Des compléments alimentaires pour mieux gérer le stress de son cheval
Tous les cavaliers ont, hélas, connu un jour un cheval sur l’œil, nerveux ou agressif. Après avoir écarté la cause vétérinaire, une question se pose: comment aider une monture stressée à mieux appréhender son quotidien ou des événements marquants? Désormais bien ancrés dans les pratiques, les compléments alimentaires trouvent naturellement leur place dans le panel de solutions offertes pour apaiser animal… et cavalier.
“Les problèmes de stress doivent se résoudre par une gestion environnementale sur le long terme, mais nous pouvons aider un cheval à court terme en abaissant son niveau d’anxiété ressentie”, introduit Vincent Chassaing, docteur vétérinaire et responsable technique d’Audevard, laboratoire spécialisé dans les soins et compléments alimentaires pour chevaux depuis plus de trente ans. “Nous avons, par exemple, développé un produit (Zzen, en format liquide ou en seringue, ndlr) qui constitue une solution pour les chevaux ayant un naturel anxieux ou stressé, mais aussi pour les chevaux qui sont stressés par un changement dans leur vie – nouvelle pension, concours, mise au débourrage, convalescence, reprise du travail après une blessure, etc. Si la composition des produits s’appuie sur des références bibliographiques (résultats de recherches admis par une communauté scientifique, ndlr), chaque équidé est différent, avec un niveau de stress qui lui est propre. Il y a donc parfois une disparité de résultats selon les individus. Dans tous les cas, le but d’un complément alimentaire axé vers la gestion du stress n’est pas d’avoir une action “somnifère”, mais d’aider le cheval à appréhender son environnement.”
La composition des compléments alimentaires pour soulager l’anxiété équine se base souvent sur un mélange de chlorure de magnésium, de L-tryptophane – un acide aminé qui contribue à la production de sérotonine – et de plantes. “Dans le cas de notre produit, Zzen, en plus du magnésium, d’un mélange de vitamines et de L-tryptophane, nous avons choisi l’ashwagandha (également connu sous le nom de ginseng indien, ndlr), une plante dite adaptogène qui aide l’organisme à s’adapter face à diverses situations de stress”, achève Vincent Chassaing.
Le saint magnésium, l’appui populaire pour les grands nerveux
Très populaire au sein des compléments alimentaires axés vers la gestion du stress, le magnésium est l’accompagnement minéral par excellence pour la décontraction musculaire et le ralentissement du système nerveux. “Le magnésium existe sous plusieurs formes (citrate de magnésium, carbonate de magnésium, oxyde de magnésium, etc.), et toutes ne sont pas bien assimilées par l’animal. Nous avons misé sur l’oxyde de magnésium, car il est facilement biodisponible – sous sa forme de cation Mg2+ – et permet une cinétique d’action optimisée”, analyse Margaux Jouenne, cheffe de produit équin au sein de TIMAB Magnesium, spécialiste mondial du magnésium appliqué à la nutrition animale. “Le magnésium est antagoniste du calcium, c’est-à-dire qu’il inhibe en partie le transfert du calcium, qui transmet les informations dans le système nerveux et entraîne ainsi un ralentissement de ce dernier. Il fonctionne de la même manière sur les fibres musculaires, ce qui se traduit par une décontraction musculaire. Il y a ainsi un relâchement général, donc moins de stress.” En parallèle, par son action correctrice du pH, le magnésium est également utilisé pour soulager les ulcères gastriques équins, dont le stress est à la fois l’une des causes et des conséquences.
Seringue orale, le coup de pouce à portée de main
Quelques marques du secteur proposent de distribuer en seringue orale un complément alimentaire destiné à réguler l’anxiété. “En parallèle de notre formule liquide classique (No’Stress, ndlr), nous produisons ce format (No’Stress flash, ndlr) depuis cinq ans, à la demande de nos clients. Donner un complément alimentaire en seringue orale est rapide, pratique et ne nécessite pas de mélange avec une ration”, commente Guillaume Durand, nutritionniste de formation et responsable de la marque de nutrition équine PaskaCheval, établie en France depuis soixante-cinq ans. “Il est conseillé de distribuer la seringue deux heures avant l’événement susceptible de générer du stress chez le cheval, comme le transport, la tonte ou la compétition. La composition de la seringue – chlorure de magnésium, L-tryptophane, millepertuis et calendula, tous reconnus pour leurs vertus apaisantes et agissant sur le système nerveux – va accompagner au mieux le cheval dans son comportement durant le reste de la journée; il est rare de devoir distribuer deux seringues. Si le résultat n’est pas assez franc, il est possible de combiner la formule liquide, au quotidien, avec une seringue, avant l’événement anxiogène. La formule n’est, bien sûr, ni dopante ni sédative, ce qui fait que le No’Stress flash est utilisé par de nombreux professionnels et particuliers.”
