Qui peut succéder à Philippe Guerdat ?

Bien que la Fédération française d’équitation n’ait toujours pas officiellement confirmé sa décision, il semble acquis que Philippe Guerdat ne sera plus le sélectionneur national de l’équipe de France de saut d’obstacles. Reste à lui trouver un successeur, qui aura pour mission première, dès l’été prochain, de qualifier les Bleus pour les Jeux olympiques de Tokyo. Si Thierry Pomel tient la corde, rien ne serait encore finalisé à ce jour, ce qui laisse planer bien des doutes. (mis à jour à 20h05 avec la réponse écrite de Henk Nooren)



“Rien n’est décidé pour le moment”, assure-t-on du côté de la Fédération française d’équitation. À la lecture de cette phrase, faut-il comprendre que Philippe Guerdat pourrait rester le sélectionneur de l’équipe tricolore de saut d’obstacles? C’est fort peu probable, malgré tous les messages de soutien publiés depuis ce week-end par de grands noms du jumping sur les réseaux sociaux, relayés par les témoignages d’autres personnalités interrogées par GRANDPRIX (lire également ici, ici, ici et ici). Lundi, le Suisse, en poste depuis février 2013, a été reçu par Serge Lecomte, président de la FFE, qui lui aurait officiellement notifié son intention de mettre un terme à leur collaboration, laquelle devait se poursuivre jusqu’à fin 2020. Hier après-midi, le bureau de la FFE devait entériner cette décision, qui n’est pas sans conséquences sur le plan sportif, mais aussi en termes financiers, même si l’on ignore évidemment les termes du contrat signé fin 2016, quelques mois après le triomphe des Bleus aux Jeux olympiques de Rio.

 

Depuis, la Fédération n’a rien communiqué quant à cette réunion de bureau, sinon que… “Rien n’est décidé pour le moment”. Ce n’est évidemment qu’une supposition, mais peut-être préfère-t-elle attendre de pouvoir annoncer le nom du successeur de Philippe Guerdat. Faut-il alors comprendre que Thierry Pomel, pressenti pour remplacer le Jurassien, hésite à relever le défi ou bien que des négociations sont toujours en cours? Cet après-midi, GRANDPRIX a posé la question à l’actuel sélectionneur adjoint, en poste depuis fin 2010. “J’aurai beaucoup de plaisir et d’intérêt à parler de sport si l’occasion s’en présente à l’avenir”, a-t-il répondu. Ni oui ni non donc, ce qui se comprend tout à fait dans la situation actuelle. La rédaction a également interrogé par écrit Henk Nooren, entraîneur national de 2009 à 2012 et sélectionneur national en 2011 et 2012. “Je n’ai pas eu de contacts directs du tout avec la Fédération francaise”, repond le Néerlandais, pourtant fortement pressenti pour réintégrer le staff fédéral, plus vraisemblablement comme entraîneur que comme sélectionneur. Après l’échec des Jeux olympiques de Londres, on se souvient que les cavaliers n’avaient pas plaidé pour son maintien en poste fin 2012…

 

Si jamais l’équipe de France n’était pas reprise en main par ce duo, quelles autres solutions s’offriraient à la FFE? On sait que Philippe Rozier s’était dit prêt à aider l’équipe de France. Mais est-ce toujours le cas? D’autant que le champion olympique de Rio a encore des ambitions sportives personnelles évidemment incompatibles avec la mission de sélectionneur. Compte tenu des mots qu’il a employés ce matin pour qualifier ses sentiments sur les réseaux sociaux, le Brésilien Rodrigo Pessoa, qu’on aurait pu imaginer succéder à Philippe Guerdat après 2020, ne constitue pas une option envisageable. On imagine tout aussi mal Jean-Maurice Bonneau, sélectionneur de 2001 à 2006, et qui avait très sérieusement envisagé un retour aux affaires fin 2012 après le désastre des JO de Londres, accepter une telle mission aujourd’hui. Du reste, il y a fort peu de chance que la FFE le lui propose… Idem pour Gilles Bertran de Balanda, sélectionneur en 2007 et 2008, aujourd’hui moins présent à haut niveau et pleinement mobilisé dans le développement de son académie provençale.

 

Pourrait-on alors envisager un retour de Laurent Élias, sélectionneur avec lequel la France avait renoué avec les podiums en 2009 et 2010, après plusieurs années de disette? Peu vraisemblable là encore. Hervé Godignon? Encore moins, compte tenu de ses engagements politiques, lui qui s’était présenté face à Serge Lecomte lors des dernières élections fédérales. Michel Robert? Improbable quand on sait que le maître a toujours écarté cette éventualité, préférant entraîner quelques chevaux et quelques cavaliers plutôt que de devoir effectuer des sélections à longueur d’années, un peu à l’image de Henk Nooren. Bref, il doit bien exister quelques candidats crédibles et disponibles, mais ils ne sont sûrement pas légion, qui plus est dans les circonstances actuelles…