Michael Jung marque à jamais l’histoire du complet en se couvrant d’or olympique une troisième fois

Comme le Néerlandais Charles Pahud de Mortanges et le Néo-zélandais Mark Todd, Michael Jung avait jusqu’à aujourd’hui été doublement sacré en individuel lors des Jeux olympiques de concours complet. Afin d'entrer dans l’histoire pour toujours, l’Allemand de quarante-et-un ans s’est aujourd’hui transcendé avec Chipmunk et a décroché un troisième titre devant le formidable Australien Christopher Burton sur Shadow Man et la Britannique Laura Collett avec London 52. Une après-midi sans pareille...



La pression sur les épaules de Michael Jung était colossale cet après-midi à Versailles. Face à des tribunes presque pleines et dans une ambiance absolument survoltée, celui qui domine le concours complet depuis tant d’année est entré à tout jamais dans l’histoire de sa discipline. Débarrassé de la pression de l’équipe, la Mannschaft ayant sombré dans le classement en raison d’une chute de Christoph Wahler lors du cross, le héros du jour n’avait qu’à se concentrer sur sa réussite individuelle. Et quelle tension a-t-il dû affronter... Lors du premier parcours du jour, imaginé par l’Espagnol Santiago Varela, et qui a vu le sacre de la Grande-Bretagne devant la France et le Japon, le cavalier de seulement quarante et un ans et au palmarès immense s’est fait avoir dans l’ultime ligne sur Chipmunk. L’ancien partenaire de l’Allemande Julia Krajewski, championne olympique à Tokyo et aujourd’hui onzième avec Nickel 21, s’est toutefois montré particulièrement à l’aise sur le sable versaillais et est parvenu à conserver le leadership acquis après le cross, mais a réduit l’écart qui le séparait de ses concurrents directs, Christopher Burton et Laura Collett. 

Particularité olympique, la finale individuelle se joue lors d’une seconde manche d’hippique réservée aux vingt-cinq meilleurs, à l’issue de laquelle le total des trois tests permet de déterminer le classement. Moins d’une heure après le dénouement de l’épreuve par équipes, les meilleurs individuels ont donc dû se remobiliser pour tenter d’étoffer leur palmarès. Lors de ce deuxième round, le classement n’a finalement pas été grandement chamboulé, treize duos - soit plus de la moitié - ayant réussi un parcours sans faute. 

Alors que les premiers partants n’avaient d’autre enjeu que de terminer sur une bonne note et potentiellement monter quelques échelons dans lz hiérarchie, la tension est montée crescendo, tout comme le volume sonore dans les tribunes. Finalement, seuls cinq couples sont parvenus à conserver leur score du dressage, à commencer par la Suédoise Frida Andersen, onzième sur Box Leo. La Néerlandaise Janneke Boonzaaijer en a fait de même, terminant neuvième avec Champ de Tailleur, ainsi que Kazuma Tomoto sur Vinci de la Vigne, partenaire du Français Astier Nicolas aux Mondiaux de Tryon en 2018. Grâce à cette copie impeccable, le Japonais a atteint un excellent cinquième rang individuel et repartira de Versailles avec le bronze par équipes. Il devance le Néo-zélandais Tim Price, qui malgré un dressage décevant, est parvenu à atteindre la sixième place avec son excellent Falco. 

Quatrième au provisoire et à une seule barre de la tête, Tom McEwen a mis une sacrée pression sur le podium provisoire en réussissant lui aussi un excellent sans-faute avec JL Dublin, en très grande forme malgré tous les efforts déjà avalés. Médaillé d’or par équipes et d’argent individuel à Tokyo, le Britannique aurait bien pu boucler sa virée versaillaise avec le même bilan. Il n’a toutefois pu quitter l’un des plus difficiles rangs, celui récompensé par une médaille en chocolat, ses concurrents se montrant insubmersibles.

Laura Collett a été l’unique double médaillée du jour à Versailles.

Laura Collett a été l’unique double médaillée du jour à Versailles.

