“Le sport, c’est encore plus fort quand on le vit au plus près”, Sylvie Robert

Depuis mercredi et jusqu’à dimanche soir, Equita Lyon bat son plein à Eurexpo, à l’est de la tentaculaire métropole rhônalpine. Passionnée par le cheval, le sport et sa profession d’organisatrice d’événements équestres, Sylvie Robert est à pied d’œuvre du matin au soir dans les allées du salon et autour des carrières de compétition. Les douze mois à venir seront chargées pour la présidente de GL events Equestrian Sport et ses équipes, avec deux éditions d’Equita Lyon bien sûr, mais aussi le Saut Hermès au Grand Palais, le Printemps des sports équestres à Fontainebleau et la livraison des opérations événementielles et sportives des épreuves équestres des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Pour l’instant, “tous les voyants sont au vert de notre côté”, apprécie l’entrepreneuse lyonnaise, ravie notamment que le grand sport se déroule à guichets fermés ce week-end. Au cours de cet entretien, elle évoque entre autres sujets les règles d’invitation des cavaliers du CSI 5*-W, présents au nombre de soixante cette année.



Comment s’annonce le cru 2023 d’Equita Lyon et de son Longines Equita Lyon, Concours hippique international?

Tous les voyants sont au vert de notre côté. Outre la fréquentation du salon, avec deux très bonnes premières journées, nos sessions de ce soir, samedi soir et dimanche affichent complet depuis un bon moment. Concernant les deux dernières, nous avons même bouclé la vente de places plus tôt que l’an passé. Il en est allé de même pour les exposants, ainsi que les engagements et demandes de participation des cavaliers. Concernant les épreuves internationales, nous sommes très sollicités, et il y a des équations pas toujours simples à résoudre. En tout cas, je suis ravie des plateaux de cavaliers engagés dans le CDI-W comme dans le CSI 5*-W, d’autant que notre concours est positionné entre la dernière étape du Longines Global Champions Tour et de sa League (organisée le week-end dernier à Riyad, ndlr) et les finales de ceux-ci (prévues dans deux semaines à Prague, ndlr). Nous aurons d’ailleurs l’honneur de voir à l’œuvre huit des dix meilleurs cavaliers du classement mondial Longines (absents, les Américains Kent Farrington et McLain Ward participent cette semaine aux Jeux panaméricains, à Santiago du Chili, ndlr), ce que je trouve formidable.

Nous avons entamé une année très dense pour les équipes de GL events Equestrian Sport, avec deux éditions d’Equita Lyon bien sûr, mais aussi le Saut Hermès au Grand Palais pour le compte de la maison Hermès, le Printemps des sports équestres à Fontainebleau ainsi que la livraison des opérations événementielles et sportives des épreuves équestres des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. Et nous mettons tout en œuvre pour que ce soit une belle année.

Quels sont les objectifs de la nouvelle Place des métiers et de l’orientation, axe fort de cette édition 2023?

Nous avons mis cette initiative sur pied main dans la main avec l’Institut français du cheval et de l’équitation, à travers son service Équi-ressources, le Fonds ÉPERON et la Fédération française d’équitation (FFE). Le but est de faire la part belle aux formations et aux métiers de la filière cheval, qui s’illustrent par une très grande diversité. C’est d’autant plus primordial à une époque où notre filière peine à recruter. Nous espérons que cette visibilité accrue fera naître des vocations chez nos visiteurs jeunes ou plus âgés en quête de reconversion professionnelle. 

Mi-octobre, on a vu une étape inaugurale de la Coupe du monde Longines disputée devant des tribunes clairsemées à Oslo, où les organisateurs ont pourtant invité tous les détenteurs de tickets à venir avec une personne de leur choix. Le pari de billetterie n’est jamais gagné d’avance…

Rien n’est jamais acquis, quoi que l’on fasse. Je me suis fait la même réflexion en regardant le Grand Prix Coupe du monde d’Oslo. Je trouve incroyable qu’une telle épreuve, à laquelle ont participé bon nombre des meilleurs cavaliers au monde, se soit disputée devant si peu de public. Je suis sincèrement navrée pour les organisateurs norvégiens, qui font du bon travail. Je ne sais pas s’il y a lieu de travailler collectivement sur cette question, mais en tout cas, les tribunes de notre Longines Equita Lyon, Concours hippique international seront bel et bien complètes pour toutes nos épreuves majeures. Le sport, c’est encore plus fort quand on le vit au plus près. Chaque week-end, je suis branchée sur trois ou quatre compétitions en même temps grâce à toutes les plateformes de diffusion, mais je me rends sur les terrains de concours dès que je le peux.



