Beaucoup d’équitants l’ont sans doute remarqué: depuis une demi-douzaine d’années, les capteurs se sont progressivement immiscés dans l’univers du cheval. De fonctions basiques comme la température ou la vitesse, ils se sont petit à petit perfectionnés pour finalement permettre de mesurer les mouvements du cheval en trois dimensions. “Nous travaillons étroitement avec CWD qui a développé la technologie iJump”, explique Élisa Pautex, chargée de mission au sein du Stud-book Selle Français. Le principe: les chevaux étudiés sont équipés d’un surfait contenant des capteurs capables d’enregistrer des données en 3D grâce à la présence d’un accéléromètre et d’un gyroscope. “Il s’agit d’enregistrer toutes les informations relatives au saut, et notamment la vitesse angulaire, un élément encore jamais exploité”, ajoute-t-elle.

Le Stud-book Selle Français lance un appel aux éleveurs afin que des sessions de mesures soient organisées sur l’ensemble du territoire

Chaque sujet, âgé de deux et trois ans, déroule des exercices de saut en liberté selon le schéma habituel adopté lors des concours de modèle et allures, en adaptant bien sûr les hauteurs aux chevaux présentés. “Ces travaux ont débuté voici huit ans dans le cadre du projet SoGen, impliquant l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRA) et le Fonds Éperon”, précise-t-elle. “Il vise à caractériser les chevaux de saut d’obstacles sur le plan de leur morphologie et de leurs allures afin d’inclure ces critères dans le schéma de sélection, de réaliser une analyse génomique améliorant les évaluations génétiques et, pourquoi pas, d’identifier des gènes majeurs. En relançant cette étude, nous voulons accroître la population de référence. Nous avons donc besoin du maximum de chevaux.” Pour cela, le Stud-book Selle Français lance un appel aux éleveurs afin que des sessions de mesures soient organisées sur l’ensemble du territoire. “Cela peut se traduire par une visite dans des élevages disposant au minimum de vingt sujets entrant dans les critères, ou l’organisation de rassemblements ou d’entraînements par les associations régionales d’éleveurs”, indique Élisa Pautex. Au-delà de l’enrichissement de la base de données existante, l’objectif de cette campagne de recherche est de savoir si les chiffres recueillis seront corrélés ou non aux futures performances des chevaux concernés. “Nous cherchons à mieux caractériser les chevaux et en particulier les reproducteurs, et ainsi mieux définir les caractères prédictifs de la performance”, ajoute-t-elle.

“Nous étudions s’il existe une concordance entre ces notes et les statistiques obtenues”

Bien entendu, cette étude ne remplace en aucun cas l’œil expert des juges Selle Français, pleinement associés à l’opération. “Tous les chevaux étudiés sont montrés en vidéo à un groupe de cinq juges, les notant selon la grille traditionnelle des concours d’élevage et remplissant également la feuille de pontage”, explique-t-elle. “Nous étudions ensuite s’il existe une concordance entre ces notes et les statistiques obtenues par le biais du dispositif de capteurs. Avec l’arrivée de la génomique, cette étude nous offrira l’occasion de croiser ces nouvelles données avec d’autres paramètres afin de nous aider à déterminer le programme de sélection.” Loin de remplacer le savoir-faire unique des juges, il s’agit au contraire de venir compléter l’observation par l’œil humain et de renforcer les connaissances sur les chevaux de sport. “Les éleveurs acceptant de nous accompagner dans cette démarche se verront remettre les données de leurs chevaux, accompagnées d’explications, ainsi que les vidéos correspondantes et les grilles de notation de nos juges.” 

La campagne se déroulera d’avril à juillet 2023. Si vous souhaitez y participer, contactez Élisa Pautex au 06.22.20.51.57 ou par mail à [email protected] 

Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX.