“Nous attendions cette médaille, et elle est arrivée! Nous ne sommes pas du tout déçus (sous-entendu, de ne pas avoir décroché l’or, ndlr) car il s’agit d'une vraie belle médaille d’argent, méritée et travaillée. Nous prendrons notre revanche sur les Britanniques à Los Angeles dans quatre ans (rires)! Dans la préparation, dans les choix effectués, tout a été mené sans accroc. Thierry Touzaint (chef d’équipe, qui vivait certainement ses derniers Jeux olympiques en tant que tel, ndlr) a encore été le parfait artisan de cette médaille et a choisi le bon chemin. Nous n’avons rencontré aucun grain de sable, ce qui montre que tout était bien pensé. Les trois cavaliers ont été très compétents, et leur entourage ainsi que les propriétaires ont été géniaux. Sans oublier Gireg Le Coz, le réserviste, qui avait une tâche difficile et qui a été plus qu’au niveau! Thierry (Touzaint, ndlr) l’a grandement félicité, de même que Michel (Asseray, directeur technique national adjoint au concours complet, ndlr), et moi-même ce midi. C’est très important, pour l’atmosphère et la sérénité de la préparation, de compter sur un bon remplaçant. 

Nous avons des groupes WhatsApp par discipline, et je crois que cette médaille d’argent a mis la patate à tout le monde, aux cavaliers de saut d’obstacles en particulier. Hier, ils étaient encore en stage tous ensemble, et ils ont terminé la journée par une activité de cohésion en suivant les parcours des Français sur le cross. Quand ils m’ont appelée, ils ont voulu connaître tous les détails, et c’est très encourageant! Ils ont tous très hâte d’arriver demain matin! J’espère que cette belle médaille va aussi servir aux autres disciplines; en tout cas nous y croyions. Quant au dressage, qui démarre demain matin, nous avons de belles ambitions. Pas d’objectif de médaille (en dépit de progrès notables ces dernières années, la France ne peut objectivement pas encore rivaliser avec les meilleures équipes, ndlr), mais de belles ambitions sportives quand même. Chacun commence à rentrer dans sa bulle. 

“La stratégie de Thierry Touzaint se base aussi sur la personnalité des individus”

Jusqu’au coup d’envoi des épreuves, nous n’avons pas du tout ressenti cette énorme pression, notamment Nicolas (Touzaint, qui a confié hier n’avoir jamais ressenti une telle pression, ndlr). Avec l’expérience qu’il a et le rôle (de leader, ndlr) que nous lui avons donné, il ne s’est plaint de rien. C’est en descendant de Diabolo Menthe dans la zone de récupération, après le cross, qu’il s’est effondré en voyant son épouse. C’était évidemment l’émotion, mais je pense aussi qu’il s’agissait de larmes de fatigue et de pression. À chaud, il nous a dit “ne me refaites plus jamais ça !”. La seconde d’après, il disait qu’il était peut-être trop vieux pour ça (rires). En tout cas, il a avoué avoir ressenti une énorme pression, mais nous ne l’avions ni vu ni ressenti. Depuis deux ans, nous travaillons énormément là-dessus et tous les cavaliers sont accompagnés s’ils le souhaitent. Nicolas fait partie des gens très solides – la preuve, il a dompté la pression et a réussi à décrocher cette médaille ! -, mais il a clairement porté quelque chose qu’il avait gardé en lui et qu’il n’avait pas partagé jusque-là. Il faut dire que Stéphane est aussi un taiseux, Gireg également, tandis que Karim est très extraverti; cela est un bon équilibre, d’ailleurs. C’est aussi l’une des grandes compétences de Thierry Touzaint. Sa stratégie se base aussi sur les personnalités des individus.”