“La finale individuelle va être dingue”, Marc Dilasser

Après deux jours de dressage, le concours de saut d’obstacles des Jeux olympiques de Paris 2024 a repris cet après-midi avec la qualificative individuelle, au stade équestre éphémère de Versailles. Dans une épreuve à 1,65m où soixante-treize couples se sont battus pour trente places en finale, la bataille a été rude, coûtant leur qualification à plus d’une star. Côté français, c’est passé pour Simon Delestre (I Amelusina 51 R) et Julien Épaillard (Dubaï du Cèdre), qui s’élancera le dernier demain matin, mais pas pour Olivier Perreau, malheureusement fautif sur le dernier obstacle avec une excellente Dorai d’Aiguilly*GL events. Consultant de GRANDPRIX, Marc Dilasser livre son analyse à chaud.



“Cette qualificative individuelle était encore une très belle épreuve, qui nous a tenus en haleine jusqu’au bout. Elle s’est courue sur un parcours typique de barème A, moins technique que celui de la finale par équipes. C’était prévisible s’agissant d’une liste de départ plus hétérogène (au regard de l’entrée en lice de quatorze individuels n’ayant encore sauté aucune épreuve, ndlr). On a compté vingt sans-faute sur soixante-treize partants, soit 27%, ce qui est une très bonne proportion. C’était habilement construit, avec de vraies difficultés et des fautes un peu partout.

Bien des grands couples sont passés à la trappe. Je pense à McLain Ward, qui a pourtant produit un parcours impressionnant de maîtrise avec Ilex… jusqu’au dernier obstacle. C’est rude pour lui. S’il s’était qualifié, j’en faisais l’un des favoris pour un sans-faute demain. Je pense aussi à Rolf-Göran Bengtsson et Jérôme Guéry (pénalisés de quatre points et pas assez rapides avec Zuccero HV et Quel Homme de Hus, ndlr), à Peder Fredricson (huit points sur Catch me Not S, ndlr), Richard Vogel (douze points sur United Touch S, ndlr), qui est passé complètement à travers. C’était une vraie épreuve, qu’il fallait monter sans prendre trop de risques ni trop perdre son temps en cas de faute inattendue. Ceux qui ont frisé la correctionnelle (Philipp Weishaupt Zineday, José María Larocca/Finn Lente, Ben Maher/Dallas Vegas Batilly et Laura Kraut/Baloutinue notamment, ndlr) partiront les premiers demain matin, mais ils sont sûrement soulagés d’avoir évité le pire.

Les Français ont été tous les trois au rendez-vous de cette épreuve. Olivier Perreau et a sauté un super parcours avec Dorai d’Aiguilly*GL events. Je l’ai senti relâché d’une pression liée aux enjeux d’équipe. Il a vraiment très bien monté et a joué de malchance avec cette petite faute sur le dernier. C’est le genre de faute que tout cavalier redoute. En tout cas, il a largement mérité sa place aux JO. Simon Delestre et I Amelusina 51 R ont eux aussi fauté, mais plus tôt sur le parcours (sur le délicat vertical 9, ndlr), et ont su finir plus vite et se qualifier. C’est un tour qui peut faire du bien à ce couple pour demain, parce que cela paraissait plus sûr. En tout cas, le cheval commence à prendre la mesure de ces gros parcours, et on perçoit une belle évolution au fil de ces JO, même si I Amelusina est loin de sortir de nulle part. Quant à Julien Épaillard, il a fait… du Julien Épaillard, sans jouer le chronomètre ni prendre de risques avec Dubaï du Cèdre. Lui aussi a monté débarrassé de la pression d’un résultat collectif. Il a ‘simplement’ évolué à son rythme de croisière, qui est un peu plus rapide que celui des autres. C’était vraiment chouette à voir, et ça lui permettra de partir le dernier demain. 

Cette finale va être dingue. Pour ne parler que d’eux, les sept premiers d’aujourd’hui peuvent gagner demain. Les Suisses Steve Guerdat et Martin Fuchs ont monté à l’orgueil avec Dynamix de Bélhème et Leone Jei. Steve avait forcément à cœur de se relever après son parcours décevant de jeudi (il avait concédé huit point dans la qualificative par équipes, ndlr). Harrie Smolders a produit un sacré parcours avec Uricas van de Kattevennen, tout comme sa coéquipière Kim Emmen, qui n’a pas renversé la moindre barre depuis jeudi avec Imagine. Harrie Charles/Romeo 88 et Scott Brash/Hello Jefferson ont tenu leur rang de nouveaux champions olympiques par équipes. Karl Cook et Caracole de la Roque restent aussi sur trois très beaux parcours, et pourraient jouer les trouble-fête demain s’ils se qualifient pour le barrage. Et Max Kühner, qui est resté discret pour le moment (avec Elektric Blue P, ndlr), demeure pas moins favori.

Le parcours de demain sera le plus difficile et corsé de tous, à n’en pas douter. À mon avis, le temps imparti sera au moins aussi serré que celui de la finale par équipes, ce qui permettra de provoquer des fautes sans avoir à exagérer en termes de cotes. Les premiers risquent d’essuyer les plâtres de ce point de vue, et je pense qu’on verra pas mal de couples finir avec du temps dépassé. Pour ma part, je vivrai cette finale en tribunes avec mon fils, Evann, et j’ai hâte d’assister à la conclusion de ce championnat parfaitement réussi jusqu’à présent.”

Les résultats
Le parcours



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