“Il faut investir pour rester au niveau de la concurrence”, Marie-Laure Deuquet

La saison de compétition bat son plein au haras de Bel Air, à Pernay, grand village situé à quinze kilomètres de Tours. Après le retour des traditionnelles étapes du Grand National et de la Tournée des As Poneys, Marie-Laure Deuquet, gérante de la structure avec ses fils, Eliott et Arthur, s’apprête à accueillir un tout premier CSI 2*, de jeudi à dimanche. L’entrepreneuse et éleveuse, élue secrétaire générale de la Fédération française d’équitation en 2021, relève ce nouveau défi avec passion et conviction. 



Quel bilan tirez-vous de l’étape du Grand National, qui s’est déroulée du 25 au 28 mai au haras de Bel Air? 

Le week-end s’est magnifiquement bien déroulé. Nous avons vécu une très belle édition du Grand National de Pernay! Le public a été au rendez-vous, tout comme le beau temps. Nous avions créé un village d’accueil, auquel nous avons consacré pas mal de communication. L’objectif était d’inciter les gens à venir passer un week-end en famille à la campagne, tout en assistant à de belles épreuves de saut d’obstacles. Nous avons dû déplacer la date de l’événement, qui se déroule habituellement autour 8 mai, ce qui n’a eu que des impacts positifs. Nous avons retrouvé nos habitués et avons comptabilisé plus de 1.900 engagements, en comptant ceux pris sur le terrain, et cinq cent cinquante chevaux sur site. Le public et les compétiteurs ont pu profiter d’un très beau Grand Prix, avec un barrage à treize, concocté par le chef de piste Yann Royan qui a su dessiner un parcours très sélectif permettant aux cavaliers de réussir de belles performances. Globalement, nous sommes très satisfaits de ce week-end et de l’évolution du Grand National, redoré cette année avec une dotation en hausse pour le Grand Prix dominical à 1,50m, où les cavaliers peuvent engager jusqu’à trois chevaux. Par ailleurs, le Grand Prix à 1,45m du vendredi doit désormais être doté d’au moins 10.000 euros, ce qui renforce l’attractivité du circuit.

Comment se passent les préparatifs du premier CSI organisé à Pernay?

Le site est déjà prêt, ce qui est un avantage. Tout l’entretien préalable a été effectué pour les événements précédents. Les tentes et boxes sont montés, ce qui réduit amplement le travail de mise en place. Cependant, organiser un CSI est nouveau pour nous. Le cahier des charges est très lourd. Un CSI implique une réglementation spécifique et beaucoup plus d’officiels de compétition qu’un National. Financièrement, cela représente aussi une prise de risque, mais nous sommes assez confiants. Nous espérons également que le concours attirera une nouvelle clientèle chez nous. Il faut varier les plaisirs et cet événement devrait nous permettre d’attirer un nouveau panel de cavaliers. 



Vous aviez déjà accueilli de nombreux concours de disciplines différentes. Qu’est-ce qui vous a encouragée à organiser un CSI? 

Il est vrai que nous organisons beaucoup d’événements ces temps-ci. Après le Grand National, nous avons notamment accueilli une étape de la Tournée des As Poneys lors de laquelle on a compté pas loin de 1.300 engagements. Concernant ce premier CSI, l’obtention du label Pôle d’excellence de compétition, qui cible les sites de concours répondant à un cahier des charges précis, nous a poussés à nous jeter dans le grand bain. Cela permet à notre site de concours d’être reconnu comme tel et faciliter la conclusion de partenariats publics et privés. Nous avons aussi la volonté de rester au niveau de la concurrence. D’autre sites labelisés se lançant sur la scène internationale, nous ne voulions pas rester en retrait. Sans avoir une liste exacte, nous sommes assurées d’accueillir plus de 450 chevaux sur le site. 

L’organisation d’un tel événement a-t-il requis des aménagements particuliers? 

