“À Notre-Dame-d’Estrées, j’ai essayé de bien travailler, et cela a payé!”, Victor Laudet

Vainqueur de trois épreuves lors du Grand National de Notre-Dame-d’Estrées, dont le Grand Prix Pro Élite à 1,50m, Victor Laudet a célébré un week-end remarquable il y a une dizaine de jours. Des résultats plus que satisfaisants pour le cavalier établi avec Mélanie Gastaldi à Tivernon, dans le Loiret. Attaché à la formation de ses jeunes montures et au commerce, le jeune trentenaire se confie sur ses performances, ses juments et ses ambitions pour l’avenir.



Vous avez passé un week-end exceptionnel à Notre-Dame-d’Estrées, du 7 au 9 juillet avec des victoires à 1,45m le vendredi et le samedi avec Damzelle du Brêche, puis dimanche dans le Grand Prix Pro Élite à 1,50m, support du Grand National FFE/AC Print, avec Étadam du Brêche pour l’écurie STH-Hipavia. Comment avez-vous vécu cette fin de semaine?

C’était super! Nous sommes arrivés le jeudi en fin d’après-midi. Mes chevaux n’ont chacun sauté que deux épreuves. J’avais emmené Étadam du Brêche  (SF, Ustinov x Nabab de Rêve), Damzelle du Brêche (SF, Dalton van het Lindehof x Quidam de Revel) et Florie de la Pierre (SF, Vigo Cece x Flipper d’Elle). L’idée était de leur faire prendre de l’expérience tout en me faisant plaisir en compétition. Je suis vraiment satisfait de Damzelle, qui a gagné ses deux épreuves. Elle avait envie de bien faire. Florie a sauté un parcours à quatre points à 1,35m, puis réussi un sans-faute à 1,45m. C’est une jument de huit ans qui a encore besoin de gagner en expérience avant de sauter de plus gros parcours. Quant à Étadam, elle a sauté sa deuxième épreuve à 1,50m et l’a vraiment fait avec la manière. 

Vous attendiez-vous à de tels résultats? Qu’avez-vous ressenti au fil des victoires?

J’ai de la chance, car Étadam et Damzelle sont deux juments très compétitives, classées huit fois sur dix. Mais de là à gagner en Normandie, face à tant de bons couples, il y avait une marche à gravir! Je ne me suis pas lancé en me disant que j’allais gagner. Cela s’est fait comme ça. Les juments étaient vraiment en forme et, comme à leur habitude, très rapides au sol. Si je décide de les faire galoper, il est plus facile pour moi d’être classé. Je ne me suis pas trop questionné: j’ai essayé de bien travailler, et cela a payé.

Le dimanche, il n’y a eu que dix sans-faute et six doubles sans-faute pour quarante-sept partants, ce qui est peu compte tenu de la qualité du plateau. Dans quel état d’esprit avez-vous abordé le tour initial, puis le barrage, avec Étadam?

Le dimanche matin, je plaisantais en disant que j’aimerais que le dicton “jamais deux sans trois” se réalise. Et c’est ce qui s’est produit dans le Grand Prix! Je suis resté concentré pour être sans faute au tour initial. Et au barrage, j’ai déroulé.

Quels sont vos ambitions avec cette jument à court, moyen et long termes?

À court terme, j’aimerais sauter régulièrement des épreuves à 1,50m et plus si je peux avoir accès à des concours sympas. À plus long terme, une Coupe des nations de niveau 3* serait super! Étadam n’a que neuf ans, donc nous devons encore faire nos preuves pour espérer décrocher une sélection. Elle a un gros potentiel et se donne toujours à 100%. En tout cas, il est toujours agréable de monter des chevaux comme elle.

“Le dimanche matin, je plaisantais en disant que j’aimerais que le dicton “jamais deux sans trois” se réalise. Et c’est ce qui s’est produit dans le Grand Prix!”, a réagi le cavalier du Loiret.

“Le dimanche matin, je plaisantais en disant que j’aimerais que le dicton “jamais deux sans trois” se réalise. Et c’est ce qui s’est produit dans le Grand Prix!”, a réagi le cavalier du Loiret.

© Sportfot



“Le jour où je me suis installé, retravailler avec Jean-Marc Dutertre a été une évidence”

Damzelle du Brêche, votre deuxième jument de tête, a donc gagné deux épreuves. Cette jument de dix ans se classe et concourt jusqu’en CSI 3*. Comment la présenteriez-vous?

Damzelle a dix ans. Sa mère, Comtesse du Prelet, était déjà une très bonne jument de concours, qui gagnait à 1,35m et 1,40m. Quand Damzelle avait six ans, son éleveur m’a appelé pour me demander si je voulais l’essayer et j’ai eu un bon ressenti. Elle n’est pas très démonstrative, mais ultra efficace. Ses années de six et sept ans ont été très bonnes. À huit ans, elle a commencé à se classer régulièrement. L’an dernier, nous l’avons engagée à 1,50m et elle nous a vraiment surpris. Cette année, elle a réussi de très bonnes choses à 1,50m et 1,55m. Elle est assez atypique mais d’une qualité incroyable.

En quoi Damzelle et Étadam se distinguent-elles, selon vous?

Elles n’ont pas les mêmes mères, mais sont toutes deux issues de la souche d’Itot du Château (elles partagent la même quatrième mère, Ballerine III, AA, ndlr). Les deux ont beaucoup de qualité mais se distinguent leur tempérament, ce qui modifie légèrement ma façon de les monter. Étadam est une jument un peu plus sanguine avec lequel il faut vraiment composer au quotidien. Damzelle, elle, est plus “clé en main”. 

