L’intérêt des compléments en période estivale

Le marché des compléments alimentaires destinés à soutenir l’organisme du cheval est désormais largement plébiscité par les propriétaires d’équidés, de loisir comme compétiteurs. Lesquels faut-il donc privilégier en période estivale, lorsque l’organisme des chevaux est souvent davantage sollicité en raison de la saison de concours et des fortes chaleurs? Pour mieux répondre à cette question, posée par de nombreux lecteurs dans un sondage réalisé par GRANDPRIX, des professionnels du secteur livrent leurs clés.



Le plus important pour savoir quels compléments alimentaires donner à son cheval est toujours d’en connaître les rôles. Pour Isabelle Memain, docteure en pharmacie et cogérante de La Boutique de l’Arbalou, “la nutrition équine est censée apporter au cheval tous les nutriments et vitamines dont il a besoin, en plus de ceux délivrés par son alimentation de base, autrement dit l’herbe et / ou le fourrage. Toutefois, selon son état de santé ou sa sollicitation, l’équidé peut avoir besoin d’un ‘plus’, que les compléments alimentaires lui fourniront en tant que source ultraconcentrée de nutriments spécifiques adaptés à ses besoins. Attention toutefois à bien lire les étiquettes afin de vérifier les concentrations. Les formes sous lesquelles ces compléments sont administrés sont également importantes : nous préconisons pour notre part les poudres micronisées.” Vincent Chassaing, vétérinaire pour les laboratoires Audevard, livre, lui aussi, sa définition… et son conseil de précaution: “Les compléments alimentaires apportent au cheval des éléments nutritionnels, plantes ou vitamines, qu’il ne trouve pas dans son alimentation quotidienne, ou en concentration trop faible. Ces compléments vont donc combler un déficit. Et il faut, en effet, d’autant mieux lire les étiquettes que certains ingrédients inclus dans les formules sont considérés comme dopants en compétition!”

L’utilisation de ces compléments s’est largement généralisée ces dernières années. Ainsi, un sondage réalisé en mars dernier par GRANDPRIX, en partenariat avec Horse Development, montrait que 74 % des propriétaires d’équidés avaient recours à des compléments alimentaires. Un autre sondage réalisé début juin, axé spécifiquement sur les compléments alimentaires administrés durant la période estivale, indique que 57 % des propriétaires, sur 354 personnes interrogées, envisageaient d’utiliser des compléments alimentaires cet été. Il est également intéressant de noter qu’il s’agit là d’une pratique bien ancrée dans les mœurs puisque 51 % des personnes ayant répondu au dernier sondage disent utiliser des compléments alimentaires depuis plus de trois ans, et 19 % depuis un à trois ans. Il faut dire que l’été apporte, comme chaque saison, son lot de désagréments. Parmi les plus courants, citons les problèmes de peau, les troubles respiratoires, les pieds fragilisés, la chaleur, la fatigue de l’appareil locomoteur, ou encore un possible déséquilibre métabolique.



PRENDRE SOIN DE SA PEAU

L’été, les chevaux sont importunés par les insectes, notamment les terribles culicoïdes, ces petits moucherons à piqûre urticante et douloureuse. Il existe des sprays et crèmes visant à éloigner le plus possible les insectes au quotidien. Mais l’on peut aussi, dans la mesure où il est avéré que la dermite est d’origine allergique, utiliser un complément alimentaire en cure, “par exemple une formule à base de plantain, agissant comme un antihistaminique”, précise Isabelle Memain, ajoutant qu’ “il est très important également de bien gérer l’environnement du cheval (couverture anti-insectes, moustiquaires au niveau des boxes, etc.)”



VEILLER À UNE BONNE RESPIRATION

À partir du printemps, mais également en été, les pollens sont de retour. À préciser que le dérèglement climatique entraîne des changements dans la floraison des plantes et dans la structure même des graines de pollen, augmentant, de fait, la quantité de celui-ci ainsi que les allergies liées. Par ailleurs, avec les températures qui augmentent, les sols s’assèchent et génèrent de la poussière. Selon Vincent Chassaing, “ces phénomènes vont entraîner des réactions inflammatoires au niveau des poumons, allant jusqu’aux troubles respiratoires (emphysème, également appelé asthme équin), et provoquer, au-delà de l’inconfort, des baisses de performance pour le cheval de sport. Cela peut se manifester, par exemple, par de la toux en début de séance de travail. Même si celle-ci est légère, il s’agit là d’un symptôme à ne pas négliger.”

