“Je m’en veux vraiment… mais nous allons fêter notre médaille de bronze”, Julien Épaillard

Voici la réaction de Julien Épaillard, pénalisé de quatre points avec Dubaï du Cèdre et finalement quatrième de la finale individuelle de saut d’obstacles des Jeux olympiques de Paris 2024. Ce soir, le Normand ira fêter la médaille de bronze par équipes de la France avec Simon Delestre, Olivier Perreau et toutes les personnes impliquées, avant de prendre des vacances bien méritées.



“Je suis évidemment déçu. Une médaille en chocolat n’a jamais un goût très agréable. Le début de parcours était vraiment difficile pour moi avec cet abord du premier double (vertical-oxer placé en 5 à une distance de 23,5m de l’oxer 4, ndlr). J’ai décidé de faire six foulées, et ma jument a répondu présent. La ligne de la rivière était complexe aussi avec une distance de cinq foulées très longues après le vertical 7 de la Tour Eiffel. J’en ai à nouveau remis une sixième, et Dubaï a encore répondu présent. Elle a vraiment été incroyable, elle a tout donné. C’étaient les deux plus grosses difficultés pour nous. Je ne m’inquiétais pas trop pour le triple, qui nous convenait bien. J’ai pris un peu de temps avant les barres de Spa (ouvrant le second double et la dernière ligne, ndlr). Il me semble être entré idéalement, peut-être trop bien, et je l’ai un peu trop laissée seule pour sauter la sortie. Je me suis montré trop confiant sur un obstacle qui ne lui pose normalement pas de problème, qu’elle saute toujours avec respect et une bonne technique… Je me suis un rien trop relâché. Dans ce genre de parcours, tous les obstacles sont fautifs. En tout cas, on ne peut sincèrement rien reprocher à Dubaï, qui a formidablement bien fini le parcours et qui s’est montrée d’une disponibilité incroyable. En revanche, je m’en veux vraiment… Comme toujours, Caroline Bellouet (groom des chevaux du Normand, ndlr) s’occupe parfaitement bien de Dubaï, qui vient d’effectuer sa première récupération active. Elle va rentrer au haras de la Bosquetterie, à deux heures d’ici, dès que les températures vont baisser. Et demain, elle rejoindra ses potes au paddock.

Ce parcours était vraiment intéressant, difficile, massif et long (quinze obstacles et dix-neuf efforts à accomplir en 84’’, ndlr), à la hauteur d’une finale olympique. Il fallait s’y attendre. Pour autant, il n’y a pas eu de catastrophe. Si l’on regarde le top dix, presque tous les meilleurs sont là, sauf quelques-uns qui ont connu des pépins (notamment le Suédois Henrik von Eckermann, qui a chuté de façon inimaginable de King Edward Ress, ndlr). Tous les parcours étaient très bien conçus et construits par nos deux chefs de piste (l’Espagnol Santiago Varela Ullastres et le Lorrain Grégory Bodo, ndlr). C’était suffisamment subtil pour ne pas mettre exagérément les chevaux à l’épreuve. Dubaï est sortie de piste en forme et n’a pas mis trop de temps à récupérer. Je tiens aussi à saluer la formidable organisation (sous-traitée par le Comité d’organisation des JOP de Paris 2024 à GL events Equestrian Sport et la Fédération française d’équitation) de ces épreuves, qui se sont déroulées devant un public génial. Je vais devoir avaler la pilule de cette faute, mais avec le recul, c’est cette magnifique impression d’ensemble qui restera, avec cette très belle médaille de bronze par équipes.



“Chapeau à Christian Kukuk”

Retenter ma chance? Je ne sais pas, je vais donner un peu de temps. Je ne suis plus tout jeune. (rires) Tout cela (la compétition, mais aussi la préparation et toute la période de sélection, ndlr) représente beaucoup de pression. Pour réussir un tel défi, il faut disposer d’un cheval réellement exceptionnel. On verra comment les choses évoluent avec Dubaï, mais je vais d’abord digérer tout cela, savourer et fêter cette médaille de bronze collective, prendre un peu de vacances avec ma famille, et je verrai dans quel état d’esprit je serai ensuite. Plein de choses me font vibrer dans la vie, dont l’élevage d’Auge, qu’a fondé mon épouse (Susana García-Cereceda, ndlr) et qui est très important pour nous deux. J’ai encore d’autres projets et idées, toujours autour des chevaux. Et quoi qu’il arrive, je ne vais pas arrêter de monter. Ce n’est pas prévu. (rires)

En piste, j’ai véritablement ressenti de la pression vendredi dernier, parce que le gain d’une médaille – et sa couleur – dépendait de mon parcours. C’était argent, bronze ou rien, et il y avait toute une équipe et tout un pays derrière nous. Pour l’individuel, je me suis reconcentré, mais je ne peux pas dire que j’ai ressenti de la pression. Je me suis globalement trouvé plus lucide, et meilleur en piste.

Au barrage, Christian Kukuk (avec Checker 47, ndlr) a vraiment mis la pression sur les autres dès le départ. Il a réussi un super tour où toutes ses distances sont bien sorties. Les autres n’avaient plus d’autre choix que de prendre des risques. De toute façon, il n’y avait rien à perdre (avec un barrage à trois, ndlr). Steve Guerdat aurait pu tenter d’assurer l’argent, mais ce n’est pas le genre de la maison et il a déjà gagné l’or (en 2012 à Londres avec Nino des Buissonnets, ndlr). Il en voulait vraiment une deuxième et il a bien fait de tenter sa chance, d’autant qu’il a finalement eu l’argent. Chapeau à Christian, qui est allé chercher sa médaille d’or au mérite d’un magnifique double sans-faute.”

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