Je pense qu’il faut investir pour rester au niveau de la concurrence. On constate des exigences, légitimes, des cavaliers et propriétaires quant à la qualité de l’accueil, des espaces de stationnement et des boxes, dans un contexte où les chevaux coûtent de plus en plus cher. Tout cela doit être amélioré continuellement. L’an dernier, nous avions construit cent vingt boxes supplémentaires, et cette année, nous avons investi dans deux écrans, dont un géant qui sera utilisé sur la première piste. Nous avons aussi à cœur d’améliorer en permanence l’accueil des chevaux, du public et la restauration, parmi tant d’autre choses. L’idée est que les gens passent plusieurs jours chez nous, donc il est impératif qu’ils s’y sentent bien. Organiser n’est jamais simple, c’est même le propre de l’événementiel. Il y a toujours des surprises, des imprévus à gérer. Cela fait partie du métier. Au haras de Bel Air, ce n’est pas simplement la lubie d’une personne, mais un véritable travail d’équipe. Une équipe formidable et très engagée. Mes deux fils, Eliot et Arthur, œuvrent énormément à la réussite de nos événements, sans oublier une quarantaine de bénévoles qui nous assistent. 


Le haras de Bel Air accueillera son premier CSI ce week-end

Le haras de Bel Air accueillera son premier CSI ce week-end

© Collection privée



“La FFE met tout en place pour réussir les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024”

Avez-vous des attentes particulières vis-à-vis ce concours? 

Nous espérons avant tout que les nouveaux cavaliers, professionnels ou amateurs, et propriétaires qui découvriront notre site seront agréablement surpris de la qualité des infrastructures et de l’accueil que nous leur réservons. Aujourd’hui, il y a tellement de concours qu’il est difficile de se faire une place. Nous souhaitons donc que cette première soit un succès et que ce rendez-vous devienne récurrent. À ce stade, le nombre de cavaliers et de chevaux attendus nous rassurent. Les champions ont des calendriers très chargés et concourent plutôt en CSI 4* ou 5*, mais nous espérons bien sûr avoir un beau plateau. Pour le moment, nous voulons pérenniser un beau CSI 2* – peut-être plus à terme – et en faire une référence.

Comment avez-vous promu votre concours auprès des cavaliers étrangers? 

Nous avons misé sur la petite notoriété du haras et surtout sur mes fils qui fréquentent énormément de terrains de concours. Ils ont beaucoup parlé de l’événement afin que les cavaliers inscrivent cette date à leur calendrier. Pour se faire une place dans les esprits, il faut faire parler de soi, ce que mes fils font merveilleusement bien, et nous communiquons également dans des médias. Il est capital de réussir cette première édition pour donner envie aux gens de revenir. 



Depuis deux ans, vous occupez le poste de secrétaire générale de la Fédération française d’équitation (FFE). À mi-mandat, quel bilan tirez-vous des actions du comité fédéral? 

Je suis très satisfaite de faire partie de cette équipe qui a beaucoup d’expérience et me semble vraiment aux commandes. Au sein de l’équipe, il y a une envie de faire évoluer les clubs afin que la filière française des poney-clubs et centres équestres soit viable. Il y a aussi un véritable intérêt pour le sport. Tout est mis en place pour que la France réussisse aux Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, mais pas seulement. Nous travaillons mains dans la main avec le fonds de dotation ÉquiAction, qui a parmi ses trois grands objectifs celui de trouver des financements afin de soutenir toutes les équipes et acteurs de la performance, en vue de ce Jeux.
Par ailleurs, nous gérons plusieurs dossiers importants comme la TVA et les problèmes de violences, parmi de nombreux autres. Le travail est vaste et varié, ce qui rend le poste intéressant. La pandémie de Covid-19 a suscité une vraie prise de conscience. Pendant et au sortir de la crise sanitaire, FFE a tout fait pour relancer l’activité des clubs. Il n’y a eu que très peu de fermetures et le nombre de licenciés reste très élevé. Le fait d’être un sport de plein air a été un véritable atout après les confinements.?Notre sport se porte plutôt bien, et le très important travail mené par la fédération et ses services, notamment en matière de communication, y est pour quelque chose. 

De façon plus générale, vous épanouissez-vous dans cette fonction? 

Oui, je trouve que c’est un poste extrêmement intéressant. Mes fils et moi avons plusieurs casquettes: organisateurs de concours, gérants d’une écurie de compétition, d’un poney-club et centre équestre et éleveurs. Modestement, je pense que cette expérience peut apporter un petit plus à la Fédération. Ainsi, nous avons la chance de participer, d’être consultés sur des dossiers très intéressants. Je suis ravie d’exercer cette fonction, et je distingue bien mon métier de gérante de trois structures juridiques différentes de mon rôle au sein de la fédération.