“C’est indéniable, Volnay et moi n’étions pas suffisamment prêts”, Alexandra Francart
2018 a marqué un grand tournant dans la carrière d’Alexandra Francart. Associée à son jeune mais non moins exceptionnel Volnay du Boisdeville, l’Ardennaise a réalisé une saison exemplaire, qui l’a propulsée dans le quatuor français sélectionné par Philippe Guerdat pour les Jeux équestres mondiaux de Tryon. Ce premier grand championnat ne s’est pas soldé comme la très classique amazone l’espérait puisque les Bleus ont conclu la compétition à la neuvième place, et que son bai a quelque peu accusé le coup en première manche de l’épreuve par équipes. Trois semaines après avoir quitté le sol américain, Alexandra Francart est revenue pour GRANDPRIX-Replay.com sur ces derniers mois riches en émotions et évoque le futur de son fils de Winningmood van de Arenberg. Entretien.
Alexandra Francart : Ça va bien ! On a digéré notre périple américain. Je ne voulais pas ressasser ce qu’il s’y est passé pendant des mois mais il y a évidemment eu une réflexion autour de cela. Je pense qu’elle a été faite, et quoi qu’il en soit, cela reste une expérience formidable et enrichissante. C’était indéniable, nous n’étions pas suffisamment prêts pour supporter tout cela. L’avantage, c’est que j’ai vu ce que c’était, et si un jour un championnat pareil doit se représenter je m’organiserai autrement. Volnay ayant neuf ans, je n’étais à la base pas pressentie pour être sélectionnée. Pour autant, à son âge, je n’aurais pas souhaité qu’il ait une autre préparation, avec de plus gros Grands Prix par exemple. Cette sélection, je ne la regrette absolument pas, elle nous a tous deux faits grandir de bien belle manière. Quand on regarde ces échéances à la télévision, on imagine ce que cela doit être, mais quand on la vit, en étant en plus dans le dur, on prend conscience de ce que cela représente.
GPR. : Comment Volnay du Boisdeville s’est-il remis de cette échéance, sur le plan physique et mental ?
A.F. : Volnay va bien ! Il va d’ailleurs reprendre le chemin des concours dès la semaine prochaine. Dans un premier temps, il ira à Mâcon (à l’occasion du Grand Indoor, ndlr) et Saint-Lô (lors du CSI 3* du Meeting d’Automne, ndlr). Mine de rien, Volnay n’a jamais sauté à l’intérieur, donc je voulais le préparer pour une éventuelle saison hivernale. Je ne pensais pas qu’il se remettrait aussi bien de Tryon. Que ce soit physiquement ou dans la tête il est très bien, et si je m’aperçois qu’il montre un moment de fatigue on arrêtera. Pour le moment, je ne vois pas l’intérêt de le garder aux écuries plus longtemps. Il commence à tourner en rond (rires) !
GPR. : Volnay du Boisdeville n’a jamais concouru en indoor ?
A.F. : Non car jusqu’à ses huit ans, dès que sa saison se terminait, il profitait d’un mois en pâture chez son naisseur puis partait au prélèvement. Depuis ses quatre ans, on le récupérait donc en décembre ou janvier pour le préparer à la saison de sport. Il n’a donc jamais fait d’indoor, bien que l’an passé la question s’était posée. Nous réfléchissions à en faire quelques-uns ou bien à agrandir son stock de paillettes, et nous avions choisi la deuxième option, en partie pour que nous ne soyons pas pressés de l’envoyer au prélèvement cette année.
“2018 a été une année enrichissante et extraordinaire”
GPR. : Cet hiver, l’accent sera-t-il donc uniquement mis sur le sport ?A.F. : La décision n’est pas encore complètement actée. Il refera donc un peu de concours, quitte à ce que le temps de prélèvement et sa saison extérieure soient différés.
GPR. : L’éventualité d’une commercialisation a été évoquée cette saison, est-ce toujours d’actualité ?
A.F. : Pour moi, il est toujours dans mes écuries et se prépare à faire du concours. À ce sujet, beaucoup ont parlé pour moi, alors que je n’ai jamais abordé le sujet. Tout ce qui concerne une éventuelle commercialisation de Volnay ne sort pas de son entourage proche. Peu importe d’ailleurs qu’on le prenne pour vrai ou faux.
GPR. : Lors des Jeux équestres mondiaux, Kevin Staut avait constaté qu’il était difficile mais néanmoins nécessaire que les cavaliers français puissent conserver leurs chevaux pour les prochains grands championnats. Partagez-vous cette analyse ?
A.F. : J’ai fait une apparition à haut-niveau et même à très-haut niveau lors de cette saison extérieure, je ne suis pas vraiment une habituée. Je dirais que je fais mon bonhomme de chemin, je découvre tout ce que j’ai à découvrir et mon dieu comme 2018 a été une année enrichissante et extraordinaire. J’ai découvert des terrains magnifiques, évolué sportivement et vu ce qu’était le très haut niveau. J’ai pu m’apercevoir que même si je n’étais pas à la hauteur en septembre 2018 avec mon cheval, l’objectif ne me semble pas impossible avec du travail. De là à en faire un constat… Kevin a dix ans de haut-niveau derrière lui, je pense qu’il est plus légitime pour dresser un tel bilan. Pour ma part, j’ai les yeux et les oreilles grands ouverts, et je dévore.