La France sacrée championne du monde d’arena polo
Le week-end dernier, la France a remporté le premier championnat du monde d’arena polo après une finale d’anthologie face aux États-Unis dans l’antre du polo mondial, en Argentine. Un exploit historique pour le polo français. Et une belle consécration pour le Polo Club du Domaine de Chantilly dont sont issus les six joueurs qui ont œuvré à ce succès.
Le premier titre de champion du monde d’arena polo, décroché le week-end dernier par l’équipe de France, est d’autant plus emblématiques car obtenu en Argentine, terre de polo par excellence, au Carona Polo Club, à Capilla del Señor, dans la province de Buenos Aires. Six équipes ont pris part à la phase finale: la France et l’Autriche, qualifiées pour la zone Europe, les États-Unis pour l’Amérique du Nord, le Maroc pour le reste du monde et, last but not least, l’Argentine et l’Uruguay, les deux plus fortes nations d’Amérique du Sud. Et la France a tout simplement battu toutes ces équipes!
En phase de poule, Louis Jarrige, Dorian Bulteau et Edwin Robineau ont pris le dessus sur le Maroc, l’Autriche puis l’Uruguay, se qualifiant pour les demi-finales. Forte d’une équipe remaniée avec l’entrée des plus expérimentés Gaëtan Gosset et Adrien Le Gallo, l’équipe de France a été chahutée par l’Autriche et dominée 7-5 à la fin de la troisième période, avant de livrer un ultime chukker exceptionnel en lui infligeant un 6-0 pour un score finale de 11-7 qui les a envoyés en finale face aux États-Unis.
Cette dernière équipe avait affiché ses ambitions et comptait bien repartir avec le titre, comme l’avait clairement annoncé leur joueur n°1, Jared Sheldon, handicap 5, dans les colonnes du magazine ClickPolo, avant ce Mondial. C’était bien parti pour eux dans cette finale, avant que les Français ne se révoltent et égalisent en toute fin du temps réglementaire: 8-8… Et ils l’ont finalement emporté au terme d’une prolongation sur une pénalité des Américains que Gaëtan Gosset ne s’est pas privé de convertir pour décrocher ce premier titre majeur du polo français!
“La demi-finale a été particulièrement dure”, Adrien Le Gallo
Un exploit inoubliable pour ces joueurs, comme le confie Adrien Le Gallo: “Entendre son hymne national avant une finale mondiale était déjà un moment fort en émotion. Cela donne un véritable coup de fouet avant un tel match. La demi-finale a été particulièrement dure pour nous, car nous avons dû nous battre d’un bout à l’autre du match. Nous avons complètement changé de tactique dans la dernière période; un choix gagnant qui nous a permis de mettre à l’Autriche un 6-0 en quelques minutes alors que nous étions menés de 2 goals. Nous ne connaissions pas les chevaux avant cette demi-finale, ce qui constituait une pression supplémentaire. Du coup, nous avons pu établir une liste plus intelligente de chevaux pour la finale (c’est-à-dire choisir l’ordre et le moment d’intervention de chaque cheval, ndlr). En finale, face à des Américains qui sont particulièrement performants en arena polo, nous n’avons rien lâché jusqu’à cette égalisation qui nous a permis d’aller arracher cette victoire en période supplémentaire.”
Comme ses cinq coéquipiers, Adrien Le Gallo est issu de la filière de formation du Polo Club de Chantilly, qui est également le centre fédéral de préparation des équipes de France. Il a tenu rendre hommage à Philippe Perrier, directeur du club et directeur technique national de la Fédération française de polo: “Il se dévoue tellement à la cause du polo français depuis des années… Je trouve que c’est une magnifique récompense pour lui que de voir la France décrocher enfin un titre dans un championnat officiel, même si ce n’est que sur sable. En montant sur le podium, on ressent beaucoup d’émotions et on pense à tout cela. C’est un titre décroché avec des copains, et je suis heureux d’avoir pu terminer le travail commencé par Louis Jarrige et Dorian Bulteau, en nous qualifiant pour cette phase finale de cette façon.”
“Un beau titre pour le polo français, qui, je l’espère, en appellera d’autres”, Matthieu Delfosse
Ces changements tactiques qui ont fait la différence en demi-finale résultent des choix que Matthieu Delfosse, sélectionneur et entraîneur national, a pris à distance en suivant les matchs en direct, envoyant chukker par chukkerses consignes à son adjoint, Célestin Hue, qui était au bord du terrain en Argentine. Un coaching intense qui a porté ses fruits pour le plus grand bonheur du technicien. “C’est une émotion et une joie immenses car ces six garçons ont été tous fabuleux. Ils ont fait preuve d’un énorme courage en finale où ils ont été menés et malmenés avec des chevaux compliqués. Au début de la rencontre, ils avaient le poids de l’enjeu sur les épaules. Toute la journée, je n’ai eu cesse de leur répéter qu’ils pouvaient gagner, qu’ils allaient gagner. Ils n’étaient pas favoris, loin de là, mais ils y ont toujours cru et ils sont allés chercher cette victoire au bout d’un suspense incroyable, en overtime. C’est fabuleux, je suis très, très content pour le groupe. C’est un beau titre pour le polo français, qui, je l’espère, en appellera d’autres.”
France : Gaëtan Gosset 4 (3 goals), Adrien Le Gallo 4 (1) et Edwin Robineau 3 (4). Total: 11.
Remplaçants : Louis Jarrige 5, Dorian Bulteau 4 et Célestin Hue 2.
Coaches: Matthieu Delfosse et Célestin Hue.
États-Unis : Jack McLean 2 (1), Jared Sheldon 5 (6) et Miguel Torres 5 (1). Total: 12.
Remplaçant: Jorge Vásquez 3.
Progression du score: France (1-0) 2-4, 5-6, 6-8, 8-8 et 9-8.
L’ARENA POLO, QU’EST-CE QUE C’EST?
L’Arena est au polo ce que le horse-ball est au pato ou ce que le beach-volley est au volley. Il se joue sur un terrain en sable (arena en espagnol) de dimension plus réduite avec trois joueurs par équipe au lieu de quatre pour le “grand” polo et une balle en cuir de la taille d’un petit ballon de hand. Il nécessite beaucoup de réactivité, de reflexe et d’adresse avec la balle. Pour les amateurs, l’arena est un moyen moins coûteux d’aborder le polo. Il nécessite notamment moins de chevaux et les green-fees sont moins élevés. Pour les joueurs professionnels comme les champions du monde, c’est un moyen de poursuivre entraînement et compétition pendant la trêve hivernale où les terrains en herbe sont fermés. C’est sans doute grâce à un circuit français très compétitif, l’Arena Polo Tour, qui passe par Chantilly, Fontainebleau, Deauville, La Baule et Lamotte-Beuvron, que les Français ont pu se montrer particulièrement prêts et compétitifs pour ce premier championnat du monde. Grâce à ce titre, la France va pouvoir accueillir la deuxième édition de ce Mondial d’arena polo en 2027, sans doute à Chantilly.