Avoir un cheval chez soi ne se néglige pas
Avoir un cheval chez soi implique de l’héberger, le nourrir et l’abreuver selon ses besoins, mais également de lui prodiguer les soins inhérents à sa bonne santé au quotidien, en prévention comme en réaction à une problématique précise. Comment faire pour automatiser et systématiser les égards à apporter à ses protégés afin de ne pas en oublier ? Quels sont les gestes et le matériel à avoir ?
Bien prendre soin de son cheval ne s’improvise pas et n’est pas une option lorsque l’on est propriétaire – d’où la nécessité de bien réfléchir avant de se porter acquéreur d’un équidé, car il faut être certain de pouvoir subvenir à l’intégralité de ses besoins. La première chose à faire pour garantir le bon état physique et mental de son cheval est de conserver son carnet de santé. Aussi, afin de garantir sa mise à jour, et de ne passer à côté d’aucun protocole de soin, il est conseillé de se munir d’un petit carnet ou d’un agenda afin de noter toute intervention réalisée et celles à venir. Depuis quelques années, il existe également des outils plus modernes tels que des appli- cations dédiées et gratuites, à l’instar de My Equimondo, HoCaPa, Groomy, Horse Tracker… Lancée par l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), l’application Cheval Bien-être permet, à partir d’une trentaine d’indicateurs précis rentrés par l’utilisateur sur un cheval donné, d’améliorer ou de modifier ses pratiques pour la santé de ce dernier, autour de quatre piliers : santé, évidemment, mais aussi alimentation, hébergement et comportement.
Ces outils permettent à n’importe quel propriétaire de conserver les données relatives aux soins prodigués à son équidé et, ainsi, de ne pas en oublier. En effet, il existe plusieurs sortes de consultations, dont la temporalité diffère en fonction des besoins. La dentition, l’ostéopathie et la vaccination, par exemple, sont d’ordre annuel. Les soins réguliers, comme la maréchalerie et la vermifugation, peuvent mettre en péril le bien-être du cheval et la pratique de l’équitation s’ils ne sont pas respectés, et doivent donc être anticipés. À ces consultations régulières s’ajoutent les soins saisonniers. Au printemps et à l’été, par exemple, on veillera à éviter les problèmes de peau dus aux insectes. Enfin, en cas d’urgences, causées par des pépins de santé inattendus comme des fourbures, abcès, coliques ou bouchons oesophagiens, les soins seront évidemment primordiaux et il est important de savoir quoi faire en attendant l’arrivée du vétérinaire.
Les soins annuels
Comme leur nom l’indique, les soins annuels doivent être effectués au moins une fois par an et concernent principalement les vaccins, le dentiste et l’ostéopathe. Pour les premiers, rappelons qu’il en existe quatre, immunisant contre la grippe équine, la rhinopneumonie, le tétanos et la rage. Seul celui de la grippe est obligatoire pour les chevaux sujets à des rassemblements, commes les compétitions et les spectacles. Les autres restent toutefois vivement recommandés, notamment celui contre la rhinopneumonie, cette pathologie étant, comme l’illustre l’actualité depuis près de deux ans, extrêmement contagieuse. Par ailleurs, ce vaccin est encore plus vivement conseillé pour les poulinières. Celui du tétanos est, lui, fortement recommandé, en particulier dans les zones les plus tempérées, car cette maladie peut davantage s’y développer à la suite d’une plaie ou d’une piqûre. Pour être à jour, les vaccins doivent être soumis à un rappel annuel. Il est à noter que la vaccination annuelle de votre cheval par le vétérinaire permet à celui-ci de procéder à un check-up global mais nécessaire. On notera que pour un cheval évoluant en compétition, ce rappel ne sera pas à effectuer une fois par an, mais tous les six mois. Aussi, dans le cas où un propriétaire ferait vacciner son cheval pour la toute première fois, le respect du protocole sera très important afin que la vaccination soit efficace et que le cheval produise des anticorps. L’idéal est de réaliser deux injections à un mois d’intervalle, puis six mois par la suite. Enfin, le coût d’un vaccin oscille entre 15 et 30 euros. Idéalement, le dentiste viendra également une fois par an consulter un cheval. Les dents de ce dernier s’usent en continu, mais de façon irrégulière, donc une visite annuelle garantit un bon suivi. Rappelons qu’une bonne dentition est également le gage d’une bonne mastication, donc d’un bon état général. Le tarif moyen varie entre 40 et 100 euros pour une intervention de base.
