Notre sélection de livres d’avril 2024

Voici notre sélection de livres récemment publiés et méritant d’être lus, offerts et/ou partagés, agrémentée d’un classique à redécouvrir. Bonne lecture à toutes et à tous.



“Un geste vers le bas”, Bartabas (Éd. Gallimard)

103 pages. 17€

103 pages. 17€

© DR

En lisant le prologue du livre “Un geste vers le bas”, l’émotion gagne immédiatement le lecteur qui reconnaît dans les mots de Bartabas une langue sacrée, celle des chevaux. Il se laisse alors mener dans cette danse invisible, ce dialogue silencieux entre deux âmes sensibles: la déesse de la danse allemande, Pina Bausch, et le cheval d’or espagnol Micha Figa. Ensemble, ils se découvrent, s’écoutent, se regardent, se reconnaissent et cherchent à se répondre, corps à corps, corps à souffle, yeux dans les yeux. Ils se parlent… sans rien nous dire. C’est entre eux… et Bartabas, qui décode et nous traduit leurs gestes, leurs pensées, leurs pas de deux, en équilibre. Ici, le fondateur du théâtre équestre Zingaro se met en retrait, illuminant de sa plume quelques instants volés, instants de grâce éphémère perdus à jamais. La danseuse et le cheval offrent l’espoir d’une parenthèse magique, le témoignage d’un langage commun, le regret de n’avoir pas pu les observer, discrètement, sous le chapiteau de Zingaro. Aujourd’hui, ces deux anges ont rejoint la voûte étoilée… En rendant hommage à l’artiste Pina Bausch à travers ces quelques pages à l’écriture d’une pureté cristalline, c’est encore une fois et avant tout ses chevaux que Bartabas salue avec gratitude et amour. La dernière phrase résonne ainsi, emportant avec elle le souvenir du cheval d’or, Micha Figa, ultime image ravivant l’émotion du lecteur, qui referme le livre une larme à l’œil.



“Seize chevaux”, Greg Buchanan (Éd. Librairie générale française)

544 pages. 9,90€

544 pages. 9,90€

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Salué par la critique, ce roman noir terrifiant de Greg Bucha­nan, traduit de l’anglais par Elsa Maggion, fera vivre les mon­tagnes russes des émotions à ses lecteurs. Rythmé, stylé et accessible, ce livre de plus de cinq cents pages raconte une in­trigue complexe et tordue, “frisant parfois le gothique”, dit même Le Figaro magazine, dont les chevaux sont au cœur. En effet, l’histoire est celle du quotidien paisible d’un inspecteur nommé Alec Nichols et d’une vétérinaire, Cooper Allen, dans la campagne marécageuse d’Ilmarsh, en Grande-Bretagne. Leur vie est bousculée le jour où ils se rendent sur la scène d’un crime atroce et unique : face à eux, seize cadavres de chevaux. Impossible de cerner le profil de ce tueur si spécial, ses intentions, ni de déterminer quelle sera sa prochaine cible. Les deux enquêteurs vont vite comprendre que le mal som­meille dans leur petite ville: Ilmarsh survivra-t-elle à la vérité?



“Le cheval en robe de mariée, Des marchands de chevaux en France”, Bernadette Lizet (Éd. CNRS)

360 pages. 25 €

360 pages. 25 €

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Avec ce livre signé Bernadette Lizet, ethnologue et directrice de re­cherche honoraire au Centre national de la recherche scientifique, se révèle tout un pan méconnu et passionnant de l’histoire rurale de France. Enquête captivante sur l’apogée de la civilisation équestre, ce livre retrace le cheminement de trois générations de marchands de che­vaux. S’y déploient un éclatant savoir-faire et une relation intéressée, mais aussi intime entre l’animal voué au travail et les maquignons. À pied ou en train, pendant plus d’un demi-siècle, ces voyageurs achar­nés ont placé des dizaines de milliers de poulains de Bretagne chez le paysan, l’artisan ou l’entre­preneur du Centre et l’Est de la France. Ils furent les derniers héritiers d’un art de conduire les affaires en foire, dont ils maîtrisaient tous les codes et secrets. À partir de centaines d’heures d’entretiens, de carnets et documents, Bernadette Lizet plonge ses lecteurs dans la vie des mar­chés aux chevaux, avec leurs qualités… et leurs défauts!



(RE)DÉCOUVRIR UN CLASSIQUE : “Lady Love”, Homeric (Éd. Grasset)

280 pages. 19,20€

280 pages. 19,20€

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Le lecteur devra attendre près de la moitié du roman avant de voir paraître, parader plutôt, la sublime pouliche à laquelle il doit son titre. Avant, il aura appris le dur métier de jockey, la loi du plus fort dans les dortoirs et sur la piste, les coulisses des courses et, surtout, la passion du cheval qui anime le jeune héros, ses premières amours, charnelles ou équines… La rapidité avec laquelle, coûte que coûte, il faut grandir dans ces petits matins blêmes, que l’on soit homme ou cheval. C’est beau, cru, sans filtre parfois, violent aussi, comme la vie et les tours qu’elle peut jouer… Au fil des pages, on sent l’intrigue galoper vers un point de non-retour. On veut savoir si la fin sera heureuse. On ne lâche plus ce roman, haletant, où l’adrénaline des courses se double d’un superbe hymne à l’amitié – “À la vie à la mort”. On tremble comme le long des lices d’un hippodrome, retenant notre souffle… On en sort ému, reconnaissant. Pour cette écriture qui nous transporte ; pour la force des mots ; pour cette passion qui, quelle que soit la discipline, relate la fusion des âmes humaines et chevalines, la complicité des regards, une langue indicible ; pour ces chevaux, enfin, – “qui comblent tout ce que la vie ne nous donne pas” – médiums des rêves, des espoirs et qui escortent nos âmes au-delà des rives du Styx.