Jeanne Sadran, le bien-être animal aux JO, Cesar Parra, Katie Prudent et soixante-deux recommandations au sommaire du baromètre de mars
Jeanne Sadran obtient sa qualification pour la finale de la Coupe du monde Longines, une tribune publiée par Le Parisien/Aujourd’hui en France s’interroge sur le bien-être des chevaux aux Jeux de Paris 2024, un nombre record de cavaliers français engagés dans la série de la Global Champions League, des accusations en cascade contre le dresseur Cesar Parra, de vives critiques envers Katie Prudent, ou encore les soixante-deux recommandations du rapport de la commission d’enquête concernant les défaillances dans le sport et la lutte contre les violences sexistes et sexuelles... Le dernier baromètre retrace l'actualité du mois de mars.
En hausse
Jeanne Sadran se qualifie pour sa première finale de coupe du monde !
En terminant à une époustouflante deuxième place derrière Steve Guerdat dans le Grand Prix Longines de Bordeaux, le 3 février, Jeanne Sadran a poinçonné son billet pour la finale de la Coupe du monde, qui se tiendra en avril à Riyad ! Grâce à cet exploit, le meilleur résultat de sa jeune carrière, accompli avec Dexter de Kerglenn, la Toulousaine de vingt-deux ans a empoché dix-sept points supplémentaires au classement général de la ligue d’Europe occidentale, ce qui lui a offert sa qualification pour son premier grand championnat indoor. “Ce sera mon seul objectif de l’année désormais”, a-t-elle affirmé le soir même. “Nous ne l’avions pas tellement prévu, mais nous avons finalement connu quelques bonnes surprises lors de certaines étapes alors j’espérais vraiment réussir quelque chose à Bordeaux!” Selon toute vraisemblance, elle fera le voyage jusqu’en Arabie saoudite avec Kevin Staut et Julien Épaillard, eux aussi qualifiés. À l’heure où ce magazine passait sous presse, Julien Anquetin et Roger-Yves Bost s’apprêtaient à disputer l’ultime étape, fin février à Göteborg, avec l’espoir de glaner les derniers points nécessaires à leur qualification.
Paris 2024, des JO modèles en matière de bien-être du cheval ?
“Et si les Jeux de Paris étaient ceux du bien-être des chevaux ?”, interroge une tribune publiée en février dans Le Parisien / Aujourd’hui en France. Signé par une quarantaine de personnalités, dont le médaillé olympique néerlandais Albert Voorn, des vétérinaires de haut rang comme Jean-Marie Denoix, des élus et des personnalités associées de longue date à la cause animale, ce texte appelle surtout les organisateurs des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 à mettre en œuvre les recommandations d’un rapport parlementaire rédigé en 2022 par l’ex-député Loïc Dombreval. “À l’heure où le bien-être animal a été élevé au rang de préoccupation sociétale, politique, s’inscrivant en sujet médiatique, et à l’approche d’une nouvelle édition de la plus grande manifestation sportive de la planète, prendre véritablement en compte le bien-être des chevaux est indispensable si l’on veut que les épreuves équestres aux Jeux olympiques perdurent”, écrivent-ils. Si certaines recommandations peuvent être jugées excessives, on se réjouira que le bien-être du cheval athlète soit replacé au cœur du débat public pour un sport plus vertueux.
Les bleus n'auront jamais été aussi nombreux en Global Champions League
Ils étaient cinq en 2018, six en 2019, sept en 2021, à nouveau six en 2022, puis trois en 2023… et dix en 2024 ! Pas moins de dix Français participeront à la Global Champions League (GCL) en cette année olympique. Déjà engagés l’an passé, Jeanne Sadran, Nina Mallevaey et Simon Delestre rempilent en 2024, de même qu’Olivier Robert et Roger-Yves Bost, qui ont déjà participé par le passé à cette série opposant des écuries privées. En revanche, c’est une première pour Julien Anquetin, Inès Joly, Antoine Ermann, Olivier Perreau et Grégory Cottard (ici en photo), dont la présence est probablement la plus inattendue. En principe, les Normands Edward Levy et Julien Épaillard devraient prendre le train en route pour la seconde partie de la saison, comme le permet le règlement. Au-delà des controverses entourant la GCL, souvent jugée non méritocratique, ce chiffre record démontre l’attractivité des Tricolores dans le jumping de haut niveau.
