Alors qu’elle devait, un temps, sortir du circuit de la Fédération équestre internationale (FEI) car ses organisateurs refusaient le nouveau système d’invitation mis en place par l’instance sur ses Coupes des nations, l’épreuve par équipes du CDIO 5* de Rotterdam a finalement réintégré la série. Logiquement, le format de cette compétition, que plusieurs nations avaient choisies pour faire leurs derniers essais ou réglages avant l’annonce de leur sélection olympique, a donc été adapté aux nouvelles règles du circuit. Celles-ci disposent que les épreuves collectives se disputent désormais uniquement sur le Grand Prix. Le coup d’envoi de celui-ci a été donné à 9h35 ce jeudi 20 juin, et après le passage de trente couples dans une épreuve loin d’être exempte de surprises, ce sont bien les Pays-Bas qui se sont imposés à domicile. Les Oranje, qui avaient vraisemblablement aligné leur équipe la plus forte du moment, ont pourtant vu deux de leurs couples phares réaliser des performances en dessous de leurs standards, à commencer par Marlies van Baalen et Habibi DVB. Sortis à plus de 73% lors des quatre derniers Grands Prix qu’ils avaient présentés en compétition internationale, tous deux n’ont été évalués qu’à 70,435% après que l’immense alezan a semblé prendre peur dans le second appuyer au trot, stoppant par deux fois son mouvement en avant dans cet élément qui porte un coefficient double. Emmelie Scholtens et Indian Rock, vainqueurs du Grand Prix du CDI 5* de Fontainebleau fin avril, ne se sont pas présentés sous leur meilleur jour non plus. L’étalon a commis deux fautes majeures sous la selle de sa cavalière. Il a d’abord arrêté de changer de pied dans la ligne des temps après un changement pieds-joints, puis s’est désuni dans sa seconde pirouette, très serrée, après l’avoir entamée en prenant énormément de poids sur ses postérieurs. Il a finalement obtenu 71,305% des points, soit la treizième place individuelle. 

À l’inverse, les Néerlandais ont pu compter sur les doubles médaillés de bronze individuel des Mondiaux de Herning 2022, Dinja van Liere et Hermès. Absent des terrains de compétition pendant plus d’un an entre mars 2023 et mars 2024, l’étalon avait repris la compétition en remportant le Grand Prix du CDI 3* d’Aix-la-Chapelle, avant d’être sacré champion des Pays-Bas fin mai. Aujourd’hui, le fils d’Easy Game a récolté énormément de points dans les airs relevés, où il se montre toujours extrêmement actif et adopte une excellente cadence. Sa cavalière a toutefois dû intervenir assez visiblement pour ne pas que le dernier piaffer du couple avance de trop, et le bai, qui a parfois montré des signes de tension durant sa reprise, a changé de pied en deux temps après le galop allongé, ce que tous les juges n’ont pas remarqué. C’est finalement un score de 77,891% qui s’est affiché à la sortie de piste du couple. Bien plus tôt dans la journée, puisqu’ils étaient les ouvreurs du collectif batave, Edward Gal et Glock’s Total US ont quant à eux obtenu une moyenne de 73,196%, synonyme de validation de leur qualification olympique. Après près de trois ans passés loin des terrains de compétition, le couple en avait repris le chemin à Exloo, début mai, où il a remporté le Grand Prix et le Spécial d’un CDI 3* avec 74,783% et 75,404%. Aujourd’hui, le fils de Totilas s’est souvent montré trop fermé et parfois instable dans son attitude, mais s’est aussi démarqué par sa liberté d’épaule et son élasticité impressionnantes. Les Pays-Bas ont finalement totalisé 222,392 points, le score de Marlies van Baalen ayant été biffé, et se sont imposés avec un peu plus de deux points d’avance sur le Danemark.

Des surprises aussi chez les Danois

Présent à Rotterdam avec un collectif “mixte”, dans le sens où Nanna Skodborg Merrald, qui s’est récemment livrée à GRANDPRIX, n’avait pas sellé son cheval et de tête, et Cathrine Laudrup-Dufour n’était pas présente avec Mount St. John Freestyle, la nation scandinave espérait sans doute un bien meilleur résultat de son dernier couple, formé par Carina Cassøe Krüth et Heiline’s Danciera. Membres de l’équipe championne du monde par équipes en 2022 et médaillée de bronze aux Européens en 2023, toutes deux avaient également terminé septièmes des Jeux olympiques de Tokyo en individuel en 2021. Ce jeudi, la jument noire a d’abord trébuché dans le premier trot allongé, prenant ainsi le galop, puis elle s’est légèrement cabrée dans le deuxième piaffer, un air où elle a toujours connu quelques difficultés. De fait, la fille de Fürstenball n’a obtenu que 67,674%, ce qui est, de loin, la pire moyenne de toute sa carrière internationale. Nanna Skodborg Merrald, quant à elle, a vu son Blue Hors Don Olymbrio, deuxième de la finale de la Coupe du monde en avril, prendre un court instant le galop dans le coin vers la lettre M entre son reculer et le second trot allongé, puis fauter dans les changements de pied aux deux temps. S’il a livré deux belles pirouettes très assises et présenté un passage bien suspendu tout au long de sa reprise, le couple a également réalisé des transitions un peu heurtées entre cet air et le piaffer. Il a finalement été évalué à 73,631%. 

