“J’aurais préféré que Saxo reste en France…”, Philippe Guerdat

Alors que le CSI 5*-W de Lyon, quatrième étape de la Ligue d’Europe de l’Ouest de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles a débuté ce midi à Eurexpo, GrandPrix-replay.com a sollicité un court entretien auprès de Philippe Guerdat. Il est notamment question de la vente de Saxo de la Cour, le cheval de tête de Cédric Angot, au milliardaire ukrainien Oleksandr Onyshchenko, que le sélectionneur de l’équipe de France aurait préféré conserver sous selle tricolore.



GRANDPRIX-REPLAY.COM : Le week-end dernier, Cédric Angot a annoncé la vente de Saxo de la Cour à Oleksandr Onyshchenko. Vous attendiez-vous à ce qu’il s’en sépare? Dans quelle mesure est-ce un coup dur pour l’équipe de France?
PHILIPPE GUERDAT : Non, ce n’était pas prévu. C’est une perte pour l’équipe de France, on ne peut pas dire le contraire. Saxo a été notre meilleur cheval en fin de saison (sixième du Longines Global Champions Tour de Chantilly, neuvième du Grand Prix CSI 5* de Dinard, deuxième du Grand Prix CSI 3* de Saint-Lô, double sans-faute de la Coupe des nations CSIO 5* de Calgary puis zéro et quatre points en finale mondiale des Coupes des nations Longines à Barcelone, ndlr). Les chevaux blessés, arrêtés ou vendus font partie de la vie d’un sélectionneur. Et ce n’est pas propre à la France. Cédric a été partie prenante de cette décision, en tant que copropriétaire du cheval (à 47,5% selon les données de FFECompet, les autres parts se répartissant entre le haras de Reux d’Alexandre de Rothschild, à hauteur de 25%, Benjamin Meyer, 25 %, et Sandrine Schuwer, 2,5%). C’est son choix, qu’il a expliqué. Il m’en a d’ailleurs parlé avant. En tout cas, je ne me sens pas responsable de cela. J’essaie de persuader les gens de conserver leurs chevaux pour l’équipe, mais je ne peux pas tout. J’aurais préféré que Saxo reste en France. Peut-être aurait-on pu trouver une solution en ce sens… C’est regrettable, mais c’est comme ça.
 
GPR. : Même si vous avez sélectionné le couple pour les très prestigieux CSIO 5* de Calgary et Barcelone, Cédric Angot aurait sûrement aimé participer aux Jeux équestres mondiaux de Tryon… Peut-on lire la vente de Saxo de cette manière?
P.G. : Certains vont peut-être l’interpréter ainsi, mais ce n’est pas mon cas. Je crois avoir été correct avec Cédric, de même que lui l’a été avec moi. À Chantilly, Saxo ne sautait pas très bien. Avec la maladie de Lyme dont il a souffert, on ne sait jamais si les chevaux reviendront vite à leur meilleur niveau. Le fait est qu’il s’est bien déclenché par la suite. Il a sûrement été bien soigné. Pour autant, sa première grande performance est arrivée un peu tard dans la saison, à Calgary. Si j’avais pu compter sur Saxo plus tôt, cela aurait peut-être modifié ma sélection pour les JEM, mais je ne vis ni dans le passé ni dans les regrets.
 
GPR. : Comment percevez-vous l’influence grandissante d’Oleksandr Onyshchenko auprès des cavaliers français? Il équipe Simon Delestre, a priori encore Pénélope Leprevost, mais aussi Edward Levy, qui monte depuis quelques semaines Gabbiano 11, Beau Limit, Kashmire et Élios de l’Épinette…
P.G. : Je ne veux pas rentrer dans ces considérations-là. Cela concerne les cavaliers. C’est à eux qu’il faut poser des questions.
 
GPR. : Combien de cavaliers espérez-vous voir se qualifier pour la finale de la Coupe du monde Longines, au printemps prochain à Göteborg?
P.G. : J’espère en avoir trois, mais c’est encore très prématuré. On verra déjà où nous en sommes après la quatrième étape qui se court ici. Je suppose que Kevin se qualifiera assez facilement comme d’habitude. Je compte sur Simon Delestre et Olivier Robert, mais pas seulement. D’ici la fin de l’année, nous avons trois places par concours, en comptant celles nominatives de Kevin et Simon. À Stuttgart, Olivier remplacera Cédric. Ensuite, j’ajusterai ma sélection pour l’étape de Madrid en fonction des performances des Français ici.
 
GPR. : Dans quel état d’esprit êtes-vous actuellement?
P.G. : En ce moment, je vois bien que tout le monde y va de son commentaire, mais je suis pleinement concentré sur mon travail, qui est fait de hauts et de bas… Cela fait vingt ans que j’exerce ce métier. À ce jour, je suis toujours sous contrat et je pense avoir la confiance de la plupart de mes cavaliers, ce qui est essentiel à mes yeux, et, je l'espère, de la plupart des propriétaires de mes cavaliers.