“Notre but est d’inviter toujours plus de cavaliers à vivre le Longines Equita Lyon”

Sportivement, la principale nouveauté concerne l’augmentation du nombre de cavaliers participant au CSI 5*-W, de cinquante-cinq à soixante. Pourquoi avez-vous pris cette décision, permise depuis cette année par le règlement de la Coupe du monde?

Il y a quelques années, nous avions obtenu de la Fédération équestre internationale (FEI) le droit d’inviter cinq concurrents en plus du quota de cinquante préqualifiés ou pouvant se qualifier pour le Grand Prix Coupe du monde, afin d’ouvrir les portes de notre événement à des cavaliers jeunes, en devenir ou établis en Auvergne-Rhône-Alpes. Ceux-ci n’ont donc le droit de monter que nos trois épreuves non qualificatives. Cette année, la FEI nous a autorisés à porter leur nombre à dix. Notre but est de pouvoir inviter toujours plus de cavaliers à vivre le Longines Equita Lyon en tant que compétiteurs. Ils peuvent venir avec un ou deux chevaux. Cette année, le programme leur offre trois épreuves cotées à 1,50m et comptant pour le classement mondial Longines (programmées aujourd’hui, samedi et dimanche, ndlr). C’est une vraie opportunité pour ces cavaliers, qui rencontrent de plus en plus de difficultés à accéder aux CSI 5*, concours distribuant le plus de points pour le classement mondial.

Concernant les Français, avec l’accord de Sophie Dubourg (directrice technique nationale, ndlr), de Henk Nooren (sélectionneur national, ndlr) et d’Édouard Coupérie (sélectionneur national adjoint, ndlr), nous avons souhaité inviter Morgan Bordat (vainqueur de deux Grands Prix CSI 3* cette année à Nancy et Vilamoura, ndlr), Mélanie Cloarec (victorieuse notamment d’un Grand Prix CSI 3* à Canteleu, ndlr), Nicolas Deseuzes (vainqueur notamment des Grands Prix CSI 4* de Courlans et 3* de Megève, ndlr), le jeune Antoine Ermann (classé jusqu’à 1,50m cette année, ndlr), courant sous nos couleurs et dont nous souhaitons soutenir l’ascension avec les chevaux de l’écurie Chev’el, Axel van Colen (très régulièrement classé à 1,50m et 1,45m, ndlr), Timothée Bost, qui a obtenu de bons classements à 1,50m aux CSI 3* de Cabourg Classic et de Jump’Est à Nancy avec Ébène de la Jefe, une jument de neuf ans qui a également montré de belles choses dans le Grand Prix du CSI 4* de Deauville Classic (se classant vingtième avec six points, ndlr), ainsi que David Giffon, sacré champion de France Pro 1 (à ces Français s’ajoutent le Belge Nathan Budd, le Brésilien Pedro Junqueira Muylaert et l’Américaine Sophie Maher, épouse du champion olympique Ben Maher, ndlr)

Comment sont choisis les cavaliers invités selon ce statut, et ceux qui peuvent tenter de se qualifier pour l’Equita Masters présenté par Hermès Sellier et le Grand Prix Coupe du monde? On imagine aisément que vous priorisiez des cavaliers GL events ou amis d’Equita Lyon, mais nombre de Français ont obtenu de très bons résultats sportifs cette année…

Concernant les Français, il y a d’abord une liste de cavaliers préqualifiés pour le Grand Prix Coupe du monde: Julien Épaillard et Simon Delestre, en vertu de leur classement dans le top dix mondial, ainsi que Kevin Staut, Pénélope Leprevost, Roger-Yves Bost, François-Xavier Boudant, Olivier Robert, Olivier Perreau, Nicolas Delmotte, Mégane Moissonnier, Julien Anquetin et Jeanne Sadran. Ensuite, il y a une liste de cavaliers qui peuvent se qualifier à l’occasion du Longines Grand Prix de ce soir: Philippe Léoni, Edward Levy, champion de France Pro Élite en titre, Julien Gonin, Philippe Rozier et Sadri Fegaier.

Nous avons à trancher des choix cornéliens. Il est plus facile de dire oui que non, mais nous ne pouvons pas faire plaisir à tout le monde. Nous nous conformons aux règles de la Coupe du monde et utilisons dûment le système d’engagement de la FEI, que je trouve d’ailleurs bien fait, même s’il prive les organisateurs d’une certaine souplesse. Je trouve assez juste qu’une partie considérable des cavaliers soient invités en vertu de leur rang au classement mondial Longines, qu’une deuxième partie de concurrents soient sélectionnés par leur fédération nationale et qu’une dernière partie soit laissée à la discrétion des organisateurs. À Lyon comme à Paris et Fontainebleau, nous travaillons main dans la main avec la FFE sur ce sujet comme sur nombre d’autres. Naturellement, dans la mesure du possible, nous tâchons de favoriser les cavaliers qui montent sous nos couleurs, notamment dans le Grand National FFE/AC Print, un circuit qui a beaucoup de sens à nos yeux.

