“La victoire en individuel est un peu la cerise sur le gâteau!”, Raphaël Cochet
Le week-end passé, Raphaël Cochet, associé à Difda du Very, a remporté le CCIO 4* d’Avenches, en Suisse. Une performance qui a largement contribué à la victoire française dans la Coupe des nations, dont le Francilien a pris le départ aux côtés de Maxime Livio, Christopher Six et Mathieu Lemoine. Le complétiste s’est livré sur son ressenti après un week-end parfait, avant de se confier sur son piquet de chevaux et ses ambitions sportives.
Vous venez de remporter le CCIO 4*-S d’Avenches, mais également la Coupe des nations avec l’équipe de France, en compagnie Christopher Six, Maxime Livio et Mathieu Lemoine. Quel est votre état d’esprit à la sortie de ce week-end parfait?
Je ressens beaucoup de joie mais aussi une grande fierté d’avoir gagné avec l’équipe de France! La victoire en individuel, c’est un peu la cerise sur le gâteau. Je me serais tout à fait contenté de la deuxième place et de la victoire par équipes mais le sport en a décidé autrement. J’ai eu un peu de chance, mais il en faut parfois alors je suis ravi (jusqu’alors en tête, le Suisse Felix Vogg a commis deux fautes à l’hippique avec Dao de l’Océan, ndlr). Je ne suis pas rentré en piste avec pour objectif de gagner l’épreuve individuelle, je ne pensais pas forcément que ma jument en avait les capacités. Je l’estime beaucoup, mais de là à gagner, c’est incroyable!
S’imposer par équipes et en individuel n’est pas un accomplissement qui se produit tous les jours dans une carrière. Allez-vous prendre le temps de fêter l'événement?
Je vais célébrer comme il se doit avec mes amis proches, mon entourage et toute l’équipe qui m’accompagne au quotidien. Évidemment, ce genre de performance ne peut s’obtenir seul, j’ai la chance d’être bien entouré. Pour l’instant nous n’avons pas pu le fêter la victoire car l’épreuve s’est terminée le dimanche. Nous avons ensuite voyagé pendant près de neuf heures et nous sommes arrivés aux écuries en pleine nuit. Il faut donc prendre le temps de se reposer un petit peu après un week-end si éprouvant physiquement et émotionnellement. Mais d’ici la fin de la semaine, nous allons fêter cela dignement!
Vous aviez déjà pris la deuxième place de la Coupe des nations à Avenches avec Difda du Very, l’année dernière. Cette piste semble vous réussir!
Cette deuxième place obtenue l’année dernière n’avait pas la même saveur. Bien sûr, c’est toujours agréable de monter sur le podium avec l’équipe de France, mais personnellement, j’étais un petit peu passé à côté de mon concours. Ma jument avait fait un refus sur le cross et nous avions commis deux fautes à l’hippique après un bon dressage qui nous avait pourtant bien lancés dans la compétition. Heureusement, mes collègues ont assuré le travail et ont réussi à ramener une belle deuxième place, mais la satisfaction est bien plus grande ce week-end. D’un point de vue personnel, ce concours a été assez irréprochable même si l’hippique aurait pu être perfectible.
Qu’est-ce qui a le plus de valeur à vos yeux: remporter la Coupe des nations avec l’équipe de France ou vous imposer en individuel dans ce CCIO 4*?
Remporter la Coupe des nations avec l’équipe de France, et de loin! Nous pratiquons un sport individuel la plupart du temps, alors pouvoir partager cela en équipe et profiter tous ensemble de cette atmosphère unique, ça n’a pas de prix. Personnellement, c’est ce que je préfère. Comme je l’ai dit auparavant, la victoire en individuelle est la cerise sur le gâteau.
Le temps imparti pour terminer le cross a semble-t-il été compliqué à respecter et le parcours d’obstacles s’est avéré très fautif. Comment avez-vous abordé ces deux épreuves en particulier?