Vainqueurs du Spécial du CDIO 5* de Compiègne, tout début mai, Daniel Bachmann Andersen et l’immense Vayron ont semblé poursuivre sur leur lancée. Très élastique, le fils de Vitalis a notamment réalisé de beaux trots allongés et deux bons appuyers empreints d’une grande amplitude latérale. Présentant beaucoup de rebond dans le passage, il se balance encore légèrement dans cet air, mais a vraiment progressé au piaffer par rapport à l’an passé, et propose de belles transitions en entrée et en sortie de ce mouvement. Avec 75;457%, son cavalier et lui se sont adjugé la troisième place en individuel et ont, sans doute, de nouveau marqué des points auprès d’Anne-Mette Binder, la cheffe d’équipe danoise qui s’est récemment confiée à GRANDPRIX, en vue d’une sélection olympique. Le dernier score qui a compté pour le Danemark est celui de Lone Bang Zindorff et Thranegaardens Rostov, qui ont obtenu une moyenne de 71,261% correspondant plutôt à leurs standards.

Isabell Werth et Wendy en grande forme

Finalement troisième, l’équipe d’Allemagne a été portée par la présence annoncée seulement hier de Wendy de Fontaine, ancienne monture d’Andreas Helgstrand désormais associée à Isabell Werth. La fille de Sezuan s’est montrée un peu tendue de temps à autre, ce qui s’est notamment traduit par un geste d’antérieur parfois légèrement saccadé au passage, ainsi que par un changement de pied pieds-joints dans la ligne des deux temps. En revanche, la jument noire a pris énormément de poids sur ses hanches tout en restant très active dans les deux derniers piaffers de la reprise. Évaluée à 76,935%, elle se place comme une candidate potentielle à une sélection olympique, d’autant que le cheval de championnat habituel d’Isabell Werth, Quantaz, n’atteint plus ces moyennes en ce moment. Toutefois, Wendy n’a pas participé à la première sélection obligatoire de l’équipe allemande, à Balve, pour cause de légère blessure, et ne sera a priori pas présente au CDI 4* d’Aix-la-Chapelle la semaine prochaine. Aujourd’hui, son score a été additionné aux 71,804% de Carina Scholtz et Tarantino ainsi qu’aux 70,696% de Bianca Nowag-Aulenbrock et Queolito pour permettre à l’Allemagne de terminer troisième. Les 64,631% d’Ingrid Klimke et SAP Freudentänzer, un fils de Franziskus, avec lequel elle espère participer aux JO, n’ont pas compté.

Corentin Pottier et Gotilas du Feuillard en grande forme

Victorieuse de cette Coupe des nations l’an passé, l’équipe de France a moins brillé cette année puisqu’elle n’a terminé que sixième, mais il faut aussi dire que le plateau était nettement plus relevé pour cette édition du CDIO de Rotterdam. Ouvreurs de l’escouade tricolore, Corentin Pottier et Gotilas du Feuillard ont signé une excellente performance, se classant cinquièmes de l’épreuve en individuel. Tous deux ont déroulé une reprise homogène et fluide, ponctuée notamment par une bonne ligne de changements de pied aux deux temps amples et énergiques. Le couple a aussi présenté des piaffers actifs et réguliers et n’a pas commis la moindre faute, si bien qu’il a dépassé son précédent record personnel en Grand Prix international de plus d’un point, pour atteindre les 73,674%! Meilleure Française au classement mondial actuel et pointant à la onzième place de celui-ci, Pauline Basquin a dû composer avec un Sertorius de Rima*IFCE visiblement un peu tendu vers le petit côté où se trouvait la présidente du jury. Le fils de Sandro Hit a ainsi trottiné dans le pas rassemblé et commis une faute dans ses postérieurs à la fin de la ligne des changements de pied aux deux temps, qui allait justement dans cette direction. Ayant également livré un changement de pied fautif à la fin du galop allongé, il a, en revanche, engrangé de précieux points dans le travail au trot et au passage. Il a également présenté un piaffer actif et mieux équilibré que par le passé, et est sorti de piste avec 72,304%, soit la onzième place individuelle. Alexandre Ayache et Holmevangs Jolene, eux, sont restés un peu en-dessous de la barre des 70%, obtenant 69,370% après une reprise où la fille de Johnson a notamment présenté des piaffers assez calmes tout en étant, la plupart du temps, assez actifs. Grâce aux scores de ces trois équipiers, le collectif tricolore a totalisé 215,348 points, terminant ainsi à 1,5 point de la Suède, quatrième. Les 67,761% d’Arnaud Serre et James Bond de Massa, qui ont connu un dernier piaffer un peu délicat, n’ont pas compté.

Les résultats
Toutes les épreuves du CHIO de Rotterdam sont diffusées en direct puis disponibles à la demande sur ClipMyHorse.tv, où ce Grand Prix a été commenté par Odile van Doorn