Faire appel à un ostéopathe est facultatif, mais conseillé. Plus que le vétérinaire, il peut déceler d’éventuels maux physiques ou malformations, et ainsi éviter de potentielles aggravations en maintenant en ordre le fonctionnement de l’équidé. On précisera que, comme pour l’être humain, un cheval aura besoin d’un temps de récupération après le passage de l’ostéopathe, qui expliquera le programme à suivre. En moyenne, une séance d’une heure coûte entre 80 et 90 euros.
Les soins réguliers
Parmi les soins réguliers, c’est-à-dire à effectuer plusieurs fois par an, le travail du maréchal-ferrant est l’un des plus importants, car la corne du sabot pousse en continu. Que le cheval soit pieds nus ou ferré, de loisir ou de sport, il doit recevoir la visite régulière du maréchal – toutes les quatre à six semaines. Le cas échéant, outre un véritable inconfort, un mauvais entretien des pieds peut entraîner des problèmes de locomotion. Le pied peut également être sujet aux bleimes (contusions sous la sole) et aux abcès… On peut les suspecter si l’on constate que l’animal se déplace avec gêne, voire boite. C’est pourquoi il est important de curer les pieds très souvent. Il convient, en cas de suspicion, d’appeler le vétérinaire, qui choisira de traiter ou de faire intervenir le maréchal. En moyenne, un simple parage des quatre pieds coûte une trentaine d’euros, tandis qu’une ferrure simple coûte environ 70 euros.
Permettant d’éviter certains vers et parasites, la vermifugation, dont le tarif est variable, est recommandée, surtout pour les chevaux vivant en pâture et / ou y sortant régulièrement. Alors que l’on conseillait traditionnellement de vermifuger un cheval deux voire quatre fois par an, en variant les molécules selon la saison, l’heure est de plus en plus à la vermifugation raisonnée, c’est-à-dire prescrite en fonction de l’examen des crottins. Ce protocole est bien entendu à faire établir par le vétérinaire, en fonction également du mode de vie de l’équidé.
Il est également à noter que l’organisme des chevaux ayant tendance à "s’habituer" aux molécules chimiques, voyant leur effet amoindri, de plus en plus de propriétaires se tournent vers la vermifugation naturelle, qui suit le cycle de la nature et permet de supprimer les parasites sans pour autant détruire la flore intestinale de l’animal. Comment ? À l’aide de plantes, de fruits ou de légumes possèdant des propriétés anthelminthiques. Pour que la vermifugation soit véritablement effective, quel que soit le mode d’administration choisi, il faut veiller à respecter certaines règles d’hygiène : ramassage des crottins dans les prairies, évacuation du fumier des boxes et renouvellement régulier de la litière. Le fourrage, herbe ou foin, n’apportant pas toujours au cheval l’ensemble de ses besoins quotidiens nécessaires en vitamines et minéraux, pouvant varier en fonction de son utilisation, il est important de pouvoir compléter les éventuelles carences avec un complément minéral vitaminé (CMV). Cet apport supplémentaire en vitamines et minéraux permettra au cheval de conserver une bonne santé et de booster ses défenses immunitaires.