Outre Étadam et Damzelle, vous montez d’autres chevaux de l’élevage du Brêche, dont Hashtag (SF, Connor x Indoctro), une jument de six ans qui semble très prometteuse. Quelle relation entretenez-vous avec leurs éleveurs?

Quand j’étais plus jeune, j’ai commencé à l’élevage du Brêche avec Jean-Marc Dutertre. Il a toujours essayé de me faire avancer dans la vie et m’a envoyé dans différentes écuries pour que je prenne de l’expérience. J’ai vraiment une relation particulière avec lui. Je suis tombé amoureux de son élevage et de ses chevaux dans le sang et avec beaucoup de génie de la barre. Il y avait notamment Typie (du Tillard (SF, Diamant de Semilly x Grand Veneur), ndlr), une très bonne jument de concours, qui avait été adjugée aux ventes Fences. Le jour où je me suis installé, retravailler avec Jean-Marc a été une évidence. Il est un peu comme mon deuxième père. Il m’a beaucoup apporté et me fait confiance à 100%. C’est une relation assez privilégiée.

Vous performez aussi avec Grind’folie de Conque, encore une jument, jusqu’à 1,40m. Début juillet à Fontainebleau Classic, vous vous êtes classés à deux reprises dans le CSI Jeunes Chevaux. Quels sont vos objectifs avec elle?

Grind’folie est un produit de Vagabond de la Pomme et Ilostra Dark (SF, Palestro II x Nemrod de Baussy), une jument montée par Eugenie Angot. Mélanie (Gastaldi, la compagne de Victor, ndlr) montait sa sœur utérine. C’est une super famille qui sort des très bons chevaux. L’idée avec Grind’folie est de la former et de la valoriser au mieux. À quatre et cinq ans, nous n’avons sauté que quelques parcours pour l’expérience, en lui laissant le temps d’apprendre. À six ans, elle a montré de très bonnes choses en quelques parcours à 1,20m et 1,30m. À sept ans, cette saison, elle continue son apprentissage dans le but de sauter de plus belles épreuves plus tard.

Vous avez un piquet de jeunes chevaux fourni et de bons résultats sur les circuits de valorisation. Quels sont votre système et votre méthode?

Nous sélectionnons nos chevaux jeunes. Certains, même très bons, sont vendus pour nous permettre de rentabiliser nos activités et de promouvoir l’écurie de commerce. Pour les autres, nous essayons d’investir. Soit je parviens à les acheter, soit j’ai des investisseurs qui me soutiennent, me permettant de mener à bien mon travail de valorisation et de commercialisation. L’objectif est que nos clients soient contents et reviennent vers nous. Et nous gardons certains chevaux pour le plaisir du sport et conserver une vitrine sur les terrains de concours. 

“J’ai vraiment de la chance. Mélanie me laisse m’épanouir sportivement”, explique Victor Laudet.

“J’ai vraiment de la chance. Mélanie me laisse m’épanouir sportivement”, explique Victor Laudet.

© Sportfot



“Si j’ai de la chance, faire une Coupe des nations me tient à cœur”

En 2018, vous avez créé votre propre structure, V&M Stables, avec Mélanie Gastaldi, à Tivernon dans le Loiret, où étaient autrefois installés Yves Lemaire et Patrick Caron. Outre la valorisation et le commerce, comment s’organise l’activité?

La structure est divisée en trois parties. Les plus importantes restent le commerce et la valorisation. Ensuite, nous accueillons des clients qui viennent monter leurs chevaux deux ou trois fois par semaine. Cette diversification nous offre un peu de sécurité en termes de revenus. 

Combien de chevaux accueillez-vous?

Aujourd’hui, nous en avons vingt-deux, mais cela varie pas mal selon les saisons. Cet hiver, nous en avions quarante-cinq, mais cela demandait trop de travail et de personnel. Nous avons préféré en diminuer le nombre. 

Mélanie Gastaldi s’illustre elle aussi en compétition. Comment vous répartissez-vous les rôles?

J’ai vraiment de la chance. Mélanie me laisse m’épanouir sportivement. Elle fait des sacrifices pour que je puisse continuer de monter en compétition car il n’est pas évident pour une écurie comme la nôtre d’équiper deux cavaliers. C’est donc Mélanie qui gère les écuries. Nous discutons ensemble du programme des concours. Heureusement qu’elle est là parce qu’elle endosse 80% du travail! De mon côté, j’essaie de faire un peu de relationnel et de m’occuper de mes chevaux, de les comprendre et de les faire travailler correctement.

Quels sont vos objectifs pour le reste de la saison? Et pour les prochaines années? 

Les chevaux vont bien. Monter une première Coupe des nations me tiendrait à cœur. En attendant, je vais continuer à jouer le Grand National aussi, d’autant que nous sommes bien classés avec Alexis Deroubaix. C’est déjà pas mal! (rires) Au début de saison, Alexis et moi nous sommes lancés sans pression. Nous avons de la chance, parce que notre sponsor STH-Hipavia roule dans le même sens que nous, sans nous demander de courir toutes les étapes pour les gagner. Le but est vraiment de former nos chevaux. Pour l’instant, ça se passe plutôt bien. Comme nous sommes bien placés au classement général, nous pourrions privilégier une étape du Grand National à un CSI 2* ou 3*, par exemple. Il faut avant tout que nos chevaux continuent à performer régulièrement à ce niveau et que nous pérennisions ce système. Économiquement, nous sommes souvent obligés de vendre nos chevaux plus tôt que nous le voudrions. Ce qui nous passionne, c’est d’essayer, à notre échelle, d’emmener nos chevaux au plus haut de leurs capacités.



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