“Lorsque j’ai eu Bakar, je n’avais pas du tout l’ambition de concourir en CCI 4*”, Louis Seychal

À vingt-huit ans, Louis Seychal se montre régulier en CCI 4* et sur le circuit du Grand National avec Bakar de l’Océan LA, qu’il a formé depuis la fin de son année de cinq ans. Installé dans le Sud-Ouest, le cavalier se livre sur les qualités de son meilleur complice, en proie à quelques soucis de pied en début de saison, et se confie sur ses objectifs à venir. Présentant régulièrement des chevaux sur le Cycle classique de la Société hippique française, il indique également quelles qualités il recherche chez ses jeunes montures et décrit le système dans lequel il évolue actuellement.



Comment s’est déroulé votre début de saison avec Bakar de l’Océan LA (SF, Grafenstolz x Gunter d’l’Herbage)?

Au Lion-d’Angers (où il disputait la Pro Élite du 18 au 21 mai, ndlr), mon cheval avait eu mal au pied en raison d’un abcès déclaré après l’étape du Grand National de Pompadour (organisée du 31 mars au 2 avril, ndlr) et qui ne s’était pas drainé en une seule fois. Le soir du cross, au Lion, il n’était pas très bien. Il a ensuite semblé aller mieux, mais lors du concours hippique, il a fait tomber les numéros un, deux et trois, ce qui ne lui ressemble pas, donc j’ai abandonné. Ce souci l’a empêché de disputer le CCI 4*-L de Bramham (du 8 au 11 juin, ndlr), et l’objectif en venant ici, à Vittel, était donc surtout de voir comment il se comportait, d’être sûr que tout était rentré dans l’ordre. De plus, un championnat disputé sur une seule épreuve ne reflète pas les performances obtenues par un couple durant une saison, donc je ne considérais pas cette compétition comme une échéance vraiment plus importante que les autres.

Vous connaissez très bien Bakar, que vous avez récupéré à la fin de son année de cinq ans. Pouvez-vous nous parler de lui un peu plus en détails?

Sa plus grande qualité est son mental extraordinaire. Il présente une très bonne attitude, une belle locomotion et une vraie souplesse en dressage, et il évoluait d’ailleurs uniquement dans cette discipline à quatre et cinq ans. C’est un vrai galopeur pour le cross, où il veut toujours passer entre les fanions. Les qualités qu’il a sur le plat le rendent un peu plus délicat sur les barres, mais il a désormais compris qu’il fallait les sauter sans les toucher, et au pire, il commet une faute, comme cela est arrivé à Saumur (où il a terminé quatrième de l’étape du Grand National début mars, ndlr).

Avez-vous tout de suite su que ce cheval atteindrait les CCI 4*?

Pas vraiment, cela s’est fait au fur et à mesure. Lorsque j’ai eu Bakar, je n’avais pas énormément d’expérience, même si j’avais un peu évolué en 3* avec mon ancien cheval (Spano de Nazca, qui lui avait notamment permis de terminer huitième d’un CCI 3*-S, alors nommé CIC 2*, à Arville en 2016, ndlr), et je n’avais absolument pas cette ambition-là. Ce qui se passe actuellement n’est donc que du bonus. Les personnes qui m’ont fait travailler avec lui ont, cependant, assez rapidement dit qu’il était très bon. 



“Le Cycle classique est un super circuit, dont il faut profiter”

Louis Seychal et Bakar de l'Océan déroulent ici leur reprise de dressage au Master Pro de Vittel, en juin dernier

Louis Seychal et Bakar de l'Océan déroulent ici leur reprise de dressage au Master Pro de Vittel, en juin dernier

© Timothée Pequegnot

Dans quel système évoluez-vous?

Jusqu’à l’année dernière, nous étions installés en région lyonnaise avec ma compagne, Philothée Fouilloux. Nous y gérions une écurie de propriétaires et enseignions finalement plus que nous ne concourions. Nous avons déménagé durant l’hiver et sommes maintenant situés au Sud de Toulouse, où nous travaillons pour une propriétaire, Ella Stekly. Les montures que nous avions déjà sont hébergées au sein de sa structure, et elle a investi dans plusieurs jeunes assez qualiteux que nous allons former avec l’objectif d’atteindre les épreuves Pro Élite. Tous n’y arriveront peut-être pas et il est possible que certains soient commercialisés, d’autant qu’ils ont entre cinq et six ans à l’heure actuelle, donc la route est encore très longue. 

Quelles sont les qualités que vous recherchez lorsque vous choisissez un jeune cheval?

