“Les Français sont généralement plus forts quand ils ne sont pas dans leur zone de confort”, Marc Dilasser
L’épreuve qualificative par équipes des Jeux olympiques de saut d’obstacles débutera dans un peu plus d’une heure au stade équestre éphémère de Versailles. Après que la France a perdu l’un de ses quatre couples hier, Marc Dilasser, consultant de GRANDPRIX pour ces JO, fait le point sur les chances des Bleus. Il explique aussi quelles équipes lui semblent favorites, et revient sur les spécificités du format olympique.
“Je crois qu’il faut maintenant aller de l’avant, et c’est après que certaines personnes auront sans doute des explications, notamment le vétérinaire fédéral, le Dr. Philippe Héliès, qui a aussi pour rôle d’aider l’encadrement fédéral dans ses prises de décision. Nous avons une équipe dont les membres sont plus ou moins tous de la même génération et se connaissent donc assez bien, avec deux couples qui ont terminé dans le Top huit aux derniers championnats d’Europe (Julien Épaillard avec Dubaï du Cèdre et Olivier Perreau avec GL Events Dorai d’Aiguilly, ndlr)! I Amelusina R51, le cheval de Simon Delestre, a peut-être été un peu moins médiatisé, mais il est performant en épreuves à 1,55m et 1,60m depuis plus d’un an et montre une vraie régularité. Simon est, par ailleurs, l’homme des grands rendez-vous! Il est dans le Top quinze ou, au maximum, le Top trente mondial depuis très longtemps, il connaît les grands événements et c’est un fin technicien. Désormais, nous devons tous être derrière nos équipes, d’autant que les Français sont généralement plus forts quand ils ne sont pas dans leur zone de confort. Ils n’ont sans doute pas passé une bonne nuit, mais ils se sont préparés pour cet événement, et le public va les porter, voire les transcender.”
“À mon sens, l’Allemagne, qui avait un vivier suffisant pour aligner plusieurs équipes médaillables, reste un petit peu devant tout le monde dans les pronostics, même si sans score biffé, tout peut arriver. Derrière, il y a, pour moi, plusieurs équipes assez proches, dont les Suédois (champions olympiques, du monde et d’Europe en titre, ndlr), qui envoient une équipe extrêmement expérimentée, mais dont la fraîcheur des chevaux peut poser une petite question. Les Suisses peuvent compter sur deux couples faisant partie des meilleurs au monde (Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème ainsi que Martin Fuchs et Leone Jei, ndlr), et Pius Schwizer a beaucoup d’expérience, tout comme son cheval (Vancouver de Lanlore, partenaire de Pénélope Leprévost aux JO de Tokyo, ndlr). Je pense que l’équipe de France est à peu près au même niveau que ces deux collectifs-là. La Belgique a une équipe assez originale, avec un cheval de dix-huit ans (Quel Homme de Hus, vice-champion du monde en individuel avec Jérôme Guéry en 2022, ndlr), un couple exceptionnel (Gilles Thomas et Ermitage Kalone, ndlr) mais jeune et qui n’a pas encore affronté de grand événement, puis Wilm Vermeir, qui est un cavalier performant et sûr. Les États-Unis ont aussi une excellente équipe, avec trois cracks cavaliers très expérimentés (Kent Farrington, Laura Kraut et McLain Ward, ndlr), et les Irlandais sont aussi des cavaliers de grands rendez-vous. Pour moi, le podium devrait logiquement se jouer entre ces sept équipes, mais des surprises peuvent également arriver, comme l’an passé, aux championnats d’Europe, où l’Autriche avait remporté une médaille.”
“Avec ce format, on vise plus l’exploit que la constance”
“Les Britanniques pourraient aussi réaliser une belle performance. On sait que le cheval de Scott Brash, (Hello Jefferson, ndlr) peut parfois baisser de pied quand les parcours sont très difficiles, mais cela ne lui arrive pas tout le temps. Harry Charles s’est blessé à la main, mais semble tout à fait en capacité de monter, et Ben Maher a effectué un changement de monture en dernière minute (il a finalement préféré Dallas Vegas Batilly à Point Break, ndlr), mais on savait de toute façon qu’il était l’un des cavaliers disposant du plus de chevaux pour ces JO. L’Arabie Saoudite peut aussi faire partie des bons outsiders. Avec ce format olympique que l’on expérimente pour la deuxième fois cette année, on vise de toute façon plus l’exploit que la constance. Il ne s’agit pas d’un contrôle continu comme aux championnats d’Europe, par exemple, mais d’être vraiment présent à l’instant T. Aujourd’hui, les nations que l’on a citées devront tout d’abord et avant tout se qualifier pour la finale, mais je pense qu’il y aura forcément des surprises et qu’une ou deux passeront à côté.”
L’ordre de passage des nations dans la première qualificative par équipes