“J’espère pouvoir m’entrainer plus régulièrement avec Marcus Ehning”, Lisa Nooren

À seulement vingt-et-un ans, Lisa Nooren était au départ du mythique CHI de Genève le week-end dernier. Au milieu des meilleurs, la Néerlandaise n'a pas démérité et a livré de belles prestations, parvenant même à se qualifier pour le Grand Prix. Raisonnable, elle n'en a toutefois pas pris le départ, préférant attendre d'être fin prête pour un tel rendez-vous. Ultra entourée avec son père Henk Nooren et le vainqueur du Grand Prix du concours genevois Marcus Ehning, la jeune amazone qui a déjà connu un sacré succès dans les ses jeunes années est bien déterminée à se faire un prénom dans la cour des grands. 



À dix-huit ans seulement, Lisa Nooren s'était déjà imposée dans un Grand Prix CSI 5*, en 2015 à La Corogne.

À dix-huit ans seulement, Lisa Nooren s'était déjà imposée dans un Grand Prix CSI 5*, en 2015 à La Corogne.

© Longines Media Center

GRANDPRIX-Replay.com : Vous concourez à Genève pour la première fois, qu’est-ce que cela représente pour vous ? 
Lisa Nooren : Je dois dire que c’est assez impressionnant ! Au début, je ne me sentais pas vraiment à ma place mais je suis très contente du week-end, mes chevaux sont très bien. Je serai encore au départ d’une épreuve ce soir, à l’issue de laquelle je déciderai si je fais le Grand Prix ou pas (interview réalisée le 8 décembre, ndlr). Si je décide de la faire, je ne sais pas encore si j’engagerai avec Sabech ou Dienellie (la Néerlandaise a finalement décidé de ne pas prendre le départ de l’épreuve, ndlr). Le premier n’a pas beaucoup concouru cet hiver, donc on verra ! 
 
GPR. : Vous représentez ici les Pays-Bas aux côtés du multimédaillé Jeroen Dubbeldam et du numéro un mondial Harrie Smolders. Cela ne vous met-il pas trop de pression ? 
L.N. : Non, ils sont vraiment sympas avec moi et m’aident un peu. Je me sens bien entourée, et je peux également compter sur mon père (Henk Nooren, ndlr) et Marcus Ehning qui m’aide grâce à la Young Riders Academy. 
 
GPR. : Plus largement, comment vous sentez-vous au sein de l’équipe néerlandaise qui ne manque pas de cavaliers, et comment essayez-vous de vous faire une place ? Quels rapports entretenez-vous avec le chef d’équipe Rob Ehrens ? 
L.N. : Nous nous voyons en concours, et j’ai par exemple fait la Coupe des nations de Gijón cette année avec une équipe relativement jeune, hormis Leon Thijssen qui a plus d’expérience (la cavalière a participé à la troisième place des Pays-Bas aux côtés de Leon Thijssen, Sanne Thijssen et Doron Kuipers, ndlr). Nous nous entraidons tous en concours et l’ambiance est sympa. Se faire une place n’est pas facile, car nous avons de très bons cavaliers qui retrouvent constamment d’aussi bons chevaux. Toutefois, on a par exemple vu cet été Frank Schuttert aux Jeux équestres mondiaux de Tryon alors qu’il n’a que vingt-cinq ans. Cela est donc difficile mais pas impossible ; il faut accumuler de l’expérience, se battre, et je crois que mes efforts commencent à payer. Rob Ehrens accorde beaucoup de confiance aux cavaliers, et je sais que si j’ai une question à lui poser il y répondra avec plaisir. Il donne la chance aux jeunes afin que nous engrangions de l’expérience. 
 
GPR. : Il y a trois ans, vous remportiez le Grand Prix CSI 5* Longines de La Corogne avec VDL Groep Sabech d’Ha. Qu’est-ce que cette victoire a changé ? 
L.N. : Franchement, je ne m’y attendais pas du tout ! C’était mon premier Grand Prix CSI 5*, et j’étais vraiment partie en me disant que je verrai si mon cheval et moi étions au niveau. Après l’avoir gagné, je me suis dit « peut-être que ce n’est pas si difficile que cela en fait » (rires). Je me suis finalement rendue compte assez vite que c’était plus dur que ce que je pensais. Je suis très contente d’avoir cette ligne à mon palmarès, qui m’a ouvert beaucoup de portes pour d’autres grands concours. Cette victoire était vraiment formidable, particulièrement car je montais déjà ce cheval depuis longtemps et que nous avons évolué ensemble. 


“Il est primordial que les frais d'engagement restent raisonnables”

Lisa Nooren peut notamment compter sur l'étalon de douze ans VDL Groep Sabech d'Ha.

Lisa Nooren peut notamment compter sur l'étalon de douze ans VDL Groep Sabech d'Ha.

© Scoopdyga

GPR. : Comment s’organise votre entrainement avec votre père et Marcus Ehning ? 
L.N. :  Lorsque je suis en concours et que mon père n’est pas là, comme par exemple les deux premiers jours ici, Marcus Ehning m’épaule. J’espère d’ailleurs pouvoir aller plus régulièrement chez lui l’an prochain. Pour le reste, c’est mon père qui m’aide, notamment lorsque je fais sauter mes chevaux avant de partir en concours. Maintenant, je fais un peu plus de concours toute seule, mais il est toujours important d’avoir un regard extérieur. 
 
GPR. : Vous bénéficiez également des conseils d’une préparatrice mentale. Comment s’organise-t-il et que cela vous apporte-t-il ? 
L.N. : Je fais appel à elle lorsque je sens que j’en ai besoin. Par exemple avant de venir ici à Genève, j’ai travaillé avec elle, et elle est même venue le premier jour. À une époque, j’obtenais d’assez bons résultats sur un niveau d’épreuve relativement bas, et dès lors que je devais prendre part à de plus grandes échéances je perdais tous mes moyens. Je ne savais plus monter ! Depuis que j’ai une préparatrice mentale je suis beaucoup plus concentrée, et j’ai une seule chose en tête c’est d’essayer de faire de mon mieux. 

GPR. : L’an dernier, l’autorité belge de la concurrence vous avait donné raison en référé dans l’affaire qui vous oppose aux promoteurs du Longines Global Champions Tour/Global Champions League au sujet des systèmes d’invitation. Avant cela, votre père avait notamment dénoncé le manque de méritocratie qui découlait de l’accroissement du nombre de pay-cards. Qu’en pensez-vous?
L.N. : Pour prendre l’exemple des Pays-Bas, il y a énormément de jeunes cavaliers qui tentent de se faire une place. C’est vraiment important pour nous de répéter les concours afin d’accroitre notre expérience, et il est primordial que les frais d’engagement restent raisonnables. Je n’ai pas la chance de participer à des concours tels que Genève tous les week-ends, c’est pour cela que je fais très régulièrement des CSI 2*, lors desquels les épreuves valant pour le classement mondial Longines comptent cent partants. La chance de gagner sa vie et des places au classement par ce biais est infime. Il est vraiment fantastique qu’il y existe encore des concours qui n’acceptent pas de pay-cards, comme c’est le cas ici à Genève. De toute façon, on sent la différence, car seuls les meilleurs sont ici et l’ambiance est incroyable.