© Scoopdyga



À peine de retour aux affaires, Christopher Burton fuse vers l’argent

Christopher Burton a fait le spectacle lors de la remise des prix.

Christopher Burton a fait le spectacle lors de la remise des prix.

© Scoopdyga

En tête de la compétition samedi à l’issue d’une reprise de dressage magnifique, Laura Collett a perdu une place pour 0,8 points de temps hier, puis une autre lors de la première manche aujourd’hui en raison d’une faute sur l’ultime effort, un vertical porté par deux bonnets phrygiens, avec l’extraordinaire London 52. Déjà parée d’or collectif à Tokyo et aujourd’hui dans les jardins de Louis XIV, la discrète cavalière de trente-cinq ans a réussi un dernier parcours idéal, sécurisant ainsi sa place sur le podium. La couleur du métal dépendait alors des performances de Christopher Burton et Michael Jung. 

Sur un Shadow Man encore plein d’énergie, l’Australien a pu dérouler une ultime partition digne des livres d’équitation. Menant le bouillonnant alezan avec une finesse rare, le charismatique quadragénaire en aurait presque fait oublier que leur couple n’est formé que depuis… mars! En quatre mois, les deux partenaires ont donc réussi l’exploit de passer d’inconnus à médaillés d’argent olympiques. Monté par le Britannique Ben Hobday jusqu’en 4*, le hongre de quatorze ans n’avait encore jamais pris part au moindre championnat. Cette saison, il a été engagé dans six compétitions, remportant notamment le CICO 4*-S de Millstreet, en Irlande, fin mai. Sa trajectoire avec Chris Burton n’a d’ailleurs pas été un long fleuve tranquille, le duo ayant été éliminé lors du dressage du CCIO 4*-S de Montelibretti mi-mars en raison d’une irrégularité du BWP. Encore bouillonnant à la remise des prix, ce dernier a permis à son cavalier de décrocher sa toute première médaille individuelle en grand championnat, celui-ci détenant jusqu’alors le bronze par équipes aux JO de Rio de Janeiro, en 2016. Surtout, n’oublions pas que Christopher Burton n’avait pas pris part à la moindre épreuve de complet pendant presque trois ans avant de reprendre en début d’année. Il s'était consacré au jumping de haut niveau pendant plusieurs saisons, discipline dans laquelle il sera d’ailleurs réserviste pour l’équipe olympique, ici en fin de semaine à Versailles. 

Christopher Burton et Shadow Man se connaissent si peu, mais ont pourtant déjà convaincu au sommet.

Christopher Burton et Shadow Man se connaissent si peu, mais ont pourtant déjà convaincu au sommet.

© Scoopdyga



“Je crois avoir besoin de temps pour réaliser”, Michael Jung

Ça y est, Michael Jung tient sa troisième médaille d’or et sa place dans le panthéon des sports équestres.

Ça y est, Michael Jung tient sa troisième médaille d’or et sa place dans le panthéon des sports équestres.

© Scoopdyga

Sachant qu’il n’avait pas le droit au moindre point de temps s’il voulait marquer l’histoire à jamais, Michael Jung s’est élancé sur l’ultime parcours dans un silence de plomb. Surnommé Terminator, le pilier de la composition allemande n’a pas failli à sa réputation et livré une prestation parfaite sur son imperturbable bai brun. Déjà couvert d’or à Londres en 2012 et à Rio de Janeiro grâce à l’inoubliable La Biosthetique Sam, le presque insubmersible germanique, vedette du dernier podcast de GRANDPRIX, a franchi les cellules d’arrivée sans la moindre pénalité, s’offrant une nouveau statut dans les livres d’histoires, celui de seul triple médaillé d’or olympique individuel de concours complet. Pour compléter le tout, il signe un record olympique avec le score le plus bas jamais réalisé dans cette épreuve avec 21,8 points. 