À chaque saison ses recommandations
Au gré des saisons et des " attaques " auxquelles ils sont susceptibles de se retrouver confrontés, les chevaux peuvent nécessiter des soins particuliers. L’hiver, si l’ennemi numéro un est la gale de boue, à la belle saison, on craindra particulièrement les nuisances causées par les insectes : mouches plates, tiques, etc. Au-delà de l’inconfort généré, ces petites bêtes peuvent être la cause de maux divers, comme la dermite (maladie de peau causant nodules prurigineux, plaies et zones sans poil dues au grattage causé par les démangeaisons), la maladie de Lyme (infection par bactérie pouvant conduire à de la fièvre, léthargie, anorexie, amaigrissement chronique, raideur, arthrite, fourbure) ou la piroplasmose (maladie parasitaire du système sanguin). On essaiera donc de préserver les attaques d’insectes en administrant au cheval des solutions répulsives et en lui faisant porter un masque. On pourra également agir en veillant à la bonne ventilation des zones de vie. Pour les chevaux les plus atteints, on notera que les insectes préfèrent attaquer à l’aube et en fin de journée ; on pourra donc anticiper et rentrer les équidés à ces moments-là.
Si une dermite peut être causée par des coups de soleil, elle n’est pas nécessairement estivale ; un cheval pouvant, par exemple, se gratter à cause de problèmes digestifs. Il faut donc bien veiller à la bonne santé de son estomac et de son foie.
En période estivale, le cheval peut aussi être sujet à des sarcoïdes, des tumeurs cutanées pouvant se développer à n’importe quel endroit du corps – même si elles apparaissent le plus souvent sur le ventre, l’encolure, la tête et les membres. Une sarcoïde n’est pas douloureuse, mais peut s’avérer gênante. Elle se développe à l’endroit d’une plaie ancienne, à la suite d’une morsure ou une piqûre d’insecte, à cause d’un agent pathogène ou d’une prédisposition génétique. C’est au vétérinaire de décider de l’enlever – ou non – en pratiquant une exérèse sous anesthésie locale. Il peut être également opportun d’essayer de traiter la sarcoïde par des traitements naturels : compléments alimentaires permettant de renforcer le système immunitaire ou favorisant la disparition de la tumeur.
Soigner son cheval en urgence
Outre les soins à administrer régulièrement, il arrive que les chevaux aient besoin de consultations d’urgence. Ainsi, toute plaie doit être scrupuleusement surveillée et soignée, car une saleté peut aisément s’y glisser et déclencher des infections. Il est toujours opportun, en cas de doute, d’appeler le vétérinaire et d’avoir une trousse de secours à disposition. L’une des urgences que redoutent le plus les propriétaires reste les coliques, dont les symptômes peuvent être l’abattement, le refus de s’alimenter, un cheval qui se regarde les flancs, se couche et se roule violemment, et l’absence de crottins. En attendant l’arrivée du vétérinaire, en cas de suspicion de coliques, il faut retirer à l’équidé toute nourriture et le marcher en main.
Le pire concerne probablement les atteintes contagieuses, comme la teigne et la gourme, constituant un véritable fléau lorsque l’on possède plusieurs chevaux. Un animal déjà sujet à des affections cutanées, carencé en vitamines et oligoéléments, ou dont le système immunitaire s’est trouvé affaibli par des traitements récurrents aux antibiotiques, sera plus susceptible d’attraper la teigne. En cas d’infection, les chevaux doivent être isolés et peuvent être tondus au niveau des parties atteintes. Un traitement antifongique sera appliqué, parfois enrichi d’un traitement par voie orale (prescrit par le vétérinaire). Localement, un antiseptique à base d’iode est recommandé, sans oublier de porter des gants et de désinfecter l’environnement et le matériel. Quant à la gourme, il s’agit d’appliquer le même protocole d’isolement que pour la teigne. Dès les premiers symptômes, votre vétérinaire devra mettre en place une marche à suivre le plus rapidement possible. En règle générale, le cheval guérira spontanément après la maturation et cicatrisation des infections.
Dans tous ces cas de figure, qu’il s’agisse de soins réguliers ou exceptionnels, le plus important est toujours de stocker les données relatives à son cheval et de ne pas hésiter à faire appel à des professionnels de la santé équine.