Charlotte Fry et Glamourdale intouchables à Fontainebleau, où les Bleus font plaisir à voir
Comme attendu, Charlotte Fry et Glamourdale ont aisément remporté la Reprise Libre en Musique du CDI 5* du Printemps des sports équestres, cet après-midi à Fontainebleau. La Britannique et l’athlétique étalon KWPN ont obtenu 89,36%, précédant l’Allemande Dorothee Schneider, deuxième sur First Romance 2 (82,25%), et l’Espagnol Juan Antonio Jimenez Cobo, troisième avec Euclides Mor (78,97%). Meilleur des quatre Français au départ, Corentin Pottier a pris une belle cinquième place sur Gotilas du Feuillard (77,53%).
On aurait aimé les voir en finale de la Coupe du monde, il y a deux semaines à Omaha, aux États-Unis, histoire d’assister enfin à un premier vrai duel au sommet avec Jessica von Bredow-Werndl et TSF Dalera BB, qu’ils n’avaient guère croisés qu’au CDI 4* de Hagen en 2021. Si Charlotte Fry et son entourage ont choisi, tactiquement sans doute, de reculer la date de cet alléchant mano a mano, on a retrouvé avec bonheur la Britannique et son Glamourdale ce week-end à Fontainebleau. L’an passé, en l’absence de l’Allemande et de sa brillante jument de seize ans, la Britannique et son extraordinaire KWPN de douze ans avaient remporté deux médailles d’or individuelles aux championnats du monde de Herning. Au CDI-W de Londres, en décembre, ils avaient frisé les 91% dans la Reprise Libre en Musique. En Seine-et-Marne, où le Printemps des sports équestres a pour la première fois accueilli un CDI 5*, en guise de galop d’essai pour GL events Equestrian Sport à un peu plus d’un an des Jeux olympiques de Paris, Lottie, comme on la surnomme, et son athlétique étalon noir ont séduit les juges autant que le public. Un public présent en très grand nombre, ce qui est suffisamment rare, s’agissant de dressage, pour être souligné. Et objectivement, il a bien fait, tant le spectacle a été de qualité.
À l’arrivée, il n’y a donc pas eu de surprise, puisque les favoris l’ont facilement emporté, obtenant une moyenne de 89,36%. On notera tout de même un écart assez important entre la note de la juge britannique Isobel Wessels (92,375%) et celle du Français Jean-Michel Roudier (85,775%), président du jury, qui a trouvé Glamourdale un peu plus contracté au niveau de la bouche qu’hier. Quoi qu’il en soit, entre le brillant du cheval et la qualité d’exécution de la cavalière, avec des piaffer en rythme, des allongements de rêve et des changements de pied qui ont dû laisser songeurs nombre de cavaliers de saut d’obstacles présents au stade équestre du Grand Parquet, le couple, qui a évolué sur un thème mêlant God Save the King et de grands tubes de Queen, Robbie Williams et The Verve, n’a pas volé les applaudissements qu’il a commencé à recevoir bien avant la fin de sa reprise ni le triomphe qui lui a été réservé après l’arrêt final. Quel charisme!
Corentin Pottier, Morgan Barbançon Mestre et Pauline Basquin dans le bon wagon
La suite du classement n’a pas donné lieu à davantage de surprises puisque cette Libre a accouché du même podium que le Grand Prix disputé hier. Si First Romance 2 n’a clairement pas le même éclat naturel que Glamourdale, on ne peut que saluer la justesse et la précision du travail d’orfèvre de l’Allemande Dorothee Schneider, qui monte depuis sept saisons ce hongre de treize ans. On aurait aimé un thème musical plus original que ce pot-pourri de vieux standards de Joe Cocker, entrecoupés de passages au saxophone un peu datés, mais les goûts et les couleurs… En tout cas, le couple a mérité ses 82,25%. Plus fraîche, latine et électronique a été la bande sonore choisie par Juan Antonio Jimenez Cobo, troisième avec Euclides Mor (78,97%), un étalon Lusitanien de quatorze ans dont l’Espagnol a su valoriser les points forts, piaffer, passage et pirouette, dans un déroulé précis et techniquement relevé. Très heureux de retrouver un stade équestre qui lui avait laissé de beaux souvenirs et dont il apprécie la nouvelle configuration, le sexagénaire s’est amplement satisfait de sa performance et de sa note.
Isabell Werth ayant préféré en rester là après un Grand Prix difficile avec Emilio 107, seuls onze couples ont concouru cet après-midi. La quatrième place est revenue à la Belge Larissa Pauluis et Flambeau (77,565%), auteurs d’une reprise très propre sur un thème mêlant plusieurs tubes de Jean-Jacques Goldman. Nostalgie! Cette place aurait pu revenir à Corentin Pottier, crédité de 77,53% avec son fidèle Gotilas du Feuillard, lui aussi impeccable sur une partition pétillante et guillerette qui leur va bien. L’infime différence s’est sans doute jouée sur les changements de pied, mais l’essentiel est de constater les progrès constants du couple, qui vise évidemment une participation aux JO de Paris. La sixième place a été tout aussi disputée entre Domien Michiels et Morgan Barbançon Mestre, respectivement associés à Intermezzo van het Meerdaalhof et Habana Libre A. Par 76,97% contre 76,66%, le Belge a dépassé la Française, mais sans chauvinisme aucun, cette dernière a laissé une bien meilleure impression d’ensemble sur le rectangle. Le jury espérait vraisemblablement des piaffer et un arrêt mieux maîtrisés, mais le futur cheval de tête de Morgan, comme l’a qualifié Jean Morel, sélectionneur national, a livré une prestation fort prometteuse.
Les champions de France en titre, Pauline Basquin et Sertorius de Rima, fautifs sur les changements de pied au temps, ont fini neuvièmes (75,235%), juste derrière la Néerlandaise Karen Nijvelt et son plaisant et aérien Elysias (75,475%). Les Français ont globalement donné une belle image de leur discipline et démontré leur renouveau, même si Alexandre Ayache et Jolene, onzièmes (70,725%), doivent sûrement encore peaufiner quelques détails. Dans l’optique de Paris 2024, on imagine aussi que le travail des cavaliers, salué par le sélectionneur, se concentre davantage sur le Grand Prix Spécial, support de l’épreuve olympique par équipes, que sur la Libre, finale individuelle ouverte seulement à dix-huit paires. Et surtout, la route de Versailles est encore longue.