Sa trajectoire avec son exceptionnel hongre de seize ans n’a toutefois pas été pavée que de succès, le duo ayant manqué son rendez-vous avec ce troisième sacre à cause d’un obstacle frangible aux JO de Tokyo en 2021, s’étant écroulé avec deux fautes lors de la dernière ligne de l’hippique aux Mondiaux de Pratoni del Vivaro l’année suivante, et ayant chuté lors du cross des Européens du Pin-au-Haras l’été passé. Ce 29 juillet, leur jour est enfin venu et le public a célébré ce moment historique à sa juste valeur, y compris lors de la remise des médailles. 

“J’ai essayé de rester très concentré toute la semaine, sans penser à cette potentielle troisième médaille d’or. Je me suis dit qu’il s’agissait d’un concours normal, sans trop pousser mon cheval. Ce n’est pas facile dans un concours pareil, avec autant de public. Nous avons réussi un très bon dressage et tout s’est bien déroulé par la suite. Je n’ai pas réussi des parcours parfaits aujourd’hui, mais Chipmunk m’a aidé, particulièrement dans la dernière épreuve. J’ai dû regarder l’écran pour être sûr que j’avais gagné, et je crois avoir besoin de temps pour réaliser. C’est un moment très particulier pour moi”, a commenté Michael Jung après l’après l’épreuve. Alors qu’il partageait pour l’heure le record du double titre avec le Néerlandais Charles Pahud de Mortanges et le Néo-zélandais Mark Todd, l’Allemand s’est fait une place à part dans les mémoires et la grande histoire du sport.

Dans les jardins du château de Versailles, Michael Jung a pris la voie royale jusqu’à l’or.

Dans les jardins du château de Versailles, Michael Jung a pris la voie royale jusqu’à l’or.

© Scoopdyga



Stéphane Landois termine meilleur français de ses premiers JO

Paré d’argent et absolument ravi de l’être, le collectif tricolore de Thierry Touzaint n’avait presque aucune chance d’accéder au podium individuel en prenant le départ de la seconde manche. Ajoutant huit points à son compteur, comme en première manche, Nicolas Touzaint a terminé vingt-cinquième sur Diabolo Menthe. Douzième à Tokyo avec son fidèle Triton Fontaine, aujourd’hui âgé de dix-sept ans, Karim Laghouag a cette fois terminé son championnat au quinzième rang en se faisant piéger sur l’oxer n°6. Entré en piste dans une ambiance survoltée, Stéphane Landois a également écopé de quatre points avec Chaman Dumontceau*Ride for Thaïs, fautif sur l’oxer n°2. Sixième et meilleur couple tricolore de son premier championnat, les Européens du Pin l’été passé, le duo a une nouvelle fois réussi la meilleure performance des Bleus. Pour leurs premiers JO, tous deux se sont montrés une fois de plus très convaincants et ont incontestablement gagné le cœur du public. Depuis samedi, l’attachement des passionnés et de bon nombre de néophytes pour cette paire à l’histoire si unique inonde les réseaux sociaux. Nul doute que leur plus belle étoile, Thaïs Meheust, doit être fière d’eux. 

Venant avec un objectif de médaille collective, les Français ont amplement rempli leur contrat malgré la pression absolument considérable qui pesait sur leurs épaules. À domicile, les sollicitations ont été légion ces dernières années concernant les JO de Paris 2024, ce face à quoi ils n’ont pas craqué. Ils débutent dès ce soir un marathon médiatique effréné, qui les mènera notamment sur le plateau du 20h de France 2.

Enfin, impossible de ne pas se réjouir d’avoir assisté à du si grand sport pendant ces trois jours de compétition. Dans un cadre somptueux et alors que les pressions sont vives concernant l’avenir olympique de ce sport, les athlètes se sont montrés à la hauteur et ont livré un spectacle de très haut vol aux (télé)spectateurs du monde entier. 

Dès demain, le concours complet laissera la place au dressage, qui débutera avec une première journée de Grand Prix, dès 11h. 

Les résultats définitifs

Meilleur français, Stéphane Landois franchit ici un oxer aux couleurs des prochains JO, ceux de Los Angeles 2028.

Meilleur français, Stéphane Landois franchit ici un oxer aux couleurs des prochains JO, ceux de Los Angeles 2028.

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