La Baule offre à Nicola Philippaerts la plus belle victoire de sa carrière

Nicola Philippaerts a remporté le Grand Prix Rolex du CSIO 5* de La Baule cet après-midi au stade François-André. En selle sur la vive Katanga van het Dingeshof, le Belge a signé le plus rapide des huit doubles sans-faute dans cette épreuve de très haute tenue, devançant les Suédois Jens Fredricson, Henrik von Eckermann et Marcus Westergren, deux, trois et quatrième avec Markan Cosmopolit, Iliana et Fellaini de Liebri. Le meilleur Français, Grégory Cottard, s’est classé sixième avec Bibici.



Outre des Coupes des nations, une finale mondiale Longines par équipes à Barcelone et une médaille de bronze collective aux championnats d’Europe de 2021 à Riesenbeck, en un peu plus de dix ans à haut niveau, Nicola Philippaerts avait déjà gagné six Grands Prix de niveau 5*: au CSIO de Falsterbo en 2012 avec HH Carlos, en Coupe du monde Longines en 2014 à Göteborg sur Donatella-N, en 2016 à Tryon avec Harley van den Bisschop, également récompensé dans le Longines Global Champions Tour en 2018 à Cascais, de même que H&M Chilli Willi, flamboyant vainqueur à Chantilly en 2018, puis au CHI Al Shaqab en 2019 à Doha. Six belles victoires qui comptent et six “Brabançonne” qu’il a sûrement gardées en mémoire, mais alors quelle place occupe celle qu’il a célébrée cet après-midi dans le Grand Prix Rolex du CSIO 5* de La Baule avec Katanga van het Dingeshof? “C’est la plus belle de ma carrière. Ce Grand Prix fait partie des épreuves que tous les cavaliers rêvent de gagner, et je suis très heureux d’y être parvenu aujourd’hui avec ma jument”, a déclaré le charmant Belge, premier Philippaerts à inscrire son nom au palmarès du Grand Prix de France.

Il faut dire que cette épreuve a quelque chose en plus, un parfum de postérité, tant chaque cru de la grand-messe bauloise reste dans les mémoires. Ce truc en plus, c’est l’histoire du concours, c’est le stade François-André qu’on a hâte de retrouver dès qu’on le quitte, et c’est la relation puissante, voire enivrante, que le public nourrit et enrichit d’année en année avec les meilleurs chevaux et cavaliers du monde, s’enflammant pour les exploits des Bleus bien sûr, mais vibrant aussi au diapason des performances des grands champions étrangers et des légendes du saut d’obstacles tout en se réjouissant des révélations et surprises qui font le sel du grand sport. La Baule, c’est un cocktail d’émotions fortes dont on ne se blase jamais. Et c’est tant mieux!

Nicola Philippaerts et Katanga van het Dingeshof ont gagné leur première grande victoire à La Baule.

Nicola Philippaerts et Katanga van het Dingeshof ont gagné leur première grande victoire à La Baule.

© Dirk Caremans/Hippofoto



Un air triste de déjà-vu pour Ben Maher

De ce Grand Prix de 2023, on retiendra sans aucun doute la victoire du fils de Ludo et frère jumeau d’Olivier, et de la vive BWP de treize ans par Cardento et une mère par Tornedo FCS. Et on gardera aussi en mémoire la sortie dans un van ambulance d’Explosion W, le champion olympique en titre, après un incident – une atteinte tendineuse ou un coup qu’il se serait donné – survenu après la rivière placée en 4 et/ou l’oxer 5. L’angoisse et l’effroi ont alors gagné tous les spectateurs, craignant le pire après que Ben Maher, cavalier de l’alezan, a éclaté en sanglots avant même de poser pied à terre. Une image d’autant plus émouvante que le Britannique avait déjà vu Urico, un ancien partenaire, sortir de la pelouse bauloise de la même manière en 2014 et ne plus jamais revenir en concours… Ce soir, les dernières nouvelles sont moins alarmantes, et le crack KWPN a été jugé apte à regagner ses écuries en camion. Croisons les doigts pour lui.

Revenons au sport. Compte tenu des forces en présence, de la qualité du sol et des conditions climatiques, on n’a pas été si surpris que cela de voir quatorze couples sortir sans faute du parcours initial tout à fait passionnant imaginé par Grégory Bodo, coscénariste des épreuves olympiques de Paris 2024. Et pourtant, il y avait dix-sept sauts à produire et notamment un impressionnant mur, une rivière assez fautive, de gros oxers, un triple oxer-vertical-oxer et un double vertical-oxer à franchir. Il y avait 500.000 euros à gagner, faut-il le rappeler. Du reste, on a compté huit abandons, trois éliminations et huit autres parcours pénalisés de neuf points et plus, ce qui atteste de la sélectivité de cette épreuve.

Grégory Cottard, ouvreur du barrage, a hissé la barre assez haut sur sa brillante Bibici, avec laquelle il a probablement produit le plus beau parcours de sa carrière au tour initial – un modèle à montrer dans toutes les écoles d’équitation. Crédité d’un double sans-faute en 37’’58, le couple s’est finalement classé sixième. Auteurs d’un tour tout en fluidité, Nicolas Delmotte et Ilex VP ont coupé la ligne d’arrivée deux secondes moins vite, finissant huitièmes. Pour battre le chrono du meilleur binôme français, il fallait peut-être retirer des foulées dans les deux premières distances. Le Brésilien Yuri Mansur s’y est essayé à l’abord du mur, mais QH Alfons Santo Antonio en a renversé quelques éléments, finissant onzième. Le Suisse Édouard Schmitz a tenté sa chance dans la ligne menant au double, mais Gamin van’t Naastveldhof a fauté sur le vertical d’entrée, d’où une neuvième place.

Au-delà de leur sixième place, Grégory Cottard et Bibici ont laissé à La Baule l’image d’un couple en parfaite harmonie.

Au-delà de leur sixième place, Grégory Cottard et Bibici ont laissé à La Baule l’image d’un couple en parfaite harmonie.

© Sportfot



La Suède en force

Plus rapide un peu partout sans retirer de foulée au départ, le Suédois Marcus Westergren, véritable révélation du concours avec déjà une belle victoire jeudi, a pris la tête du Grand Prix avec Fellaini de Liebri, finalement quatrième. Une faute sur l’oxer 2, premier effort du parcours réduit, a relégué la Suissesse Janika Sprunger et Orelie à la treizième place, mais le couple confirme qu’il faudra compter sur lui en équipe nationale après sa quatrième place la semaine passée dans le Grand Prix Longines du CSIO 5* de Saint-Gall. Trois fautes hélas pour Marlon Módolo Zanotelli et la Selle Français Déesse de Coquerie, quatorzièmes et premiers à repartir sans argent… Dans la foulée, un autre Brésilien, Rodrigo Pessoa, a signé un excellent double sans-faute sur l’excellent Major Tom. Ayant retiré une foulée à l’abord du double, cette légende du jumping a battu Grégory Cottard de trente-cinq centièmes de seconde. En revanche, cette même option n’a pas réussi à Kevin Staut, fautif sur l’entrée du double et douzième sur Dialou Blue PS.

Comme toujours, Henrik von Eckermann ne s’est pas fait prier pour animer ce barrage. Fort de sa victoire d’hier avec Glamour Girl, le numéro un mondial a repris les commandes avec Iliana, qui a progressé à toute vitesse depuis sa prestation en demi-teinte au CSIO 5* de Rome il y a deux semaines et sur laquelle le double champion du monde mise désormais pour les championnats d’Europe de Milan, le génial King Edward étant déferré et voué aux épreuves sur sable. Sa prestation lui a offert la troisième place. Tenante du titre, la Canadienne Beth Underhill n’a pas donné sa part au chien, mais elle a tourné un peu trop large en fin de barrage pour obtenir mieux que la septième place avec Nikka van den Bisschop. Point d’option pour Nicola Philippaerts, mais un rythme d’enfer et un tracé au cordeau tout du long avec Katanga van het Dingeshof. Impeccable. L’affaire était entendue.

Ayant pris les deux options avec succès, Grégory Wathelet, compatriote du héros du jour, a buté sur l’oxer 5, antépénultième obstacle de ce barrage, finissant dixième avec Ace of Hearts, un hongre Estonien de treize ans passé par la France et les écuries… d’Alexandre Ayache, cavalier international de dressage installé dans l’arrière-pays niçois. Même choix tactique pour le dernier concurrent en piste, le Suédois Jens Fredricson, en selle sur son génial Markan Cosmopolit. Comme à Rome il y a deux semaines, le couple est passé tout près de la victoire, à trente-deux centièmes de seconde cette fois, mais le quinquagénaire s’est contenté de sa très belle deuxième place, d’autant qu’il n’a rien à regretter. Nicola Philippaerts a ainsi rejoint au palmarès les deux Belges précédemment sacrés à La Baule: Jérôme Guéry, en 2016 avec Grand Cru van de Rozenberg, et Jos Lansink, en 2009 sur Spender S. Et on peut être sûr qu’il reviendra en 2024.

Les résultats

Toutes les parcours du Jumping international de La Baule sont à revoir sur GRANDPRIX.tv

Lire notre analyse des parcours des Français
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Revivez le barrage des vainqueurs (sous la photo)

Comme il y a deux semaines à La Baule, le Suédois Jens Fredricson et Markan Cosmopolit se sont classés deuxièmes.

Comme il y a deux semaines à La Baule, le Suédois Jens Fredricson et Markan Cosmopolit se sont classés deuxièmes.

© Scoopdyga




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