Nous achetons généralement des trois ans, donc nous regardons leurs origines, ainsi que leurs aptitudes naturelles dans la locomotion et la qualité de saut. Il faut également qu’ils aient un bon mental, envie de travailler et qu’ils ne soient pas trop précieux, car ils vont être amenés à sauter un peu tout et n’importe quoi sur les parcours de cross. Côté papiers, nous ne sommes pas experts en élevage, donc lorsque l’on ne connaît pas trop les origines d’un cheval, on essaye de se renseigner, et dans le cas inverse, cela signifie souvent qu’il s’agit d’une ascendance qui a fait ses preuves, donc c’est plutôt rassurant. Dans les chevaux que nous avons actuellement se trouve, par exemple, un fils de For Feeling (Idalgo de Ribaud, SF, mère par Donald Rouge II, dixième du championnat de France des quatre ans à Pompadour l’an passé, ndlr), qui est lui-même un descendant de For Pleasure, donc nous n’avons pas de doute quant à sa qualité de saut. Nous avons aussi une jument par Mylord Carthago (Idéale de la Ferme, SF, mère par Scareface de Mars, ndlr), dont nous sommes sûrs du bon mental, mais dont nous savons qu’elle pourrait éventuellement être un peu tardive.

Que pensez-vous du Cycle classique de la Société hippique française (SHF) pour la formation des jeunes chevaux?

C’est un super circuit, bien construit, dont il faut profiter. Cela nous permet de faire courir nos chevaux sur de belles pistes, ce qui est très bien pour leur formation. En revanche, nous ne visons pas toujours les finales de Pompadour avec nos montures, cela dépend vraiment d'elles. L’an passé, par exemple, nous avions deux chevaux de quatre ans: l’une a terminé sa saison en juin et est repartie au pré, tandis que l’autre a disputé le championnat de France, car il était prêt pour le faire.



“Il est assez rare que Bakar ne soit pas classé”

Avec la plupart de vos chevaux, vous alternez les sorties en concours complet et en saut d’obstacles. Pourquoi?

Je le fais un petit peu moins maintenant que lorsque nous étions établis en région lyonnaise, car nous devons faire plus de route pour accéder à de belles pistes de saut d’obstacles. Pour autant, lorsque cela est possible, j’aime en effet préparer les concours complets en engageant mes chevaux en jumping auparavant. Bakar, par exemple, saute régulièrement Grand Prix à 1,30m deux ou trois semaines avant une compétition, afin d’enchaîner un parcours en conditions de concours avant de nous engager dans un 4* ou une étape du Grand National.

Avec Bakar, vous sortez souvent de piste avec quatre points de pénalités lors du concours hippique. Comment l’expliquez-vous?

Je n’ai pas toute l’expérience du monde, donc parfois, j’arrive à réaliser de bons parcours, et parfois je monte moins bien. C’est comme ça. Qui plus est, les fautes que nous commettons sont explicables la plupart du temps, et mon cheval écope très rarement de plus de quatre points aux obstacles. D’ailleurs, c’est assez rare qu’il ne soit pas classé lors d’un concours. II est vrai que certains ont des chevaux qui sautent beaucoup mieux le concours hippique et sont à l'abri de la faute, mais je pense que leurs cavaliers sont bien moins sereins que moi au départ du cross. C’est toujours pareil: les chevaux ont les défauts de leurs qualités et inversement.

Quels sont désormais vos objectifs avec lui?

Si tout va bien, il devrait prendre part à l’étape du Grand National du Pin-au-Haras (du 18 au 21 août, ndlr) et courir le CCI 4*-L de Lignières-en-Berry (programmé du 27 septembre au 1er octobre, ndlr). Nous voudrions l’engager dans un CCI 5*-L et aurions d’ailleurs bien voulu disputer celui de Pau cet automne, mais comme nous n’avons pas pu prendre le départ du CCI 4*-L de Bramham et que nous devons encore obtenir une qualification à ce niveau, cela va repousser cet objectif à la saison prochaine. 



“On rêve tous de courir à Badminton ou à Burghley”

Rêvez-vous de participer à certains concours en particulier?

Lorsque l’on fait du complet, je pense que l’on rêve tous de courir à Badminton ou à Burghley, mais je ne suis pas sûr que ce soit la bonne idée de disputer son premier CCI 5*-L là-bas. Il faut être assez intelligent pour commencer sur des terrains correspondant aux chevaux, aux cavaliers et à leur expérience lorsqu’ils franchissent un cap. Le circuit des 5* (qui comporte, outre ceux précités, les concours de Luhmühlen, Lexington, Adélaïde et du Maryland, ndlr) est aussi fait, selon moi, de sorte que les pilotes ou les chevaux n’ayant pas encore trop d’expérience à ce niveau puissent se lancer sur des concours un peu moins exigeants que les deux classiques anglaises.

Aimeriez-vous aussi aller concourir ailleurs en Angleterre?

Si j’en ai l’opportunité, oui. C’est quand même une autre culture, et c’est à vivre au moins une fois, ne serait-ce que pour l’ambiance qui règne sur les concours là-bas! J’ai eu l’occasion de le faire lorsque j’étais en stage pendant trois mois chez Andrew Nicholson et je le referais volontiers. 



Retrouvez LOUIS SEYCHAL en vidéos sur
Retrouvez BAKAR DE L'OCEAN LA en vidéos sur