À Saint-Lô, Kill Bill du Mesnil remporte le testage des trois ans
À l’issue de leur semaine de testage, les mâles de trois ans ont été vus une dernière fois ce mercredi sur un petit parcours monté, dans le manège du Pôle hippique de Saint-Lô. Kill Bill du Mesnil, un fils du crack Emerald van’t Ruytershof et de Vinca Major van Vlieringen, l’ancienne jument de Grands Prix de Pauline Guignery, en a été déclaré vainqueur.
Quid du Selle Français Originel?
Quarante-cinq mâles de trois ans étaient qualifiés pour le testage du Selle Français, qui s’est achevé hier à Saint-Lô. Pour certains, il s’agissait de confirmer leur approbation obtenue à deux ans, alors que les autres étaient issus des qualificatives automnales. Parmi les pères des prétendants, Balou du Rouet et Mylord Carthago étaient les plus représentés avec chacun quatre produits. Casall et Qlassic Bois Margot en comptaient trois contre deux pour Conthargos, Dollar du Rouet, Eldorado van de Zeshoek et Untouchable 27. Quatorze candidats, soit un peu moins d’un tiers, étaient issus d’un père Selle Français, tandis que seize, soit à peine plus d’un tiers, avaient un père de mère SF. Le seul cheval potentiellement Selle Français Originel présent ce mercredi à Saint-Lô est inscrit au stud-book… Anglo-Arabe. Déjà approuvé l’an dernier, Kraquant d’Ivraie est un pur produit de l’élevage de Stéphane Chalier, installé dans le Cantal, un passionné qui produit en AA mais également en SF. Kraquant est un fils de Cyann d’Ivraie (Dollar dela Pierre x Cook du Midour) et Caouette d’Ivraie par Scandale d’Ivraie. Il réunit dans son pedigree quasiment tout ce qui se fait de mieux en Anglo-Arabie. Il ne manque qu’un soupçon de Ryon d’Anzex et Kraquant aurait pu raconter une grande partie de l’histoire de l’AA, que ce soit par les étalons ou les lignées maternelles d’exception réunies dans son papier.
Ne quasiment plus voir de candidats mâles SFO peut paraître un paradoxe vu que, dans le même temps, le SFO Donatello d’Auge (Jarnac x Hello Pierville) a fini en tête du classement des performeurs établi annuellement par la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH) sur une période courant du 1er octobre au 30 septembre. Cependant, sept ans se sont écoulés entre la conception de Donatello et celles des chevaux en lice aujourd’hui. Pendant ce temps, l’élevage a beaucoup évolué et s’est encore davantage “européanisé”. Chaque stud-book s’est servi de ce qu’il y avait de mieux chez ses voisins pour essayer d’améliorer son élevage, et force est de constater que la plupart des cracks actuels sont très métissés, quel que soit leur stud-book d’inscription. Lors de l’ouverture aux étalons étrangers, les éleveurs français se sont scindés en trois catégories: ceux qui ont très fortement imprégné leur élevage de sang étranger; ceux qui s’en sont servis avec parcimonie, et les irréductibles du SFO qui ne voulaient pas voir de “sang impur” abreuver leur cheptel. Avec un certain recul, on peut constater que toutes les méthodes ont amené leur lot d’excellents performers et qu’il n’y a aucune vérité qui se dégage. Ainsi, si l’on prend les dix meilleurs chevaux SF du dernier classement WBFSH, on constate qu’il y a deux SFO (Donatello et Dubaï du Cèdre), Brazyl du Mézel est 7/8 SF, alors que Valmy de la Lande, Bibici et Cocaïne du Val sont aux trois-quarts SF. Caracole de la Roque et Dynamix de Bélhème comptent 50% de sang français contre un quart pour Dzara Dorchival et Dallas Vegas Batilly.
Le métissage peut avoir du bon, et apporter à certaines juments des qualités qui leur manquent et qui peuvent être moins faciles à trouver chez les étalons SF. Néanmoins, il est très intéressant de constater que le SF peut encore se suffire à lui-même, sans aller puiser à l’étranger, pour faire naître le meilleur cheval du monde et une médaillée européenne. Cela prouve sans nul doute la qualité intrinsèque de notre élevage, qui a acquis sa réputation grâce à des chevaux généralement coopératifs et qui pouvaient tout donner pour leur cavalier… à condition que celui-ci sache faire preuve de suffisamment de tact. Et ce n’est certainement pas un hasard si l’un des cavaliers les plus titrés au monde, le Suisse Steve Guerdat, doit la majorité de ses plus belles victoires à des chevaux SF. Fervents amoureux du SF, nous pensons toutefois qu’il ne faut pas se priver d’injecter à dose raisonnée une touche de sang étranger quand celui-ci pourra sublimer notre jumenterie, tout en sachant préserver un creuset de reproducteurs suffisamment imprégné de sang français et surtout de ses spécificités.
Victoire d’un fils d’Emerald et de Vinca Major
Cette parenthèse refermée, revenons aux mâles de trois ans présentés à Saint-Lô. Vus sous toutes les coutures par les juges et les cavaliers experts pendant une semaine, ils sont dix-huit à avoir obtenu le label Espoir, alors que seize se sont vu créditer de la mention Très Prometteur. Parmi ceux-ci, les juges ont dégagé un podium au sommet duquel trône Kill Bill du Mesnil, déclaré vainqueur. Kill Bill est un fils d’Emerald van’t Ruytershof et de la très bonne gagnante Vinca Major van Vlieringen (ISO 173, BWP, Dominard x Lys de Darmen), victorieuse à 1,50m et régulièrement sur le podium en Grands Prix CSI 3* avec Pauline Guignery. Si Kill Bill du Mesnil, acheté embryon à Annie Fournier par l'éleveur manchois Jean-Luc Lebourgeois, est issu de deux parents étrangers, son pedigree compte néanmoins plus de 50% de SF.
Habitué aux titres ces dernières années, l’élevage charentais de Riverland a cette fois dû se contenter d’une belle deuxième place pour Katoki de Riverland. Fils du Holsteiner Catoki et de Dirka de Riverland par Action-Breaker, c’est un frère utérin du champion des étalons de deux et trois ans, Itoki de Riverland (Candy de Nantuel). Plus petit et léger que les deux étalons qui le précèdent, Kado de Félines s’est classé troisième. Né au haras de Félines dans la Loire, il est également issu de deux parents étrangers: l’Oldenbourgeois Conthargos et la KWPN Ja Barones (Vigo d’Arsouilles).
Ce jeudi, Saint-Lô accueillera les étalons de deux ans avec cinquante-huit candidats en lice. En préambule de la remise des prix des étalons de trois ans, le stud-book Selle Français a tenu à rendre hommage à son directeur technique, Benoît Chaigne, qui vit à Saint-Lô sa dernière approbation “active”, puisqu’il fera valoir ses droits à la retraite cet été. Homme discret mais affable, Benoît Chaigne a connu toute l’épopée du Selle Français post-Haras nationaux avec la création de l’Association nationale du Selle Français en 2003 devenu Stud-book Selle Français, soit plus de vingt ans de fidélité à la maison SF. Bonne retraite Benoît!