“Chez les Price, les chevaux de 5* vivent à plusieurs dans un pré, même ferrés, et c’est tout à fait normal pour eux”, Agathe Le Calvez
Après deux ans de formation au DE JEPS chez Camille Lejeune, en octobre dernier, Agathe Le Calvez a rejoint les écuries de Tim et Jonelle Price, quelques mois avant leur grand déménagement au domaine de Chedington, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Âgée de vingt-quatre ans, la jeune femme occupe désormais le poste de groom et cavalière pour le couple de Néo-Zélandais, numéro un et deux au classement mondial de concours complet, en couverture du magazine GRANDPRIX ce mois-ci. Seule Française au sein de l’équipe, la Bretonne se confie sur le début de cette belle aventure britannique.
Après deux ans passés en apprentissage dans les écuries de Camille Lejeune, très bons cavalier français de concours complet, Agathe Le Calvez s’est décidée à traverser la Manche pour se lancer dans une nouvelle aventure aux côtés de Tim et Jonelle Price, numéro un et deux au classement mondial de concours complet. Une fois son DE JEPS en poche, la cavalière et sa jument Selfie du Hans (Old, Swarovski x Florestan) ont rejoint le célèbre couple néo-zélandais installé en Angleterre. “Après mon expérience chez Camille, je voulais partir à l’étranger pour améliorer mon anglais et évoluer dans le métier”, explique la jeune femme. “L’an dernier, au CHIO d’Aix-la-Chapelle, Camille a demandé à Jonelle et Tim s’ils cherchaient un cavalier pour la rentrée. C’est ainsi que nous sommes entrés en contact, avant de nous rencontrer officiellement au Haras du Pin.” Le couple a alors proposé à la jeune femme de le rejoindre au moins pour un an.
Ainsi, au mois d’octobre, la Française a intégré l’équipe Price, encore installée à Mere Farm, avant son grand déménagement au domaine de Chedington, dans le sud-ouest de l’Angleterre. “Je ne suis pas cavalière maison”, précise la jeune femme. “Une autre femme occupe ce poste. Je suis en quelque sorte cavalière et groom à la fois. Je fais un peu de tout.” Si elle s’est pour le moment engagée à travailler un an pour les Kiwis, elle n’exclut pas la possibilité de prolonger son contrat. “J’aimerais beaucoup rester, car je vis une superbe expérience au sein d’une écuries très dynamique avec beaucoup de chevaux”, confiait-elle fin mars. “La saison commence à peine, donc je n’ai pas encore assez de recul. Je vais voir ce que ça donne. Cela me plairait également beaucoup de revenir en France travailler avec Camille Lejeune à la fin de la saison car il ambitionne de participer aux Jeux olympiques de Paris l’an prochain, mais les Price sont partants pour me garder, alors je suis en plein dilemme. Si je reste ici, je n’accompagnerai pas Jonelle et Tim à Versailles, qui ont déjà choisi leurs grooms olympiques. Je vivrai cela depuis les écuries. Cela reste intéressant car nous participons à leur réussite dans le sens où nous nous occupons en permanence de leurs chevaux. En tout cas, je pense que l’aventure serait super intéressante.”
N'ayant connu jusqu’alors que des écuries françaises, la cavalière a constaté dès son arrivée plusieurs différences entre le système des Price, et celui auquel elle était habituée en France. “La première est qu’ici, les chevaux sont tout le temps dehors”, partage-t-elle. “Chez nous, les structures n’ont pas toujours suffisamment de place pour cela. Les Kiwis ont un rapport très naturel au cheval. En France on protège beaucoup les chevaux, en leur mettant des guêtres, en faisant extrêmement attention, etc. Ici, les chevaux de cinq étoiles vivent à plusieurs dans un pré, même ferrés des quatre pieds, et c’est tout à fait normal pour eux. C’est un mode de fonctionnement totalement différent.” La jeune femme explique qu’une partie des chevaux dorment dehors, et les autres, dans des boxes. Cependant, tous passent la journée au pré. Tous les matins, Jonelle et Tim envoient un planning à leurs grooms qui s’organisent en fonction. “Ce fonctionnement nécessite une grande quantité de travail, donc beaucoup d’employés. Dans cette nouvelle structure, les prés sont plus loin, d’où la logistique plus importante. Cependant, les chevaux sont bien dans leur tête: ils sont tous très gentils et nous pouvons tous les monter sans risque. Aucun n’est dangereux. En France, il y a des chevaux plus délicats.”
“Ils sont aussi exigeants l’un que l’autre, mais travaillent très différemment”
Selon la jeune femme, les Price forment un couple relativement simple et adorable, avec qui il est bon de travailler au quotidien. Très à l’écoute, les deux cavaliers répondent volontiers aux questions de leurs employés et prennent le temps de leur donner des explications si nécessaire. “Au travail, ils sont aussi exigeants l’un que l’autre, mais travaillent très différemment avec les chevaux”, précise-t-elle. “Sans jamais être méchante, Jonelle ne laisse rien passer. Il s’agit juste de discipline. Tim est aussi efficace, mais un peu plus cool. On ne s’en rend pas forcément compte, mais Tim a beaucoup de force, tandis que Jonelle a un plus petit gabarit. Cette différence se ressent dans le type de chevaux que chacun monte: ceux de Jonelle sont plus petits et compacts que ceux de Tim. En termes de vie sociale, nous avons l’avantage d’être une grosse équipe. Nous nous entendons tous bien et avons à peu près tous le même âge. Par exemple, une à deux fois par semaine nous essayons de nous retrouver pour aller boire un verre ou dîner tous ensemble. Nous fréquentons également l’équipe de Christopher Burton (champion australien de concours complet, reconverti en saut d’obstacles depuis quelques années et installé sur une autre partie du même domaine, ndlr), qui est aussi très sympathique. Je ne vis pas sur place, mais à cinq minutes, dans une petite maison où je suis en colocation avec la nounou des enfants Price. Nous avons quasiment le même âge et nous entendons très bien, ce qui me permet de voir quelqu’un d’autre dans ma journée”, plaisante la Française.
Pour l’instant, Agathe Le Calvez envisage à long terme de s’investir davantage dans la compétition tout en ayant quelques chevaux au travail et en exerçant en tant qu’enseignante grâce à son DE JEPS. “Je m’installerai peut-être quelque part, mais c’est encore trop tôt et je ne me sens pas prête du tout”, confie-t-elle. “Travailler pour les autres, c’est ce qui m’intéresse aujourd’hui, tout en continuant à concourir. Chez Camille, j’étais cavalière, groom et je coachais les propriétaires à la maison et en compétitions. Jongler entre ces activités me plaît. Je n’aime pas vraiment la routine”, conclut-elle.