Savoir observer un changement et agir en conséquence
“Pour conseiller au mieux un client, nous le questionnons d’abord sur les causes et le niveau de stress”, informe François Defraumont, expert nutritionnel de Cavalor, fabricant d’aliments, produits de soins et compléments alimentaires premium pour chevaux depuis 1989. “Le cheval grince-t-il des dents, produit-t-il des crottins mous, stresse-t-il uniquement dans les transports ou dans la vie quotidienne, etc.? Selon les réponses, nous pouvons proposer différents compléments alimentaires pour trouver une solution adaptée. Par exemple, Cavalor SoZen est très efficace pour les chevaux qui réagissent trop peu au L-tryptophane ou qui ont une tolérance élevée aux produits à base de L-tryptophane uniquement; grâce à son mélange de plantes, il peut répondre au déséquilibre entre cortisol et adrénaline.” Le produit Cavalor Calm va davantage appuyer sa composition sur le magnésium, quand le Cavalor Take It Easy Forte combine huiles essentielles, Ltryptophane à forte dose et magnésium. “Dans tous les cas, le changement d’attitude doit être remarquable et franc. Si la différence n’est pas clairement visible, il faut soit changer de formule, soit augmenter la dose. Il est également possible de combiner le SoZen avec une seringue Take It Easy Forte dans les cas d’événements les plus stressants. Attention, néanmoins, il faut garder des attentes réalistes: un cheval doit avoir une véritable hygiène de vie, une éducation soignée et un travail adapté pour être bien dans sa peau, à long terme”, affirme François Defraumont.
Le stress qui s’inscrit dans les cellules, le zoom biologique pour mieux comprendre les douleurs
“Afin de mieux comprendre le stress, qui est une large notion, nous pouvons analyser le fonctionnement du stress oxydatif des cellules, qui est un bon indicateur des dommages subis par le corps du cheval”, entreprend Dora Flament, ingénieure en agriculture spécialisée en nutrition équine et cofondatrice de Mila Moka, une jeune marque de nutrition équine primée par le Grand Prix Startups Hippolia by Equita Lyon en 2023. “En bref, la consommation d’oxygène produit des radicaux libres (un atome ou une molécule qui a gagné ou perdu un électron, ndlr), qui sont utiles à petite dose. Néanmoins, lors d’une pratique physique intense, la consommation d’oxygène est plus grande et augmente ainsi la production de radicaux libres. Si le corps ne compense pas assez avec des antioxydants (produits par luimême, donc endogènes, ou apportés par l’alimentation, donc exogènes), les radicaux libres en surnombre commencent à endommager les protéines, les membranes cellulaires et l’ADN. Ce déséquilibre est nommé stress oxydatif et peut être testé par une prise de sang via l’hémolyse, c’est-à-dire la quantité de destruction des globules rouges. Pour aider le cheval à avoir moins de destruction cellulaire, nous pouvons miser sur un bon apport d’antioxydants naturels. Nous avons opté pour notre part pour de la spiruline, de l’extrait de melon et de raisin, ainsi que du sélénium organique. Notre complément alimentaire dédié à ce problème (Allur’Tonik, ndlr) a démontré au sein d’une étude qu’il contribuait à diminuer de 25% les marqueurs de stress des cellules de l’organisme après une séance d’entraînement soutenue. Notons aussi que cela diminue les risques de myosites sporadiques, liées à des carences alimentaires en antioxydants. À la fin, le cheval récupère mieux et se sent bien dans son corps, ce qui est toujours une bonne base pour sa santé psychique.”
Le cas des chaleurs, quand la douleur et le nervosité impactent les juments
Bouleversement hormonal, ovaire qui s’alourdit et tire sur la voûte lombaire… Une jument en période de chaleur peut montrer des signes d’inconfort et de stress et devenir dès lors agressive, impatiente et rétive. “Au lieu de la réprimander, soutenez-la et soyez doux et patient au pansage”, dicte Kate Hore, nutritionniste en chef chez NAF, marque britannique présente depuis trente ans sur le marché. “Tenir un journal du cycle de sa jument peut vous aider à noter les tendances mensuelles et à mieux comprendre son comportement. Une solution chirurgicale ou une progestérone synthétique peuvent être envisagées, mais ce sont souvent des solutions de dernier recours. Le plus simple est de proposer un apport via un complément alimentaire complexe (notamment NAF Oestress, existant en poudre ou en format liquide, ndlr), qui accompagne plusieurs problèmes en même temps”. “En effet, la combinaison de plusieurs plantes est à privilégier pour leur synergie”, appuie le Dr Andy Richardson, chef vétérinaire chez NAF. “Le gattilier (également appelé poivre des moines, ndlr) peut aider à apporter calme et concentration, quand le viorne obier, l’actée à grappes noires, ou encore les graines de Chardon-Marie accompagneront la régularité des chaleurs et la douleur. NAF Oestress est conçu pour être un soutien quotidien tout au long du cycle de la jument et peut être augmenté au besoin pendant l’œstrus (phase de chaleur où la jument présente souvent un flagrant comportement de séduction, ndlr). Oestress peut également être distribué toute l’année si nécessaire. Enfin, il est à noter qu’Oestress peut être donné à tous les chevaux qui présentent un comportement hormonal et qu’il peut, de fait, être aussi d’une grande aide pour les hongres et les étalons.”