Douglas Lindelöw, Cathrine Laudrup-Dufour et les officiels de concours complet sont dans le baromètre du mois d’avril
Christopher Burton a fait son grand retour en concours complet avec l’espoir de participer aux Jeux olympiques de Paris, pour lesquels Cathrine Laudrup-Dufour et Mount St. John Freestyle se sont affirmées comme des favorites aux médailles après deux sorties internationales seulement. En parallèle, d’anciens grooms reprochent à Douglas Lindelöw de graves faits de maltraitances, les cavalières de dressage canadiennes Evi et Tany Strasser ont été suspendues par la Fédération équestre internationale (FEI) pour des “allégations de mauvaise conduite” et le Club international des officiels de concours complet d’équitation (IEOC) a été exclu par la FEI des parties prenantes ayant voix au chapitre dans le processus d’élaboration de ses règlements. Bernard Le Courtois a, quant à lui, annoncé qu’il allait prendre sa retraite et mettre en vente son haras de Brullemail. Le baromètre de GRANDPRIX retrace l’actualité marquante du mois de mars.
En hausse
Christopher Burton revient au complet avec des ambitions olympiques
Après trente-trois mois d’une absence liée à son engagement total en saut d’obstacles, Christopher Burton a signé son grand retour en concours complet en mars à Montelibretti, en Italie, où il a bouclé un CCI 3*-S de travail, avant d’être éliminé d’un CCIO 4*-S dès le dressage avec Shadow Man. Avec ce hongre de quatorze ans, le champion australien, médaillé de bronze par équipes aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro, en 2016, espère décrocher une sélection olympique. “Quelques mois intenses nous attendent, mais ils seront un peu plus faciles à vivre avec un si beau cheval, qui a été si bien formé par Ben Hobday jusqu’à ce niveau. Nous sommes tous très enthousiastes à l’idée du chemin à parcourir, aussi escarpé soit-il”, s’est réjoui le cavalier. Depuis, tous deux ont obtenu un des trois résultats qualificatif nécessaires à une participation olympique au CCI 4*-S de Kronenberg, où ils ont terminé vingt et unième, alors que le médaillé de Rio s'est classé septième de la même épreuve aux rênes de Clever Louis, qu'il montait déjà avant d'arrêter de concourir en complet. Comptant soixante-dix victoires internationales à son palmarès, Christopher Burton a notamment remporté le CCI 5*-L de Burghley, en 2016 avec Nobilis 18, et le CCI 5*-L d’Adélaïde en 2008 sur Newsprint et 2013 avec TS Jamaimo. Déjà qualifié pour les JO en saut d’obstacles, le cavalier de quarante-deux ans entend réitérer un exploit accompli notamment par le Néo-Zélandais Mark Todd, qui est la vedette du dernier épisode du podcast Légendes cavalières, en 1988. “Concourir simultanément dans deux disciplines représente un défi unique, mais je suis entièrement dévoué à cette cause. J’ai la chance de pouvoir compter sur le soutien de la famille Guy de Chedington Equestrian, qui a fait preuve d’un soutien et d’un enthousiasme inébranlables pour notre ambitieux projet”, déclare-t-il.
Cathrine Dufour et Freestyle, c’est de la dynamite!
Après des débuts en compétition très convaincants en décembre au CDI 3* de Kronenberg, Cathrine Laudrup-Dufour et Mount St John Freestyle ont confirmé leur belle entente début mars au CDI 5* de Herning, au Danemark. Devant tout ce que le dressage danois compte de stars, la multi-médaillée et l’ancienne partenaire de la reine Charlotte Dujardin ont brillé de mille feux, obtenant les moyennes générales de 80,413% dans le Grand Prix puis de 81,979 % dans le Spécial. Le couple a brillé au piaffer et au passage, recevant plusieurs 10 pour ces exercices dans la ligne finale de sa deuxième reprise, mais également dans les transitions entre ces deux airs, non sans livrer de très beaux appuyers au trot. Présentée dans une très jolie attitude par sa cavalière, la baie a livré des prestations de très haute volée tout en laissant l’impression d’en garder sous la pédale. Les autres prétendantes au podium olympique des Jeux de Paris, à savoir les Allemandes Jessica von Bredow-Werndl et Isabell Werth, les Britanniques Charlotte Fry et Charlotte Dujardin, mais aussi la Danoise Nanna Skodborg Merrald, sont prévenues!
En baisse
D’anciens grooms accusent Douglas Lindelöw de graves faits de maltraitances
Douglas Lindelöw est accusé par cinq anciens grooms d’avoir maltraité des chevaux et de les avoir corrigés sévèrement après de mauvais parcours. Le média suédois Sportbladet l’a révélé dans une enquête publiée mi-mars. Marques d’éperons, bouches ensanglantées, etc. Photos à l’appui, les soigneurs évoquent des pratiques violentes, ainsi que les difficultés du cavalier suédois à maîtriser sa colère et sa frustration. L’une se souvient d’un jour où il aurait jeté un marteau sur le dos d’un cheval, au prétexte que celui-ci ne voulait pas rester immobile. Une autre relate le cas d’un cheval contraint de sauter après avoir été sédaté par un vétérinaire pour recevoir des soins à la bouche… Tous assurent que les partenaires du vice-champion d’Europe par équipes de 2017, double finaliste de la Coupe du monde et champion d’Europe Jeunes Cavaliers de 2010, recevaient des quantités de foin bien inférieures à leurs besoins. Le trentenaire conteste ces accusations: “Même si je ne suis certainement pas infaillible, je maintiens que nos soins et notre entraînement des chevaux sont menés dans le plus grand respect et en conformité avec les normes et réglementations en vigueur. Cela a été confirmé par les inspections effectuées par les autorités au fil des ans. Cette semaine, j’ai sollicité un examen vétérinaire indépendant de tous mes chevaux. Résultat: aucune remarque.” La Fédération suédoise a saisi la police et provisoirement privé le cavalier de toute compétition internationale.
