Dexter Leam Pondi était de ces poneys dont la légende va bien au-delà des frontières. Fierté de l’élevage Pondi de Gilles Le Mouellic, le Connemara s’est éteint ce vendredi, laissant derrière lui un vide immense et un nombre incalculable de descendants tous plus extraordinaires les uns que les autres.     

Né en 1991 en Bretagne, le gris était issu d’un croisement entre Leam Finnigan et White Granite. Après avoir effectué ses premiers pas en compétition principalement sous la selle de Yoann Le Vot, Dexter croise la route de la famille Chambaud en 1999. À cette époque, Anna, la sœur aînée, entame ses dernières années à poney avec l’étalon. C’est en 2001 que celui que l’on surnomme “l’ange blanc” est associé pour la première fois en compétition à celle qui a eu le privilège de l’emmener au plus haut niveau, Alice Chambaud.  

Quatre participations en championnat d’Europe avec Alice Chambaud

Alice et Dexter ont représenté à quatre reprises la France aux championnats d’Europe. Dès 2002, le duo est sélectionné pour l’échéance de Lanaken après s’être classé deuxième du Grand Prix du CSIP de Cormiboeuf, cinquième de celui du CSIOP de Lummen et avoir remporté celui de Marsens. En Belgique, grâce à un double sans-faute dans la Coupe des nations, il est médaillé d’argent aux côtés de l’équipe de France.      

L’année suivante, Alice et Dexter récidivent et s’emparent à nouveau du Grand Prix du CSIP de Marsens. En juillet, lors du championnat de France Grand Prix Élite, ils accrochent l’or, leur ouvrant les portes d’un nouveau championnat d’Europe, cette fois à Necarne Castle. En Irlande du Nord, après une quatrième place par équipes et alors qu’ils sont en tête après les deux premières qualificatives, Alice se trompe de parcours lors de la finale, terminant vingt-deuxième. Cette même année, Dexter obtient un IPO de 164.     

En 2004, après une cinquième place dans le championnat de France, le couple prend part à l’événement européen de Jaszkowo, en Pologne. S’il ne parvient pas à se qualifier pour la finale individuelle, il s’empare tout de même de la médaille de bronze par équipes aux côtés, notamment, de Julia Dallamano et Black Devil, vice-champions d’Europe individuel cette année-là. Quelques mois plus tard, en novembre, Alice et Dexter prennent la troisième place du Grand Prix du CSIOP de Vérone, en Italie.      

En 2005, pour sa dernière année à poney, Alice s’offre, grâce à son incroyable Dexter, la médaille d’argent du championnat de France Élite ainsi qu’une quatrième sélection consécutive pour les championnats d’Europe. À Pratoni del Vivaro, le duo n’accède cependant pas à la finale individuelle et termine septième par équipes. Au CSIOP de Vérone, en novembre, les deux complices s’emparent de la quatrième place du Grand Prix puis remportent, quelques semaines plus tard, le Grand Prix du Salon du cheval, leur dernier coup d’éclat, la fin d’un couple de légende.  

Deux années sous couleurs italiennes

Dexter n’étant âgé que de quatorze ans, la famille Chambaud le loue ensuite à l’Italien Filippo Bologni. Et leurs débuts sont tonitruants. Dès mars 2006, le néo-duo s’empare du Grand Prix du CSIP de Cinzano et, en juillet, il signe un double zéro dans la Coupe des nations du CSIOP d’Hagen, offrant alors la victoire à l’Italie. Sélectionné pour les championnats d’Europe de Saumur, ses cinquième Européens consécutifs, Dexter Leam Pondi a pu briller à nouveau devant son public français, terminant à la septième place.     

En 2007, après une troisième place dans le Grand Prix du CSIOP de Fontainebleau, Dexter et Filippo Bologni représentent une nouvelle fois l’Italie aux championnats d’Europe, cette fois à Freudenberg. Malheureusement, ces sixièmes Européens resteront les derniers de l’inégalable gris. Lors de l’événement, le Connemara se met à boiter, signant la fin de sa carrière sportive.  

Plus de sept-cents produits

Mais Dexter Leam Pondi, ce n’était pas seulement une carrière exceptionnelle. Outre le performeur, il restera comme l’un des, si ce n’est le meilleur reproducteur du siècle. Parmi ses sept-cent-quarante et un produits enregistrés à l’Institut Français du Cheval et de l’Équitation (IFCE), quatre-cent-trente sont indicés, dont vingt et un à plus de 150.     

Parmi ses meilleurs descendants, citons évidemment Rexter d’Or, poney aux sept participations en championnat d’Europe. Comme un signe, la retraite de l’extraordinaire gris a été annoncée cette semaine, quelques jours seulement avant que son illustre père ne pousse son dernier souffle. Le résumé de sa carrière est à retrouver ici.   

Véritable star européenne, Vaughann de Vuzit fait également partie de la liste. Champion d’Europe par équipes en 2021 avec la France sous la selle d’Anna Szarzewski, il a glané le bronze avec la Grande-Bretagne cette année, au Mans, cette fois avec Madison Seedhouse (IPO 190 en 2021).   

Même s’il se fait plus discret ces dernières années, comment ne pas citer “l’extraterrestre” Uhelem de Seille. Champion de France As Poney Élite Excellence en 2017 puis lauréat de la première épreuve des Européens de Kaposvar sous la selle de Camille Favrot (IPO 175), le génie gris continue, depuis, à évoluer en As Poney 1 et Grands Prix.   

À l’échelle européenne, deux autres poneys se sont illustrés, Ix de l’Aulne, produit de l’élevage de l’Aulne du regretté Jean-François Marès, qui compte cinq participations avec l’équipe suédoise, ainsi que Jobic de Coatreal, représentant belge en 2007 avec Matthieu Demesmaeker.     

En France, citons les excellents Udix d’Isky, Texto Fox, Alibi de la Buqueuse, Thorval du Londel et Touten Un du Chapelan mais aussi Sir Leam des Dauges, exporté en Suisse en 2018, et le regretté Magic Leam Pondi, mort en 2022. Enfin, un peu plus jeune, saluons Flash’girl du Thym, championne de France des sept ans en 2022 sous la selle de Dylan Ringot.     

Après sa mort, Dexter Leam Pondi laisse derrière lui bien plus que sept-cent-quarante et un produits. La famille Chambaud, d’abord, pleure évidemment son étalon star, tout comme le haras de la Bouloye, où il a coulé de jours heureux.   

Dexter était une légende, l’une des plus grandes de l’histoire du Poney. Admiré de tous, il était considéré par beaucoup, à juste titre, comme le poney du siècle. Aujourd’hui, avec sa disparition, une page se tourne, une page unique et inoubliable, celle de “l’ange blanc”.