En baisse
Katie Prudent au centre d'une controverse sur la pratique de l'enseignement Outre-Atlantique
Mi-janvier, des images issues d’un stage donné par Katie Prudent en Floride, sous l’égide de la Fédération étasunienne, a suscité une vague de réactions sur les réseaux sociaux. Sacrée championne du monde par équipes en 1986 à Aix-la-Chapelle, la Franco-Américaine, ancienne cavalière et cheffe de l’équipe américaine, a été la cible de critiques de la part de nombreux équitants en raison de son attitude et de propos jugés choquants. À plusieurs reprises dans le montage diffusé, elle interpelle fermement ses élèves, hausse la voix et laisse échapper des réflexions pouvant être jugées humiliantes à l’égard des jeunes cavaliers ou incompatibles avec le bien-être animal. Quelques semaines plus tard, la fédération a retiré de sa plateforme “des extraits vidéo problématiques et ne correspondant pas à ses valeurs”. Les sports équestres étant particulièrement observés compte tenu des préoccupations sociétales grandissantes en matière de bien-être animal, la responsabilité des athlètes et entraîneurs de renom est plus que jamais engagée, qui plus à une époque où l’image est devenue reine…
Cesar Parra soupçonné de maltraitance et de trafic d'êtres humains...
Fin janvier, de nombreuses images montrant des actes inacceptables, tels que de violents coups de chambrière et de cravache sur des chevaux, des bouches en sang et des flancs blessés par l’usage excessif des éperons, ont été publiées sur les réseaux sociaux. Ces faits sont prétendument imputés à Cesar Parra, cavalier olympique américain de dressage. Très rapidement, la Fédération étasunienne d’équitation a annoncé avoir pris connaissance “des effroyables et abjectes vidéos d’entraînement postées” et travailler “afin d’initier des investigations dans cette affaire importante”. À la suite d’une décision conjointe avec la Fédération équestre internationale (FEI), le cavalier de soixante ans, originaire de Colombie, nation qu’il a représentée jusqu’en 2008, y compris en grands championnats, a été suspendu provisoirement de compétition. Une mesure conservatoire exemplaire. Quelques jours plus tard, on a appris que le Bureau fédéral d’investigation des États-Unis (FBI) avait également lancé une enquête sur le même dresseur pour…trafic d’êtres humains. L’homme est soupçonné d’avoir imposé des contrôles à ses employés étrangers munis de visas de travail, en violation des lois fédérales américaines et de celles de l’État de Floride. Une histoire digne d’un thriller qui fait froid dans le dos…
Maximale saisonnière
62. Au terme de près de six mois de travail, le 22 janvier, la commission d’enquête parlementaire consacrée aux défaillances dans le sport et à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles a publié son rapport. Un document riche et sans concession, conclu par soixante-deux recommandations qui pourraient inspirer des propositions ou projets de loi. La plus importante est probablement la création d’une autorité indépendante, qui serait notamment chargée de recueillir, traiter et suivre les signalements de violences, ainsi que de s’assurer du bon respect des règles éthiques au sein des organisations sportives. “Les auditions de victimes ont été un moment fondateur, qui a soudé les membres de la commission dans une commune conviction que sa création constituait une urgence démocratique et que des mesures fortes étaient encore nécessaires”, a déclaré Sabrina Sebaihi, rapporteure de la commission. “Les autres auditions conduites par la commission d’enquête auront en elles-mêmes constitué un puissant révélateur de l’existence d’une culture du secret, du mensonge et du faux témoignage, qui sont des dimensions essentielles de l’omerta”, poursuit la députée des Hauts-de-Seine, faisant ainsi référence aux sept dirigeants sportifs, dont fait partie Serge Lecomte, visés par des enquêtes pour parjure par le Parquet de Paris. Le président de la Fédération française d’équitation est soupçonné de fausses déclarations sous serment à propos de faits de violences sexuelles dont il aurait eu connaissance dans le cadre de l’affaire dite « Loïc Caudal ».