Evi et Tanya Strasser suspendues par la FEI
Le 18 février, la Fédération équestre internationale a suspendu Evi Strasser, cavalière née en Allemagne mais représentant le Canada depuis 1994 et ayant pris part à quatre finales de la Coupe du monde ainsi qu’aux JO de 1996 et aux Jeux équestres mondiaux de 2006. Il en est de même pour sa fille, Tanya Strasser-Shostak (ici en photo), qui monte elle aussi pour le Canada. Selon Eurodressage, cette suspension pour “allégations de mauvaise conduite” est liée à la publication de photos d’un cheval qui aurait été sévèrement maltraité dans les écuries Good Tyme, de la famille Strasser. Selon St. Georg, lesdites allégations datent de 2017. Le média allemand a eu accès à des photos montrant un cheval bai saignant sous le ventre. “Des stries et des zones en sang dans la région des parties génitales du hongre laissent supposer que celui-ci a été délibérément frappé sous le ventre avec des cravaches ou des chambrières”, lit-on notamment. De leur côté, Evi et Tanya Strasser s’estiment victimes d’un complot, jugeant ces accusations “non étayées de la part d’une ancienne employée qui avait été licenciée il y a plusieurs années en raison de sa conduite non professionnelle et inappropriée. Depuis 2018, elle s’est lancée dans une campagne de diffamation contre nous. […] Nous nions fermement ces allégations et nous défendons vigoureusement dans cette affaire.”
Le torchon brûle entre la FEI et ses officiels de complet
La FEI a exclu le Club international des officiels de concours complet d’équitation (IEOC) des parties prenantes ayant voix au chapitre dans le processus d’élaboration de ses règlements. Le 1er mars, elle a annoncé mettre fin à leur protocole d’accord, invoquant rien de moins qu’un “abus de confiance”. L’IEOC avait déposé une plainte auprès du tribunal de la FEI contre les conditions révisées du renouvellement de ce protocole, vieux de dix ans. Dans une déclaration adressée aux cinq cents juges, commissaires au paddock, chefs de pistes, délégués techniques, vétérinaires et autres figurant sur sa liste de diffusion, l’IEOC s’est dit “choqué et déçu”. Les relations avec la FEI se seraient détériorées avant même le récent différend sur les conditions de travail des officiels. Ces dernières années, l’IEOC l’avait mise en garde quant à la difficulté de recruter et de conserver ces bonnes volontés – une préoccupation aggravée par la nouvelle structure de formation de la FEI et les systèmes d’évaluation, adoptés en 2022. L’IEOC déplore également un manque de soutien de la FEI pour les officiels pris à partie par des cavaliers mécontents ou harcelés sur les réseaux sociaux. L’an passé, le Suisse Christian Landolt, qui avait officié lors de dix championnats et vingt-trois CCI 5*-L, avait démissionné après un incident survenu aux États-Unis. Cette rupture n’augure rien de bon dans un contexte où les sports équestres, complet en tête, sont à nouveau sommés de se remettre en question pour assurer leur avenir olympique.
Maximale saisonnière
70: À bientôt soixante-dix ans, Bernard Le Courtois va prendre sa retraite d’éleveur et mettre en vente son haras de Brullemail, situé dans l’Orne. “Certes, je suis un jeune sénior, mais je pense qu’il faut partir sur la phase ascendante et ne pas faire l’année de trop. Il faut surtout arrêter quand on le décide”, résume l’éleveur, étalonnier, journaliste (ancien rédacteur en chef de L’Éperon et chroniqueur de GRANDPRIX) et ancien président du Stud-book Selle Français. Parmi les innombrables gagnants en saut d’obstacles et concours complet qu’il a fait naître, on compte dix-huit chevaux ayant obtenu un indice de performance supérieur à 150, dont Ornella Mail (ISO 175), finaliste de la Coupe du monde avec Patrice Delaveau, Chergar Mail (ISO 170), Moon Mail (ISO 164), Ikat Mail (ISO 160), Fersen Mail (ISO 167), les étalons Frascator Mail (ISO 170) et Quarto Mail (ISO 161), Katchina Mail (ISO 178), vice-championne du monde par équipes en 2010 à Lexington sous la selle de Patrice Delaveau, et son fils étalon Catchar Mail (ISO 160), sans oublier l’étalon Jaguar Mail (ISO 165), frère utérin de Katchina, finaliste des Jeux olympiques de 2008 à Hong Kong avec le Suédois Peter Eriksson et ayant atteint le rang de meilleur père de gagnants en concours complet. On citera également le très influent étalon Fergar Mail. Passionné de génétique, le Parisien devenu normand a su miser sur ses propres mâles, bien sûr, mais aussi sur Almé, les Pur-sang Laudanum et Hand in Glove, Alligator Fontaine, Quite Easy, Quality Touch, Utrillo van de Heffinck et tant d’autres. Espérant trouver un repreneur pour ses terres et son cheptel, il devrait maintenir son activité d’étalonnage, à l’aide d’un partenaire, et mettre en vente sa magnifique gentilhommière pour se consacrer à l’élevage de chiens Mastiffs et Cairns Terriers qu’il a fondé avec Christopher King, son époux, ainsi qu’au jugement, des chiens comme des chevaux.
Cet article est à retrouver dans le numéro 155 du magazine GRANDPRIX, actuellement en kiosques