Pour ce qui est du cross, je connaissais déjà le terrain pour y avoir concouru l’année dernière. C’était à peu de choses près le même tracé, avec globalement les mêmes difficultés réparties un peu différemment. D’ailleurs, le temps imparti était déjà difficile à respecter lors de l’édition précédente. Nous nous sommes rapidement rendu compte de la difficulté du chronomètre en regardant les épreuves précédentes du samedi, et notamment le CCI 3*. Christopher (Six, ndlr) était également engagé dans cette épreuve avec deux chevaux et il nous avait informé qu’il serait très compliqué de rentrer dans le temps imparti. Les consignes que nous avons reçues étaient de partir à bloc et d’essayer de se rapprocher le plus possible du temps idéal. Pour ma part, j’ai l’avantage d’avoir une jument facilement maniable. Difda (du Very, ndlr) n’est pas une grande galopeuse mais elle peut tourner vite et repartir très rapidement, c’est une vraie petite mobylette! Comme je connaissais plutôt bien le tracé, j’étais dans mon élément. Une fois sur le terrain de cross, j’ai vite senti que nous étions dans un bon jour alors je nous motivais, moi et ma jument, pour essayer de grapiller des secondes. L’équipe a su se montrer performante, même si les conditions extérieures étaient compliquées. Au début de l’hippique, certains participants se sont fait arrêter en plein parcours car il y avait beaucoup de vent et certains obstacles tombaient tout seul. Il a fallu que les organisateurs prennent le temps de lester les obstacles pendant que nous cavaliers devions rester concentré sur la compétition. J’ai regardé les premiers partants mais sans trop m’attarder sur les performances des autres. Je me suis concentré sur ce que ma jument et moi étions capable de faire. Techniquement, le parcours ne me semblait pas insurmontable, nous devions simplement rester appliqués et faire de notre mieux.
“Difda réalise une première partie de saison irréprochable”
Cette victoire obtenue avec Difda du Very est la plus importante de votre carrière et fait suite à une belle cinquième place obtenue lors du championnat de France Pro 1 de Vittel. Avez-vous le sentiment d’être en train de franchir un cap avec votre jument?
Je pensais honnêtement avoir déjà franchi un cap avec Difda l’année dernière. Elle a eu de légers problèmes de santé la saison passée, nous avons donc vécu une saison un peu compliquée avec quelques refus occasionnels sur le cross. Cela m’a permis de me poser des questions et de trouver les bonnes réponses plutôt que d’essayer de me convaincre que le problème venait uniquement de moi. Avec mon équipe, nous avons réfléchi, nous sommes penchés sur sa santé et nous avons effectués quelques petits réglages d’ordre physique. Maintenant que ce problème est solutionné, Difda réalise une première partie de saison irréprochable. Elle s’est très bien comportée dès ses premiers concours et sa performance à Vittel est venue confirmer cette tendance. Certes, c’était une épreuve Pro 1, un niveau qu’elle maîtrise de A à Z, mais tout de même. Ces résultats m’ont permis d’aborder le concours d’Avenches avec beaucoup de confiance et cela s’est bien terminé pour nous alors je suis ravi.
Pouvez-vous évoquer votre jument, Difda du Very? Quelles sont ses principales qualités et les points sur lesquels elle doit encore progresser?
C’est une jument que nous avons achetée avec ma femme et mon patron alors qu’elle n’était qu’en fin d’année de trois ans. Nous l’avons débourrée et elle a ensuite suite concouru sur le circuit réservé aux jeunes chevaux, avec ma femme d’abord, puis je l’ai récupérée. Difda évolue avec moi depuis très longtemps, je l’ai formée à la discipline à une période où je découvrais moi-même le haut niveau avec mon ancienne jument, Sherazad de la Louvière, retraitée depuis l’année dernière. Elle m’a permis d’atteindre le haut niveau et j’ai réussi par le biais de cette expérience à former Difda de façon plus optimale. Pour ce qui est de ses qualités, elle est assez complète: c’est une bonne dresseuse, peut-être pas la meilleure mais elle fait partie du haut du tableau. Elle est également très maniable et rapide, mais aussi franche, ce qui en fait une bonne jument de cross. Son petit point faible est peut-être le concours hippique car elle est un petit peu limitée physiquement par rapport à d’autres chevaux. L’hippique est le troisième test dans une compétition de concours complet, la fatigue et les courbatures rentrent en compte à l’abord de cette épreuve. C’est moins difficile pour un cheval qui dispose naturellement de plus de force et de puissance pour sauter un parcours à 1,30m. Mais Difda est respectueuse et elle essaye de bien faire à chaque fois. Nous ne sommes jamais à l’abri de commettre une petite faute, comme cela a été le cas le week-end dernier, mais nous travaillons pour améliorer nos performances sur l’hippique.
Comment se prote Sherazad de la Louvière, la jument qui vous a ouvert les portes de l’équipe de France?
Elle est heureuse et en pleine forme! Elle mange de l’herbe toute la journée avec ses copines. Je la vois tous les jours car elle est à seulement trois minutes de mes écuries. Elle est toute grasse et vit une belle retraite bien méritée.
Quels sont vos objectifs avec Galante de Muria, une jument âgée de sept ans?
