Grâce à Nicolas Touzaint et Thomas Carlile, la France domine le Mondial des sept ans après le cross
Véritable test pour les chevaux de sept ans, le cross a tenu toutes ses promesses cet après-midi au Mondial du Lion-d’Angers. Sous un temps maussade, les soixante-dix concurrents au départ ont affronté un parcours de 4 930 mètres dessiné par Pierre Michelet. Si des incidents sont venus changer la donne, c’est surtout le temps accordé qui a bouleversé le classement avant l’hippique. Dans ces conditions, les Français se sont montrés sous leur meilleur jour, deux d’entre eux, Nicolas Touzaint et Thomas Carlile, occupant la première et la troisième marche du podium provisoire avec Gauguin du Busson et Golden de Béliard. La Belge Lara De Liedekerke-Meier s’intercale entre eux aux côtés de son produit maison, Kiarado d’Arville.
Porté comme chaque année par un public tout acquis à sa cause, Nicolas Touzaint, qui s’est récemment confié à GRANDPRIX, s’est élancé en fin d’épreuve avec Gauguin du Busson (SF, Cornet Obolensky ex- Windows van het Costersveld x Shogoun), cet après-midi, dans le Mondial des sept au Lion-d’Angers. Si le couple a connu un très bon début de parcours, il a dû composer avec un arrêt imposé par les juges après le neuvième obstacle. En cause, la nécessité d’évacuer le Britannique Timothy Cheffings, victime d’une chute nécessitant des soins médicaux avec Creevaghstables Ificudiwud (ISH, VDL Orestus x Laughton’s Flight) sur l’obstacle 15. “C’est toujours particulier quand on est arrêtés au milieu d’un cross”, s’est exprimé le multimédaillé après être descendu de cheval. “Le parcours était très bien lancé. Le premier gué était un peu délicat pour tout le monde, mais j’avais réussi à effectuer un bon passage et puis, d’un coup, nous avons été stoppés. L’avantage est que mon cheval a sûrement récupéré un peu pour finir plus vite mais en même temps, cela a perturbé le déroulement du parcours. Après qu’on est repartis, j’ai senti sur trois ou quatre obstacles qu’il ne comprenait pas très bien ce qui se passait. Il est reparti un peu mollement s’est vraiment relancé à partir du deuxième gué. Par ailleurs, je ne savais pas vraiment où j’en étais en ce qui concerne le temps imparti. C’est toujours délicat de se fier entièrement à son chronomètre dans cette configuration. Je savais que j’étais proche du maxi, mais j’ignorais si j’avais trois secondes d’avance ou de retard. Dans le doute, j’ai réaccéléré et j’ai bien fait, car il n’y avait pas de marge.” En effet, le cavalier et sa monture ont finalement passé la ligne d’arrivée avec une seconde d’avance sur les 8’58” imparties. Assez pour s’assurer, avec un total de 23,5 points, une barre d’avance à l’hippique sur Lara De Liedekerke-Meier et Kiarado d’Arville (sBs, Diarado x Jet Set du Rezidal), pénalisés de deux points de temps dépassé aujourd’hui et crédités d’un total de 28 points. “Ça n’est pas plus mal”, continue Nicolas Touzaint en riant. “Je savais avant de partir que si j’étais maxi, j’aurais une barre d’avance demain. C’était vraiment mon objectif et cela enlève un peu de pression, même s’il va falloir essayer de signer un sans-faute.” Quel que soit le résultat de l’hippique, le cavalier ne tarit pas d’éloge sur son protégé: “Je suis certain que c’est un top cheval d’avenir. Il est encore vert sur les trois tests, d’autant qu’il s’était blessé à un pied en début d’année, ce qui avait repoussé son début de saison à mai. À terme, quand il va être bien calé, il a tout ce qu’il faut pour évoluer à haut niveau.”
Un podium franco-belge
À la deuxième place on retrouve donc Lara De Liedekerke-Meier et Kiarado d’Arville, qui est né chez elle. “Mon cheval a très bien couru”, a déclaré la Belge, satisfaite. “Le souci est que je l’ai monté comme mon premier cheval, Quintus (BWP, Diarado x Darco), avec qui j’ai écopé d’un refus car je suis arrivée trop vite sur un obstacle. Je me suis dit ‘ne refais pas la même erreur’ durant mon parcours avec Kiarado, plutôt que de le monter en me concentrant sur lui et ses spécificités. Résultat: quand je l’ai poussé en avant après l’obstacle qui m’inquiétait, il en avait encore sous le pied mais c’était trop tard pour rattraper complètement notre retard. Il a énormément mûri par rapport à l’an passé. C’est un bon sauteur. On va voir comment il récupère, comment il se sent, mais en tous cas, je suis contente de le monter demain.”