On peut s’étonner de l’absence de Grégory Cottard, qui a gagné son premier point en Coupe du monde à Oslo, remporté deux beaux Grands Prix avec Cocaïne du Val cette année, et qui est soixante-dixième au classement mondial Longines?

Je peux le comprendre. Pour autant, nous n’avons absolument rien contre lui, bien au contraire, et nous aurions aimé l’accueillir cette année, comme d’autres très bons cavaliers, mais nous ne pas pouvons pas faire plaisir à tout le monde… La FFE ne l’a pas sélectionné sur son quota et nous avons effectivement choisi de favoriser d’autres cavaliers pour les raisons que j’ai exposées. En tout, il y a vingt-trois Français sur soixante concurrents, ce qui est considérable pour un concours de niveau 5*.



“Les temps sont durs, notamment en raison de l’inflation”

Concernant le dressage, Raphaël Saleh remplace Isabelle Judet à la présidence du jury. Est-ce lié à sa nomination à la présidence du jury des JO?

Chez GL events Equestrian Sport, la gestion des épreuves de dressage est placée sous la responsabilité de Georg Fincke (expert allemand de la discipline, ndlr). Nous avons choisi Raphaël Saleh pour présider le jury du CDI-W du Longines Equita Lyon ainsi que celui du CDI 5* de notre Printemps des sports équestres. Nous avions de bonnes raisons de penser qu’il serait nommé pour présider celui des Jeux olympiques, mais ce choix était dans les mains de la FEI, et il n’a été officialisé que très récemment. Isabelle Judet, qui officiait à Lyon depuis que nous nous sommes lancés dans le dressage, ne pouvait pas être nommée à Paris parce que Camille Judet-Chéret, sa fille, et Corentin Pottier, le compagnon de celle-ci, sont en lice pour une sélection olympique (à Lyon, aucun des deux cavaliers n’a toutefois été sélectionné parmi le contingent de cinq Français, ndlr). Isabelle se retire de beaucoup de concours pour cette raison. Plus généralement, le fait que trois membres de notre jury lyonnais (Raphaël Saleh, mais aussi la Néerlandaise Mariette Sanders-van Gansewinkel et l’Allemand Henning Lehrmann, ndlr) aient été nommés par la FEI pour les JO de Paris constitue une véritable satisfaction pour Georg Fincke comme pour nous. Et nous sommes heureux que la FEI ait choisi un président français.

Comment évoluent vos relations avec la ville de Lyon, qui semblent s’être affaiblies depuis l’élection de l’écologiste Grégory Doucet au poste de maire?

Grégory Doucet compte parmi les personnalités politiques que nous invitons chaque année à Equita Lyon. Nous espérons sincèrement qu’il viendra nous rendre visite cette semaine. En tout cas, il sera toujours le bienvenu.

Y a-t-il de nouveaux partenariats à annoncer? Le sponsoring sportif a connu des périodes plus fastes qu’actuellement…

Rien n’est acquis là non plus. À Lyon, nous avons la chance d’entretenir une relation de confiance très forte avec la marque horlogère suisse Longines à travers un contrat de longue durée. Parmi nos partenaires principaux, je citerai aussi la Laiterie de Montaigu, Hermès Sellier, le groupe LIM (rassemblant les marques Albion, Arioneo, Audevard, Butet, CWD, Devoucoux, EnviroEquine et Ravene, ndlr), le constructeur automobile Land Rover, qui concentre cette année sa communication sur sa marque Defender, l’assureur Groupama, ainsi que la FFE, pour ne citer que les principaux. Compte tenu de notre calendrier très chargé pour l’année en venir, nous avons favorisé le renouvellement de contrats pluriannuels, sécurisant au moins nos éditions 2023 et 2024. Tous partenaires ont répondu présent, comprenant nos enjeux.

D’une manière générale, les temps sont durs, notamment en raison de l’inflation. Cela concerne tous nos postes de dépense et tout particulièrement l’hôtellerie. Tout compris, nous prenons à notre charge trois mille cinq cents nuitées, ce qui représente un coût considérable. Compte tenu de ces réalités, nous tâchons d’être aussi raisonnables que possible, avec la confiance renouvelée du groupe GL events, sans laquelle mes équipes et moi n’en serions pas là.