émission On passe à table, produite par nos confrères de l'Éperon. "Quand j'ai été nommée, il y avait un peu d'inquiétudes vis-à-vis de mon charisme et de mon autorité..."
Un travail qui porte ses fruits
À ce poste, il faut bien lui reconnaître, Sophie Dubourg s'est rendue quasiment indispensable, se vouant pleinement à sa tâche sans compter ses heures et ses efforts au service du développement de toutes les disciplines placées sous l'égide de la FFE par le ministère de la Jeunesse et des Sports. En déplacement quasiment tous les week-ends, la DTN, installée dans une belle et grande maison située près de Vierzon, à deux heures au sud de Paris et cinquante kilomètres du Parc équestre fédéral de Lamotte-Beuvron, a un rythme de vie effrené. Mère d'enfants et adolescents totalement hermétiques à sa passion pour le cheval, et mariée à un agent immobilier, la brune n'a même plus le temps de monter! Ayant également pratiqué l'athlétisme, la cadre de la fonction publique a longtemps monté en saut d'obstacles en tant qu'amateur, évoluant en compétition jusqu'en CSI 2* et dans des épreuves cotées jusqu'à 1,40m.Depuis sa nomination, son dévouement semble porter ses fruits, à en juger par le bon bilan français aux Jeux équestres mondiaux de Normandie, aux trois médailles, dont deux en or, aux Jeux olympiques de Rio, au retour du concours complet tricolore au tout premier plan, encore confirmé cet été aux JEM de Tryon, aux progrès considérables de la France en attelage, avec une quatrième place à la fois frustrante et historique à Tryon, à l'éveil du reining tricolore, sixième aux JEM, grâce - mais pas uniquement - à l'apport de Français établis aux États-Unis, etc. Ces succès, Sophie Dubourg et la FFE les doivent évidemment à un excellent casting de techniciens: Philippe Guerdat en saut d'obstacles, Thierry Touzaint et Michel Asseray en complet, Bénédicte Émond-Bon en endurance, Félix-Marie Brasseur et Quentin Simonet en attelage, Davy Delaire et ses intervenants en voltige, Guy Duponchel en reining. En 2016, aidée d’un staff soudé et investi, Sophie Dubourg s’était évidemment réjouie de voir l’équipe de France qualifiée dans les trois disciplines olympiques pour les Jeux de Rio de Janeiro, ce qui n’était plus arrivé depuis 1996 ! "C’est presque devenu une banalité", avait-elle d’ailleurs déclaré en souriant.
Pour autant, tout n'est évidement pas parfait dans ce bilan. On pense au dressage, où les efforts des cavaliers et propriétaires, de la directrice technique nationale adjointe Emmanuelle Schramm-Rossi et de l'entraîneur-sélectionneur Jan Bemelmans, qui devraient rester en poste en 2019, n'ont pas encore permis à l'équipe de France de se réinstaller dans l'élite. On pense aussi au para-dressage, où les volontés de structuration n'ont pas - encore ? - apporté les résultats escomptés. On pense à la voltige, où la FFE a décidé de ne pas envoyer d'équipe aux derniers JEM en raison de problèmes privés, se privant de deux vraies chances de médailles. Et on pense au saut d'obstacles chez les Enfants, Juniors et Jeunes Cavaliers, où les médailles se font de plus en plus rares, à l'image du zéro pointé des Bleuets aux derniers championnats d'Europe Longines de Fontainebleau, organisés par GRANDPRIX.
Et puis, lors des derniers JEM en Caroline-du-Nord, l’équipe de France de saut d’obstacles n’est pas parvenue à décrocher sa qualification pour les prochains JO de 2020, terminant neuvième... Une contre-performance s’expliquant surtout par des facteurs extérieurs aux choix de l’ancien sélectionneur Philippe Guerdat, dont les pépins de santé d’Aquila*HDC et de Sangria du Coty, ou encore la baisse de forme de Hermès Ryan des Hayettes. En 2017 déjà, les Bleus avaient fini septièmes des championnats d’Europe Longines de Göteborg et avaient échoué à la finale mondiale des Coupes des nations Longines de Barcelone. Pour autant, il faut rappeler que la stratégie mise en place à l'époque par la DTN était de faire l'impasse sur un objectif de résultats afin de mieux préparer l'avenir. "Ce ne sera pas facile et j’appréhende un peu le futur proche, car je suis persuadée que les performances suivent des cycles. Il serait risqué de vouloir maintenir ce rythme", avait d’ailleurs confié Sophie Dubourg dans un entretien pour GRANDPRIX juste après les Jeux de Rio. "C'est une période d'ouverture", avait-elle aussi déclaré à l’Agence France Presse. "Nous avons profité des championnats d'Europe, qui n'étaient pas qualificatifs pour les prochains JO, afin d'intégrer de nouveaux couples à l'équipe de France. Nous avons pris des risques et les sélectionneurs ont vraiment joué le jeu. Alors oui, nous avons eu moins de résultats, mais nos jeunes couples ont grandi."
De l'ombre à la lumière
Si Sophie Dubourg œuvre depuis huit ans au service des différentes discplines équestres, et notamment du saut d'obstacles, ses fonctions l'ont jusqu'alors rarement placée en première ligne. Alors qu'elle travaillait constamment en coulisses, ou à minima en retrait du sélectionneur national et chef d'équipe, la quadragénaire va désormais devoir assumer publiquement une mission à la fois complexe et périlleuse, avec un objectif prioritaire: qualifier le jumping tricolore pour les JO de Tokyo. "Il y a un commencement à tout dans la vie. Il y en a bien eu un pour moi. Il est clair que le métier de sélectionneur induit bien d’autres soucis que ceux, déjà nombreux, que rencontre un directeur technique national au quotidien", a déclaré Philippe Guerdat dans l'entretien qu'il a accordé hier à GRANDPRIX.On l'aura compris, la quadragénaire, même aidée d'un entraîneur de renom, s'apprête à relever le plus grand défi de sa carrière. Gageons pour les Bleus et pour l'avenir de l'équitation française que la FFE gagne son pari.