La belle opération du jour est à mettre à l’actif du Français Thomas Carlile et sa Golden de Béliard (AA, Upsilon x Jalienny), qu’un maxi propulse de la cinquième à la troisième place provisoire... soit la même place que celle que le couple occupait avant sa victoire dans le championnat des six ans l’an dernier! Un parcours tout en facilité réalisé par une jument allante du début à la fin. “Elle a été super”, s’est exclamé le Français, enthousiaste. “Je me suis régalé. Elle est épatante parce qu’à chaque fois que je lui fais franchir un cap, j’ai du mal à me projeter avec elle. À la maison, elle est nerveuse, précieuse. Toute l’année, aux reconnaissances, je me suis posé des questions sur les combinaisons. Mais dès qu’elle sort de la boite de départ, à chaque fois, elle me régale. Je pourrais enlever mes éperons et ma cravache: elle a toute l’envie du monde. Aujourd'hui, à la sixième minute, j’avais un peu plus de vingt secondes d’avance donc je l’ai laissée souffler durant toute la fin de parcours, sans l’éteindre, mais en la laissant à sa main, avec beaucoup d’aisance. Cela a été impressionnant. C’est un cheval de course! Son rythme cardiaque est descendu très vite après l’arrivée. Je crois que je n’ai jamais vu ça. Je n’aurais pas pu amener deux chevaux plus opposés qu’Hermès Gay (avec lequel il pointe au neuvième rang du championnat des six ans, ndlr) et elle, et ça n’est pas toujours évident de passer de l’un à l’autre. Golden compense tout ce qu’elle n’a pas en moyens avec une énergie inépuisable. Elle est aussi très intelligente. En arrivant sur une combinaison, elle a déjà tout calculé. C’est chouette!”
Les Français en force
Leur remontée, les champions du monde de l’an dernier la doivent à deux couples représentant l’Union Jack, à savoir ceux formés par Max Warburton et Alexander Bragg avec United (Hann, Ucello x Espri), et Masterclass (AES, For Pleasure x Balou du Rouet). Ayant respectivement écopé de 2,4 et 6,4 points aujourd’hui, ces deux duos ont reculé des quatre et deuxième rangs après le dressage aux huit et treizième. Au pied du podium avant le dernier test, Astier Nicolas et Gravure de la Mouline (SF, Eldorado de Hus x Que Guapo) sont en embuscade et à seulement 0,7 point de la deuxième place. “Elle a déroulé un super parcours”, s’est réjoui l’ancien cavalier de Piaf de B’Neville. “Elle était un peu fatiguée à la fin, ce qui explique le petit sursis sur la combinaison finale, mais elle a continué à se battre à fond comme une très bonne jument. Je suis ravi. Ce sport se vit étape après étape mais c’est une bonne sauteuse. Il faut qu’elle récupère bien d’ici demain.” Astier et Gravure devancent deux Britanniques, Caroline Harris et Harry Meade, associés à Cooley Mosstown (ISH, Celtic Hero x Riverman) et Amiro Island (SHBGB, Amiro Z x Jumbo), tous deux auteurs d’un maxi aujourd’hui.
Au total, pas moins de six Français font partie du Top quinze, Stéphane Landois et Mathieu Vanlandeghem se classant respectivement dix et onzièmes avec Gainsbourg de Bedon (SF, Mylord Carthago x Allegreto) et Apéro (Z, Aktion Pur Z x Berlin) tandis qu’Alexis Goury et Gulliver des Lones (SF, Upsilon x Hoggar Mail) sont remontés de la trentième à la quatorzième place à la faveur d’un beau maxi. Les autres Français sont plus loin mais toujours en lice, hormis Amaury Choplain et Gin Tonic d’Aury (SF, Orient du Py x Quick Star), tombés sans gravité en milieu de parcours.
Résultats complets
Demain, l’hippique commencera à 14h et sera à suivre en direct sur GRANDPRIX.tv comme l'ensemble des épreuves de ce Mondial