Dans le Grand Match, Diego de Blondel a pris de la vitesse!
À Saint-Lô, après les jeunes étalons le vendredi, la soirée du samedi a été consacrée à ceux âgés de sept ans et plus. Répartis en deux catégories, les chevaux de sept et huit ans d’un côté et ceux âgés de neuf ans et plus de l’autre, les candidats ont dû s'astreindre à un exercice somme toute difficile pour un début de saison, enchaîner un parcours dans un espace assez réduit. Malgré tout, cette épreuve a permis de distinguer deux chevaux prometteurs, Gold Sky de Pégase et Diego de Blondel.
Soyons honnêtes, ce Grand Match relevait davantage de la démonstration que de la véritable épreuve sportive. À l'instar de la veille lors de l’épreuve réservée aux jeunes étalons de quatre, cinq et six ans, le parcours installé sur une piste réduite -le manège du Pôle Hippique de Saint-Lô étant amputé de l'espace occupé par les stands installés sur trois des quatre côtés- a demandé aux chevaux et à leurs pilotes de faire preuve d'agilité et de souplesse. Ce sont d'ailleurs deux qualités indiscutables incarnées par les lauréats de cette compétition disputée sur deux manches identiques jugées au barème A au chrono -avec quelques obstacles rehaussés-, dont les ex aequo en termes de points ont été départagés lors d’un barrage.
Ciel azur pour la famille Ragot
Depuis l'accident survenu à son fidèle et très prometteur Thaïs de Pégase (Holst, Calvaro), Alix Ragot attendait patiemment que l'un de ses produits prenne le relais et lui ouvre à nouveau les portes du haut niveau. Il semblerait que Gold Sky de Pégase soit l'heureux élu. Ce chic bai au physique très moderne a présenté beaucoup de souplesse et de réactivité sur la petite piste du manège normand, notamment lors du barrage qu’il a disputé dans la catégorie des sept et huit ans, le menant à la victoire. “C'était compliqué” a avoué Frédéric Ragot, père d'Alix et impliqué dans l'élevage familial. “Alix a hésité à s’élancer sur la deuxième manche, il ne voulait pas infliger ça à Gold Sky. Nous en avons un peu parlé parce qu’il part à Vejer de la Frontera dans quinze jours. Avec ce résultat, nous avons décidé qu’il ne concourrait pas le week-end prochain. Il fallait qu'il montre ici les qualités de son père et les siennes.” Ému, Frédéric Ragot, autant passionné par les chevaux que par son métier d'origine, les montgolfières, a vécu ce moment avec intensité. “Nous sommes ici à Saint-Lô au milieu de professionnels qui ont fabriqué des chevaux merveilleux. À l'origine, j'étais un amateur. Les chevaux m'ont formé, tout comme Alix. Cela nous a permis d'accéder aux plus belles épreuves avec des chevaux nés chez nous. Je n'ai pas encore l'impression d'appartenir à la cour des grands mais peut-être que l'on s'en approche.” Naturellement, la comparaison avec le père de Gold Sky, Thais, s’est imposée. “J'aime tous mes chevaux. Gold a un mental exceptionnel. Les chevaux modernes ont besoin de galop, d'amplitude, de respect et de sang, et les nôtres ont tout ça. Tout cela résulte peut-être de chance et de patience. En tout cas, nous les attendons et leur laissons du temps, comme certains fils de Thais de cinq et six ans un peu tardifs. Tout le monde ne peut pas se permettre cela” a-t-il conclu.
Face à Gold Sky de Pégase, Fifty Fifty Semilly, un Selle Français fils du regretté Diamant de Semilly, s’est octroyé la deuxième place sous la selle de Clément Fortin. Un autre produit de Semilly, Good Pleasure Semilly (Hann, For Pleasure) a complété le podium de cette catégorie avec Dylan Levallois.
Diego de Blondel, digne héritier de Michel Ruel
Chouchouté par Elodie et Stéphane Dufour depuis sa naissance, Diego de Blondel, fils de Vigo Cécé, progresse d'année en année. Après une saison 2022 effectuée sous la selle de Nicolas Delmotte, qui lui a permis d'aborder le grand sport, Diego de Blondel est de retour sur ses terres en ayant pris, semble-t-il, une nouvelle dimension. Plus à l'aise que ses adversaires sur la petite piste de ce Grand Match, après un premier parcours sans faute, il a montré au barrage qu'il savait désormais sauter haut tout en allant vite. “C'était très plaisant” a avoué Stéphane Dufour, son cavalier. “C'est la première fois que nous gagnons cette épreuve. Nous nous connaissons bien. Ce type d'exercice n'est pas toujours facile pour un cheval avec beaucoup d'action comme lui. Il s'est bien comporté et s'est montré très disponible. Je me suis fait plaisir”. Confié à Nicolas Delmotte l'an dernier avec l’objectif de découvrir le circuit international, le petit-fils de la célèbre Vergonne II (SF, Paladin des Ifs) a dominé cette épreuve et montré qu'il avait passé un cap. “Nous voulions aussi que les éleveurs le revoient. Le contrat est rempli. Il a gagné en maturité et on commence à vraiment prendre plaisir. Je peux accélérer et il se prend au jeu, c'est vraiment agréable”. Sa première vraie génération de produits prend quatre ans cette année et sera très probablement scrutée par les amateurs de belle génétique. “Nous avons notamment Iego de Savigny, neveu de l'ancienne jument de grand prix de Stéphane, Ultra Star de Savigny” a précisé Elodie Dufour.
Avec sa fidèle cavalière Louna Garo, Carbone du Cyan (SF, Diamant de Semilly), qui a effectué quelques parcours sous la selle de Julien Épaillard l’année dernière) s’est classé deuxième après avoir lui aussi réalisé un parcours parfait. Ekano DKS (KWPN, Kannan) a pris la troisième place, piloté par Jean-Marc Le Guennec.