Je l’ai achetée avec mon patron. C’est une très bonne dresseuse et elle est aussi à l’aise sur le cross, mais c’est un petit peu plus compliqué sur l’hippique car elle manque encore de respect par rapport à d’autres chevaux. Je voulais essayer de la qualifier pour le Lion d’Angers (le championnat du monde des chevaux de six et sept ans, ndlr) mais un petit problème de santé l’a contraint à l’arrêt pendant une dizaine de jours et nous a empêché de concourir à Jardy. Notre objectif initial semble maintenant compliqué à viser mais ce n’est pas très grave, nous allons réadapter notre agenda et nous verrons l’année prochaine ce qu’elle est capable de faire. Cette jument a beaucoup de qualités: elle est puissante, très franche sur le cross et également très au point techniquement. En revanche, son grand gabarit la rend un peu moins maniable que Difda. J’espère qu’elle sera capable de participer à des épreuves de niveau 4* à l’avenir.
“Je préfère d’habitude les chevaux français aux chevaux étrangers mais Neymar m’a fait changer d’avis”
Y-a-t-il d’autres jeunes chevaux dans votre écurie sur lesquels vous misez pour le futur?
J’ai un très bon jeune de cinq ans qui est arrivé aux écuries par le biais d’une de mes cavalières, ici, aux écuries de la Louvière. Il vient de Hongrie et s’appelle Neymar, mais il n’a rien d’un joueur de football, lui est une vraie star sur les barres! (Rires) Il est également très bon sur le plat comme sur un terrain de cross. J’ai de grands espoirs en lui! J’essaye de lui faire prendre de l’expérience sans pour autant trop le fatiguer car je préfère ne pas trop en demander à mes jeunes chevaux une fois que j’ai réussi à déceler leur potentiel. J’espère qu’il sera capable de performer comme Difda le fait actuellement. Sur le papier, il est en tout cas très intéressant. Je préfère d’habitude les chevaux français aux chevaux étrangers mais celui-là m’a fait changer d’avis. Je profite de ce cheval qui est très agréable à monter au quotidien et je mise beaucoup sur lui pour le futur.
Après avoir annoncé sa sélection pour les championnats d’Europe du Haras du Pin, Thierry Touzaint a déclaré que “des couples peuvent encore rejoindre le groupe en vue d’une sélection olympique”. Avez-vous les JO de Paris 2024 dans le viseur?
Forcément, en tant que cavalier qui a atteint le haut niveau en participant à des CCI 4*, je suis obligé d’y penser, d’autant plus que les prochains Jeux olympiques se disputent à Paris. Pour autant, je reste assez lucide: je connais tous les complétistes qui représentent l’équipe de France actuellement et certains d’entre eux ont bien plus leur place que moi. Ils ont plus d’expérience, plus de vécu et plus de métier au plus haut niveau. Mais si jamais le sélectionneur a besoin de moi et que ma jument est qualifiée, oui bien-sûr, les Jeux olympiques restent un rêve. Ce n’est pas pour autant un objectif concret: Je fais ce sport avant tout pour me faire plaisir. Je ne participe à aucune compétition dans le but de montrer à tout le monde que je suis le meilleur et prouver que j’ai ma place pour participer aux JO. Si je participe à des CCI 4*, ce n’est pas pour l’argent que cela rapporte mais bel et bien par passion. C’est un vrai bonheur de pouvoir vivre les émotions que procurent la compétition et d’amener des chevaux à ce niveau-là. Ma jument n’a que dix ans, elle a encore de belles années devant elle, alors si un jour tous les feux sont au vert et que l’équipe de France a besoin de moi, pourquoi pas. Mais ce n’est pas une priorité pour moi comme cela peut l’être pour d’autres cavaliers.
Quel est votre programme sportif pour le reste de la saison?
Pour Galande de Muria, je ne sais pas trop. Elle n’a été arrêtée qu’une dizaine de jours mais cela suffit pour chambouler un peu notre planning. Je n’ai pas d’objectifs concrets avec elle sur le court terme. En revanche, mon objectif de fin de saison avec Difda est de courir un format long, car elle ne l’a pas encore fait pour l’instant. Elle devait participer au CCI de Kronenberg mais elle a seulement pris part au test de dressage car le terrain de cross était catastrophique. Il n’était pas du tout entretenu et j’ai préféré déclarer forfait et partir après le dressage. Nous allons essayer de participer au CCIO 4*-L de Boekelo en fin de saison. D’ici là, j’aimerai participer au CCIO 4*-S d’Arville avec l’équipe de France (qui débutera le 17 août prochain, ndlr). Si le sélectionneur décide de monter une équipe pour cet événement, je répondrai présent.