Un trouble “pouvant se traduire également par le nez qui mouche”, ajoute Nicolas Brunel, directeur de Nutragile. Comment prévenir cela? Au-delà de l’aménagement de l’environnement du cheval (arroser la carrière, mouiller le foin, sortir les chevaux des boxes lorsque l’on passe le balai, stocker le fourrage loin des boxes, aérer l’écurie, choisir les prés où il n’y a pas trop d’arbres en fleurs, maintenir des tailles de troupeaux raisonnables, etc.), des compléments alimentaires peuvent s’avérer efficaces. Vincent Chassaing propose : “En cas d’inconfort respiratoire important, on peut administrer un sirop à base d’huiles essentielles d’eucalyptus, romarin, niaouli et pin. Et pour accompagner en profondeur le système respiratoire, nous recommandons une cure à base de plantes comme la nigelle, qui va permettre de soutenir les poumons pour éviter et limiter leur réaction à la présence d’allergènes.” Nicolas Brunel met en avant des produits dont les mélanges de plantes (“des teintures qui, selon nous, offrent une meilleure synergie”) permettent de soulager les symptômes de difficultés respiratoires, aussi bien allergiques qu’infectieux, et leurs différentes conséquences, toux sèche d’irritation et toux grasse plus profonde. Isabelle Memain propose, quant à elle, “des compléments alimentaires à base d’eucalyptus fluidifiant, de thym antiseptique et de plantain, aux vertus antiallergènes”



QUE FAIRE EN PÉRIODE DE SÉCHERESSE?

En période chaude, notamment de sécheresse, les pieds peuvent devenir friables, et des seimes apparaissent parfois. Pour éviter cela, il est important de bien les hydrater avec des onguents externes. Mais parfois, cela ne suffit pas. “Le pied peut se voir confronté à des problèmes de structure", expose Isabelle Memain. “Il est alors recommandé d’administrer au cheval une cure de compléments alimentaires à base de biotine. En prévention de ces maux, on peut également se tourner vers une formule contenant de la levure de bière ou de l’ortie, riche en minéraux et en silicium.” Lorsque le cheval transpire, il perd des électrolytes tels que le sodium, le potassium, le chlorure et le bicarbonate : autant de minéraux dont son corps a besoin ! Cela peut arriver au travail, mais aussi au repos en cas de forte chaleur.  “Attention, les cavaliers associent souvent la perte de minéraux à la transpiration, mais cette perte n’est pas tant associée à la transpiration qu’au fait de ne pas avoir suffisamment accès à l’eau sur une trop longue période par rapport à la chaleur subie, par exemple durant un long transport”, indique Nicolas Brunel. Il est possible, pour prévenir ces pertes, d’anticiper en administrant au cheval un complément alimentaire destiné à maintenir un équilibre minéral optimal. Des formules “flash” sous forme de seringues existent dans le commerce, que l’on peut administrer, par exemple, en cas de transport de longue durée ou en vue d’une épreuve sportive éprouvante. Selon Nicolas Brunel, “le format seringue étant administré directement sur les muqueuses, il agit plus rapidement”. Guillaume Durand, responsable de la marque Paskacheval, commercialise ainsi “l’Hydratonic, concentré d’électrolytes disponible sous trois présentations : seringues, poudre et liquide”. Mais attention, Isabelle Memain explique qu’il faut “bien veiller à ce que le cheval dispose d’eau à volonté dans les heures qui suivent l’administration de ce type de seringue, ou de tout autre type d’électrolyte d’ailleurs. En cas de long transport, il faut lui faire prendre les électrolytes la veille ou à l’arrivée.” Nicolas Brunel conseille également de “ne pas hésiter non plus à en donner en amont d’un gros effort”. Enfin, il existe d’autres moyens de réapprovisionner le cheval en électrolytes, comme le signale Vincent Dekerpel, responsable commercial chez Hartog : “Nous avons mis au point un mélange fibré de type mash qui, mélangé à de l’eau chaude et proposé deux fois par semaine, restaure l’équilibre minéral.”



