“Cette médaille représente autant, si ce n’est plus, que l’or de Londres”, Steve Guerdat

Affamé de victoire – et de victoire uniquement – pendant longtemps, Steve Guerdat est un homme comblé avec l’argent individuel décroché aujourd’hui aux Jeux olympiques de Paris 2024. Ayant pris conscience de la difficulté de monter sur le podium d’un tel rendez-vous, le Suisse de quarante-deux ans savoure l’argent obtenu avec sa championne d’Europe Dynamix de Belhème.



“Les médailles individuelles aux Jeux olympiques sont rares. C’est déjà ma deuxième et je me sens super heureux, fier de ma jument, et de toute mon équipe. Il est difficile de trouver les bons mots, mais cette médaille représente énormément pour moi, en tout cas autant, si ce n’est plus, que l’or de Londres. Ma situation est différente ; en 2012, j’étais encore jeune, et même si nous avions déjà gagné beaucoup de chose avant (avec le Selle Français Nino des Buissonnets, ndlr), la victoire était un peu moins attendue. 

J’ai déjà dit plusieurs fois en entretiens que le seul regret que j’ai eu des JO de Londres (où le Suisse a ravi l’or individuel avec l’inoubliable Nino des Buissonnets, en 2012, ndlr) était de ne pas avoir suffisamment profité. Je le ressens toujours maintenant. Après une médaille d’or olympique, votre vie change et on a la sensation que beaucoup de moments ne vous appartiennent plus. Les années passant, j’ai réalisé que les médailles sont si difficiles à obtenir que chacune doit être savourée à sa juste valeur, car nous traversons tellement de moments difficiles dans ce sport. J’ai donc simplement conseillé à Christian (Kukuk, champion olympique aujourd’hui à Versailles avec Checker 47, ndlr) de profiter, ce que je me suis promis d’appliquer à moi-même. Avoir gagné en sagesse, construit une famille qui m’attend, donne encore plus de saveur aux réussites (le Suisse a les larmes aux yeux, ndlr)

En partant dernier du barrage, j’avais toutes les cartes en mains, mais je ne souhaite pas m’attarder sur la technique. Je n’ai pas réalisé le barrage qu’il fallait, voilà tout. Ma jument et mon équipe auraient mérité l’or, mais nous avons déjà gagné l’argent et c’est amplement suffisant. 



“Profiter des instants géniaux que j’ai eu le bonheur de vivre”

Il s’agit de mes sixièmes Jeux olympiques et je crois que notre sport peut être très fier et remercier toute la famille olympique pour avoir mis sur pieds un événement aussi incroyable. Bien sûr, je n’ai que de bons souvenirs de toutes les éditions des JO auxquels j’ai participé, mais ceux de Tokyo se sont déroulés sans public (en raison de mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid-19, ndlr), ce qui était bien différent. Tout a été parfait ici, pour les chevaux, mais aussi pour le sport en général. Le public a été exceptionnel, la France est définitivement un pays de cheval. Nous n’aurions pas pu rêver mieux que ce que l’équitation a montré ces dix derniers jours avec le complet, le dressage et le saut d’obstacles. Ce sport grandit et doit rester partie intégrante des Jeux olympiques. 

J’ignorais que j’étais aujourd’hui devenu le premier cavalier suisse double médaillé olympique, je l’apprends. Je suis fier d’avoir décroché deux médailles. Avec le reste de mon palmarès, cela me rend heureux. Tout au long de ma carrière, j’ai eu beaucoup de chance de croiser des chevaux extraordinaires, ainsi qu’une équipe qui croit en moi pour m’aider à réaliser tous ces rêves. 

Pour le moment, j’ai juste envie de savourer cette médaille, qu’importe sa couleur. Je rêvais d’en décrocher une, et celle-ci me rend immensément fier. Je n’ai pas encore gagné tout ce dont je rêve, et même si j’ai déjà eu une médaille individuelle aux championnats du monde (le bronze, décroché avec l’inoubliable Albfuehren’s Bianca aux JEM de Tryon, en 2018, ndlr), obtenir l’or est encore un objectif. J’ai regretté très longtemps mes premiers championnats d’Europe, lors desquels j’étais passé tout près de la victoire, mais où une malheureuse faute m’avait écarté des médailles. Dynamix et moi avions pu remettre les choses en ordre l’an passé à Milan (en obtenant le titre européen, ndlr). Aujourd’hui en sortie de piste, la première chose que j’ai dit a été : “voilà une barre qui va m’empêcher de dormir pendant les quatre prochaines années” ! (Rires) Une partie de moi le pense, mais une autre préfère être réaliste et se rappeler que des tas de cavaliers extraordinaires travaillent autant que moi et comptent aussi des chevaux fantastiques. Il est suffisamment rare de pouvoir vivre de tels moments, donc je pense qu’il faut savoir garder les pieds sur Terre et profiter des instants géniaux que j’ai eu le bonheur de vivre. Même si la motivation va vite reprendre le dessus, j’ai seulement envie de profiter pour le moment”. 



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