Yves Debost, fondateur du domaine de Bonvaux, s’est éteint

Le domaine équestre de Bonvaux a perdu son fondateur, Yves Debost, décédé jeudi à quatre-vingt-quatorze ans. Avec son épouse, Brigitte, il était le père de trois garçons et le grand-père de six petits-enfants. Le Bourguignon avait créé l’Académie de Bonvaux, où des concours internationaux de complet et de saut d’obstacles ont marqué de nombreuses générations de cavaliers.



Sur le site historique de Bonvaux, aujourd’hui vaste de cent quarante hectares, des religieux de l’ordre de Saint-Augustin établirent en 1215 le Prieuré de Bonvaux, acquis en 1878 par la famille Debost. Exploité de père en fils, le domaine fut transformé en centre équestre par Yves Debost en 1970. Ayant conservé ses bâtiments historiques grâce à Brigitte, l’épouse d’Yves, le club héberge aujourd’hui plus d’une centaine de chevaux et abrite deux manèges, deux carrières, deux parcours de cross et deux terrains de saut d’obstacles gérés par Fabien, le benjamin des trois enfants d’Yves Debost, décédé jeudi dans sa quatre-vingt-quinzième année.

Bonvaux est aussi un site de concours. Très connu pour son cross où se déroulaient jadis les championnats de France de concours complet des chevaux de sept ans, des Juniors et des Jeunes Cavaliers, avec son steeple et son routier uniques, il accueillait aussi des internationaux jusqu’au niveau 3* actuel. Les grands noms de la discipline y ont tous traîné leurs guêtres. “Ce terrain ressemblait à son propriétaire: atypique, rugueux, pas toujours facile, mais on s’y sentait bien et heureux!”, se souvient la multimédaillée Marie-Christine Duroy de Laurière, fidèle du concours. “Je me rappelle encore les soirées avec Yves et Brigitte, où les discussions de femmes et hommes de cheval allaient bon train, chacun campant sur ses positions. Que du bonheur! Yves était un ami.” Nicolas Touzaint, Didier Dhennin, Jean Teulère ou encore Maxime Livio, Bourguignon d’origine, ont tous fait galoper leurs chevaux à Bonvaux. Amélie Billard, actuelle adjointe au dressage de l’équipe de France Jeunes cavaliers, conserve “de très bons souvenirs de Bonvaux. À cette époque, le test de fond comportait quatre phases (routier, steeple, routier et cross, ndlr). Le cross était très agréable à monter, vallonné et très bien construit. Je me souviens d’un trou qui m’impressionnait lors de la reconnaissance, mais qui se franchissait très bien. C’est un terrain qui m’a plutôt réussi. Je garde pleins de souvenirs inoubliables. Quel dommage que ce concours n’existe plus! Même si le format est différent aujourd’hui, il pourrait préparer les couples pour des internationaux avec du dénivelé”. 



Un génie du bricolage

Si Bonvaux accueille encore des concours nationaux de saut d’obstacles, des CSI, jusqu’au niveau 2*, y ont été organisés pendant quatorze ans, grâce notamment à Yves Debost, que David Melin qualifie de précurseur. “Il avait beaucoup œuvré au développement des compétitions équestres en Bourgogne”, salue le cavalier concourant jusqu’en CSI 4*. L’homme de cheval avait aussi contribué à la promotion de l’élevage régional, puisqu’il fut aussi “un très bon cavalier qui montait souvent des chevaux atypiques avec finesse et légèreté”, selon David Melin. Plusieurs étaient nés chez lui, portant l’affixe de Bonvaux. Gérard Konczewski, lui aussi cavalier de CSI et entraîneur bourguignon, se rappelle la part d’originalité d’Yves Debost, “qui portait un nœud papillon blanc en compétition au lieu d’une cravate classique!” Après avoir longtemps parcouru les CSI Vétérans européens, aux côtés de son épouse, Yves Debost avait raccroché ses bottes à l’âge respectable de soixante-quinze ans!

Le fondateur de l’Académie de Bonvaux était aussi un génie du bricolage. Sa débrouillardise, aiguisée durant la Seconde Guerre mondiale, lui avait permis de développer graduellement le site, avec une inventivité appréciée de tous. “Il savait apprécier les qualités des équipes de travailleurs de l’Étrier de Bourgogne”, qui construisaient les parcours de cross des grands événements, comme le rappelle Henri Bernard, collaborateur du chef de piste d’alors, Gilbert Lécrivain.

Une page importante de l’histoire de l’équitation bourguignonne se referme avec le départ d’Yves Debost, “taiseux discret” pour Henri Bernard, dont “le calme et la détermination” étaient unanimement reconnus, selon Gérard Konczewski. Il sera inhumé ce mardi 21 novembre à 14h30 à Daix, en Côte-d’Or. GRANDPRIX présente toutes ses condoléances à la famille et aux proches du défunt.



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DIJON BONVAUX NATIONAL JUIN 2019  sur