Quelques mois après son titre de championne du monde obtenu à Bouthieb, aux Émirats arabes unis, en vertu d’une décision légitime du tribunal de la Fédération équestre internationale, l’équipe de France d’endurance avait à cœur de récidiver aux championnats d’Europe, aujourd’hui à Ermelo, aux Pays-Bas. Lors d’une épreuve de 160km courue par soixante-quinze des meilleurs couples du Vieux Continent, la France a tenu le choc et réalisé un exceptionnel doublé. Jean-Michel Grimal, sélectionneur national, et l’équipe d’encadrement technique avaient misé sur Virginie Atger & Raya de Jalima, propriété de Jean-Claude Guillaume, Mélody Théolissat & Kaïs de Jalima, propriété du même Jean-Claude Guillaume, Clémentine Chaud & Winaruz El Djin, propriété de Catherine Le Bihan, Vincent Gaudriot & Bum Baya d’Aqui, propriété de Bénédicte Soullier et Didier Marion, et enfin Philippe Tomas & Biwaka de Chalendrat, propriété de Tomas’Team Endurance.

Le départ de l’épreuve a été donné à 6h30. Le parcours de 160km était composé de six boucles sillonnant les plaines et forêts néerlandaises. Sous le soleil levant, les soixante-quinze concurrents se sont élancés sur la première boucle de 38 km, la plus longue de la course. D’abord séparés en deux groupes, les cavaliers français se sont vite retrouvés pour se positionner ensemble dans un groupe de tête composé d’une quinzaine de couples et ont ajusté leur vitesse de croisière à un peu plus de 20km/h. À l’issue de cette première boucle, les binômes se sont dirigés vers l’examen vétérinaire, épreuve à part entière en endurance puisque chaque cheval est contrôlé afin de s’assurer qu’il peut poursuivre l’épreuve dans de bonnes conditions. Malheureusement, la route de Clémentine Chaud s’est arrêtée à ce stade en raison d’une boiterie détectée sur Winaruz El Djin, probablement à la suite d’un petit coup. Les quatre autres équipiers tricolores ont pu repartir sur la deuxième boucle après le temps de repos réglementaire.

Les Bleus ont ensuite maintenu le cap, restant dans le top dix sur l’ensemble des boucles, respectivement longues de 22, 29, 20, 31 et 20km. Mélody Théolissat et Kaïs de Jalima se sont même offert le luxe de faire la course en tête dans la cinquième boucle. Néanmoins, les concurrents se tenaient dans un mouchoir de poche et rien ne semblait acquis pour l’équipe de France. Sentant leurs chevaux en forme, et comme convenu avec le sélectionneur national, Philippe Tomas et Mélody Théolissat ont pris plus de risques et ont accéléré dans la dernière boucle, montant à 26,087 et 24,819km/h pour conserver l’avantage. L’effort s’est avéré payant puisque, après un examen des chevaux passé haut la main, Philippe Tomas a décroché la médaille de bronze individuelle avec Biwaka de Chalendrat, qui a fini l’épreuve en 7h45’53’’, à seulement trois secondes de la première marche place et juste devant Mélody Théolissat, quatrième en 7h47’38’’.

Une tactique parfaitement huilée

Toujours à l’écoute de son cheval qui a montré quelques signes de fatigue, Vincent Gaudriot a choisi de lever le pied tandis que Virginie Atger avait pour consigne d’assurer dans la dernière boucle. À ce stade de la compétition, il suffisait que l’un d’eux passe avec succès la dernière inspection des chevaux pour que la France s’assure la victoire. Mission accomplie, puisque Bum Baya d’Aqui et Raya de Jalima ont tous deux été acceptés, offrant ainsi à la France le titre européen et les huit et neuvième places individuelles à Vincent et Virginie. 

Quelques mois après le succès de Bouthieb, dix-sept ans après leur précédent titre mondial, les Bleus ont donc confirmé leur statut et repartiront des Pays-Bas avec le plus beau des métaux autour du cou, signant un doublé exceptionnel. L’Espagne a pri la deuxième place, et l’Allemagne a complété le podium. À noter qu’aucune autre équipe n’a vu trois couples finir cette épreuve exigeante, que seuls vingt-deux couples ont terminée, soit 29,33%, ce qui est très faible. En individuel, l’Allemande Sabrina Arnold a décroché l’or avec Easy El Boheira, devant l’Espagnole María Álvarez Pontón, en argent sur Bolchoï El Akim.

“Nous sommes vraiment ravis!”, s’est réjoui Jean-Michel Grimal. “Nous avons fini devant les Espagnols, même si nous avons un peu gagné sur le tapis vert puisqu’il y a eu un éliminé espagnol devant nous. Nous avons réussi le doublé champions du monde et d’Europe par équipes, donc nous sommes très contents. Ce matin, nous avions adopté une stratégie un peu différente de d’habitude. Pour une fois, nous avions décidé de scinder notre équipe de cinq couples en deux groupes: trois ont pris un peu plus de risques et deux autres ont assuré. Comme l’épreuve n’est pas partie très vite, les cinq se sont vite retrouvés devant dans le groupe de tête et ont poursuivi la course ensemble. Je suis ravi de mes cavaliers, qui ont vraiment servi l’équipe. Nous ne nous étions retrouvés qu’il y a trois jours, car nous étions à Castelsagrat le week-end dernier pour les Mondiaux Jeunes, mais nous avons passé trois super journées. Les cavaliers ont vraiment réussi un travail d’équipe. En plus, nous avons décroché une médaille individuelle, ce qui nous rend très contents. Mélody, qui d’habitude peut prendre plus de risques à la fin et aurait pu aussi accrocher une médaille individuelle ; n’a pas pu aller aussi vite que d’ordinaire. Elle a écouté et respecté son cheval et terminé au pied du podium, mais elle a signé une très belle épreuve. Je crois que Philippe ne s’attendait pas à cette médaille. Avant la course, il me disait qu’il était le doyen de l’équipe... Cette médaille lui prouve qu’il est encore capable de performer! Tout le monde a respecté son cheval et suivi les consignes, comme Vincent et Virginie sur la dernière boucle. Bref, je suis très fier de mes cavaliers.”

Le classement individuel
Le classement par équipes