ANTICIPER LA SOLLICITATION MUSCULAIRE

Aux beaux jours, l’activité des chevaux est plus importante: c’est la pleine saison de concours, les chevaux sortent plus souvent en balade et se retrouvent plus volontiers au pré… Tout cela entraîne une mobilisation plus intense de l’appareil locomoteur. Raison pour laquelle, souligne Vincent Chassaing, “les articulations et les tendons sont alors davantage sollicités”, d’autant plus lorsque les sols sont durs. “On peut alors administrer au cheval des formulations à base de plantes telles que l’harpagophytum (considéré comme dopante en compétition) ou le boswellia (non dopante), soulageant et apportant du confort. Et de manière préventive, nous conseillons pour les cartilages des formules contenant de la glucosamine, des ASU (insaponifiables de soja et d’avocat) et des PAC (proanthocyanidines, issues de pépins et peau de raisins) et, pour les tendons, des acides aminés spécifiques pour le collagène de type 1, du saule blanc et de la vitamine D3.” Sylvain Austry, directeur de marque chez Naf, abonde dans ce sens : « Il ne faut pas sous-estimer la dureté des sols en été. Afin de garantir la bonne santé de la capsule articulaire et, dans le cas où l’articulation serait déjà endommagée, d’améliorer la qualité du liquide synovial pour offrir davantage de confort, nous avons mis au point une formule puissante à base de chondroprotecteurs (substances protègent les cartilages des articulations, ndlr) enrichie en oméga 3.” Qui dit sport dit également masse musculaire. En période intense, celle-ci peut avoir besoin d’un petit coup de pouce afin de se développer. Guillaume Durand propose alors “un concentré protéique enrichi en carnitine (un acide aminé, ndlr) et en levures vivantes que nous avons mis au point et qui favorise la valorisation maximale de l’apport énergétique de la ration, tout en permettant l’apport d’acides aminés indispensables au développement musculaire”. Tout au long de l’année, les chevaux peuvent souffrir de problèmes digestifs. Ces problèmes peuvent empirer en été à cause de la sécheresse, entraînant une pénurie d’herbe, un manque de foin et / ou une moins bonne qualité de ce dernier. Une solution afin d’aider le système digestif du cheval à bien fonctionner est de favoriser le plus possible la mastication et la salivation. “Notre particularité est de proposer une gamme exclusivement fibrée à base d’herbe et de luzerne, que nous enrichissons ensuite en fonction du type de cheval ciblé”, explique Vincent Dekerpel. “Ce produit peut se substituer à l’aliment traditionnel ou venir le compléter.” Ne négligeons pas non plus l’importance du drainage-détox. “Lorsque le cheval est à l’effort, cela génère des toxines qui vont se stocker dans le foie et les reins. Administrer une cure de drainage-détox trois fois par an, dont une en été, permet de nettoyer et d’éviter l’effet ‘bouchon’”, selon Nicolas Brunel. Attention toutefois: pour que les vertus de tous ces compléments se déploient de façon optimale, et afin de ne pas générer de contre-effets, il est capital de se faire conseiller par un professionnel. C’est ce qu’explique Isabelle Memain, notamment. “Les compléments alimentaires ne doivent être utilisés que pour répondre à un problème spécifique et ciblé et, idéalement, plutôt de manière préventive”, souligne-t-elle, précisant qu’il “est par ailleurs très important de se faire accompagner par un professionnel de la santé équine, autrement dit par quelqu’un doté de diplômes universitaires reconnus en la matière”. Cette démarche semble bien ancrée puisque sur les 256 personnes interrogées début juin, 55 % s’adressent à un vétérinaire afin de bien cibler les besoins de leur cheval, et 20 % se tournent vers un magasin spécialisé en ligne ou physique.